Leitfaden Papua-Neuguinea : Politique et économie
La Papouasie est une démocratie dans laquelle chaque adulte dispose du droit de vote. Mais la valeur de cette démocratie pose question dans un pays où une grande partie de la population n'a conscience d'aucun des enjeux majeurs et où les pratiques tribales dominent encore un jeu politique confus. L'économie, en constante croissance, dépend beaucoup trop des matières premières, toutes exploitées par des sociétés étrangères.
Depuis son indépendance, le 16 septembre 1975, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et ses 20 provinces vivent sous l'autorité de la reine d'Angleterre en tant que monarchie constitutionnelle, membre du Commonwealth, dans un système parlementaire à Parlement unique élu par le peuple.
Le Parlement national, composé de 109 députés élus au suffrage universel direct pour 5 ans, détient le pouvoir législatif, fiscal et budgétaire.
Les institutions se caractérisent par un pouvoir exécutif fort, exercé par le Premier ministre désigné par le Parlement. Le Premier ministre choisit ensuite son " Cabinet ", c'est-à-dire son Gouvernement. Premier ministre et Gouvernement répondent de leurs actes devant le Parlement. En raison du caractère chaotique du Parlement papouasien et du manque de parti dominateur dans le pays, une grande instabilité régnait traditionnellement dans le Gouvernement. L'ancien Premier ministre, M. Somare, a fait voter en 2002 une loi interdisant de renverser un gouvernement lors des 18 premiers mois de son mandat et des 12 derniers, ce qui résout le problème...
La reine, appelée ici " reine de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de ses autres royaumes et territoires ", est représentée sur le territoire par un gouverneur général, actuellement Sir Robert Dadae, élu par le Parlement. Le gouverneur général représente le pays lors des grandes cérémonies et nomme, sur conseil du Premier ministre, le chef de la Cour suprême de justice.
Le pouvoir judiciaire, représenté par la Cour suprême de justice, est indépendant du Gouvernement, et a pour fonction de protéger les droits constitutionnels et d'interpréter les lois.
La Constitution nationale divise le pays en 20 provinces, plus la Région autonome de Bougainville et le National Capital District (la capitale, Port Moresby). Deux provinces de plus ont vu le jour en 2012. Chacune dispose d'un gouvernement et d'un gouverneur, tout en restant sous l'autorité du Gouvernement national. Le préambule de la Constitution reconnaît l'importance des ancêtres et place le pays dans les mains de Dieu. La Constitution reconnaît également la souveraineté du peuple sur ses terres, en attribuant notamment la propriété des terres tribales aux propriétaires traditionnels.
Le scrutin préférentiel est utilisé lors des élections depuis la mise en place des réformes électorales de 2001, censées rendre le fonctionnement du pays plus démocratique. Ce système peut sembler compliqué pour un Français habitué aux élections uninominales majoritaires à un tour, mais il correspond sans doute mieux à l'attachement au consensus des Papouasiens. Il consiste pour chaque électeur à indiquer ses trois premiers choix, par ordre de préférence, sur la liste des candidats qui sont ensuite départagés par un système de points.
Le multipartisme existe depuis toujours en Papouasie et les partis politiques sont nombreux. Mais il s'agit de groupes d'individus soucieux de prendre le pouvoir, sans aucune base électorale ni programme ou orientation politique. Difficile de dire qui est de droite, qui est de gauche, travailliste ou démocrate... La faiblesse générale de ces partis reste également un problème - le parti au pouvoir a obtenu seulement 29 sièges sur 109 lors des dernières élections - pour la vie politique papouasienne, empêchant toute stabilité politique. Peter O'Neill, le Premier ministre actuel, appartient au parti Congrès national popualire (Peaople's National Congress). Aucun autre parti ne dépasse les 10 sièges lors des élections. Les Eglises, par contre, si elles n'interviennent pas directement lors des élections, disposent d'un pouvoir conséquent ou tout au moins d'influence. Les différents candidats sont donc forcés de les écouter et, éventuellement, de s'en recommander.
Ce phénomène, qui consiste à voter pour le représentant de son propre clan (ou celui de ses alliés) ou encore pour celui qui a donné le plus d'argent à la communauté, reste sans doute le plus grand obstacle à une vraie vie démocratique en Papouasie. Il empêche par là même la constitution d'une assemblée et d'un gouvernement honnêtes et dévoués aux intérêts du pays, puisqu'il suppose que seuls les candidats ayant investi beaucoup d'argent pour soudoyer leurs électeurs seront élus, ou bien ceux représentant une communauté particulière, sans se soucier de l'intérêt général.
En 2009, le gouverneur de Port Moresby a réalisé un excellent travail, améliorant significativement la vie des habitants en quelques mois, tout en réussissant à économiser de l'argent sur le budget de la ville pour la première fois depuis des années. Il incarne une nouvelle génération de politiciens, efficaces et honnêtes, prêts à prendre le pouvoir. Le gouvernement va devoir s'atteler aux tensions ethniques qui émergent dans le pays. Phénomène jusqu'alors inconnu, malgré une tradition de guerre tribale, lié à l'exode rural et aux difficultés économiques. Ces tensions ethniques concernent principalement les villes où les affrontements entre propriétaires terriens traditionnels et nouveaux arrivants, qui s'installent souvent où ils peuvent, deviennent de plus en plus fréquents, avec parfois pour résultat des batailles rangées en règle. Le racisme anti-asiatique devient également préoccupant. De nombreux Asiatiques s'installent pour ouvrir des commerces ou travailler dans la construction ou les mines. Ces populations, effrayées par les Papouasiens et souvent elles-mêmes racistes, ne se mélangent pas avec le reste du pays et font souvent leur business dans leur coin. Cela déplaît particulièrement à des Papouasiens partageurs, mais également jaloux de la réussite de ces nouveaux venus, qui s'enrichissent souvent très rapidement. L'augmentation continue de la population va aussi poser des problèmes à un pays ou 85 % de la population vit de l'agriculture de subsistance. Déjà, dans certaines provinces, les terres cultivables se font rares. À défaut de système éducatif fort et d'alternatives économiques viables, que deviendront tous ces futurs paysans à qui l'on demandera de vivre de terres devenues trop étroites ?
La Papouasie-Nouvelle-Guinée connaît depuis de nombreuses années une croissance économique positive, qui cache mal les difficultés que traverse le pays. Plus de 80 % des richesses du pays dépendent en effet de l'industrie minière ou d'autres activités prédatrices, comme la pêche et l'industrie forestière. Avec 85 % des habitants du territoire qui vivent encore d'activités de subsistance et 40 % vivant sous le seuil de pauvreté, les prochaines années seront cruciales quand on sait que d'énormes projets miniers verront le jour dans les années à venir.
Comme le dit une expression populaire, la Papouasie est une île d'or sur un océan de pétrole... Bien qu'un peu exagérée, cette opinion exprime toutefois une réalité. Le pays exportait 60 tonnes d'or en 2017, se plaçant au 14e rang mondial des producteurs. Le pétrole, déjà exploité dans les montagnes, près du lac Kutubu, verra bientôt sa production augmenter grâce à des forages off shore. En 2014, Exxon Mobil commencera à produire du gaz dans les montagnes centrales, un projet qui ne manquera pas, semble-t-il, de bouleverser rapidement le pays. Des richesses gazières qui intéressent également Total, qui, depuis 2012, réalise de lourds investissements dans des projets d'extraction de matières fossiles. De plus, les Chinois dépensent actuellement des milliards pour extraire du nickel dans
la région de Madang. Les principales mines d'or se trouvent à Ok Tedi, près de la frontière indonésienne ; à Porgera, dans les montagnes de la province d'Enga ; et à Lihir, en Nouvelle-Irlande. Le plus gros projet minier actuel concerne une exploitation de nickel-cobalt dans la Ramu, province de Madang.
Longtemps négligées à cause des difficultés et donc des coûts d'exploitation, les ressources énergétiques de la Papouasie attisent aujourd'hui les convoitises, en raison du développement des technologies et de la hausse du coût des matières
premières.
Deuxième secteur économique en termes de revenus, le secteur forestier reste important malgré l'évolution des mentalités et la suppression de toute forme d'aide et de support de la Banque mondiale et des autres grands donateurs. La pêche est également une source de revenus non négligeables pour la Papouasie. Avec des réserves halieutiques parmi les plus importantes du monde, cette activité n'est pas près de s'arrêter et tant pis si les petits pêcheurs locaux trouvent de moins en moins de poissons...
L'agriculture, de revenu ou de subsistance, qui compte pour moins de 25 % des revenus du pays, nourrit pourtant plus de 80 % de la population... Longtemps seule culture industrialisée, destinée à fournir le sucre au pays, la canne à sucre était concentrée dans la vallée du Ramu et a été transférée récemment dans la province du Sepik. Très en vogue aujourd'hui, après avoir été longtemps délaissée, la culture du palmier à huile
s'intensifie.
Surfant sur la mode des biocarburants et très utilisée dans l'agroalimentaire, l'huile de palme est une culture très rentable. Hérité des Allemands, le coprah (la chair de la noix de coco) occupe également une grande place sur les côtes. Toutefois, la présence de nombreuses et immenses plantations le long des côtes et dans les basses terres ne doit pas masquer le fait qu'elles ne constituent pour beaucoup qu'une activité de complément de revenus. Le coprah est en effet principalement destiné à l'export, même si des projets de biocarburant émergent. Viennent ensuite le cacao sur les côtes et le café dans les montagnes. Là encore, il s'agit généralement de petits producteurs indépendants qui vendent leurs productions à des collecteurs. Bien que très réputé au niveau mondial, le café, faute de production importante, ne représente pas grand-chose dans la balance commerciale
du pays.
Enfin, la vanille fut ici implantée, lors de son boom au début des années 2000, avec beaucoup de succès. Mais la difficulté de sa culture et la baisse des prix à l'achat ont démotivé de nombreux agriculteurs.
Quant à l'élevage, mis à part quelques bovins élevés pour la fabrication du " corned beef " et des élevages de poulets destinés au marché local, il est inexistant. Sauf, bien entendu, si l'on compte les porcs élevés par chaque famille pour les fêtes et les échanges traditionnels, et qui doivent représenter quelques centaines de milliers de têtes.
Le secteur industriel est totalement absent du pays. Mis à part quelques conserveries de poisson et une usine de bière à Port Moresby, le pays ne compte aucune usine...
Les infrastructures représentent le vrai point faible du pays, en lien avec sa géographie défavorable. Le seul axe routier inter-provinces local relie les villes de Lae et Madang, sur la côte Nord, à Tari, dans les montagnes centrales. Cette " highway ", comme l'appellent les Papouasiens, n'est pas goudronnée sur sa totalité, loin de là, et doit être refaite après chaque saison des pluies. Pleine de trous, simple piste sur certains tronçons, c'est par elle que transitent toutes les marchandises qui alimentent les montagnes ou en repartent. Hors de cette route, il n'existe aucun moyen de communication terrestre avec l'intérieur des terres. La capitale, Port Moresby, n'étant reliée au reste du pays par aucune route, les marchandises qui y arrivent ou en repartent transitent par avion ou fret aérien. Le pays ne dispose que de deux ports commerciaux, Lae et Moresby.
En revanche, le réseau aérien est bien développé grâce à la compagnie nationale Air Niugini, qui dessert chaque ville ou station gouvernementale importante. Une deuxième compagnie, privée celle-là, PNG Airlines, assure un minimum de concurrence et dessert quelques endroits de plus. Pour le reste du pays, il faut compter sur les compagnies missionnaires ou les minuscules compagnies privées dont les petits avions desservent, à la demande et pour beaucoup d'argent, les aérodromes répartis sur tout le territoire.
Le téléphone portable a révolutionné les communications dans un pays où l'électricité ne concerne que les centres urbains, en permettant d'équiper à moindre coût des zones entières. L'électricité est fournie dans toutes les montagnes par un seul barrage, situé en dessous de Goroka, et les coupures sont très fréquentes, y compris dans la
capitale.
Avec plus de 70 % de ses revenus tirés de l'exploitation de ses matières premières, l'économie du pays dépend largement du prix de ces matières. Le principal partenaire financier de la Papouasie est l'Australie, suivie du Japon et de l'Union européenne en ce qui concerne l'export. Concernant les imports, l'Australie se place encore au premier rang, suivie cette fois par Singapour et le Japon. Aujourd'hui cependant, la Chine s'impose comme un partenaire incontournable. La Papouasie a exporté pour 9,526 milliards d'euros de biens en 2017, à comparer aux 551,8 milliards d'euros pour la France. La même année, elle importait pour 1,878 milliards d'euros, ce qui rend sa balance commerciale excédentaire.
La Papouasie souhaite prendre exemple sur les Fidji, pour faire de sa culture et de son environnement une vraie force économique, aussi le gouvernement papouasien place-t-il le tourisme dans ses priorités. Il encourage les particuliers à se lancer dans l'aventure et leur propose des prêts à taux zéro. Les campagnes d'encouragements et d'informations se succèdent, et l'office du tourisme se voit doter de plus en plus d'argent. Pourtant, l'essentiel, soit le développement des infrastructures et un service aérien fiable, se fait attendre. L'industrie hôtelière, à part quelques " resorts " de luxe, est destinée à une clientèle d'affaires.
Dans les années 2000, une politique de privatisation de l'économie a été tentée puis abandonnée car farouchement combattue par la population. Aujourd'hui, plus de 90 % des terres sont coutumières et la propriété privée reste une idée assez vague. Cela freine, bien entendu, de nombreux investisseurs, mais permet aux Papouasiens de garder leur seule richesse : leurs terres. Il faudra donc que le gouvernement trouve une voie " mélanésienne " entre le libéralisme économique du monde contemporain et un système coutumier auquel son peuple reste extrêmement
attaché.
Les projets miniers, le LNG Project, le pétrole off shore et l'exploitation de nickel, pour n'évoquer que les plus importants, vont sans doute doubler le PIB du pays d'ici à 2020. Reste à savoir ce qui sera fait de cet argent. S'il n'est pas redistribué a minima pour le peuple et les infrastructures, le pays court littéralement à la catastrophe. Les gens s'inquiètent, à juste titre, de voir leurs conditions de vie se dégrader et savent que beaucoup d'argent va entrer dans le pays. Ils supporteraient difficilement de rester à l'écart de cette manne. Les problèmes environnementaux posés par les projets miniers devront également être résolus. Le pays doit absolument reprendre en main sa police laissée à l'abandon, ainsi que ses systèmes de santé et d'éducation, catastrophiques. Pour cela, il lui faudra lutter contre la corruption endémique qui y règne. L'argent de l'aide internationale s'évapore littéralement avant d'arriver à destination. Le problème est que cette corruption semble partir des plus hauts niveaux de responsabilité pour descendre ensuite à chaque strate de l'administration. Enfin, la préservation de l'environnement sera déterminante dans les années à venir. Que ce soit à travers les systèmes de compensation carbone ou, plus simplement, grâce au tourisme vert, elle pourrait se révéler une grande source de revenus dans le futur.
Le Papua New Guinea Liquefied Natural Gaz Project (projet de gaz naturel liquéfié en Papouasie N.G.) tient la Papouasie en haleine depuis 2007, c'est-à-dire depuis qu'Exxon Mobil s'est de nouveau intéressé aux énormes réserves de gaz de la région de Tari, réserves abandonnées quelques années plus tôt en raison de la complexité des problèmes fonciers. A partir de cette exploitation, nommée Hides Gaz, un grand projet a donc vu le jour, sous l'égide d'Exxon et par la volonté du gouvernement papouasien désireux de profiter enfin des ressources minières du pays pour le développer... Concernant donc le gaz de Tari mais aussi d'autres réserves, y compris l'exploitation pétrolière de Kutubu (gaz et pétrole allant souvent ensemble), le but premier consistait à acheminer le gaz jusqu'au Queensland australien via un gigantesque pipeline ! Aujourd'hui, le projet semble devenu plus réaliste, se " contentant " de vouloir acheminer le gaz par pipeline jusqu'à Port Moresby, où il sera liquéfié dans une usine avant d'être vendu sur les marchés asiatiques et pacifiques puis transporté par bateau. Outre les retombées financières, énormes pour la Papouasie en termes d'investissements (plusieurs milliards d'euros) ou plus tard en royalties, l'intérêt du projet LNG réside dans le fait que chaque étape doit intégrer les propriétaires terriens concernés et, plus largement, les régions. Deux années de négociations ont été nécessaires pour aboutir à un accord avec les propriétaires fonciers, au sujet des royalties bien sûr, mais également de leur implication économique dans le projet sous forme de sociétés de sous-traitance diverses. L'éducation des populations locales ainsi que la formation nécessaire leur permettant d'occuper des emplois créés ont également été prises en compte. Enfin, qu'on le regrette ou non, ce projet signifie un développement éclair de la région de Tari. La construction du pipeline ouvrira aussi la voie au développement dans les régions isolées du Gulf et de Kerema, sans que le gouvernement n'ait à investir... Les premiers forages ont commencé à produire en 2014. La population attend encore les retombées économiques de ce projet.
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