Leitfaden Malawi : Arts et culture
Les passionnés d'architecture pourront, outre les logements et habitations traditionnels (en pisé ou en briques, cuites ou sèches), jeter un coup d'oeil à plusieurs édifices et bâtiments historiques. Du nord au sud du pays, mentionnons le patrimoine architectural de Livingstonia, une mission comprenant des bâtiments en briques (hôpital, église, tour de l'horloge...) et en pierres (à l'instar de la maison, aujourd'hui transformée en musée, du docteur Robert Laws) édifiés, pour certains, il y a plus d'un siècle. Sur l'île de Likoma, c'est la cathédrale anglicane Saint-Pierre, dont la construction a été achevée en 1911, qui attire l'attention par ses dimensions similaires à son homologue de Winchester et ses vitraux. Lilongwe a moins de profondeur historique et compte par conséquent une architecture plus moderne assez peu attrayante. Les principaux monuments et bâtiments sont concentrés sur ou à proximité de Presidential Way : le mausolée de Kamuzu Banda, édifié dans les années 2000 ; le parlement grandiloquent, avec sa coupole et son exèdre, construit en 2010 ; le World War I Memorial, une tour-horloge en béton inaugurée en 2007 par le président de la république Bingu wa Mutharika en hommage aux soldats malawites tombés sur le front entre 1914 et 1918 et lors de missions de maintien de la paix sur le continent africain ; l'Umodzi Park, enfin, qui englobe un hôtel (President Walmont) et un palais des congrès (Bingu Wa Mutharika International Convention Centre) de veine moderniste. Dans le centre du pays, Mua Mission mérite le détour pour son musée, certes, mais aussi pour son séminaire et son église parés de briques et couverts de tuiles. Les voyageurs férus d'architecture militaire pourront visiter les vestiges de fort Mangochi, construit par les Anglais en 1897 afin de pacifier la région. La ville de Zomba mérite une visite de quelques heures pour observer ses anciens bâtiments coloniaux de style typiquement anglais : l'hôtel Masongola, l'un des plus vieux bâtiments du Malawi, l'ancien bureau de poste, le Gymkhana Club et son vieux golf, l'ancien parlement, le mémorial des King's African Rifles ainsi que l'église voisine en briques rouges. Au centre-ville, le marché de Zomba, flanqué d'une belle mosquée, mérite également une balade : c'est le plus grand du pays et l'on peut facilement le visiter. Enfin, Blantyre, la capitale économique du Malawi, recèle quelques intéressants édifices civils et religieux : la Mandala House, un beau bâtiment en briques qui est également la plus vieille construction de la ville et du pays (1882) ; la cathédrale anglicane Saint Paul avec ses jolis vitraux ; le Shree Hindu Temple, pour les amateurs d'oeuvres architectoniques d'inspiration " orientale " ; l'hôtel de ville dont les murs remontent à 1903 ; le vieux Boma, un bâtiment, construit en 1900, servant de centre administratif et de cour de justice ; enfin, last but not least, la cathédrale presbytérienne St Michael and All Angels, achevée en 1891 et constituée de briques cuites de dimensions différentes, d'une abside dotée de beaux vitraux et d'un dôme de style vaguement byzantin, est sans doute le plus beau building de la cité.
L'artisanat malawite consiste essentiellement en de la poterie (dont celle de Dedza, réputée), de la vannerie (paniers, plateaux, tapis...) et de la sculpture sur bois (ébène du Mozambique, Pericopsis angolensis, jacaranda). Le chitenje, ce pagne traditionnel aux coloris vifs, constitue également un cadeau très apprécié. Enfin, les batiks sont vendus dans la plupart des boutiques de souvenirs du pays. Reprenant des motifs ethniques aux couleurs chaudes, leur qualité exceptionnelle résulte de méthodes de fabrication artisanales et de l'utilisation exclusive de pigments naturels (fleurs, graines...).
Singulier est le cinéphile, même versé dans le cinéma africain, pouvant citer ne serait-ce qu'un film ou un acteur malawite. Outre les documentaires filmés dans le pays et la myriade de films à petit budget inspirés par Nollywood (l'industrie cinématographique nigériane), les longs-métrages du réalisateur Shemu Joyah, comme The Last Fishing Boat (2012), s'attaquant aux impacts du tourisme sur le mode de vie d'un pêcheur malawite, Seasons of a Life (2010), traitant des difficiles conditions de travail des domestiques au Malawi, ou The Road to Sunrise (2017), dont l'actrice principale est la star locale Tapiwa Gwaza, sont les blockbusters du coin. Plusieurs films étrangers, tournés in situ ou non, ont pour toile de fond le Malawi. C'est le cas du film de Chiwetel Ejiofor (2019), Le garçon qui dompta le vent, tiré du roman autobiographique éponyme (The Boy Who Harnessed the Wind, 2010) de William Kamkwamba, et de Gabriel et la montagne (2017), réalisé par Fellipe Barbosa en hommage à son ami, Gabriel Buchmann, mort d'épuisement dans le massif de Mulanje en 2009.
Plus de quatre-vingts danses traditionnelles sont recensées au Malawi. Facteurs de cohésion sociale, elles sont exécutées lors de fêtes et cérémonies (funérailles, intronisations, rites de passage...) par tous les membres d'une communauté ou seulement par certaines catégories de la population.
Chez les Ngoni. La plus célèbre des danses ngoni est l'ingoma. Il s'agissait originellement d'une danse guerrière accomplie par les vaillants Ngoni des régions de Mzimba et Mchinji après une bataille victorieuse. À cette occasion, chaque homme était paré d'un masque, d'un bouclier et d'une lance ou d'une massue. La danse, durant laquelle les femmes chantaient et claquaient des mains, simulait une scène de guerre, les hommes brandissant leur attirail tout en tambourinant le sol avec leurs pieds. Cette chorégraphie a désormais perdu sa signification historique pour se muer en simple spectacle. Dans le district de Ntcheu, une danse semblable à l'ingoma, le ngoma, est de nos jours exécutée lors de noces et de funérailles. Enfin, l'uyeni est une gambille féminine organisée lors de l'intronisation d'un nouveau chef : seins et pieds nus, les femmes, perçues comme les gardiennes des traditions, accompagnent alors en dansant le futur chef jusqu'au bwalo (lieu du " couronnement ").
Chez les Tumbuka. Le vimbuza, une danse rituelle s'apparentant à la fois à une thérapie et à un exorcisme, a été créé au milieu du XIXe siècle. Son objectif est de guérir les troubles mentaux et psychologiques, plus particulièrement ceux dont souffriraient les femmes. La danse est organisée après que le patient a passé plusieurs semaines ou mois dans une temphiri, une maison du village dans laquelle il est soigné par des guérisseurs. Lors de ce rituel nocturne, les femmes, hommes et enfants du village forment un cercle autour de la personne affligée, chantent et entrent progressivement en transe pour guérir le malade. Cette danse, qui combine approche thérapeutique et production artistique, par la virtuosité qu'elle suppose et son important répertoire de chants fait indubitablement partie du patrimoine culturel des Tumbuka. Elle existe encore aujourd'hui, bien qu'elle doive faire face aux foudres des Églises chrétiennes et de certains psychiatres.
Chez les Lomwe. Devenu simple divertissement, le tchopa était initialement une danse accomplie en temps de guerre ou lors d'un sacrifice propitiatoire (nsembe) faisant suite à une calamité. Le njano, une danse récréative proche du tchopa, est populaire dans les districts de Thyolo et Mulanje.
Chez les Sena. Le likhuba est le pendant méridional du vimbuza : une danse rituelle censée guérir les personnes, principalement de sexe féminin, souffrant de troubles psychiques. Les prouesses des danseurs sont dorénavant cantonnées au rang de simple divertissement.
Chez les Tonga. Le chilimika, exécuté par des enfants lors du Nouvel An, égaye les villages environnant Nkhata Bay.
Chez les Yao. Le manganje est une danse effectuée dans les districts de Blantyre, Zomba, Mangochi et Machinga lors de la cérémonie initiatique des garçons yao.
Chez les Balambia. Marquant l'allégresse (intronisation d'un chef, élimination d'un animal dangereux...) ou le deuil, le sendemule est un élément de cohésion sociale chez les Balambia, peuple vivant dans le district de Chitipa.
Chez les Nyakyusa et les Ngonde. Exécutée pour apaiser les tensions sociales et se relaxer, l'indingala est une danse expressive interprétée dans l'extrême nord du pays ainsi qu'en Tanzanie. La danse tire son nom d'un tam-tam spécial qui était autrefois utilisé pour indiquer la présence d'un grand félin dans les parages d'un village, les intentions belliqueuses d'une tribu voisine ou la mort d'un chef. L'indingala était donc naguère une danse guerrière durant laquelle les hommes se couvraient le corps d'argile, ceignaient leur taille d'un pagne et empoignaient des chasse-mouches. Contrairement aux autres danses traditionnelles malawites, l'indingala, dansée aux rythmes des sifflets et des tambours, est chiche de chants. Dérivé de l'indingala, le mwinoghe a été créé dans les années 1950. Cette danse est particulièrement populaire chez les écoliers du district de Chitipa. Instrumentale, puisqu'elle repose sur trois tambours (l'imposant ing'ina et deux twana), elle est accomplie par des écolières, vêtues de blouse orange ou jaune, et par des écoliers, en tee-shirt et culotte courte, lors de la visite de personnalités.
Chez les Chewa. Avec ses costumes bariolés, ses masques zoomorphes et ses rythmes endiablés, la Gule Wamkulu (" grande danse " en chichewa) est la danse traditionnelle la plus connue du pays. Inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO depuis la décennie 2000, cette danse, instaurée au XVIIe siècle, entend incarner les esprits des ancêtres et communiquer avec leurs mânes afin, inter alia, d'assurer de fructueuses récoltes. En effet, les membres de la confrérie Nyau (qui regroupe des adultes chewa initiés) croient aux esprits et à leur influence sur le curriculum des vivants. Ainsi, la Gule Wamkulu, s'apparente-t-elle à une " grande prière " (pemphero lalikulu), à un rituel mené par le mwini mzinda (" gardien de la danse ") et exécuté par les initiés avant ou après la moisson. La danse peut, de surcroît, être donnée lors de funérailles ou d'une intronisation. Malgré les tentatives d'éradication entreprises par les missionnaires à l'époque du protectorat britannique, la Gule Wamkulu a survécu en intégrant certains aspects du christianisme (de nombreux membres de la confrérie Nyau sont, par exemple, baptisés). Néanmoins, la signification originale de la Gule Wamkulu tend peu à peu à disparaître, laissant place à un divertissement pour touristes et à une récupération/appropriation politique. Pendant féminin de la Gule Wamkulu, le chisamba est un rite de passage de l'adolescence à l'âge adulte comprenant une partie dansée. La danse éponyme, dirigée par une aînée (namkungwi), peut également être exécutée dans d'autres circonstances (noces, funérailles).
Il convient, pour terminer, de mentionner deux danses modernes masculines transcendant les frontières administratives, ethniques et tribales : le beni et le malipenga. Elles ont été créées par des vétérans des King's African Rifles au sortir de la Seconde Guerre mondiale et s'inspirent des parades militaires. Les danseurs exécutant le beni, au rythme des tambours et des sifflets, portent conséquemment l'uniforme militaire kaki et arborent des médailles militaires. Cette danse est populaire chez les Yao et les Malawites expatriés en Zambie et au Zimbabwe. Concernant le malipenga, lancé à Nkhata Bay avant de se répandre dans le nord du pays (le mganda, une variante, a fait quant à lui florès dans le centre du Malawi), notons qu'il est exécuté par des troupes villageoises nommées boma.
Derrière la figure de proue qu'est Jack Mapanje, dont le recueil de poésies Of Chameleons and Gods (1981) fut un succès critique international (voir la rubrique " Enfants du pays " pour en savoir davantage sur l'homme de lettres malawite le plus célèbre), rares sont les plumes malawites connues et reconnues hors des frontières du pays. Parmi ces écrivains, nous pouvons citer le nouvelliste Shadreck Chikoti (dont les nouvelles " The Baobab Tree " et " The Trap " ont été primées), Frank Chipasula (spécialiste de littérature anglaise qui publia un recueil de poèmes célébré en 1972, Visions and Reflections, et obtint le BBC Poetry Prize en 1989), Legson Kayira (1942-2012, surtout connu pour son autobiographie I Will Try qui fut un bestseller aux États-Unis en 1965), Stanley Onjezani Kenani (jouissant d'une petite notoriété régionale grâce à ses nouvelles), David Rubadiri (1930-2018, diplomate, poète, dramaturge et romancier dont les poèmes figurent dans plusieurs anthologies de la poésie africaine) et Steve Chimombo (1945-2015, dont les recueils de poésies sont familiers des spécialistes de littérature africaine). Quant à Desmond Dudwa Phiri (universitaire, décédé en 2019, ayant écrit Let us fight for Africa, une pièce de théâtre dédiée au soulèvement de John Chilembwe), Ezra Chadza (1923-1985, auteur et poète de langue chewa) et Benedicto Wokomaatani Malunga (traducteur de Things Fall Apart de Chinua Achebe en chichewa) leur lectorat est surtout local. Deux autrices méritent également une mention : Walije Gondwe (née en 1936 et première romancière de l'histoire du pays) et Emily Mkamanga (rédactrice du roman The Night Stop en 1990).
Radio-télévision : l'entreprise publique Malawi Broadcasting Corporation (MBC), fondée lors de l'indépendance du pays (1964), chapeaute les radios nationales MBC 1 et 2 ainsi que Television Malawi. Il existe en sus quelques stations de radio privées à l'instar de Zodiak Broadcasting Station et de Capital Radio Malawi (créée en 1999, cette dernière fut particulièrement virulente à l'encontre de la classe dirigeante malawite durant les premières années du nouveau millénaire).
Agence de presse : établie en 1966, la Malawi News Agency (MANA) est placée sous la tutelle du ministère de l'Information. Elle est chargée, entre autres missions, de l'accréditation des journalistes étrangers.
Presse écrite : les deux principaux journaux du pays sont le Daily Times et The Nation. Le premier, fondé à Blantyre en 1895, est la propriété du groupe de presse privé Blantyre Newspapers Limited. Quelque 25 000 exemplaires de cette feuille influente sont tirés quotidiennement. Le second, également privé, a vu le jour en 1993. Il compte et a compté des chroniqueurs sagaces tels que Desmond Dudwa Phiri, historien et dramaturge estimé. En plus de ces deux quotidiens, paraissant également en version numérique, se sont multipliés depuis une quinzaine d'années des journaux en ligne (comme Malawi 24), dont certains créés et gérés par la diaspora malawite (Maravi Post, Nyasa Times).
Nous signalerons, enfin, le magazine trimestriel The Eye (www.theeyemw.com), un annuaire pratique truffé d'articles traitant, notamment, de la nature, de la culture et de l'histoire malawites.
La musique accompagne habituellement les fêtes et cérémonies (intronisations, funérailles, rites de passage, fêtes saisonnières...) au Malawi. Les danseurs et, parfois, les conteurs sont flanqués de musiciens jouant de l'ulimba (xylophone), du bangwe (cithare), du tambour et agitant des crécelles. Depuis une trentaine d'années des organisations internationales, telles que l'UNESCO, et des ethnomusicologues ont entrepris de documenter et d'enregistrer le patrimoine musical traditionnel malawite. Encore vivace dans les campagnes du pays, cette musique n'est pas, loin de là, hermétique aux influences extérieures et a évolué au cours des siècles. Ainsi, les rythmes, accords et chants congolais, zambiens, zimbabwéens ou sud-africains ont peu ou prou déteint sur la musique malawite. La Seconde Guerre mondiale constitua un moment-charnière en la matière. Les soldats du Nyassaland combattirent les puissances de l'Axe en compagnie de frères d'armes issus de tout l'empire britannique et d'États alliés, à l'instar des États-Unis. Cela leur permit de découvrir de nouveaux instruments, jeux et styles musicaux. À la fin du conflit, le banjo et la guitare firent ainsi leur apparition au Malawi. Pendant plus de vingt ans, le bluegrass fit florès au Malawi (l'un des plus grands représentants de ce style musical fut Alan Namoko, un artiste aveugle qui mêla blues et jazz). Dans les années 1970, des touches et sonorités jazzy vinrent élargir la palette des musiciens malawites avant que ne surgissent ou se développent dans les décennies suivantes gospel, reggae, R&B, hip-hop, rap et tutti quanti... La promotion des talents locaux fut toutefois entravée sous le règne de Hastings Kamuzu Banda. Accusées de corrompre les moeurs et perçues comme politiquement subversives, de nombreuses chansons furent censurées de l'indépendance à 1994. C'est donc le plus souvent à l'étranger que s'exprimèrent le mieux les artistes du cru. Dès les années 1950, les Malawites travaillant dans les mines mozambicaines et sud-africaines contribuèrent à la fusion des genres musicaux et furent en grande partie les instigateurs du kwela, une musique jazzy utilisant la flûte irlandaise qui fit fureur dans les townships sud-africains. Durant la décennie 1970, Tony Bird, qui naquit au Nyassaland de colonisateurs britanniques, fit connaître le Malawi par son folk-rock engagé (l'album Sorry Africa, sorti en 1990, constituant le sommet de sa carrière). La scène musicale locale prit son véritable essor au mitan de la dernière décennie du XXe siècle, à la suite de la " démocratisation " du régime. Outre le kwasa kwasa, musique et danse créées au Congo-Kinshasa, très couru des Malawites, le reggae, dont les auteurs, interprètes et compositeurs proposent généralement une musique militante, est très apprécié dans le pays : le groupe Black Missionaries - dont l'un des membres, Evison Matafale (1969-2001), a eu maille à partir avec les autorités pour ses critiques acerbes envers la politique du président de la République Bakili Muluzi (1994-2004) - et Lucius Banda (qui mène concomitamment une carrière politique) sont sans doute les représentants les plus célèbres du reggae made in Malawi. Plusieurs jazzmen, comme Wambali Mkandawire (qui a sorti quatre albums, dont Calabrash Breath en 2015), Ray Phiri (1947-2017, qui collabora notamment avec Paul Simon), Erik Paliani (guitariste chevronné mêlant le jazz, l'afro-fusion et l'afrobeat et ayant travaillé avec des musiciens notoires tels que Lee Ritenour et Hugh Masekela) ou Masauko Chipembere (qui vit aux États-Unis), ont également fait leur trou sur la scène musicale nationale et internationale. Le R&B a vu l'éclosion de talents locaux à l'instar de Maskal tandis que le hip-hop et le rap, dans le sillage du groupe Real Elements, comptent de jeunes artistes de la trempe de Tay Grin (né en 1984), de Young Kay (né en 1986) et de Tsar Leo (né en 1995) dont la réputation a dépassé les frontières du pays. En 2015, les vingt chansons composées et interprétées par soixante détenus de la prison de Zomba eurent un retentissement mondial, puisque l'album I Have No Everything Here fut nominé dans la catégorie " meilleur album de musique du monde " aux Grammy Awards 2016. Cette oeuvre apparentée à la jail music, par la couverture médiatique internationale dont elle a bénéficié, permit de faire connaître le sort des prisonniers malawites et les conditions carcérales dans le pays. Pour en savoir davantage sur la musique malawite, n'hésitez pas à vous rendre au festival Lake of Stars, organisé chaque année sur les rives du lac Malawi, ou consultez l'intéressant site dédié aux artistes locaux : www.malawi-music.com.
Quinze portraits de peintres malawites contemporains sont exposés dans cette modeste galerie afin de sortir ces artistes du relatif anonymat dans lequel ils sont plongés. En effet, les talents locaux jouissant d'une (infime) notoriété internationale sont rares. Pour les découvrir lors de votre séjour, une visite à La Caverna (Blantyre) ou à La Galleria (Lilongwe) s'impose.
Chrisford Chayera. Paralysé des suites d'une poliomyélite contractée en 1982, Chrisford Chayera a surmonté son handicap en peignant avec sa bouche. Affublé du sobriquet de mouth painter (il exécute ses toiles en maintenant son pinceau entre ses lèvres), cet ancien président de la Visual Arts Association of Malawi est devenu un modèle pour les infirmes du pays auprès desquels il s'investit. Ses oeuvres, qui ont fait l'objet d'expositions au Japon et aux États-Unis, dépeignent la vie villageoise (palabres sous le baobab, femmes pilant le grain...). Chayera, qui se déplace en chaise roulante, portraiture également.
Eva Chikabadwa. Ancienne employée du Geological Survey Department, Eva Chikabadwa enseigne désormais les beaux-arts au sein de l'université du Malawi. Les oeuvres peintes, volontiers symbolistes, de cette artiste touche-à-tout puisent leur inspiration dans la mythologie malawite. Eva Chikabadwa, l'une des rares peintres malawites de sexe féminin, reçoit parfois des commandes venant d'outre-Atlantique.
Kay Chiromo. Formé au sein du Kungoni Centre of Culture and Art de Mua Mission puis au Pratt Institute de New York où il obtint un master en arts, Kay Chiromo (1951-1994) fut un universitaire respecté dont les écrits furent publiés posthumément par l'UNESCO. Outre son métier d'enseignant, il fit montre d'une certaine virtuosité dans ses peintures à l'huile, ses illustrations et ses documentaires audiovisuels. Son oeuvre picturale, parfois teintée de religiosité (Vierge à l'Enfant, Vocation des Apôtres...), connut un certain succès dans les années 1980 (expositions aux États-Unis, en Zambie, au Royaume-Uni, au Canada et en Afrique du Sud).
Nyangu Chodola. Plusieurs fois primé pour ses dessins à l'encre et ses peintures à l'huile (portraits, peintures animalières et naturalistes...), Nyangu Chodola, qui travaillait préalablement dans l'industrie du tabac, est à la tête du Nyanja Art Studio. Ses toiles ont été exhibées aux niveaux international (Royaume-Uni, États-Unis) et national.
Dalitso Disi. Portraitiste chevronné utilisant le crayon fusain pour croquer des sommités (par le truchement de photos) ou des pékins lambda, cet artiste exposa ses premières réalisations à Blantyre (Chichiri Shopping Mall, Sunbird Mount Soche) avant d'effectuer un court séjour en Afrique du Sud, lors de la Coupe du monde de football 2010, pour y portraiturer des supporters, puis fit un passage de plusieurs mois (en 2016) aux Émirats arabes unis où il exerça ses talents dans les plus grands centres commerciaux du pays...
Elson Aaron Kambalu. Frère du romancier, peintre et performer Samson Kambalu (sur lequel nous revenons dans la rubrique " Enfants du pays "), Elson Aaron Kambalu est né dans le district de Nsanje en 1972. Sa peinture, caractérisée par de larges aplats, est rattachée à l'expressionnisme abstrait. Également réalisateur de films, cet artiste est une figure de la vie culturelle de Lilongwe : il est le propriétaire de La Galleria, la plus fameuse galerie d'art de la capitale, et possède une entreprise (Art House Africa) venant en aide aux créateurs malawites. Ses travaux artistiques et ses projets socio-culturels lui valurent les faveurs des médias (BBC, CNN) et des rencontres improbables, comme celle avec Bill Clinton...
David Kelly. Fils d'un ingénieur irlandais travaillant dans les plantations de thé environnant Mulanje, David Kelly (né en 1959) fit ses études en Rhodésie du Sud et au Royaume-Uni puis commença à taquiner les pinceaux en 1983. Ses toiles, dont la faune africaine (de l'éléphant à l'étourneau améthyste en passant par le buffle, le lion ou l'aigrette) constitue la thématique de prédilection, ont été exposées en Afrique du Sud, au Royaume-Uni, au Canada, en Zambie et au Zimbabwe. Les parcs et réserves malawites, au premier rang desquels le parc national de Liwonde, sont assidûment fréquentés par David Kelly.
Masa Lemu. Originaire de Blantyre, Masa Lemu enseigne et donne des conférences au Malawi, aux États-Unis et en Afrique du Sud. Son oeuvre oxymoronique, qui dénonce l'exploitation de la nature et les institutions culturelles, oscille entre concret et abstrait, réel et surréel, familier et inconnu.
Kingsley Maigwa. Tué en 2017, Kingsley Maigwa peignait surtout des scènes de genre et des animaux (réalisme animalier).
Franco Kwacha Mbilizi. Lauréat (en 2016) du Leonardo da Vinci International Prize, honorant de jeunes artistes, Franco Kwacha Mbilizi, qui réside à Chicago, est l'un des peintres malawites les plus en vue sur la scène artistique internationale. Ses oeuvres, qui relèvent de l'abstraction géométrique et du surréalisme, ont été exposées aux États-Unis, au Japon et en Suisse. Entendant exprimer à travers ses toiles une " vérité émotionnelle ", il a commencé à peindre, sculpter et dessiner à l'âge de neuf ans sous la houlette de son sculpteur de grand-père.
Cuthy Mede. Né en 1949 de parents malawites installés en Rhodésie du Sud, Cuthy Mede passa son enfance sur Likoma Island avant de poursuivre des études d'art au Chancellor College de Zomba, où il enseigna dans les années 1970. Durant la décennie suivante, il fut le premier Malawite à ouvrir une galerie d'art, Gallerie Africaine, dans le pays. Il se fit fort d'exposer en son sein des artistes locaux et de présenter leurs oeuvres aux collectionneurs. Il est lui-même peintre éclectique (pointillisme, cubisme, futurisme...) abordant des thématiques politiques et spirituelles.
William Mwale. Artiste autodidacte, né au Zimbabwe puis élevé au Botswana et au Malawi, William Mwale vend ses toiles empreintes de réalisme à des collectionneurs africains, européens et nord-américains. Pour découvrir son oeuvre, direction La Caverna (Blantyre) ou La Galleria (Lilongwe).
Kenneth Namalomba. Fils d'un artiste réputé, Kenneth Namalomba a vu le jour en septembre 1990. Après une enfance à Blantyre, il poursuivit ses études au sein du Chancellor College de Zomba. Peintre, céramiste, designer et sculpteur respecté et engagé, il expose ses créations aux États-Unis et dans son pays. En 2016, sa toile appelée Broken Love a été estimée à 10 500 US$, un record pour un artiste national.
Guy B Rapsy. Originaire de Blantyre, Guy B Rapsy (pseudonyme artistique) est l'un des meilleurs portraitistes du pays. Adepte du fusain, cet ancien présentateur de télévision aime portraiturer les stars nationales à l'instar du jazzman Wambali Mkandawire.
Ellis Tayamika Singano. Né en 1980 à Blantyre, Ellis Tayamika Singano s'est fait connaître en 1998 en parachevant les peintures de son père hospitalisé. Inspiré par Picasso et Matisse, il a depuis exposé ses toiles et ses batiks dans plus de trente expositions. Engagé socialement, il enseigne auprès des malentendants et des orphelins.
Gagne-pain de plusieurs milliers d'artistes et artisans malawites, la sculpture sur bois est un art consommé dans le pays. Représentant souvent des animaux sauvages et des scènes de la vie champêtre, ces oeuvres ligneuses, dont les fameuses chief's chairs aux entrelacs délicats, sont prisées des touristes locaux et étrangers. Des pièces sculptées par des artistes ayant fait leurs gammes au sein de la véritable pépinière que constitue le Kungoni Centre of Culture and Art, à Mua Mission, trônent aujourd'hui à Buckingham Palace, sont conservées dans les musées du Vatican et ornent des églises du Vieux Continent. Au nombre des sculpteurs formés à Mua Mission, citons Levison Lawrence qui a exposé ses créations en Turquie, au Cambodge ou aux États-Unis au cours du dernier lustre. Source de devises étrangères pour le gouvernement, qui n'hésite pas à vanter ses mérites lors de foires et salons internationaux, et de revenus pour les artisans, exhibant leur production au sein ou à proximité des principaux centres touristiques du pays, la sculpture sur bois est néanmoins décriée par des défenseurs de l'environnement qui invitent les chalands à refréner leurs envies d'achat, car les arbres les plus estimés par les sculpteurs pour la qualité de leur bois (Pericopsis angolensis, ébène du Mozambique...) sont rares ou devenus rares. Plus confidentielle que celle sur bois, la sculpture sur ivoire (issu de défenses d'hippopotames), nécessitant l'emploi d'outils idoines (scies, râpes, limes, grattoirs, gouges...) et d'abrasifs (papier de verre...), est également cotée.
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