Leitfaden Papua-Neuguinea : Histoire

Chronologie

- 40000 : les premiers hommes, venant d'Asie du Sud-Est, débarquent en Nouvelle-Guinée.

- 9000 : premières traces d'agriculture.

Entre - 6000 et - 3500 : les Austronésiens, nouvelle vague de " colonisateurs ", peuplent les côtes de la Nouvelle-Guinée, repoussant les précédents habitants dans les montagnes et colonisant les îles de l'archipel.

1400-1500 : arrivée de la patate douce dans les hautes terres ; importante explosion démographique.

1511 : découverte de la Nouvelle-Guinée par le Portugais Antonio d'Abreu.

1526 : Jorge de Meneses accoste pour la première fois en Nouvelle-Guinée.

1546 : les Espagnols revendiquent l'île et la nomment.

1828 : les Hollandais prennent possession de la partie ouest (l'actuelle Irian Jaya).

1883 : le gouvernement du Queensland d'Australie annexe le Sud-Est de l'île de la Nouvelle-Guinée, la nommant " Grande-Bretagne ".

1884 : pour contrer les menées coloniales anglaises, les Allemands prennent possession de la zone nord-est et de plusieurs îles de l'archipel, sous le nom de Kaiser-Wilhems-Land, qu'ils garderont 
jusqu'en 1914.

1888 : le protectorat britannique appelé Nouvelle-Guinée est annexé.

1902 : la possession est placée sous l'autorité du Commonwealth d'Australie.

1906 : l'administration de la partie sud-est du territoire est officiellement confiée à l'Australie.

1914 : les Australiens prennent le contrôle de la partie allemande de la Nouvelle-Guinée dès le début de la guerre.

1921 : suite à la Première Guerre mondiale, la zone allemande est confiée à l'Australie qui administrait déjà la partie sud-est.

1930 : les frères Leahy pénètrent à l'intérieur des montagnes centrales et rencontrent pour la première fois les populations qui y vivent.

1931 : mise en place de l'enseignement en langue tok pisin.

1942-1945 : occupation de plusieurs îles de l'archipel et de la côte nord par les Japonais.

1946 : le territoire de Nouvelle-Guinée est déclaré " Territoire sous tutelle de la Nouvelle-Guinée aux fins de l'Organisation des Nations unies ", administrativement dirigé par l'Australie.

1963 : l'Irian Jaya est cédée à l'Indonésie par les Hollandais ; début de la " colonisation " indonésienne de cette zone.

1975 : après une période de deux années d'autonomie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée accède à l'indépendance et devient membre du Commonwealth.

1989 : débuts des troubles dans l'île de Bougainville, qui se déclare indépendante.

1994 : les deux volcans qui surplombent la ville de Rabaul, le Vulcan et le Tavurvur, entrent en éruption et anéantissent la ville qu'ils recouvrent de cendre. La catastrophe ne fait aucune victime.

1997 : l'affaire dite de " Sandline " (envoi de mercenaires étrangers à Bougainville où la crise court toujours) fait chuter le gouvernement en place.

2004 : Bougainville devient une région autonome.

2007 : début du projet gazier LNG.

2011 : élection du Premier ministre actuel, Peter O'Neil.

2014 : début de production gazière du projet LNG.

2017-2018 : affrontements tribaux dans la région de Mendi et Tari, laissant craindre la reprise du conflit opposant les deux provinces.

2018 : un tremblement de terre ravage les Highlands.

Des origines à nos jours
Les premiers peuplements

Il y a environ 40 000 ans, des habitants du Sud-Est asiatique bravèrent, sur des embarcations de fortune, des bras de mer sans doute larges de plus de 80 km, pour coloniser la Nouvelle-Guinée et l'Australie, à l'époque une seule et même île. Cinq ou dix mille ans plus tard, ils occupaient les hauts plateaux de Nouvelle-Guinée et les îles Bismarck et Salomon, franchissant une nouvelle fois des bras de mer de plusieurs dizaines de kilomètres. De ces populations négroïdes, il ne reste que de petites poches en Asie, sur les îles Andaman au Myanmar, par exemple, la population asiatique actuelle les ayant " remplacés ". L'exploit de ces premiers " colons " peut se mesurer au fait qu'ils ne furent rejoints par d'autres vagues migratoires que 30 000 ans plus tard. Ce long isolement se traduit aujourd'hui par les langues papouasiennes, développées par leurs descendants, impossibles à rapprocher d'une autre famille linguistique. Par ailleurs, les différences physiques, culturelles et linguistiques évidentes entre les populations aborigènes d'Australie et les Papouasiens, s'expliquent également par le long isolement provoqué, il y a plus de 10 000 ans, par la montée des eaux qui a inondé le détroit de Torres et séparé l'Australie de la Nouvelle-Guinée. Ces premiers arrivants étaient probablement des chasseurs-cueilleurs, dont on trouve finalement peu de traces. Ce sont leurs descendants qui, parmi les premiers au monde, inventèrent, il y a environ 9 000 ans, l'agriculture et les systèmes d'irrigation dans les régions de hauts plateaux néo-guinéens, situés entre 1 200 et 2 800 m d'altitude. Les archéologues ont en effet trouvé des systèmes complexes de fossés de drainage ainsi que des vestiges de cultures en terrasses. On estime aujourd'hui que la déforestation générale des vallées des hautes terres se produisit il y a environ 6 000 ans, date d'un " boom " agricole dans le pays, suivant des procédés d'agriculture très similaires à ceux que découvrirent les explorateurs du XXe siècle en arrivant sur les hauts plateaux... Ces agriculteurs avaient découvert seuls, sans personne de qui les tenir et sans personne à qui les transmettre, des techniques qui permettaient de cultiver taro, igname, banane, canne à sucre... Toutes plantes qui restent aujourd'hui d'une haute valeur symbolique dans les échanges traditionnels. La patate douce, aujourd'hui la nourriture principale des hautes terres, ne serait apparue que bien plus tard, il y a au moins 400 ans, provoquant sans doute une explosion démographique. Il apparaît que si les habitants des montagnes développèrent rapidement une agriculture élaborée, les habitants des zones marécageuses des basses terres restèrent chasseurs-cueilleurs, profitant du formidable rendement du sagoutier et des multiples possibilités offertes par cet environnement. Les habitants des côtes, eux, se spécialisèrent dans la pêche.
Bien plus tard, entre 3 600 et 1 500 ans avant notre ère, selon les scientifiques, une deuxième vague de migration vint peupler la Nouvelle-Guinée, se cantonnant cette fois aux régions côtières. Mais ces nouveaux arrivants apportèrent avec eux des animaux qui allaient bouleverser la région dans son ensemble : chiens, poulets et cochons. Suivirent de nouveau plusieurs siècles d'isolement, au cours desquels les populations de Nouvelle-Guinée n'eurent pas accès aux inventions qui changeaient le reste du monde et restèrent éloignées des guerres, routes commerciales ou 
conquêtes.

Les premiers
 contacts européens

Au XVIe siècle, alors que la Nouvelle-Guinée n'a que d'épisodiques contacts côtiers avec des marins malais qui achètent des plumes de paradisiers ou des bateaux des Moluques à la recherche d'esclaves, l'Europe étend de plus en plus ses conquêtes. Les bateaux du " vieux continent " sillonnent les mers du monde entier, à la recherche d'épices et, bien sûr, d'or. Au cours d'une de ces explorations, le premier gouverneur portugais des îles Moluques, Dom Jorge de Meneses, aborde par hasard la grande île, en 1526. Il établit un premier contact avec un village côtier et baptise l'île inconnue " ilhas dos Papuas ". Les avis divergent quant à l'origine de ce nom, certains avançant qu'il s'agirait d'une dérivation d'un mot malais signifiant " crépus " et d'autres qu'il viendrait de " sup i papwa " désignant dans la langue des Moluques les terres situées à l'est de l'archipel. Suite à ce premier contact, le bruit se répand en Europe qu'une terre inconnue couverte d'or attend d'être explorée et conquise. Les suivantes rencontres entre Papouasiens et Européens furent donc le fait d'Espagnols à la recherche du précieux métal. De Retes, un Espagnol, décrit en 1645 les Papouasiens comme des êtres " noirs, laids et belliqueux " et nomme l'île, où aucune trace d'or n'a été trouvée, " Nueva Guinea ", Nouvelle-Guinée, car ses habitants lui rappellent ceux de la Guinée africaine.
À part quelques maigres tentatives d'évangélisation, les choses en restent là, jusqu'en 1660, quand les Hollandais, déjà maîtres de l'archipel indonésien, obtiennent du sultan des Moluques le droit exclusif du commerce dans la Nouvelle-Guinée. Ils peuvent alors exporter, vers l'Europe et ailleurs, quantités de plumes de paradisiers devenus à la mode en Occident, toutes sortes d'écorces et de plantes médicinales ou aromatiques, mais également des esclaves...

Expéditions scientifiques

Au XVIIIe siècle, l'intérêt pour ces terres lointaines renaît en Europe. Les motivations paraissent cette fois plus nobles et avant tout scientifiques. En 1699, un Anglais, William Dampier, pirate féru de sciences, explore les côtes de la Nouvelle-Bretagne, où il collecte de nombreux échantillons botaniques et quelques informations ethnographiques, même si son principal contact avec les autochtones consistera à ouvrir le feu sur eux. Il découvrira finalement le détroit séparant la Nouvelle-Guinée de la Nouvelle-Bretagne (île qu'il a lui même nommée ainsi) qui portera ensuite son nom. En 1767, c'est au tour de William Carteret de débarquer en Nouvelle-Irlande, découverte toujours accompagnée de rapports guerriers avec les indigènes. L'année suivante, un Français, Louis Antoine de Bougainville, découvre l'île qui porte aujourd'hui son nom. La fin du XVIIIe siècle est pourtant marquée par un regain d'intérêt économique, les Anglais notamment exploitant les ressources de bêches-de-mer et autres produits marins rares. Au XIXe siècle enfin, les scientifiques s'intéressent réellement aux Papouasiens et à leur environnement. Dumont d'Urville pour la France, aux commandes de son célèbre bateau l'Astrolabe, multiplie, entre 1823 et 1838, les contacts et les séjours sur l'île, réunissant une documentation énorme et élaborant des théories sérieuses sur les populations locales. En 1871, c'est un Russe un peu fou qui débarque dans la baie d'Estaing et vit tout près des autochtones durant plusieurs mois. Enfin, entre 1871 et 1878, l'Italien D'Alberti effectua plusieurs explorations, jusqu'à remonter les 900 km de la rivière Fly, pour découvrir la chaîne de montagnes centrales.

Colonisation

Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour voir des Européens s'installer durablement sur les côtes de la Nouvelle-Guinée et des îles environnantes. Après quelques tentatives infructueuses les siècles précédents, les missionnaires veulent évangéliser les Papouasiens et viennent avec les colons des puissances intéressées par la région. Il s'agit des Hollandais, des Anglais, concernés par l'Australie toute proche, et enfin des Allemands, qui cherchent à créer un empire colonial. Ces derniers ouvrent des plantations de coprah dans l'archipel de Bismarck et à Bougainville. Mais le véritable enjeu reste l'or... Sous couvert d'explorations scientifiques, des voyageurs effectuent de longs séjours de plusieurs mois à la recherche du précieux métal. Puis, les trois puissances se partagent la Nouvelle-Guinée, sans savoir encore que l'intérieur de l'île est peuplé. Les Néerlandais occupent depuis longtemps la partie ouest de l'île, dans la continuité de leur occupation de l'Indonésie. En 1883, la colonie australienne du Queensland annexe la partie sud-est de l'île et, finalement, en 1884, les Allemands revendiquent la partie nord-est, les îles Bismarck et les îles Salomon. Un traité signé en 1886 fixe les frontières et les prérogatives de chacun. Entre-temps, les explorations continuent. Mais pour tous ces Européens, les conditions de vie restent précaires sur des côtes marécageuses infestées de moustiques porteurs du paludisme. Cette maladie décime littéralement colons et missionnaires, poussant ceux-ci à abandonner nombre d'endroits et prévenant toute excursion poussée vers l'intérieur des terres, que le monde entier croit toujours inhabitées.

Les Papouasiens ?

Difficile d'évoquer la vie des Papouasiens durant cette période. Ne sachant ni écrire ni photographier, ils n'ont laissé aucun témoignage sur cette période. Et les Occidentaux ne se souciaient pas d'eux, convaincus seulement, dans le meilleur des cas, qu'ils les sortaient d'une condition de sauvages ignorants de tout et vivant dans le péché. Une chose est évidente : ce fut une période difficile pour les indigènes. Incapables de résister à cette invasion qui n'a jamais dit son nom, ils n'ont pas eu d'autre choix, à part à travers quelques escarmouches, que d'accepter la loi des nouveaux venus. Une phrase, prononcée par un Français, le gouverneur de Nouvelle-Calédonie, M. Du Bouzet, en janvier 1855, résume l'état d'esprit de l'époque : " Lorsqu'une puissance maritime se rend souveraine d'une terre non encore occupée par une nation civilisée et possédée seulement par des tribus sauvages [... ], les chefs et les indigènes [... ] n'ont jamais eu ni ne peuvent avoir le droit de disposer de tout ou partie du sol occupé par eux en commun ou comme propriété particulière. Le Gouvernement se réserve exclusivement le droit d'acheter les terres occupées par les indigènes et la propriété de toutes les terres inoccupées ". Ce peuple, dont toute la culture reposait depuis toujours sur la propriété foncière tribale, se voit donc privé de celle-ci. Il n'est plus maître de ses propres terres. Entre les années 1850 et 1900, une pratique très proche de l'esclavage voit le jour : le " black birding ", qui consiste à embarquer des hommes razziés dans des villages - ou trompés sur leur avenir - pour les faire travailler dans des plantations lointaines, principalement dans le Queensland australien et aux îles Fidji. Ceux qui restaient sur place étaient recrutés pour des travaux forcés, pour construire les routes, travailler dans les plantations locales ou servir les colons. Les Papouasiens n'étaient donc plus maîtres de leurs corps.
Enfin, les missionnaires vinrent s'occuper de leurs âmes... Si les méthodes paraissent moins brutales, le résultat fut tout de même violent. Les missionnaires utilisèrent la méthode la plus simple : comparons ce que vos dieux vous ont donné et ce que le nôtre a offert aux Occidentaux... Le constat était évident. D'un côté, pas grand-chose ; de l'autre, des armes à feu, des vêtements, de la nourriture à profusion, le métal... Tout ce qui donnait le pouvoir aux Blancs. Les conversions se multiplièrent rapidement, et l'époque n'étant pas aux respects des coutumes de chacun, les Papouasiens durent abandonner très vite tout ce qui faisait leur vie d'autrefois : cultes, parures, cérémonies. Dans les endroits où l'art était important, tout fut brûlé dans de grands autodafés. Les Papouasiens n'étaient donc plus maîtres de leurs âmes non plus.

Les premiers cultes du cargo

Humiliés, sonnés par tous les bouleversements de leurs croyances et leurs modes de vie, les Papouasiens développèrent une croyance étrange, appelée " culte du cargo ". Bien que variant d'un endroit à l'autre et avec les époques, ces cultes peuvent se résumer ainsi : incapables d'imaginer la provenance de toutes les richesses des blancs (haches, fusils, nourritures en boîtes, médicaments, etc.) les Papouasiens pensent que tout est envoyé par ce Dieu dont les missionnaires leur enseignent l'existence. Et poussant leur idée plus loin, ils se convainquent que ces marchandises (" cargo " en Anglais) leurs sont en réalité destinées, mais que les blancs ont coupé le contact entre les Papouasiens et Dieu, détournant à leur profit ce cargo. Il importe donc aux Océaniens de retrouver un contact direct avec Dieu pour retrouver ce qui leur est dû. Plusieurs cultes considéraient Jésus comme un Papouasien et voyaient les missionnaires comme des menteurs. De nombreux personnages douteux prirent donc le rôle de " messies " et réussirent à convaincre des adeptes qu'ils pourraient ramener le cargo à ses propriétaires légitimes. Bien entendu ces cultes cachaient souvent des aspirations indépendantistes, plus ou moins affirmées et étaient systématiquement combattus et réprimés par les autorités coloniales. Ces croyances se sont perpétrées sous des formes variées et ressurgissent encore aujourd'hui de temps à autre. Sur ce thème, on pourra lire l'excellent ouvrage de Peter Lawrence, Le Culte du cargo.

La découverte
 d'un monde oublié

Quand éclate la Première Guerre mondiale, l'Australie est devenue indépendante et remplace l'Angleterre dans ce qui est alors appelé le " Territoire papouasien ", qui couvre donc le quart sud-est de l'île. Les Australiens y ont instauré un " gouvernement par patrouille " qui consiste à créer une force de police papouasienne qui patrouille à travers tout le territoire. Les Allemands, de leur côté, commencent tout juste à rentabiliser tous leurs efforts et sacrifices. Mais, dès l'annonce de la guerre en 1914, les Australiens occupent les colonies germaniques. En 1920, la Ligue des Nations donne mandat à l'Australie pour s'occuper de tout ce qui est aujourd'hui la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Hollande gardant le contrôle de l'ouest de l'île principale. La partie prise aux Allemands, le quart nord-est de la Nouvelle-Guinée, s'appelle alors " Territoire de Nouvelle-Guinée ". En 1926, des gisements d'or apparaissent enfin dans la région de Bulolo, près de Lae. Des centaines d'aventuriers y affluent. Deux Australiens, les frères Leahy, recrutent quelques guides et porteurs et partent à la découverte des grandes chaînes de montagnes intérieures. Convaincus de ne trouver que des montagnes couvertes de jungle, ils franchissent les premiers rideaux des monts Bismarck et découvrent avec stupeur de grandes vallées parsemées de jardins et de villages ! Un million d'humains vivent là, oubliés du monde. Ces Papouasiens, contrairement à ceux des côtes, n'ont jamais eu de contacts avec l'extérieur. S'ils sont d'excellents jardiniers, ils ne connaissent ni le fer, ni la roue, ni la poterie. À défaut d'or, les frères Leahy entrent dans l'Histoire en découvrant une civilisation... Leurs récits, leurs photos et surtout leur film First contact qui retrace leurs rencontres, ouvriront la voie au mythe des " survivants de l'âge de pierre ". Une fois la nouvelle connue, missionnaires, aventuriers et officiers de Patrouilles gouvernementaux (les Kiaps) déferlent dans les hautes terres. Cette fois, c'est toute l'île qui s'ouvre aux Occidentaux. Les découvertes se succéderont jusqu'aux années 1960, l'administration australienne quadrillant méticuleusement le terrain. Rapidement, les Papouasiens sont projetés dans le XXe siècle. La Seconde Guerre mondiale accélérera encore le mouvement.

La guerre en Papouasie

Projetés dans le XXe siècle, les Papouasiens sont également projetés dans la guerre. En 1942, moins d'un mois après Pearl Harbor, les Japonais envahissent Rabaul en Nouvelle-Bretagne, puis rapidement débarquent sur toute la côte Nord du territoire : Lae, Madang et Wewak sont prises, la Nouvelle-Irlande est occupée, Alotau attaquée. De Popondetta, les Japonais souhaitent marcher sur Port Moresby et menacer ainsi directement l'Australie. Les Australiens contre-attaquent à partir de Port Moresby en suivant un chemin appelé aujourd'hui le Kokoda Track. Ce qui sera alors une bataille féroce et meurtrière, marque un tournant dans la guerre. Les Australiens, au prix de sacrifices énormes, infligent aux Japonais leur première défaite terrestre et les obligent à reculer vers le nord. A partir de septembre, les Alliés reprennent progressivement pied sur la côte, mais les Japonais ne se rendront qu'en 1945. Encore une fois, les Papouasiens n'ont rien maîtrisé. Au départ plutôt neutres, voire bienveillants envers les Japonais qui chassaient les Européens, ils comprirent vite dans quel enfer ils étaient tombés. Réduits en esclavage, forcés de se battre, les villageois préférèrent se cacher dans la jungle, certains pour toute la durée de la guerre. Du côté des Alliés, là aussi, de nombreux Papouasiens furent enrôlés comme porteurs, éclaireurs, brancardiers ou soldats, sans comprendre de quoi il retournait. Nul n'a pris le soin de compter les morts Papouasiens lors de cette guerre... Pour les Papouasiens des hautes terres, la guerre consista surtout à entendre et voir pour la première fois des avions qui volaient au-dessus de leurs villages... Mais la présence de l'armée et de milliers d'Australiens sur le sol papouasien et les progrès techniques liés à la guerre achevèrent la colonisation et la " découverte " de toute la Papouasie.

L'indépendance

Après la guerre, les " territoires de Papouasie " connaissent une croissance économique intense. Le nombre d'expatriés australiens décuple et ils investissent dans tous les domaines. Les affaires marchent bien et le pays se développe. Pourtant, restent d'importants problèmes de ségrégation raciale, d'accès au pouvoir, d'autodétermination pour les Papouasiens. Malgré cela, ils ne semblent pas pressés d'acquérir leur indépendance. La grande majorité vit encore dans le bush et la présence australienne leur est finalement légère. Mais au niveau international, dans les années 1960, la mode est à la décolonisation et l'Australie, ancienne colonie, refuse le statut de colonisateur. Les territoires ne sont d'ailleurs que sous son mandat. Dans les années 1960, l'ONU demande à l'Australie de pousser elle-même les Papouasiens vers l'indépendance. Quelques étudiants, avec à leur tête Michael Somare, un jeune homme issu de la province du Sepik, mènent alors un " combat " très pacifique en ce sens. Rapidement, ils obtiennent, en 1964, un parlement autochtone aux pouvoirs limités. Puis, en 1973, un gouvernement local est créé, avant que l'indépendance ne soit effective le 16 septembre 1975. Peu préparés à la démocratie, sans réellement savoir quoi faire du pays, voilà les Papouasiens autonomes et l'Etat de Papouasie-Nouvelle-Guinée créé, avec pour capitale Port Moresby. Le système choisi est calqué sur celui de l'Australie. La Papouasie sera une monarchie constitutionnelle, membre du Commonwealth, avec la reine Elizabeth pour chef d'Etat.

Temps troubles

Malgré les nombreux défis auxquels est confrontée la jeune nation (fuite des Australiens, diversité culturelle extrême, manque d'infrastructures, inexpérience de ses cadres, criantes inégalités de développement), le pays se développe correctement jusqu'à la fin des années 1980. Puis, coïncidant avec l'essor des exploitations minières, la violence commence à devenir endémique. Les problèmes de répartition des richesses apparaissent, accompagnés d'un fort exode rural. Surtout, la Papouasie affronte une rébellion indépendantiste à Bougainville. Cette île, culturellement et géographiquement plus proche des îles Salomon que de la Papouasie, dispose d'une énorme mine de cuivre à Panguna. Mais les habitants de l'île, convaincus d'avoir été lésés dans la répartition des revenus tirés de l'exploitation, créent une milice indépendantiste, la Bougainville Revolution Army, qui entre en guerre ouverte avec le gouvernement, incapable de négocier. Bougainville, jusqu'alors plutôt considérée comme étant un modèle économique et en avance sur le reste du pays, plonge dans le chaos, les rebelles s'en prenant autant aux habitants qu'à l'armée papouasienne. L'île est complètement fermée et régresse fortement en termes de développement, toute activité économique devenant impossible. Ce conflit pèse lourdement sur les finances. Le sommet de la crise est atteint en 1996, lorsque le gouvernement décide secrètement de payer des mercenaires pour venir à bout de la révolte. Mais l'affaire, dite de " Sandline ", est éventée et tout le pays s'enflamme, refusant que l'on paie des étrangers pour tuer des Papouasiens. Enfin alertée, la communauté internationale se mêle de l'affaire et réussit à faire asseoir les protagonistes autour d'une table. Un accord de paix est signé en avril 1998, mais Bougainville reste profondément marquée et blessée par ses neuf années de guerre qui ont fait 20 000 morts...
D'autres catastrophes plongeront un peu plus le pays dans les difficultés qu'il connaît aujourd'hui. Le fleuron du pays, la ville de Rabaul en Nouvelle-Bretagne, sera complètement détruite par une éruption volcanique en 1994. En 1998, un raz de marée va dévaster la région d'Aitape, tout près de la frontière indonésienne, faisant au moins 2 000 victimes.

Les années 2000

La première décennie du XXIe siècle ne laissera pas un souvenir impérissable aux habitants du pays. Après l'avortement des tentatives de " modernisation " de l'économie, se traduisant concrètement par la privatisation des terres et des services publics, si farouchement combattues par la population, les gouvernements successifs ont préféré en rester à un statut quo prudent. Si l'économie connaît dans les chiffres une croissance constante depuis quelques années, celle-ci ne profite pas aux populations, l'immense majorité des investissements faits en Papouasie étant le fait d'industries " prédatrices ", comme l'exploitation du bois ou les industries minières. Au fil des ans, l'Australie, qui demeure le principal partenaire économique du pays et, surtout, son principal pourvoyeur d'aides financières, se détache. Michael Somare, élu deux fois successivement Premier ministre depuis 2002, masque fréquemment les maigres résultats de sa politique économique derrière un nationalisme anticolonialiste. Les Papouasiens ont ainsi refusé qu'une force de 200 policiers australiens vienne aider à l'organisation et la formation des policiers papouasiens ; en 2006, le Premier ministre lui-même a aidé un ministre fidjien recherché par la justice australienne à fuir de Papouasie... Cette dernière affaire a provoqué la suspension des relations diplomatiques entre les deux pays pendant plus d'un an. Mais la place géographique et politique qu'occupe la Papouasie empêche l'Australie d'abandonner complètement le pays. Il est inenvisageable pour l'Australie de laisser le chaos s'installer chez son plus proche voisin. Fin 2009, malgré la crise économique mondiale, l'économie de la Papouasie était dopée par d'énormes investissements miniers étrangers et par le retour de la confiance des différentes banques mondiales.

Une nouvelle ère ?

Les promesses d'un essor économique apporté par le projet gazier LNG d'Exxon Mobil, celui de Total et la multiplication des forages pétroliers se sont en réalité révélées décevantes. Dans tout le pays, vous entendrez les Papouasiens se plaindre de l'inégale redistribution des royalties sur les matières premières. La corruption est omniprésente, au plus haut niveau ainsi que dans la vie de tous les jours. Une grande partie de la population vit encore d'une agriculture de subsistance et n'a que peu de revenus. Les services publics sont à l'abandon. D'autant plus que le tremblement de terre de mars 2018 n'a pas arrangé la situation dans les Highlands. Il n'est donc pas étonnant que les provinces les plus éloignés de la capitale cherchent à obtenir plus d'autonomie administrative, comme pour la Nouvelle-Irlande, qui sera autonome en 2019. Pourtant, les perspectives de développement touristique laissent présager de l'espoir pour les Papouasiens, qui pourront tirer un revenu conséquent d'un nombre de visiteurs toujours croissant. Espérons maintenant que la croissance du tourisme se fera dans le respect des coutumes et de l'environnement.

Le "First Contact" vu par les Papouasiens

Le film First contact (1983), des frères Leahy, raconte leurs premiers contacts avec les Papouasiens des hautes terres. De nombreux livres abordent également le sujet. Mais tous racontent le point de vue des Occidentaux. Qu'en est-il des Papouasiens ? Difficile de vraiment le savoir, car personne ne s'est intéressé à leur perception de ce choc... Ils ont d'abord pensé que leurs morts revenaient les voir, puisque pour eux le blanc est la couleur des morts. Leur premier sentiment fut donc la peur. Seuls les plus intrépides, généralement des guerriers réputés, osaient aller au contact de ces " fantômes ". Les Papouasiens ne comprenaient pas d'où venaient ces êtres, ressemblant vaguement à des humains, dont ils n'avaient jamais entendu parler. Certains les suivaient donc discrètement, tâchant de découvrir leur vraie nature, d'humain, d'esprit ou de démon. Parfois, le simple fait de les voir déféquer suffisait à rassurer le curieux ! Mais ce qui peut surprendre le plus, c'est finalement la relative facilité avec laquelle ils ont accepté ces nouveaux venus. Il n'y eut aucune guerre. Quelques Occidentaux furent tués, de manière très épisodique, mais jamais de rébellion à grande échelle. Peut-être parce que pour ce peuple dont la culture place l'échange au-dessus de tout, ces Blancs qui offraient tant de cadeaux ne pouvaient être complètement mauvais. En échange de ces étonnantes haches de fer rendant si facile l'abattage d'un arbre, les Papouasiens offraient aux arrivants de la nourriture et le droit de traverser leurs terres. En échange des peintures bien plus colorées et brillantes que les ocres traditionnelles ou du sel, les Papouasiens offraient protection à ces gens qu'ils pensaient de passage. Seuls les Huli avaient associé la venue des Blancs avec la fin de leur culture. Mais eux aussi, séduits par les cadeaux et effrayés par les armes à feu, ont laissé les explorateurs passer leur chemin, puis des missionnaires venir s'installer. Là encore, la relative facilité des missionnaires à conquérir les âmes papouasiennes s'explique par l'immense décalage entre les deux sociétés. Aujourd'hui, la plupart des Papouasiens considèrent l'arrivée des Occidentaux comme une grande chance, tant la vie était dure avant. Les Blancs ont apporté plus de sécurité, de confort et de nourriture, des médicaments, mais aussi l'éducation et l'ouverture sur le monde, sans oublier Dieu et la religion... Quelques-uns pourtant estiment que la destruction de la vie traditionnelle se fait trop vite et n'apportera que des problèmes.

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