Leitfaden Eritrea : Politique et économie
La politique intérieure est dominée par une sévère répression de toute forme d'opposition au parti unique qui gouverne le pays depuis son indépendance en 1993, le Front populaire pour la justice et la démocratie (FPJD). La constitution, votée en 1997 et qui prévoit un multipartisme, n'est toujours pas mise en oeuvre faute d'élections.
L'actuel gouvernement met l'accent sur le respect des identités culturelles des neuf ethnies du pays, sur l'éducation et l'égalité des droits pour les hommes et les femmes. Mais la fermeture du pays face à tout risque d'une ingérence étrangère dans la construction de ce jeune état, conduit à une autarcie désastreuse pour l'économie.
Quant à la politique extérieure, elle est dominée par les conflits avec les pays voisins, dont l'un des motifs principaux depuis l'indépendance est le rapport de force que l'Erythrée entretient avec l'Ethiopie. Le différend frontalier entre les deux pays, notamment, semble irréductible depuis onze ans. S'ensuivent différents conflits indirects avec d'autres pays dont les relations avec l'Ethiopie pourraient avantager ou désavantager l'Erythrée : c'est le cas de Djibouti, " port " de l'Ethiopie et zone stratégique sur le plan international et c'est le cas de la Somalie, dont l'insurrection islamiste est combattue, aux côtés d'autres pays africains, par les forces armées éthiopiennes.
Le différend frontalier avec l'Ethiopie. Le conflit armé avec l'Erythrée, qui a duré deux ans, de 1998 à 2000, a abouti à la signature d'un accord entraînant le déploiement d'une force de maintien de la paix de l'ONU à la frontière. En avril 2002, une commission arbitrale a rendu un jugement, théoriquement irrévocable, concernant le tracé frontalier. Néanmoins, la mise en oeuvre de la démarcation de la frontière sur le terrain n'a pas pu se faire et la situation est restée bloquée entre les deux pays. Après différentes tentatives de médiations internationales pour régler le différend persistant dans les faits, la commission arbitrale frontalière s'est dissoute et la Mission des Nations unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) s'est retirée. Depuis, les frontières sont fermées et il n'existe plus aucune relation, diplomatique ou économique, entre les deux pays.
Le différend frontalier avec Djibouti. Le différend frontalier entre l'Erythrée et Djibouti concerne la zone du promontoire de Ras Doumeira, face à l'île djiboutienne de Doumeira, et il ne date pas d'hier. En effet, à l'époque coloniale déjà, un accord prévoyait que la France cédât cette partie de sa colonie djiboutienne à l'Italie, pour sa colonie éthiopienne. Mais l'Italie n'avait jamais ratifié cet accord qui lui imposait de renoncer en contrepartie au chemin de fer ralliant la capitale éthiopienne à Djibouti. Cette situation conflictuelle passée éclaire sans doute encore en partie les raisons stratégiques et économiques des tensions actuelles entre l'Erythrée et Djibouti, par le fait que c'est par cet axe ferroviaire que se font l'essentiel des échanges commerciaux avec l'Ethiopie. De plus, le contrôle de cette région située sur le passage entre la mer Rouge et l'océan Indien peut constituer une possibilité enviable de tremplin économique, surtout si le projet d'un pont entre Djibouti et le Yémen se réalise.
Après une première incursion vite réprimée, en 1996, l'Erythrée a, en 2008, fortifié puis envahi la zone de Ras Doumeira, provoquant un incident frontalier ayant entraîné la mort de dizaines de soldats de part et d'autre. Le conseil de sécurité de l'ONU, sollicité par Djibouti, est intervenu une première fois pour condamner l'Erythrée, mais sans résultat (résolution 1862, de janvier 2009) ; et il a donc ensuite décidé de sanctions (embargo sur les ventes d'armes et sanctions individuelles concernant avoirs et déplacements), applicables tant que les forces armées érythréennes ne seraient pas revenues dans leurs positions antérieures (résolution 1907, de décembre 2009) : ce qui n'est toujours pas le cas.
Les relations avec la Somalie. L'Erythrée apporte un soutien à la fois financier et logistique à l'insurrection islamiste contre le gouvernement de transition fédéral en Somalie, ce qui lui a valu une autre condamnation dans la résolution 1907 du conseil de sécurité de l'ONU pour son rôle jugé déstabilisateur dans ce pays.
Les relations internationales. Malgré cela, l'Erythrée compte toujours parmi les pays observateurs de la Ligue arabe (Ligue des Etats arabes) auprès de l'ONU et est membre du COMESA (Marché commun de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique du Sud). Mais les organisations de l'IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement, qui oeuvre pour la coopération et l'intégration économique de ses états membres) et de l'Union africaine (UA, qui concourt au maintien de la paix en Afrique) ont suspendu sa participation, compte-tenu des sanctions de l'ONU à son encontre en raison de son rôle dans la guerre civile en Somalie et dans la guerre frontalière avec Djibouti.
Depuis l'indépendance, la méfiance du gouvernement érythréen contre tout risque d'ingérence ne facilite pas ses relations diplomatiques avec les pays occidentaux qui ont, ou ont eu, des intérêts dans la Corne de l'Afrique. En revanche, ses relations diplomatiques se développent avec la Chine et d'autres pays d'Asie.
Le régime politique actuel en Erythrée est celui d'une république constitutionnelle, car une constitution a été promulguée en 1997. Mais, dans les faits, les premières élections législatives, prévues en décembre 2001, ont toujours été reportées et c'est un parti unique qui gouverne (le Front populaire pour la justice et la démocratie), dirigé de façon autoritaire par le président Issayas Afeworki.
Le FPJD (Front populaire pour la justice et la démocratie), issu du FPLE, le Front populaire de libération de l'Erythrée, est le parti au pouvoir. Aucun autre parti n'existe officiellement, toute forme d'opposition au régime en place étant sévèrement réprimée, alors même que la constitution votée en 1997 prévoit le multipartisme.
Onze membres du Parlement, des réformateurs démocrates appartenant au parti unique du Front populaire pour la démocratie et la justice, sont en détention depuis la vague d'arrestation lancée contre les opposants au régime par le président Issayas Afeworki en septembre 2001. Cela fait donc une dizaine d'années qu'ils sont gardés au secret, sans chef d'inculpation, sans aucun jugement. Ils n'ont droit à aucun contact extérieur, pas même avec leur famille et l'on ne connaît pas leur actuel état de santé. Sont-ils encore en vie ? Rien ne permet de l'affirmer.
Amnesty international, l'ONG de défense des droits humains, est préoccupée par le sort fait à ces personnalités, mais ne peut être présente en Erythrée en raison des restrictions d'accès imposées par le gouvernement. Accusée dans les médias locaux d'avoir récemment effectué une mission secrète dans le pays, l'organisation a réfuté ces allégations dans un communiqué de presse du 9 septembre 2011, tout en faisant savoir qu'elle accueillerait favorablement une invitation officielle à se rendre dans le pays.
Et, dans une déclaration datant du 17 septembre 2010, l'Union européenne, par la voix de sa Haute représentante, Cathy Ashton, a demandé aux autorités érythréennes la levée du secret concernant ces prisonniers politiques et leur libération sans condition ainsi que celle de tous les autres prisonniers d'opinion.
Le tourisme est très peu développé et concerne principalement les expatriés travaillant dans le pays. Il est de plus contrôlé par les permis de voyage et limité à certaines zones autorisées.
Nombreux sont les Erythréens qui ont fui leur pays pour des raisons politiques et économiques. Ceux qui ont quitté l'Erythrée au cours des trente années qu'a duré la guerre d'Indépendance contre l'Ethiopie ont néanmoins largement soutenu leur nation depuis leur terre d'exil, et contribué financièrement à l'effort de guerre puis de reconstruction. Et, aujourd'hui, ceux qui s'exilent continuent de verser à l'état un impôt consistant en 2 % de leurs revenus annuels, ce qui laisse mesurer leur attachement à leur patrie.
Les Erythréens de la diaspora se répartissent dans différents pays proches (Soudan, Egypte) et du Moyen-Orient, mais aussi en Europe et en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada). Ils sont particulièrement nombreux en Arabie saoudite, en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et en Allemagne.
L'Erythrée est un pays pauvre. Près de 69 % des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté. En 2009, le pays se classait 165e sur 182 pays au niveau de l'IDH (Indice de développement humain). Le secteur agricole représente 20 % du PIB, presque deux fois moins que le budget consacré aux dépenses militaires (33 %). Les guerres ont eu des effets ravageurs, maintenant le pays sur une croissance faible et une inflation élevée. Le pays est dépendant de l'aide internationale et de l'argent envoyé par les expatriés. Il est aussi fortement dépendant des aléas climatiques. La corne de l'Afrique a notamment connu en 2011 une sécheresse historique, avec une quasi-absence de précipitations.
L'agriculture reste la principale ressource du pays, faisant vivre 75 % de la population ; c'est exclusivement une agriculture de survivance. Les paysans cultivent sorgho, lentilles, légumes, maïs, coton, tabac, café, sisal. L'élevage et la pêche contribuent également aux ressources agricoles.
Les ressources minières, or, potasse, zinc, cuivre, sel, pétrole et gaz naturel probablement, sont encore peu ou pas exploitées. Cependant, l'exploitation d'une mine d'or, depuis 2010, pourrait permettre un regain de croissance.
Les industries concernent le secteur agroalimentaire, les boissons, le textile, le sel, le ciment et la réparation de bateaux.
Le tourisme est quasi inexistant, excepté pour les quelques expatriés travaillant en Erythrée.
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