Entdecken Sie Borneo : Architecture (et design)

Troisième plus grande île du monde, Bornéo intrigue autant qu’elle fait rêver, et on l’imaginerait volontiers vierge de toute présence humaine. En réalité, sa dense et luxuriante nature se fait l’écrin d’un patrimoine architectural unique. Les peuples originels y ont élaboré des habitats dont la tradition perdure aujourd’hui, des longhouses des Dayak aux splendeurs du peuple Bajar. L’île abrite également de superbes témoins des différentes puissances qui l’ont convoitée : des palais des sultans aux forts coloniaux, en passant par les shophouses chinoises. Aujourd’hui, l’île s’apprête à accueillir un projet titanesque qui attire tous les regards… et les critiques. Une démesure que l’on retrouve dans la bouillonnante et cosmopolite Kuala Lumpur. A l’ombre de ses gratte-ciel, qui dessinent l’une des plus célèbres skylines du monde, subsistent de beaux témoins de l’histoire de celle qui n’était, au départ, qu’un campement de fortune. Fascinant !

Richesses originelles

Au cœur des forêts du Sarawak, les Punans ont conservé un habitat aux origines millénaires. Entre deux migrations, ces nomades construisent des abris rudimentaires de branchages construits sur pilotis afin de se prémunir des attaques d’animaux. Ancêtres des Malais, les Dayak, eux, sont célèbres pour leurs longhouses. Souvent construites dans des zones marécageuses, ces maisons sont sur pilotis et l’on y accède par une échelle en bois sculpté. L’ossature générale est réalisée en poteaux et poutres de bois tropicaux. On vient ensuite y ajouter des planches de bois, des plaques d’écorces ou des bandes de bambou tissées pour constituer les murs percés de fenêtres. Le toit très pentu, lui, est réalisé en chaume de palme. Pouvant atteindre 110 m de long, ces vastes demeures sont également célèbres pour leur travail du décor. Les poteaux et encadrements de bois sont élégamment sculptés, et les extérieurs sont très souvent ornés de peintures figurant notamment des animaux mythiques et protecteurs. Un aspect ornemental que l’on retrouve également dans les totems en bois protégeant les habitations. Rassemblées, ces longhouses forment des villages ou kampong. Ces villages s’organisent également autour d’éléments sacrés : cimetière, maisons des esprits et sandung, cercueils surélevés peints de couleurs vives. Une tradition que l’on retrouve beaucoup dans le Kalimantan. Haute de 8 m, la longhouse Sungkok Apalin, dans le Kalimantan, est la plus ancienne de l’île, talonnée par la longhouse Tumbang Malahoi de Sungai Kahayan dont la structure en bois de fer a près de 150 ans ! Bornéo abrite également de nombreux villages et marchés flottants, fiefs des pêcheurs, à l’image de Pulau Tekenang. Dans le Sud du Kalimantan, le peuple Banjar a développé une architecture étonnante, témoin d’une société extrêmement codifiée et hiérarchisée. Au cœur de leurs authentiques complexes palatiaux, les Banjar construisent la Bubungan Tiggi, vaste demeure que l’on reconnaît à son toit aux inclinaisons de plus de 45°. De savants jeux de volumes et de hauteurs animent les différents espaces ; piliers et panneaux de bois indiquant la délimitation entre les sphères publiques et privées. L’ornementation en bois sculptée y est partout présente, et s’inspire de la tradition islamique, en privilégiant notamment les motifs floraux et les arabesques. A cette demeure principale, s’ajoutent d’autres constructions telles ces maisons aux toits en croupe et aux galeries en façade, ou ces habitations, baptisées Joglo Gudang, aux imposants toits de tuile dont la forme rappelle celle d’une pyramide. Partout, barrières, grilles de ventilations et claustras témoignent d’un riche travail du bois et du fer forgé, tous étant sculptés selon d’élégants motifs floraux et géométriques stylisés. Banjarmasin a conservé cette tradition des toits très pentus comme le montre son Hôtel de Ville et son Parlement Provincial. Avec ses réseaux de canaux bordés de nombreuses maisons sur pilotis, la ville est souvent surnommée « la Venise d’Asie » !

Des sultanats à aujourd’hui

A Pontianak, le Kadriyah Keraton, résidence du 1er sultan de la ville, est un superbe exemple d’architecture palatiale réalisée en arbre de fer. Le palais se situe non loin de la Masjid Abdurrahman, grande mosquée du sultan dont on ne peut manquer l’impressionnante silhouette pyramidale. Autre bel exemple de palais : le Kedaton Kertanegara à Tenggarong, dont on admire les élégants balcons de bois et les vitraux colorés. La ville de Kuching, elle, porte la marque de ceux que l’on baptisa les Rajahs Blancs. Pour les remercier de leur rôle de pacificateur dans les conflits qui troublèrent l’île, le sultan de Brunei donna le Sarawak à la famille britannique des Brooke, qui y établit alors une véritable dynastie. Pensé comme un château anglais, le Fort Margherita impressionne par ses hauts murs incrustés d’éclats de verre tranchants et protecteurs. Autre chef-d’œuvre de la dynastie Brooke : l’Astana ou Palais des Trois Rajahs qui était originellement constitué de 3 bâtiments blancs reliés par des coursives et cernés de jardins paysagers. Conçue au départ pour devenir la capitale du Kalimantan, Palangkaraya porte, elle aussi, la marque d’influences étrangères, comme le montrent bien ces grands boulevards qui la quadrillent. Ponts à encorbellement et belles promenades en bois sur la jetée complètent ce décor pittoresque. A l’image de toute l’Indonésie, Bornéo est une mosaïque de cultures aux architectures riches et variées. Balikpapan conserve ainsi de nombreux exemples de shophouses chinoises, ces maisons-boutiques colorées et souvent richement décorées, que l’on reconnaît à leurs façades étroites précédées de galeries et doubles-portes protectrices, et à leur structure tout en longueur. Les édifices religieux ne sont pas en reste et partout se devinent des temples chinois avec leurs toits de tuiles vernissées aux extrémités recourbées, des temples d’inspiration balinaise que l’on reconnaît à leur monumentalité et leur richesse ornementale, sans oublier bien sûr les mosquées. Le temple Vihara Bodhisatva Karaniya Metta, plus ancien temple chinois de Pontianak, ou la mosquée Raya Sabilal Muhtadin de Banjarmasin, aux allures de vaisseau spatial, sont de beaux exemples de cette architecture religieuse qui ne cesse de se renouveler. Aujourd’hui, l’île voit fleurir de nouvelles constructions contemporaines. Balikpapan possède ainsi son Business District, grande plazza bordée d’édifices modernistes. Mais loin de ces aspects « grandiloquents », certains font le choix de plus de sobriété et d’harmonie comme le prouvent les nombreux éco-lodges et projets d’écotourisme de l’île ; mais aussi le Singkawang Cultural Center qui reprend la tradition des grands espaces ouverts tout en y ajoutant une touche de modernité via la brique et le métal ; ou bien encore les édifices en bois recyclé. Cependant, si tous les regards se tournent aujourd’hui vers Bornéo, c’est à cause d’un projet qui fascine autant qu’il effraie. Pour désengorger Jakarta, capitale rongée par la sur-urbanisation et la pollution, le président indonésien Joko Widodo a décidé de créer une nouvelle capitale dans la partie indonésienne de Bornéo, le Kalimantan. Son nom : Nusantra. Sous couvert de faire la promotion des énergies renouvelables et des mobilités douces, ce projet se révèle un désastre écologique, nécessitant la déforestation de centaines de milliers d’hectares et la bétonisation de zones protégées. Symbole de cette exubérance, le Palais Présidentiel, dont l’inauguration est prévue en août 2024, se veut une ode à Garuda, l’aigle mythique indonésien, et une référence à l’indépendance du pays. Une structure d’acier qui pour l’instant flotte encore sur des bouées géantes, dans l’attente de pouvoir rejoindre la terre ferme…

Escale à Kuala Lumpur

Son nom lui-même est un symbole de ses origines. Kuala Lumpur signifie en effet « estuaire bourbeux » ! A l’origine, la ville n’était qu’un campement précaire de huttes en bambou construites par les Chinois venus exploiter les mines d’étain de la région. Mais très vite, se furent les Anglais qui y imposèrent leur marque. Ils canalisèrent les cours d’eau primitifs, engagèrent de grands travaux, remplaçant partout le bois par la brique et les tuiles, et donnèrent une grande importance aux espaces verts. En termes esthétiques, ils développèrent un éclectisme typiquement victorien mêlant influences médiévales avec le style Tudor, hindoues avec le jeu des courbes et des couleurs, ou bien encore mauresques avec la présence d’arcades, coupoles et motifs calligraphiques. Le Selangor Club, avec sa silhouette de cottage à colombages, la gare aux allures de palais de maharajah, ou bien encore le Sultan Abdul Samad Building avec ses dômes de cuivre, sa tour de 41 m réplique de Big Ben et ses fenêtres en arches, comptent parmi les plus belles folies éclectiques britanniques ! Comme toute la Malaisie, sa capitale témoigne d’un bouillonnant multiculturalisme dont l’architecture religieuse se fait le témoin. Véritables explosions de couleurs et de richesses ornementales, les temples hindous impressionnent notamment par leurs gopura, grandes tours-portails à étages qui semblent ployer sous les poids des milliers de sculptures qui les ornent. Le Sri Mahamariaman Temple en est un superbe exemple. Les Sikhs ont apporté une architecture aux lignes sobres et rationnelles directement inspirée de l’art moghol, dont le Temple Sikh Gurdwara est un bel exemple. Une architecture islamique également représentée par les très belles mosquées de la ville d’hier et d’aujourd’hui, telles la Masjid Jamek aux dômes et minarets inspirés de la tradition moghole, et la Masjid Negara, entièrement en béton dont le dôme en étoiles à 18 pointes symbolise les 5 piliers de l’Islam et les 13 états de Malaisie. Face à la croissance exponentielle de la ville, le gouvernement décida d’établir un nouveau centre administratif et politique dans l’état du Selangor. C’est ainsi qu’est née Putrajaya en 1995. Il s’agit là d’un étonnant exemple de capitale entièrement planifiée. Le Premier ministre d’alors souhaite faire de Putrajaya le symbole de sa puissance. Il s’inspire du Paris de Napoléon III et d’Haussmann en optant notamment pour de longs et larges boulevards bordés d’une architecture uniforme aux accents classiques. Mais malgré l’existence de Putrajaya, Kuala Lumpur continue de croître à grands renforts de tours de verre et d’acier qui dessinent aujourd’hui l’une des plus célèbres skylines du monde. Parmi les plus impressionnants gratte-ciel de la ville, notons : les tours jumelles Petronas Towers de César Pelli, reliées par une passerelle au 88e étage et qui culminent à 452 m ; la Tour Exchange 106 de 492 m ; sans oublier l’impressionnante Méderka 118 (« héritage de l’Indépendance ») qui culmine à près de 680 m ! D’autres étonnantes structures contribuent également à animer la skyline de la ville. C’est le cas des Tours KLLC de Jean Nouvel dont les silhouettes de 180 et 200 m de haut sont entièrement végétalisées ; ou bien encore du Arté Mont Kiara, au cœur du nouveau bouillonnant quartier de la ville, dont les 3 tours offrent de superbes jeux de couleurs et de lumières grâce aux courbes en aluminium qui les recouvrent et qui créent sans cesse de nouveaux motifs. En parallèle, Kuala Lumpur voit également naître des projets tournés vers plus de sobriété et de durabilité, à l’image des Idea Houses de Jason Pomeray, maisons passives ne laissant aucune empreinte carbone, dont la 1ère fut construite à Shah Alam. Au cœur de Kuala Lumpur, l’architecte prône un urbanisme vertical jalonné de nombreux skygardens, comme le montre son projet Windows on the Park dans le quartier de Cheras. Jason Pomeray participe également au projet Malaysia Vision Valley, qui vise à planifier l’expansion du Grand Kuala Lumpur en misant notamment sur les nouvelles technologies et les voies de communication au service du développement durable. Un projet pharaonique dont la construction doit s’étendre jusqu’en… 2045 !

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