Entdecken Sie Borneo : Religions

Composée d’ethnies autochtones et d’une population variée issue de l’immigration au cours des siècles, possédant une riche histoire d’échanges commerciaux maritimes et ayant connu par le passé des territoires colonisés par des explorateurs européens, l’île de Bornéo a logiquement hérité d’un paysage religieux complexe et extrêmement varié. Si la majorité de la population de l’île adhère aux principes de l’islam, Bornéo abrite également des habitants qui se sont convertis au christianisme (principalement des catholiques et des protestants), des bouddhistes et taoïstes issus de l’immigration chinoise, des Indiens hindouistes et sikhs, des athées… Sans oublier les traditions animistes ou païennes des Dayak, les peuples indigènes de l’île, qui sont encore observées en parallèle d’une autre religion. La répartition des confessions varie sensiblement selon les différents pays, États, provinces et territoires de Bornéo.

Malaisie

L’islam est la religion la plus importante du pays, les musulmans représentant 63,5 % de la population totale malaisienne. L’islam est la religion d’État selon l’article 3 de la Constitution, ce qui signifie que les lois nationales se conforment aux préceptes de l’islam et que tous les Malais sont musulmans. Inversement, un citoyen malaisien est considéré Malais uniquement s’il est musulman. La Constitution garantit cependant la liberté de culte pour les citoyens non-Malais. La race et la religion d’un citoyen figurent sur la carte d’identité malaisienne. Les pratiques religieuses islamiques sont gouvernées par la loi de la charia (syariah en malaisien). Un Malais qui refuse de faire la prière ou qui ne suit pas le jeûne du ramadan peut écoper de châtiments corporels et/ou d’une amende.

Le reste de la population malaisienne est constituée à 18,7 % de bouddhistes, 9,1 % de chrétiens (situés majoritairement en Malaisie orientale), 6,1 % d’hindous et 1,8 % d’athées. Le gouvernement interdit toute publication qui inciterait à un différend racial ou religieux entre les communautés. Le nombre d’athées est sujet à débat, car l’apostasie étant illégale depuis 1988, il est interdit à un musulman de renoncer à sa religion et de se convertir à une autre foi. Le gouvernement malaisien a par ailleurs été vivement critiqué par les organisations de défense des droits de l'Homme pour sa discrimination à l'encontre des athées. Seulement 0,9 % de la population totale suit d’autres religions, comme le sikhisme, l’animisme, le bahaïsme ou les religions populaires chinoises. Les jours d’Aïd el-Fitr et d’Aïd al-Adha, les deux fêtes musulmanes majeures, de Noël, du Nouvel an chinois et de Divali, la fête hindoue des lumières, sont des jours fériés nationaux. Les différentes communautés religieuses sont généralement tolérantes entre elles et cohabitent harmonieusement. Au Sarawak et à Sabah, les mariages entre personnes de différentes confessions sont plus fréquents et les tensions intercommunautaires moindres que sur la péninsule. De manière générale, les communautés musulmanes de la Malaisie péninsulaire sont plus conservatrices. Les publications religieuses non-islamiques sont également davantage restreintes en Malaisie péninsulaire qu’en Malaisie orientale, où chaque État jouit d’une plus grande liberté de culte.

> Sarawak. Bien que l’islam soit la religion officielle du pays, le Sarawak ne possède pas de religion d’État officielle. Le Sarawak a la particularité d’être le seul État de Malaisie à majorité chrétienne. 42,6 % de ses habitants sont chrétiens, 32,2 % sont musulmans, 13,5 % bouddhistes et les 11,7 % restants sont des personnes de confessions autres : hindouisme, animisme, bahaïsme, taoïsme, confucianisme ou encore culte des ancêtres. Il existe une grande tolérance entre les différentes communautés du Sarawak, où plusieurs associations de lutte contre les discriminations religieuses regroupent des citoyens de confessions différentes. Pourtant, le projet de loi Majlis Islam de 1978 a permis la création, au Sarawak, des premiers tribunaux du pays appliquant la charia. Ces tribunaux ont autorité en ce qui concerne les mariages, les fiançailles, les gardes d'enfants, les droits d’héritage et les affaires pénales dans l'État.

L’évangélisation des habitants du Sarawak a commencé au milieu du XIXe siècle, après l’arrivée de James Brooke. Les premiers missionnaires chrétiens, des anglicans de l’Église d’Angleterre, l’ont rapidement suivi. Les catholiques romains puis les méthodistes sont arrivés par la suite. Les premiers à se convertir au christianisme furent les immigrants chinois, puis les missionnaires ont évangélisé les tribus indigènes animistes.

Les Iban et les Bidayuh sont majoritairement chrétiens (environ 70 % de leurs populations respectives le sont), mais continuent pour la plupart de conserver les pratiques spirituelles traditionnelles et animistes de leurs ancêtres. La distinction entre les différents rites et religions n’est pas vraiment claire, les croyances pouvant varier d’une communauté à l’autre en raison du syncrétisme religieux, et des amalgames avec différentes cultures qui se sont réalisés au fil des migrations. Généralement, les Iban vivent ensemble dans une même longhouse indépendamment de leur foi, mais il arrive cependant que certains divisent la longhouse en fonction des différences de confessions ou d’affiliations politiques. La tradition des Bidayuh, qui consistait à suspendre les corps des défunts aux arbres et laisser les squelettes en leur hommage, n’est plus que très rarement observée de nos jours. Des rituels importants sont encore observés par ces deux ethnies lors des grands cycles des périodes agricoles, comme le festival Gawai Dayak, célébré afin d’obtenir une récolte abondante. L’ethnie autochtone Melanau est la seule de l’État dont la majeure partie de sa population est de confession musulmane (73 %), l’autre partie étant chrétienne (19 %). Les Melanau ont également conservé leurs rites traditionnels, notamment la célébration du festival de Kaul, une cérémonie où les mauvais esprits sont escortés hors des villages par des pirogues et des offrandes.

Les lieux de culte emblématiques à Kuching sont la cathédrale St Joseph, le temple chinois Tua Pek Kong et la mosquée Old Sarawak State.

> Sabah. La religion prédominante de l’État est l’islam, dont les fidèles représentent près de 70 % de la population totale. Les chrétiens constituent environ 25 % de la population et les bouddhistes seulement 5 %. Avant l’arrivée de l’islam et du christianisme, les populations indigènes de l’île pratiquaient principalement l’animisme et le paganisme. L’islam s’est répandu dans cette région de l’île après la conversion du premier souverain de Brunei au Xe siècle. Certaines communautés indigènes consommant du porc n’ont pas été en mesure de se convertir à l’islam, elles se sont donc tournées vers le christianisme. Les zones le long du littoral de Sabah sont majoritairement musulmanes, tandis que les communautés autochtones converties, vivant à l’intérieur des terres, maintiennent parallèlement des croyances animistes ancestrales. D’autres confessions sont présentes à Sabah, mais elles restent très minoritaires, comme le bouddhisme et le taoïsme (souvent intimement liés), les croyances populaires chinoises, l’hindouisme et le sikhisme.

Les Kadazan-Dusun, le groupe ethnique autochtone le plus important de Sabah, sont majoritairement chrétiens (75 % de leur population) et musulmans (22,6 %). Leur religion traditionnelle, le Momolianisme, est encore suivie par les membres de cette communauté. Il s’agit d’un système de communication entre le monde spirituel invisible et le monde matériel qui se fait par l’intermédiaire d’une prêtresse tribale, la Bobohizan. Cette foi s’appuie sur la croyance que des esprits contrôlent la plantation et la récolte du riz, et qu’il est essentiel pour la survie de la communauté de communiquer avec eux.

Les lieux de culte emblématiques à Kota Kinabalu sont la mosquée de la ville (Masjid Bandaraya Kota Kinabalu), la cathédrale du Sacré-Cœur, le temple chinois Pu Tuo Si et le Gurudwara Sahib (sikhisme).

Kalimantan

Officiellement, l’Indonésie n’a pas de religion d’État, cependant 87 % de ses citoyens adhèrent à l’islam. Cependant, depuis 1968, le blasphème est un délit parfois sévèrement puni, et le gouvernement indonésien a parfois une attitude discriminatoire envers ses citoyens athées et agnostiques, ainsi qu’envers ceux qui adhèrent à des religions tribales comme l’animisme ou le paganisme. L’islam est également la religion principale au Kalimantan, et ses fidèles représentent 78,4 % de la population totale de l’État. Les confessions également présentes dans cette partie de l’île sont le protestantisme (9,3 %), le catholicisme romain (9,09 %), le bouddhisme (1,94 %) et l’hindouisme (1,08 %). Ces religions ne sont cependant pas réparties de la même façon dans les cinq provinces. Les musulmans sont une écrasante majorité au Kalimantan du Sud (96,7 %), au Kalimantan oriental (87,7 %), puis leur présence décroit légèrement dans les autres provinces ; 74,3 % au Kalimantan central, 72,1 % au Kalimantan du Nord, et 59,2 % au Kalimantan occidental. Le protestantisme est suivi par 20,8 % de la population du Kalimantan du Nord, 16 % de celle du Kalimantan central, et 11,3 % du Kalimantan occidental. Cette dernière province est la seule qui compte plus d’un million de catholiques romains, soit près de 23 % de sa population. C’est également au Kalimantan occidental que l’on retrouve le plus de bouddhistes (5,4 %). La plupart des ethnies indigènes dayak sont chrétiennes ou Kaharingan, une forme de pratique religieuse qui est considérée comme hindoue par le gouvernement indonésien, en dépit de ses rituels chamaniques. Le Kaharingan est une foi monothéiste pratiquée par les ethnies natives du Kalimantan central : Ngaju, Katingan, Lawangan, Ma’anyan et Ot Danum. Un nombre restreint mais croissant de Dayak s’est converti à l’islam.

Brunei Darussalam

Brunei est une monarchie islamique et le sultan fait également office de chef religieux. L'islam est la religion d'État du Brunei Darussalam, et la liberté de culte est garantie mais restreinte à la pratique privée. En 2021, le recensement gouvernemental montre que 82,1 % de la population du sultanat adhère aux principes de l’islam. D’autres religions sont également implantées dans le micro-État : 6,7 % de la population est chrétienne et 6,3 % est bouddhiste. Les 4,9 % restants sont adeptes de diverses religions, y compris des religions autochtones. L’État prône un islam beaucoup plus conservateur que dans les autres pays d’Asie. Les musulmans ont l’obligation d’assister à la prière du vendredi (tous les commerces ferment à cette occasion), l’enseignement du Coran dans les écoles publiques est obligatoire et la vente d’alcool est formellement prohibée sur l’ensemble du territoire. La charia a été instaurée en octobre 2014, avec une mise en place progressive pendant six mois. Cette loi islamique s’applique à tous les musulmans du pays sans exception. L’instauration de la charia a eu pour conséquence un durcissement des châtiments requis envers les délits et les crimes. La consommation d’alcool est punie par la flagellation et le vol par l’amputation de membres. L’adultère, l’homosexualité et la sodomie sont dorénavant passibles de peine de mort par lapidation. Les publications religieuses non-islamiques sont interdites  et les contrevenants s’exposent à une peine de mort immédiate sans le recours d’un jugement. Par la suite, le sultan a également interdit aux musulmans de fêter Noël, qui est sinon passible d’une peine de de 5 ans de prison et d’une forte amende. Depuis 2019 et la parution de caricatures humoristiques homophobes, des personnalités politiques et publiques du monde occidental s’insurgent contre la politique de Brunei et appellent au boycott des nombreux hôtels que le sultan possède à travers le globe.

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