Structure étatique
> Malaisie – Sabah, Sarawak et territoire fédéral de Labuan. La Malaisie est une monarchie constitutionnelle fédérale regroupant 13 États, 11 situés sur la péninsule malaise et les États de Sabah et Sarawak en Malaisie orientale, au nord de Bornéo, ainsi que les territoires fédéraux de Kuala Lumpur, Putrajaya et Labuan. Ce dernier est composé de l’île de Labuan et de six petites îles situées au large du sultanat de Brunei.
Le chef d’État de la Malaisie est le Yang di-Pertuan Agong (« Le dirigeant suprême » ou « Sa majesté le roi »). Il est élu pour cinq ans par la Conférence des dirigeants, formée par les dirigeants des neuf États malais administrés par des sultans de lignée royale héréditaire. Le souverain est également toujours choisi parmi ces neuf dirigeants. L’actuel titulaire du poste est le sultan Ibrahim Ismail Ibni Iskandar de Johor, 17ème Yang di-Pertuan Agong de Malaisie, depuis le 31 janvier 2024. Si son rôle est principalement symbolique, il lui incombe de choisir le Premier ministre parmi les membres de la Chambre des représentants, le plus souvent le leader du parti politique majoritaire. Le Premier ministre et le chef du gouvernement est actuellement Anwar Ibrahim, qui est rentré en fonction le 22 novembre 2022.
Le principe de séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire est inscrit dans la Constitution de 1957. Le gouvernement détient le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif étant réparti entre le gouvernement et le parlement, cependant le roi possède le pouvoir de dissoudre ce dernier selon son bon vouloir. Le parlement fédéral est constitué de deux assemblées : une Chambre basse qui est la Chambre des représentants (Dewan Rakyat), comptant 222 représentants élus au suffrage universel, et la Chambre haute (Dewan Negara), l’équivalent du Sénat, qui compte 70 membres dont 44 nommés directement par le roi et 26 représentants des États et territoires fédéraux. Les parlementaires sont élus pour cinq ans.
Le pays est administré en trois niveaux : la Fédération au sommet de la pyramide, puis les États et territoires fédéraux, et enfin les régions. Le gouvernement fédéral dispose de pouvoirs importants concernant l’administration des États, cependant les États de Sarawak et Sabah conservent davantage d’autonomie de pouvoir dans leur juridiction que leurs homologues de la péninsule, ce sont d’ailleurs les deux seuls États malaisiens à posséder une Haute cour de justice indépendante. Le Sarawak comporte 12 divisions administratives subdivisées en 31 districts, et Sabah compte 5 divisions et 27 districts.
> République d’Indonésie – Kalimantan. L’Indonésie est une république, avec à sa tête un président qui est le chef de l’État et le commandant en chef de l’armée. Depuis 2004, il est élu au suffrage universel direct pour une durée de cinq ans et un maximum de deux mandats consécutifs possibles. Depuis les élections du 14 février 2024, le titulaire du poste est Prabowo Subianto, 72 ans, un personnage controversé pour son passé de chef des commandos durant la dictature de 1967 à 1998. Il est secondé par un vice-président.
L’Indonésie est un État unitaire, tous ses citoyens sont soumis au pouvoir politique et juridique central. C’est le plus grand État archipélagique du monde, qui compte plus de 17 000 îles dont Java, Sumatra, Sulawesi et une partie du territoire de Bornéo. Le pays est divisé en 27 provinces, et la partie indonésienne de Bornéo, le Kalimantan, en regroupe cinq : le Kalimantan Timur (oriental), le Kalimantan Barat (occidental), le Kalimantan Selatan (du Sud), le Kalimantan Tengah (central) et enfin le Kalimantan Utara (du Nord), créé en 2012 de la scission avec le Kalimantan Timur. La capitale de l’Indonésie est Jakarta, mais elle doit être prochainement transférée à Nusantara, une nouvelle ville située au Kalimantan Timur. L’inauguration de la nouvelle capitale était prévue pour le 17 août 2024, jour où l’Indonésie a acquis son indépendance vis-à-vis du Japon et des Pays-Bas en 1945, mais les travaux accusent un retard conséquent. Chaque province possède sa capitale. Les provinces sont divisées en districts (kabupaten) avec à leur tête le préfet (bupati), et en municipalité (kotamadya) dirigée par un maire (walikota).
Les gouverneurs de province, qui étaient auparavant exclusivement nommés par les parlements provinciaux, sont peu à peu nommés au suffrage universel direct depuis 2005. Les préfets sont élus par les assemblées départementales, et les maires par les assemblées municipales. L’Assemblée délibérative du peuple (Majelis Permusyawaratan Rakyat ou MPR) est la structure la plus importante du système législatif. Elle est composé de deux chambres : le DPR ou Conseil représentatif du peuple (Dewan Perwakilan Rakyat, chambre basse avec 575 élus au suffrage direct pour cinq ans selon un principe de proportionnelle) et le DPD ou Conseil représentatif des régions (Dewan Perwakilan Daerahle, chambre haute avec 136 membres élus au suffrage direct pour cinq ans). La Cour d’État détient le pouvoir judiciaire et est en charge des affaires civiles.
> Brunei Darrusalam. Ce micro-État était un protectorat britannique jusqu’au 23 février 1984, jour où il a acquis son indépendance. Membre de l’ASEAN et du Commonwealth, le pays vit sous un régime de monarchie islamique absolue. Il est dirigé par le sultan Haji Hassanal Bolkiah depuis 1968. Le sultan de Brunei cumule les fonctions de chef d’État, Premier ministre, ministre des Finances, ministre de la Défense, chef suprême des forces armées et prince des croyants (chef des musulmans). Le sultan est assisté du Conseil des ministres, du Conseil des affaires religieuses, du Conseil législatif, du Conseil privé et du Conseil de succession. Il n’y plus de parlement depuis 1962, année de l’abolition de la Constitution. Il n’existe qu’un parti politique unique, le Parti national solidarité, qui est également sous les ordres du sultan.
En octobre 2013, Haji Hassanal Bolkiah instaure la charia, qui ne s’applique qu’aux musulmans, qui se mettra en place progressivement les six mois qui suivent. Cette loi islamique prévoit la flagellation pour la consommation d’alcool ou l’avortement, l’amputation de membres pour les voleurs, ainsi que la lapidation pour d’autres crimes. Brunei est l’unique pays d’Asie du Sud-Est à appliquer la charia. Le sultan durcit la loi en 2019 et les musulmans coupables d’adultère, de sodomie, et/ou de relations homosexuelles sont désormais passibles de la peine de mort.
Économie et place du tourisme
> Malaisie orientale. La Malaisie bénéficie de ressources naturelles de premier plan : pétrole, huile de palme, gaz naturel, bois, étain, fer, caoutchouc… Ces matières premières ont contribué au développement de la Malaisie, lui permettant de faire partie du club des « bébés dragons asiatiques », les nouveaux pays industrialisés d’Asie. Aujourd’hui, ce sont surtout le commerce de pétrole, de caoutchouc et d’huile de palme qui assure la prospérité du pays. Les États du Sarawak et de Sabah disposent de ressources minières et possèdent de nombreuses industries forestières exploitant le bois et l’huile de palme.
Sabah et Sarawak constituent les deux États les plus visités par les touristes sur l’île de Bornéo. En 2023, le Sarawak a accueilli plus de 3,9 millions de visiteurs, tandis que Sabah en a reçu 2,9 millions. Ces chiffres sont malgré tout à prendre à la légère et de nombreux visiteurs locaux ou asiatiques ne viennent que pour quelques jours. Contrairement au Kalimantan, la Malaisie orientale dispose d’infrastructures touristiques développées : agences de voyage, parcs nationaux, hébergements, transports aériens, routes goudronnées… Ces deux États misent beaucoup sur le tourisme pour leur économie et de nombreuses actions ont été mises en œuvre pour développer leur attractivité au niveau international : campagnes de promotions, sites internet modernes, classement de sites au patrimoine mondial de l’Unesco, développement du tourisme durable ou encore le développement des liaisons aériennes domestiques et internationales. Au niveau national, la Malaisie a accueilli 20 millions de touristes étrangers en 2023, ce qui la place derrière la Thaïlande et la Chine, mais devant le Japon et le Vietnam. « Malaysia Truly Asia », le slogan de l’office de tourisme pour promouvoir le pays sur le marché international, capture admirablement l’essence de la pluralité ethnique et culturelle de la Malaisie.
> Kalimantan. La partie indonésienne de l’île possède d’importantes réserves de pétrole et de gaz. Le premier forage pétrolier a eu lieu en 1897 à Balikpapan, une ville cosmopolite du Kalimantan Timur où se trouvent encore de nombreuses raffineries. Tout comme les autres parties de l’île, le Kalimantan exploite le commerce de l’huile de palme, du caoutchouc issu de l’hévéa, des produits de la mer… Le bois, qui est soit exporté à l’international, soit transformé sur place dans des usines, est également une des ressources économiques principales du Kalimantan.
Si le tourisme est une ressource essentielle de l’économie indonésienne, le Kalimantan n’accueille que peu de voyageurs étrangers. L’absence de promotion de la région à l’international, le manque d’infrastructures touristiques, et le peu de transports disponibles sont les principaux freins au développement du tourisme au Kalimantan.
> Brunei. Le petit sultanat est un État riche grâce à ses réserves de pétrole et de gaz naturel, dont l’exportation constitue environ 90 % de son PIB. En 2023, Brunei a produit 93 000 barils de pétrole/jour. Outre les hydrocarbures, le micro-État récolte également les dividendes de ses investissements à l’étranger. L’agriculture représente moins 1 % de l’économie nationale et Brunei est contraint d’importer plus de 60 % de produits agroalimentaires pour subvenir aux besoins de ses citoyens.
L’industrie du tourisme est peu développée dans le sultanat en comparaison avec les États malaisiens voisins, Sarawak et Sabah. Cependant, Brunei cherche à devenir une destination touristique prisée et communique de plus en plus par le biais de son ministère du Tourisme créé en 2015. La compagnie aérienne Royal Brunei Airlines essaie de promouvoir l’aéroport de Bandar Seri Begawan comme une escale de choix pour les vols entre l’Europe et l’Australie.