Leitfaden Weißrussland : Histoire
La Biélorussie que nous connaissons aujourd'hui ne s'appuie pas sur une tradition de continuité étatique. Toujours pris entre deux pôles, l'Est orthodoxe et l'Ouest catholique, pendant presque toute son histoire, ce territoire n'a existé qu'en tant que partie d'ensembles plus vastes : la Rus' de Kiev, le grand-duché de Lituanie, l'État polono-lituanien, l'Empire russe, l'Union soviétique... Cela expliquerait les difficultés à définir la vraie identité nationale biélorusse. En 1918, un premier État biélorusse est formé avec le nom de république populaire de Biélorussie. Un an plus tard, de cet État naît la république socialiste soviétique de Biélorussie. Toutefois, le pays n'émerge avec ses frontières géographiques actuelles qu'après la Seconde Guerre mondiale. Enfin, en 1991, suite à l'implosion de l'URSS, pour la première fois de son histoire, il devient un État indépendant sous l'appellation de République de Biélorussie.
La Rus' de Kiev et la principauté de Polotsk
VIe siècle : les tribus orientales des Slaves s'organisent en entités politiques.
862 : première mention de Polotsk. Considérée aujourd'hui comme le berceau culturel et politique de la Biélorussie, cette principauté était le centre politique de la tribu slave des Krivichis.
X-XIIe siècles : les terres biélorussiennes font partie de la Ruthénie de Kiev.
1067 : première mention de Minsk, dont le nom viendrait du verbe slave " meniaty " (changer). Minsk est en effet devenu très rapidement l'un des principaux centres commerciaux d'Europe de l'Est.
Le grand-duché de Lituanie
XIII-XVIe siècles : la menace mongole et celle des chevaliers Teutoniques conduit les principautés biélorussiennes à se rapprocher de la principauté de Navahroudok où le prince Mendog fonde le grand-duché de Lituanie. Le nouvel État s'agrandit progressivement.
1385 : union de Krevo. Premier acte d'une série d'accords préparant le rapprochement du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie. Jagellon, grand-duc de Lituanie, reçoit le baptême catholique sous le nom de Ladislav. Il épouse Hedwige, soeur cadette du roi de Pologne, Louis Ier le Grand, auquel il succède la même année.
1410 : lors de la bataille de Grünwald, les armées du grand-duché de Lituanie et de la Pologne battent définitivement les chevaliers Teutoniques.
1567 : publication de la première Bible en ancien biélorusse par l'humaniste Francysk Skaryna.
L'État polono-lituanien
1569 : proclamation de l'union de Lublin entre le grand-duché de Lituanie et la Pologne et création de l'État polono-lituanien (Rech Pospolita ou république des Deux-Nations). La Biélorussie disparaît en tant qu'État.
1596 : union de Brest qui conduit à la naissance de l'Église uniate.
1654-1667 : guerre entre l'État polono-lituanien et la Russie.
L'Empire russe
1700-1711 : guerre du Nord. L'État polono-lituanien est dévasté par les armées russes et suédoises.
1772, 1793 et 1795 : répartition de la Pologne entre la Russie, la Prusse et l'Autriche. Fin de la république des Deux-Nations. La Biélorussie est intégrée à la Russie.
1772-1917 : la Biélorussie est partie intégrante de l'Empire russe.
1812 : défaite de l'armée napoléonienne sur le fleuve Bérézina.
1830-1831 : insurrection polonaise. La langue biélorusse est interdite, car assimilée à une déviation du polonais.
1863 : insurrection indépendantiste de Kastus Kalinowski. Des révoltes ont également lieu en Pologne et Lituanie.
1874 : suppression officielle de l'Église uniate.
1902 : création de la Gramada révolutionnaire biélorusse, sous l'impulsion du Parti socialiste polonais, qui revendique la création d'une diète biélorusse autonome à Vilna (Vilnius aujourd'hui).
1915-1916 : considéré comme un espace stratégique par les belligérants, pendant la Première Guerre mondiale le territoire biélorusse est le théâtre de nombreuses batailles.
La Biélorussie soviétique
25 mars 1918 : dans le chaos de la révolution bolchévique, alors que le pays est sous l'occupation austro-allemande, est proclamée la naissance de la république populaire de Biélorussie.
1er janvier 1919 : proclamation de la république socialiste soviétique de Biélorussie (RSSB).
1921 : le traité de paix de Riga met fin à la guerre soviéto-polonaise (1919-1921). La Biélorussie est partagée en trois parties : l'ouest va à la Pologne, l'est à la Russie ; seul le centre, correspondant aux districts de Minsk, constitue la république socialiste soviétique de Biélorussie.
30 décembre 1922 : la république socialiste soviétique de Biélorussie fonde l'Union des républiques socialistes soviétiques avec l'Ukraine, la Russie et la Transcaucasie.
1924-1926 : la Russie restitue à la Biélorussie les régions de Vitebsk, Moguilev et Gomel.
1936-1940 : des centaines de milliers de Biélorusses sont victimes des répressions staliniennes.
17 septembre 1939 : en vertu du pacte germano-soviétique, la partie orientale de la Pologne, à savoir la Biélorussie occidentale, est rattachée à la RSSB.
22 juin 1941 : entrée des troupes allemandes en Biélorussie et début de la Seconde Guerre mondiale.
28 juillet 1944 : libération de la Biélorussie par l'armée rouge.
1945 : les frontières de la RSSB telles qu'établies en 1939 sont confirmées. La Biélorussie acquiert sa configuration actuelle et devient membre des Nations unies.
1945-1955 : reconstruction de la Biélorussie en général et de Minsk en particulier, qui se dote de nombreux monuments publics.
16 juin 1974 : Minsk reçoit le titre de " Ville héroïque " en raison des destructions de la guerre et de sa rapide reconstruction.
26 avril 1986 : incident à la centrale nucléaire de Tchernobyl. 70 % des dépôt radioactifs se répandent sur la Biélorussie.
Juin 1988 : découverte de fosses communes contenant près de 250 000 victimes des purges staliniennes à Kurapaty.
La République du Biélorussie
27 juillet 1990 : implosion de l'URSS et déclaration d'indépendance de la Biélorussie qui prend l'appellation de République du Bélarus.
25 août 1991 : ratification de la déclaration d'indépendance. M. Stanislaw Chouchkievitch est élu à la tête de l'État.
26 janvier 1994 : Chouchkievitch est destitué par le Soviet suprême. 15 mars : adoption de la constitution. 23 juin-10 juillet : premières élections présidentielles. Alexandre Loukachenko est élu avec 80,1 % des suffrages.
24 novembre 1996 : référendum national pour amender la Constitution de 1994 en vue de renforcer les pouvoirs présidentiels et d'étendre la durée du mandat. Cette consultation est contestée et non reconnue par les organisations européennes. La Biélorussie se voit suspendre son statut d'invité spécial au Conseil de l'Europe.
22 juin 1998 : rappel des ambassadeurs occidentaux (Union européenne et États-Unis) du fait de la " Crise des Résidences " (le régime a procédé a une quasi-expulsion des ambassadeurs de la zone résidentielle de Drozdy qui jouxtait la résidence du Président).
18 janvier 1999 : retour des ambassadeurs européens à Minsk, suite à un compromis trouvé sur la question des résidences.
15 et 29 octobre 2000 : élections législatives, boycottées par la grande majorité de l'opposition. Le Parlement devient " monocolore ".
9 septembre 2001 : élection présidentielle. Alexandre Loukachenko est réélu avec 75,65 % des suffrages.
17 octobre 2004 : un référendum aboli la limitation de deux mandats présidentiels.
19 mars 2006 : élections présidentielles. Alexandre Loukachenko emporte la victoire pour la troisième fois au terme d'une élection jugée " non conforme aux normes internationales " et non démocratique par l'OSCE. Quelques milliers de personnes descendent dans la rue pour protester.
Fin 2008 : touchée fortement par la crise économique mondiale, la Biélorussie bénéficie d'un prêt du FMI d'1,8 milliards d'euros. Le rouble biélorusse dévalue du 20 % face au dollar entre le printemps et l'automne 2008.
Décembre 2010 : élections présidentielles. Le scrutin du 19 décembre confirme la victoire de Loukachenko avec 79,67% des votes. Il est élu pour la quatrième fois. Des manifestations d'opposition éclatent à Minsk. 7 des 9 candidats de l'opposition sont arrêtés le même jour.
11 avril 2011 : explosion d'une bombe dans la station du métro Kastryčnickaja (Oktjabrskaja) en pleine période de départ du travail. L'explosion fait 14 morts et 204 blessés. Les deux responsables, Dmitri Konovalov et Vladislav Kovalev, sont condamnés à la peine de mort en novembre 2011 et exécutés en mars 2012.
11 janvier 2012 : La Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan créent l'Espace économique commun (EEC) à l'instar de l'Union européenne. Cet accord prévoit la libre circulation des marchandises exonérées de taxes entre les pays-membres de l'union.
Septembre 2012 : élections législatives. Sur les 110 sièges du Parlement, 109 sont remportés par des députés soutenant Alexandre Loukachenko. L'OSCE dénonce le manque de transparence et de liberté de ces élections, notamment du fait de l'emprisonnement de plusieurs candidats de l'opposition.
2010-2014 : le pays traverse une forte crise économique. La forte inflation rend les prix instables.
Mai 2014 : en Biélorussie se tient la Coupe du monde de hockey sur glace.
1er janvier 2015 : La Biélorussie intègre l'Union économique eurasiatique (UEEA), rejoignant ainsi la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et l'Arménie.
11 octobre 2015 : Alexandre Loukachenko remporte l'élection présidentielle en obtenant un cinquième mandat consécutif avec plus de 83% de voix. La veille du second tour, 1500 personnes se rassemblent place de la Liberté pour protester. Le soir du second tour, après l'annonce des résultats, les manifestants se dirigent vers la place de l'Indépendance où ils réclament la démission du Président et l'organisation d'un nouveau scrutin.
Janvier-février 2016 : De nouvelles manifestations embrasent le pays. Les gérants et les employés de PME descendent dans les rues pour exprimer leur désaccord avec la loi № 222 visant à imposer de nouvelles restrictions à leur activité en pleine crise financière.
Jusqu'au VIe siècle, on dispose de peu d'éléments relatifs à l'histoire des Biélorusses. Les premiers établissements humains dans le territoire remonteraient à la moitié de la période paléolithique (100 000-40 000 avant J.-C.). Des traces concrètes ont été retrouvées un peu partout, dont les plus anciennes à Žyrovičy, dans la région de Gomel, datant de 26 000 avant J.-C.
L'histoire du territoire commence réellement au VIe siècle avec l'arrivée des premières tribus proto-slaves et leur organisation en entités politiques. Les Slaves développent des relations avec les peuplades autochtones d'origine balte qui sont rapidement assimilées. Au cours du Xe siècle, la Ruthénie de Kiev s'impose sur le territoire biélorusse et importe la christianisation selon le rite grec. Sous l'influence kievienne les tribus locales s'organisent en plusieurs États. Surgissent ainsi les principautés de Vitebsk, Minsk, Touraw et Mstsislaw. Sur toutes domine la principauté de Polotsk qui se constitue rapidement en État majeur de la région. Fondé vers le IXe siècle par les Krivitches et mentionné pour la première fois par la Chronique des temps passés en 862, Polotsk accepte la souveraineté de Kiev, tout en gardant une certaine autonomie en raison de la nature du territoire biélorusse caractérisé par la présence de forêts profondes et de marécages difficiles à franchir. Pendant la seconde moitié du XIe siècle, sous le règne du prince Vseslav, la principauté de Polotsk connaît son apogée et s'affranchit de l'influence de Kiev. Elle bénéficie des contacts commerciaux avec les Scandinaves, les Baltes, Byzance et connaît un fort épanouissement culturel et religieux qui donne notamment le jour à la cathédrale de la Sainte-Sophie de Polotsk, ainsi qu'aux manuscrits de Sainte-Euphrosine de Polotsk et de l'évêque Cyrille de Touraw.
Au début du XIIe siècle, la Ruthénie de Kiev connaît une période de déclin qui mène à sa disparition. Des luttes de pouvoir entre les princes provoquent son morcellement en principautés ennemies. L'arrivée des hordes mongoles et tatares à partir du XIIIe siècle, les invasions des chevaliers Teutoniques et, plus tard, la montée de la puissance moscovite sont à l'origine de la fin de la domination de la Ruthénie. Bien que les principautés biélorusses ne soient touchées que marginalement par l'invasion des Mongols, seule Touraw est brûlé, la menace des chevaliers Teutoniques pousse les princes biélorusses à se rapprocher de la principauté de Navahroudak qui à l'époque était en train de se constituer en État indépendant.
Au XIIIe siècle, l'alliance des principautés slaves et baltes mène à la création du grand-duché de Lituanie, fondé en 1236 par le prince Mendog, avec pour capitale Navahroudak. Homme politique habile, Mendog prit rapidement le contrôle d'un territoire assez vaste, situé à la jonction de régions de peuplement slave et balte : la Litva. Dans la tentative de repousser au nord les chevaliers Teutoniques et au sud l'Empire mongol, le duché ne cessera d'englober de nouveaux territoires. En 1252, afin d'éviter de nouvelles croisades des chevaliers Teutoniques, Mendog accepte de se convertir en faisant de la Litva un État chrétien.S'étendant de la Baltique à la mer Noire, le grand-duché de Lituanie comprenait l'actuelle Biélorussie, la Lituanie et l'essentiel de l'Ukraine et représentait un des plus grands pays d'Europe. A la tête du grand-duché se trouvait un roi dont les pouvoirs étaient toutefois limités par la présence d'un Parlement composé des familles nobles. Attachés à l'existence d'un État multiethnique et multiconfessionnel, les princes lituaniens mènent à l'égard de leurs peuples vassaux une politique d'ouverture et de tolérance religieuse. Slaves, Baltes, Polonais, Allemands, Juifs et Tatars vivent en harmonie les uns à côté des autres. Les vieilles croyances païennes coexistent avec la pratique de divers cultes. En 1323, sous l'initiative du prince Ghédimin, la capitale est transférée à Vilna. De 1384 date l'emblème du grand-duché représentant un chevalier brandissant son épée. Considéré comme le symbole historique de la première nation biélorusse, de 1991 à 1995, il sera justement adopté comme emblème national. Le danger que représente les chevaliers Teutoniques menace l'existence pacifique du grand-duché qui se retrouve aussi sans débouché sur la mer et donc dans l'impossibilité de développer les commerces.
A la fin du XIVe siècle, Jagellon, grand-duc de Lituanie, inaugure alors une politique de rapprochement avec la Pologne qui débouche sur la signature de l'union de Krewo en 1385. Après s'être converti au catholicisme et avoir épousé Hedwige d'Anjou (canonisée en 1997 par Jean-Paul II), reine de Pologne, en 1386, il devient roi de Pologne sous le nom de Ladislas II Jagellon. Les liens entre les deux États se font donc plus serrés. De 1409 à 1411, a lieu une guerre entre les chevaliers Teutoniques d'une part et le grand-duché de Lituanie, soutenu par la Pologne, de l'autre. Le 15 juillet 1410, lors de la bataille de Grünwald, les Biélorusses triomphent et repoussent définitivement les Teutoniques parvenant à reconquérir les terres des Samogitiens (les actuels Lituaniens) qui avaient été occupées par les Teutoniques. Ainsi, pour le grand-duché commence une époque de grande prospérité. A partir de la fin du XIVe siècle, nombre de villes reçoivent le droit de Magdebourg, et donc la possibilité de se gouverner de façon autonome. Partout surgissent des hôtels de ville, les commerces fleurissent. Parmi les différentes populations composant le grand-duché, les " litviny ", ancêtres des Biélorusses, exercent une profonde influence linguistique et culturelle. Jusqu'au XVIe siècle, la Biélorussie est le centre du grand-duché. Le vieux biélorusse, utilisé aussi bien par l'aristocratie que dans les actes administratifs, est sa langue officielle. En 1520, les premiers statuts juridiques de l'État sont rédigés en cette langue. En 1517, Francysk Skaryna, célèbre homme de lettres biélorusse, publie à Prague le premier livre en biélorusse, il s'agit d'une Bible. Ensuite, en 1522, il installe une imprimerie à Vilna, la première d'Europe orientale.
A partir de la fin du XVe siècle, la montée en puissance de Moscou porte à un rapprochement ultérieur entre la Pologne et le grand-duché de Lituanie. Libérés du joug tatar en 1480, les princes de la Moscovie entreprennent leur expansion territoriale se faisant les porte-parole du christianisme après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453. En 1569, le traité de Lublin marque l'union entre la Pologne et la grand-duché de Lituanie et donne naissance à la " République " polono-lituanienne (Rech Pospolita), multiethnique et multiconfessionnelle. A l'intérieur de l'union, chaque État conservait son emblème, sa langue nationale (pour le grand-duché il s'agissait du biélorusse), ses lois, son administration, ses tribunaux, son trésor et son armée, mais la Diète et la politique étrangère étaient communes. Le nouvel État gardait la structure " démocratique " qui était propre aussi au grand-duché de Lituanie. Le pouvoir du monarque était d'ailleurs contrôlé et limité par les nobles de l'Union qui se réunissaient régulièrement dans le " sejm ", une sorte de Parlement.
Les puissantes familles nobles de l'Union, telle les Oginski, les Sapega, les Radzivill, les Golšanski garantissent à la République une autre époque de prospérité économique et culturelle. Les Polonais dominaient tout de même la République, en raison surtout de leur prépondérance quantitative. La noblesse biélorusse avait un pouvoir limité dans les sphères politique et économique ce qui la rendit particulièrement vulnérable à la campagne de " polonisation " entreprise par la Pologne. L'influence de la culture polonaise et du catholicisme se développe, notamment au sein des élites qui progressivement deviennent membres de la szlakhta, la noblesse polonaise. Le polonais remplace progressivement le vieux biélorusse comme langue officielle. Tout de même, les langues minoritaires sont protégées, notamment grâce à la création de nombreuses imprimeries.
Au XVIe siècle, sous l'influence de la Réforme, beaucoup de Biélorusses, surtout des nobles, se convertissent de l'orthodoxie au protestantisme. Suite à la contre-Réforme catholique, ils deviennent catholiques. En 1596, pour résoudre le conflit qui, dans le pays, opposait orthodoxes et catholiques, un synode d'évêques orthodoxes proclame à Brest l'union avec l'Église catholique tout en conservant le rite byzantin. C'est la naissance de l'Église uniate. Cette décision ne règle qu'une partie du conflit et rencontre l'opposition du petit clergé et de la paysannerie qui, notamment dans les régions orientales, restent orthodoxes. Le conflit religieux mine désormais les bases sociales de la république, opposant la paysannerie majoritairement orthodoxe à l'aristocratie " polonisée ", souvent catholique. La prospérité de la république est ensuite affectée par les nombreuses incursions étrangères qui en signent définitivement le déclin. De 1648 à 1651, le territoire biélorusse est envahi par les Cosaques de Boris Khmelnicki qui, supportés par la population locale mènent une guerre contre le système féodal et les seigneurs de la szlakhta. Après avoir pris le contrôle de l'Ukraine ils conquièrent la Polésie et les parties orientales de la Biélorussie. Battus par l'armée lituanienne, les Cosaques sont repoussés en Ukraine. En 1654, le tsar Alexis Ier déclare la guerre à l'Union polono-lituanienne. L'armée moscovite parvient à occuper une grande partie des terres biélorusses. Les villes sont détruites, une partie significative de la population biélorusse, notamment artisans et commerçants, est déportée en Sibérie. Avec l'armistice d'Androussovo, en 1667, la République polono-lituanienne sort de la guerre très affaiblie : toute la rive gauche du Dniepr passe sous l'autorité de Moscou. Le déclin s'accélère avec la guerre du Nord (1700-1711) durant laquelle le pays est dévasté par les armées russe, suédoise et saxonne. Cette succession de guerres a des conséquences terribles sur la société biélorusse qui perd la moitié de sa population. Totalement ruiné et livré à l'anarchie, l'État polono-lituanien fait l'objet de trois partages successifs (1771, 1793, 1795) qui font passer la Biélorussie telle qu'on la connaît aujourd'hui dans l'Empire russe.
La dénomination officielle du pays, adoptée à partir de 1991 avec l'indépendance, est de république du Bélarus. Toutefois, dans cet ouvrage, nous retiendrons l'appellation francisée du pays consacrée par la coutume, c'est à dire Biélorussie. Qu'il s'agisse de Biélorussie ou de Bélarus, les deux dénominations renvoient à la locution " belaja Rus' ", c'est-à-dire " Russie blanche ".
Si le terme " Rus' " se réfère à l'État de Kiev, dont la partie orientale de la Biélorussie faisait partie aux Xe-XIIe s., les raisons de l'emploi de l'adjectif " belaja " restent enveloppées de mystère. A ce sujet, il existe plusieurs hypothèses, toutes dépourvues de fondement historique. On raconte que la Biélorussie serait " blanche " pour la couleur très claire des cheveux et de la peau de ses habitants ou bien de leurs vêtements traditionnels, rigoureusement blancs ! Selon une autre hypothèse, plus plausible, l'adjectif " blanc " fait allusion au fait que la Biélorussie n'a pas été envahie par les Tatars au XIIIe siècle, donc elle est restée " blanche ", c'est-à-dire libre.
En réalité, les termes de Biélorusse et Biélorussie sont entrés dans l'usage courant de la langue seulement vers la fin du XIXe siècle. A l'époque du grand-duché de Lituanie et de l'Union polono-lituanienne, les Biélorusses parlaient d'eux-mêmes avec le terme de " litviny ", c'est-à-dire les habitants de la " Litva ", de la " Lituanie ", alors que les Lituaniens étaient appelés " Samogitiens ". Le nom complet du grand-duché de Lituanie était d'ailleurs " Velikoe knjažestvo Litovskoe, Russkoe i Žemajtskoe " (grand-duché des Litvines, des Russes et des Samogitiens). Quand, au XIXe siècle, les Samogitiens s'approprient la dénomination de " litviny ", les Biélorusses sont donc contraints de choisir une nouvelle dénomination, différente de celle de " litvin " et de " russkij ". A cette époque le terme " Biélorussie " figurait déjà dans les sources écrites en référence à l'actuelle région de Mogilev. Aujourd'hui, le terme " litviny " est généralement employé par les défenseurs de l'identité nationale biélorusse qui tentent de faire connaître une page de l'histoire nationale que l'historiographie tsariste et 70 ans d'historiographie soviétique ont effacée de la mémoire du peuple.
Au XVIIIe siècle, commence une nouvelle phase de l'histoire biélorusse, celle de la domination russe. Partie intégrante de l'Empire russe, la Biélorussie est désormais appelée Russie blanche, ce qui témoigne du processus de " russification " intense auquel elle est soumise. Trois étapes principales constituent cette russification. La première est conséquente à la défaite napoléonienne de 1812. A l'époque, le territoire biélorusse fut le théâtre majeur des batailles. Beaucoup de Biélorusses rejoignent les armées française et polonaise. En effet, l'occupation napoléonienne était généralement bien acceptée par les Biélorusses. Les nobles éclairés adhéraient aux idées de Napoléon Ier et les paysans y voyaient la fin du servage. Après le bataille de la Bérézina, la Biélorussie est reconquise par les Russes.
L'insurrection polonaise de 1830 déclenche la deuxième étape de russification du pays. Quelques Biélorusses y participent, principalement des nobles de l'Ouest du pays, alors que les paysans restent passifs. A la répression militaire suivent des mesures administratives pour " dépoloniser " la région : suppression du système d'éducation polonais, interdiction d'enseigner le polonais. Assimilé à une déviation du polonais, le biélorusse est également interdit. En 1839, l'Église uniate est rattachée au patriarcat de Moscou, ce qui consacre définitivement la diffusion de la culture russe par l'Église orthodoxe.
La troisième phase de la russification suit les émeutes de 1863-1864 suscitées par un mouvement patriotique polono-lituano-biélorusse qui, guidé par le révolutionnaire Kastus Kalinowski, avait pour idéal la reconstitution d'un État indépendant dans ses frontières de 1772, avant le premier partage de la Pologne. La répression du tsar est sévère. Plusieurs dizaines de milliers d'habitants, dont la moitié vient de Biélorussie et de Lituanie, sont déportés en Sibérie.
Depuis le début du XIXe siècle, des idées révolutionnaires parcourent l'Empire russe, en particulier la Russie, soutenues par des nobles libéraux. Dans les années 1830, on enregistre l'émergence de courants nationalistes biélorusses et lituaniens aussi. Cependant, ces courants ne trouvaient pas l'adhésion de la population. La transmission des idées se faisait par la publication de textes, imprimés à Vilna ou à Saint-Pétersbourg, et les Biélorusses étaient en grande majorité illettrés.
L'industrialisation de la fin du XIXe siècle change de peu la situation. L'urbanisation progressive des paysans entraîne la formation d'une couche sociale ouvrière qui a désormais accès à la propagande nationaliste, active dans les principales villes biélorusses. Cette couche restait toutefois dérisoire : en 1900 sur sept millions de Biélorusses, il n'y avait que 24 000 ouvriers. De plus, l'absence d'une bourgeoisie biélorusse et la présence d'ouvriers russes, juifs ou polonais, explique que la mobilisation politique se fasse plutôt autour de problèmes sociaux que nationaux.
C'est principalement le courant socialiste qui favorise le développement du sentiment national. Désireux d'éveiller les sentiments nationaux biélorusses, ukrainiens et lituaniens afin de créer un État fédéral et multinational, le Parti socialiste polonais favorise la création, en 1902, de la Gramada socialiste biélorusse. Premier parti politique biélorusse, il réclame la réforme agraire et l'autonomie de la Biélorussie. Lors de la révolution de 1905, il est à l'origine des grèves et des manifestations qui se succèdent sur le territoire biélorusse.
Considérée par les belligérants comme un espace stratégique pendant la Première Guerre mondiale, la Biélorussie devient le théâtre d'affrontements sanglants. Néanmoins, la guerre a des effets positifs sur la situation du pays contribuant à son autonomie.
Le traité de Brest-Litovsk signé le 3 mars 1918 par l'Empire allemand et la Russie bolchévique, assigne à l'Allemagne des vastes territoires autrefois appartenant à l'Empire russe, dont la Biélorussie. Soucieux d'y créer un sentiment anti-russe et anti-polonais, les Allemands attisent le nationalisme biélorusse et laissent la liberté aux Biélorusses de créer leurs propres écoles et d'enseigner leur propre langue. Le 25 mars 1918, à Minsk, le Congrès biélorusse proclame la naissance de la république populaire de Biélorussie. Toutefois, l'autonomie concédée par les Allemands, intéressés uniquement à l'affaiblissement des liens avec la Russie, est trop superficielle. Lorsque les Allemands capitulent en 1918, l'armée rouge prend donc leur place. Elle ne s'arrête pas à Minsk, mais prend le contrôle de la région de Vilna. Le 27 février 1919, les bolcheviques proclament la création de la république soviétique de Lituanie-Biélorussie, avec Vilna pour capitale. La Pologne, qui craint le voisinage avec les Soviétiques et vise à la reconstitution de ses frontières de 1772, réagit avec les armes, déclenchant la guerre soviéto-polonaise. A la fin d'avril 1919, les Polonais s'emparent de Vilna, ensuite de Minsk et de la majeure partie du territoire biélorusse. La prise de Kiev par les Polonais en mai 1920 suscite la contre-offensive soviétique. En quelques mois, les bolcheviques arrivent à reconquérir Minsk et le 1er août la création de la république socialiste soviétique de Biélorussie (RSSB) est proclamée. Le 18 mars 1921, le traité de Riga me fin à la guerre soviéto-polonaise et marque le partage de la Biélorussie en trois parties : l'Ouest va à la Pologne, l'Est à la Russie, seule le Centre avec Minsk et ses six districts constitue la RSSB.
Le 10 décembre 1922, la Biélorussie fonde, avec la Russie, l'Ukraine et la Transcaucasie, l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). Entre 1924 et 1926, la Russie rend à la Biélorussie les territoires qu'elle avait perdu suite au traité de Riga : les régions de Vitebsk, Moguilev et Gomel.
Pendant les années 1920, la Biélorussie bénéficie d'une autonomie politique et culturelle qui permet l'enracinement du sentiment national. La protection des cultures et des langues nationales était d'ailleurs une des priorités de Lénine. C'est l'époque de la " biélorussification " du pays. Le biélorusse est réintroduit comme langue d'enseignement dans les écoles. L'administration est " biélorussifiée ". Les résultats sont évidents : la scolarisation se développe rapidement, plusieurs établissements d'enseignement supérieur, dont l'université de Minsk, sont créés, apparaissent des publications en langue biélorusse. La nouvelle politique économique (NEP) apporte des progrès remarquables sur le plan économique, aussi bien dans l'agriculture que dans l'industrie.
Durant les années 1930, avec la prise du pouvoir par Staline, l'autonomie qui avait caractérisée la décennie précédente est remplacée par une forte centralisation et uniformisation. Hostile à toutes les tendances centrifuges, Staline lance une campagne de répression visant à briser l'idéologie nationale biélorusse. Selon les statistiques officielles, plus de 600 000 personnes périssent à cause des répressions staliniennes. De nombreux intellectuels biélorusses qui avaient favorisé l'éveil national pendant les années 1920 à travers une " biélorussification " des villes son arrêtés et exécutés, dont 100 la nuit entre le 29 et le 30 octobre 1937. Dans l'éducation, l'administration et le commerce, le biélorusse est marginalisé au profit du russe. Dans les campagnes, la collectivisation des terres est désormais achevée à la fin des années 1930.
Le 1er septembre 1939, la Pologne est attaquée par l'Allemagne nazie. Le pacte Molotov-Ribbentrop autorise Allemagne et URSS à envahir le pays selon un partage précis. A partir du 17 septembre, l'armée soviétique envahit le territoire polonais. La partie orientale de la Pologne, correspondant à la Biélorussie occidentale, est rattachée à la RSSB.
Le 22 juin 1941, les troupes allemandes entrent en Biélorussie. Non préparée à l'attaque, l'Armée rouge est forcée de reculer significativement. C'est une débâcle totale. Le 28 juin, Minsk est occupée. A la fin d'août, tout le territoire biélorusse est sous le contrôle de l'Allemagne nazie. Les Allemands créent un gouvernement biélorusse, la Rada biélorusse centrale, qui s'appuyait sur un nationalisme exacerbé soutenu par le Front national biélorusse. Contrôlé par Berlin, ce gouvernement servait surtout à faire appliquer une politique de répression et de terreur. La Rada n'eut jamais le soutient de la population qui se rapportait aux idées nationalistes avec beaucoup de méfiance. La majorité de la population supportait les résistants, démontrant ainsi sa fidélité aux idéaux communistes et au patriotisme soviétique. L'occupation du territoire et les atrocités perpétrées par les nazis suscitent la formation d'un mouvement partisan sans égal dans l'histoire. Facilité par la présence sur le territoire biélorusse de forêts profondes et de nombreux marais, les partisans organisent une puissante guérilla qui oblige les nazis à mobiliser des moyens considérables. La répression est implacable. La Biélorussie est un des pays les plus dévastés en Europe : 209 villes sur 270 sont détruites, dont Minsk et Vitebsk à 90 %, et 700 villages sont brûlés avec leurs habitants. La diaspora juive, qui était une des plus vastes d'Europe, est presque anéantie.
Dès février 1943, la victoire de Stalingrad permet à l'Armée rouge d'inverser le rapport des forces avec l'Allemagne. Le 28 juillet 1944, la Biélorussie est finalement libérée. Le bilan est tragique : 1,3 million d'habitants, soit un quart de la population, est tué, le pays est complètement détruit. Pour récompenser la population biélorusse de ses actes d'héroïsme et de son attachement aux idéaux communistes, Staline la proclame " Peuple héros " de l'Union soviétique. La Biélorussie, comme la Russie et l'Ukraine, reçoit également un siège de membre fondateur à l'Organisation des Nations unies. En 1945, les frontière de la RSSB telles qu'établies en 1939 sont confirmées par un traité signé entre la Pologne et l'URSS, qui donne à la Biélorussie sa configuration actuelle.
Docilité, capacité de résistance, réticence aux changements et goût de la stabilité sont des traits typiques de l'identité biélorusse. Sûrement l'histoire tragique du pays a contribué à enraciner ces constantes qui, à l'origine, sont propres à la mentalité paysanne. Les Biélorusses savent se contenter de peu : le fait qu'il n'y ait pas de guerre est déjà source d'une profonde satisfaction et d'apaisement. Si les Biélorusses n'ont jamais déclaré la guerre à personne, paradoxalement au cours des siècles leur territoire a été régulièrement envahi et détruit, sa population tuée et déportée. La guerre napoléonienne, la Première Guerre mondiale, la guerre polono-soviétique et, notamment, la Seconde Guerre mondiale ont laissé des blessures profondes dans la mémoire culturelle.
Le pays ravagé, sa population humiliée et décimée, la Biélorussie a résisté avec toutes ses forces contre l'ennemi en payant cher son patriotisme. Il est dès lors aisément compréhensible que les Biélorusses aspirent à une stabilité proche de la soumission, à l'acceptation de l'ordre établi qui, même s'il ne convient pas toujours, est quand même préférable aux périodes noires de guerre et de famine.
À partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les idéologues soviétiques ont construit une véritable mythologie autour de ces temps troublés, mythologie qui a survécu à la fin de l'URSS et continue a être observée comme si rien n'était changé. Le pays s'est rempli de tanks et avions militaires posés en guise de monuments à l'entrée des villes, des monuments commémoratifs sont apparus partout et le pays a adhéré à l'idée selon laquelle son histoire commence avec la Grande Guerre patriotique (1941-1945) à la fin de laquelle la Biélorussie a acquis ses frontières actuelles. Le 9 mai, le jour de la victoire sur les nazis, est probablement la plus grande fête de l'année et l'un des piliers de l'identité biélorusse.
A l'issue de la guerre, l'état de destruction du pays pose avec insistance le problème de sa reconstruction. Reconnaissant aux Biélorusses pour leur effort de guerre, Staline lance un important programme de reconstruction et de modernisation du pays. Profitant des investissements provenant des autres républiques soviétiques, la Biélorussie connaît un développement économique accéléré qui la transforme de pays rural en grand centre industriel.
L'agriculture connaît un développement remarquable, en particulier dans l'élevage, dans la production de seigle, de pommes de terre, de betteraves à sucre, de lin. Néanmoins, tous les efforts sont orientés vers l'industrie.
Avant-poste occidental de l'URSS, Moscou y crée un complexe militaro-industriel de pointe. De nombreuses bases militaires y sont installées. De gros complexes industriels surgissent dans tout le pays : métallurgie, industrie chimique et constructions mécaniques (tracteurs et camions). L'urbanisation progresse, le travail qualifié se développe. Le progrès que connaît le pays s'accompagne de nombreuses possibilités d'ascension sociale, notamment pour les scientifiques et les militaires, ce qui fait de la Biélorussie une terre d'immigration pour les habitants des autres Républiques, en particulier pour les Russes. Pendant les années 1970 et 1980, le niveau de vie de la population biélorusse est le plus élevé de toutes les Républiques de l'Union.
Le développement économique est bien sûr le résultat de l'adoption d'une adéquate politique de formation. Les progrès sur les plans culturels et de l'éducation sont remarquables : en quelques années l'analphabétisme disparaît, le réseau scolaire et universitaire se développe. Le progrès culturel passe toutefois à travers un processus de russification qui porte le russe à devenir le vecteur de la modernisation pour les masses des paysans biélorusses en train de s'urbaniser. A partir de 1938, l'apprentissage du russe est obligatoire dans toutes les écoles d'URSS. Le russe est la langue de l'armée. Le Parti communiste n'offre des promotions qu'à ceux qui maîtrisent parfaitement le russe. La langue biélorusse, éliminée des sphères économiques, mise à l'écart dans l'éducation, est progressivement marginalisée jusqu'à devenir la langue du milieu rural.
Le progrès économique, culturel et social que le régime soviétique apporta au pays est sans doute la source du très fort attachement que montrent les Biélorusses à celui-ci. Au moment de l'implosion de l'URSS, les Biélorusses s'identifiaient majoritairement à des citoyens soviétiques. C'est pourquoi, quand Gorbatchev inaugure la perestroïka, l'attitude des Biélorusses à l'égard des réformes libérales introduites fut de conservatisme, voir d'hostilité. Cela n'empêcha pas l'essor, à la moitié des années 1980, d'un mouvement national d'opposition.
Les opposants ont profité de deux occasions pour accentuer leurs critiques contre les dirigeants. Premièrement, l'accident à la centrale nucléaire de Tchernobyl, survenu le 26 avril 1986. Bien que Tchernobyl se situe en Ukraine, 70 % des dépôts radioactifs se répandent sur la Biélorussie. La mauvaise gestion de la catastrophe et le silence des autorités sur ses conséquences provoquent le mécontentement de la population. Deuxièmement, en 1987, à Kurapaty, près de Minsk, on découvre des fosses communes contenant près de 250 000 victimes des purges staliniennes des années 1930. Zianon Pazniak, l'historien à l'origine de cette découverte, fonde en 1989 le Front populaire biélorusse, un parti centriste qui lutte pour les réformes démocratiques, pour l'indépendance réelle de la Biélorussie, ainsi que pour le respect des droits de l'homme. Au Parti adhèrent aussi les citoyens qui se battent pour la renaissance culturelle et linguistique biélorusse. Suite à l'implosion de l'URSS, le 27 juillet 1990 la Biélorussie proclame son indépendance. Le 25 août 1991 elle se constitue en république du Bélarus. En décembre 1991, elle participe activement à la création de la Communauté des États indépendants, dont Minsk devient le siège.
Le 8 décembre 1991, la Biélorussie participe avec l'Ukraine et la Russie aux accords de Belovej qui décrètent la fin de l'URSS en tant qu'État. Le président biélorusse Stanislaw Chouchkievitch qui signe ces accords est maintenu à son poste jusqu'aux élections de 1994. Malgré le tournant historique, il n'y a pas de fracture par rapport au régime précédent, ce qui s'explique essentiellement par la forte soviétisation de la population, par la faiblesse de l'opposition et par le rôle central de la Biélorussie dans le système militaire soviétique. L'opposition nationaliste, incarnée principalement par le Front populaire biélorusse soutient Chouchkievitch. Il fait de la construction de l'identité nationale le point central de son programme. Toutefois, il ne parvient pas à constituer un large mouvement populaire, ne pouvant pas s'appuyer sur un consensus suffisant au sein de la population sur l'identité et le destin biélorusse. La jeune république tente de faire passer son idéologie à travers les symboles que la population perçoit comme lointains, presque artificiels. Il s'agit premièrement de l'adoption de la langue biélorusse comme langue officielle. Cependant, le biélorusse n'est parlé que de façon occasionnelle et la langue dominante reste le russe. Deuxièmement, les nationalistes insistent sur l'identité balte des Biélorusses et sur le grand-duché de Lituanie comme premier État des Biélorusses, mais à nouveau sans succès. D'abord parce que les Lituaniens revendiquent aussi cette idée, ensuite, parce que cette idée avait été utilisée par les nationalistes pendant la Seconde Guerre mondiale et appuyée par les nazis. Le soviétisme survit à la chute de l'Union soviétique. Les années qui suivent la chute de l'URSS sont des années de grandes hésitations et d'immobilisme. Le président Chouchkievitch, homme de dialogue et partisan de réformes politiques et économiques libérales, est soutenu par les députés du Front populaire, mais son pouvoir est limité étant doté d'une fonction essentiellement honorifique. Le pouvoir exécutif relève principalement du conseil des ministres et du Premier ministre, Viacheslav Kebich, un bureaucrate de carrière du Parti, entouré et soutenu par les représentant de l'ancienne nomenklatura qui, peu à peu, sont intégrés dans le nouveau Parlement biélorusse. Si Chouchkievitch favorise certaines mesures qui vont dans la direction d'une économie de marché, Kebitch vise à maintenir le système de direction administrée de l'économie. Si Chouchkievitch adopte une politique d'ouverture vers les pays occidentaux et d'autonomie par rapport à Moscou, Kebitch oeuvre pour un renforcement des liens avec la Russie. Pendant que le pays se trouve dans un état de profonde dégradation économique et sociale, la rivalité entre Chouchkievitch et Kebitch s'exacerbe. Le 28 janvier 1994, Chouchkievitch est obligé de démissionner. ll est remplacé par Mecheslas Grib, un fidèle de Kebitch. Le 15 mars 1994, une nouvelle Constitution est adoptée. Elle limite les pouvoirs du Parlement au profit de ceux du Président qui devient le chef de l'exécutif.
En juillet 1994, ont lieu les premières élections présidentielles de l'histoire biélorusse. Ancien directeur de sovkhoze, Alexandre Loukachenko emporte le scrutin et gagne avec 81,1 % des voix. Issu du milieu rural et homme neuf par rapport aux forces politiques présentes sur la scène biélorusse, Loukachenko incarne le désir de stabilité et de sécurité politique auquel aspirait la plupart de la population, nostalgique de l'époque soviétique. Dès son élection, Loukachenko se préoccupe d'abord de rassurer la population de son attachement aux valeurs soviétiques et de renforcer son pouvoir personnel. Le 14 mai 1995, il organise un référendum lors duquel la population est invitée à s'exprimer sur quatre questions : l'introduction du russe comme langue officielle ; pour le drapeau, le retour à la faucille et au marteau d'époque soviétique ; l'intégration économique avec la Russie ; la prépondérance de l'exécutif sur le législatif. Le peuple approuve tous les changements proposés par Loukachenko. Ensuite, le nouveau référendum du 24 novembre 1996 marque l'adoption d'une nouvelle Constitution qui met le Parlement sous le contrôle du Président.
La Biélorussie devient désormais un régime autoritaire. Le pouvoir est concentré dans les mains du Président et de son administration. L'opposition est exclue des institutions parlementaires ; les médias indépendants sont harcelés et fermés ; certains opposants au régime, hommes politiques ou journalistes, disparaissent.
Le 9 septembre 2001, Alexandre Loukachenko est élu pour la deuxième fois. L'élection n'est pas reconnue par l'OSCE qui la définit non démocratique. Le 17 octobre 2004, les électeurs sont appelés à nouveau aux urnes pour les élections législatives et pour un nouveau référendum constitutionnel afin de prolonger le pouvoir du président au-delà des deux mandats autorisés par la Constitution. Suite à une campagne électorale marquée par le musellement de l'opposition et par un soutien inconditionné au Président de la part de tous les médias, Loukachenko gagne encore une fois : le " oui " l'emporte largement et le Parlement lui reste fidèle.
Fin 2005, la Chambre basse du Parlement fixe la date des prochaines élections présidentielles, le 19 mars 2006. Suivant un scénario bien rodé, la campagne électorale se déroule dans une atmosphère d'intimidations et de menaces. Plusieurs militants de l'opposition sont arrêtés, les journaux indépendants sont interdits, alors que le pouvoir monopolise les médias officiels. La procédure du vote anticipé, terrain idéal pour la manipulation des résultats, est encouragée ; le KGB menace de peine de mort les " terroristes " qui oseraient manifester contre les résultats du scrutin. Néanmoins, les oppositions s'organisent pour former un front démocratique unique représenté par Alexandre Milinkevitch. Alexandre Loukachenko est officiellement réélu avec 83 % des voix, Alexandre Milinkevitch reçoit 6,1 % des suffrages. Criant à la fraude, une dizaine de milliers de personnes descendent dans la rue le 19 mars pour réclamer l'organisation de nouvelles élections. Plusieurs centaines de personnes sont arrêtées. Les jours suivants, quelques centaines de manifestants campent sur la place d'Octobre, à Minsk, pour protester contre la réélection de Loukachenko. Toutefois, l'ampleur de ces manifestation est loin d'atteindre les proportions de la " révolution des roses " en 2003 en Géorgie ou de la " révolution orange " en 2004 en Ukraine. Encore une fois, la grande majorité de la population reste inerte. Le 24 mars, à l'aube, la police met fin à cette tentative de révolution.
L'époque Loukachenko est marquée par une certaine inertie et l'absence de réformes structurelles. On a assisté ces dernières années à une détérioration des relations avec la Russie qui, depuis la chute de l'URSS, avait été l'allié le plus proche de la Biélorussie, ainsi que son principal partenaire commercial. Deux " crises " du gaz ont eu lieu en 2007 et en été 2010. La crise de 2010, à l'origine de laquelle se trouverait un différent commercial, a démontré la volonté russe de déstabiliser Loukachenko à quelques mois de la fin de son mandat, à tout le moins de le mettre sous pression. L'image internationale du président s'est également aggravée, notamment lorsqu'il a offert l'asile à Kourmanbek Bakiev, président kirghize, au demeurant plus proche des États-Unis que de la Russie, renversé en avril 2010 à la faveur d'un soulèvement populaire réprimé dans le sang.
Le 19 décembre 2010, a lieu une nouvelle élection présidentielle. Parmi les 10 candidats enregistrés, Alexandre Loukachenko est proclamé vainqueur avec presque 80% des suffrages. L'OSCE parle d'imperfections dans le dépouillement, ainsi que d'une élection loin des principes démocratiques. Ces résultats sont immédiatement contestés par l'opposition et, le soir même, une manifestation de protestation a lieu dans le centre de Minsk. Des dizaines de milliers de personnes descendent dans la rue, le siège du gouvernement est attaqué. Les manifestations sont brutalement réprimées par la police, des centaines de manifestants d'opposition arrêtés, 7 des 9 candidats de l'opposition sont arrêtés le même jour. En signe de protestation contre les arrestations d'opposants au régime, l'Union Européenne, qui n'a pas reconnu le résultat du scrutin, décide des sanctions contre la Biélorussie, ainsi que l'interdiction de visa européen et nord-américain pour Loukachenko et plusieurs dizaines de ses collaborateurs les plus proches.
La crise financière de 2014 est une période charnière dans l'histoire du pays, dont les conséquences se font encore ressentir aujourd'hui. La société civile accuse Loukachenko d'avoir été à l'origine de cette crise et d'avoir pris des décisions qui ont précipité le pays dans le gouffre. Malgré les manifestations à travers tout le pays, Loukachenko a signé des lois qui, selon lui, devraient aider à faire sortir le pays de la crise. Le 11 octobre 2015 Alexandre Loukachenko se fait réélire pour la cinquième fois à la tête de l'Etat.
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