Leitfaden Afghanistan : Arts et culture
Sa situation géographique a valu à l'Afghanistan son statut de carrefour de nombreuses cultures. Le patrimoine culturel du pays reflète en effet une histoire marquée par une succession de civilisations, d'Alexandre le Grand à l'islam, en passant par le bouddhisme. Les influences méditerranéenne, orientale ou encore asiatique ont contribué à forger l'Afghanistan actuel et à faire de ce pays une véritable mosaïque de cultures.
Malheureusement, les années de guerre se sont accompagnées de la destruction partielle de la culture afghane et de nombreux monuments ont aujourd'hui disparu. Le musée de Kaboul a été détruit entre 1992 et 1996, pendant la guerre civile, les bouddhas de Bamiyan ont été dynamités sous les talibans, les sites archéologiques pillés et les monuments laissés à l'abandon. En 1994, a été créée la SPACH, ou Society for the Preservation of Afghanistan's Cultural Heritage (Société pour la préservation de l'héritage culturel afghan), afin de préserver ce qu'il reste de la culture afghane. En 2002, l'Unesco a été chargée de coordonner la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine culturel afghan.
Le lycée français a été créé en 1922, sous le nom de l'école Aminaya, par le roi Amanullah. Le français était la langue utilisée pour l'apprentissage des disciplines scientifiques. Des professeurs français venaient y enseigner. En 1931, l'établissement a pris le nom d'Esteqlal, qui signifie indépendance. En 1968, la France a financé les travaux de restauration du lycée et le Premier ministre Georges Pompidou s'est rendu à Kaboul pour poser la première pierre du bâtiment moderne. Inauguré en 1974, le nouveau lycée a accueilli 2 383 élèves et 31 professeurs français. Pendant l'occupation soviétique, les relations franco-afghanes ont été suspendues et, sous le régime taliban, le lycée a été en partie détruit. De nombreux professeurs se sont exilés. Le lycée a rouvert finalement ses portes en 2002, après 17 ans de fermeture, et la coopération scolaire est repartie. Aujourd'hui, ce lycée accueille les garçons, la plupart venant des familles aisées, et le français y est toujours enseigné grâce à des missions régulières de professeurs venus de France. L'institut français d'Afghanistan est situé dans l'enceinte de l'établissement.
Il ne reste plus grand-chose de l'architecture afghane traditionnelle. La plupart des monuments ont été détruits ou abîmés. Seuls subsistent quelques mausolées ou restes de l'art timuride (notamment à Hérât). De l'époque des Ghôrides et des Ghaznavides, il ne reste pas grand-chose non plus : le minaret de Jam, les minarets de Ghazni et quelques vestiges de palais.
L'architecture timuride date du XIVe siècle. La capitale de l'Empire timuride est alors Samarkand. Mosquées, madrasa, mausolées sont surmontés de dômes et agrémentés de portiques, le tout recouvert de céramiques dans les tons bleu turquoise. Les architectes de cette époque ont très souvent recours à la technique de la mosaïque. L'art timuride est très présent, notamment à Balkh, à Mazar-e-Charif (tombeau d'Hazrat Ali) et, surtout, à Hérât (mosquée, etc.). La ville d'Hérât sera restaurée par Shah Rukh et sa femme. Cette dernière y fera construire une mosquée, une madrasa et des minarets. Souvent, des peintures florales ornent les monuments.
Parmi quelques autres monuments qui ont survécu aux années de guerre figurent en bonne place ceux bâtis par les rois afghans. Souvent inspirés de l'architecture anglaise et mongole, ils sont encore debout, mais ne sont guère entretenus : les mausolées d'Ahmad Shah Durrani, à Kandahar ; de Timur Shah, à Kaboul... A cette époque, on fait grand usage de marbre et tous les monuments sont coiffés de dômes.
Fondée en 1922, la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) est restée pendant de longues années la seule mission archéologique active dans le pays. Après 20 ans de fermeture à cause des nombreuses guerres, la DAFA a repris ses activités en 2003. Depuis, l'Afghanistan voit arriver, chaque année, une dizaine d'archéologues français, qui, malgré l'insécurité, continuent à fouiller les sites de ce pays aux mille et un trésors. La présence de la DAFA en Afghanistan remonte donc à 1922. La France, grâce à ses relations avec le monde islamique et sa bonne expertise culturelle, se voit proposer la mise en place d'une délégation archéologique. Suite à un accord avec les autorités afghanes de l'époque, les Français se voient investis d'un quasi-monopole sur les fouilles archéologiques en Afghanistan. Ajoutons à cela que les deux pays se partagent la totalité des trouvailles. Après la Seconde Guerre mondiale, la recherche archéologique s'ouvre aux autres nationalités. Mais les Français restent les seuls encore aujourd'hui à maintenir une mission permanente en Afghanistan. En 1982, le pouvoir soviétique ordonne la fermeture de la DAFA, qui ne rouvrira qu'en 2003. Aujourd'hui, trois archéologues français vivent en permanence à Kaboul. Pour la France, cela représente un intérêt scientifique que le ministère des Affaires étrangères continue à favoriser. A Kaboul, la capitale afghane, la DAFA collabore avec l'Institut national d'archéologie et le musée d'Afghanistan. Dans le cadre de ses missions, la délégation française forme de jeunes archéologues afghans. Tous les sites sur lesquels travaille la DAFA rencontrent le même problème : le pillage. Pendant les années de guerre, les chantiers ont été abîmés, saccagés et même pillés. Malgré les tensions qui agitent actuellement le pays, les archéologues français poursuivent avec passion leurs missions en Afghanistan. Mais la DAFA a du mal à faire venir de nouveaux candidats dans ce pays qui n'a pas bonne presse. Cependant, la magie de l'environnement et la perspective de découvrir un nouveau site majeur de la route de la soie auraient largement de quoi motiver de jeunes archéologues.
La tradition veut que la première mosquée ait été la maison du prophète Mahomet, à Médine, dont on a toujours les plans et qui était une cour carrée dont un des murs, tourné dans la direction de La Mecque, est devenu la qibla. Des alcôves latérales étaient aménagées sur les deux côtés et accueillaient les femmes du Prophète. Un de ses compagnons, Zarkachi, a laissé une prescription des principes à respecter pour la construction des mosquées. Les croyants devaient prier dans un climat empreint de sérénité et suivre sans difficulté le sermon du prédicateur. Parmi ces principes, on peut citer :
la cohésion des rangées des croyants ;
l'absence, dans l'enceinte de la mosquée, de colonnes susceptibles de rompre l'alignement des rangées des croyants en position de prière ;
la nécessité de satisfaire à l'impératif de la succession des rangées, en éliminant tout ce qui est de nature à rompre un tel ordre ;
la présence d'une ouverture dans le mur séparant l'enceinte du sanctuaire ;
l'accès à l'enceinte de la mosquée qui ne devait pas être direct ;
la présence d'une fontaine destinée à la purification rituelle avant la prière.
L'intérieur d'une mosquée se décline donc toujours selon le même plan. Une entrée permettant de se déchausser, une fontaine permettant de se purifier, un sanctuaire proprement dit, dont le mur du fond est la qibla (la direction de La Mecque), avec, en son milieu, une niche, le mihrab, devant laquelle se tient l'imam qui dirige la prière. Contrairement à l'art profane, l'art sacré musulman a toujours proscrit, à l'intérieur des mosquées, les représentations divines ou humaines. Les décorations qu'on y trouve sont donc géométriques, florales ou calligraphiques. Privé de son expression décorative, l'architecte devait déployer sa créativité dans la construction même et c'est pourquoi les mosquées historiques nous émeuvent par leur beauté pure, leurs lignes recherchées, la finesse de leurs minarets, le détail des murs crénelés, les couleurs vives des fenêtres ajourées, la délicatesse des calligraphies sculptées dans le stuc ou la pierre. La mosquée, érigée dans un élan de piété, doit provoquer chez le croyant une réaction respectueuse face à la majesté de l'absolu et l'inciter à méditer le mystère de ce principe éternel. L'architecture de la mosquée était ainsi dictée par les mêmes préceptes qui régissent la prière.
La calligraphie coranique
Présente sur les façades des mosquées, sur les architraves et les contours des niches sculptées, la calligraphie a pour fonction de magnifier le Coran et sa langue sacrée, l'arabe.
Deux styles de calligraphie ont eu cours dans l'histoire musulmane : le coufique, qui est inspiré d'Irak et que les Omeyades, les Abbassides et les Fatimides développeront au Caire ; et le naskhi, qui sera choisi par les sunnites, au XIIe siècle, au Caire, à leur arrivée au pouvoir à l'avènement de la dynastie des Ayyubides.
L'artisanat est encore très présent en Afghanistan où, pour certains, il représente l'unique source de revenu.
La grande majorité des vêtements traditionnels est faite à la main. Les manteaux longs (tchapanes), les robes des femmes, les chapeaux brodés, les voiles, etc.
Les broderies sont faites par les femmes. Elles fabriquent des chapeaux pour les hommes, ajoutent des décorations à leurs voiles, cousent des napperons, des bourses et des étuis.
Les tapis sont traditionnellement fabriqués par les Turkmènes du Nord de l'Afghanistan. Parmi toutes les espèces de moutons d'Afghanistan, cinq seulement ont été sélectionnées pour leur laine dont se sert l'industrie du tapis. La principale espèce est le caracul, appelée aussi astrakan, réputée pour son double pelage. Les tapis afghans sont connus pour la qualité de leur tissage et de leurs motifs.
On distingue traditionnellement deux types de tapis : le tapis de type turkmène, reconnaissable à sa couleur rouge sang ; et le tapis baloutche, aux couleurs brune et rouge, au tissage serré. Ces derniers sont des kilim, en laine, et la chaîne est souvent en poil de chèvre.
Récemment, les " tapis de guerre " ont fait leur apparition. Depuis l'occupation soviétique, ces tapis remplacent les motifs traditonnels (fleurs, oiseaux) par des motifs guerriers (flèches, bombes...).
Un tapis baloutche, ou plus original, un tapis de guerre, si vous avez assez de place dans votre valise et que vous arrivez à négocier ferme.
Un tchapane : un grand manteau long traditionnel turkmène et ouzbek, souvent dans les tons verts et bleus, portés par les joueurs de bouzkachi.
Une toque d'Astrakan, connue pour être le couvre-chef du président Karzaï.
Aujourd'hui, le cinéma afghan renaît difficilement de ses cendres et essaie tout simplement de se constituer. Car, si l'Afghanistan est resté plongé durant 25 ans dans la guerre, la culture, pendant ce temps, s'est aussi arrêtée d'exister. Jusqu'en 1979, année de l'invasion soviétique, le cinéma faisait partie intégrante de la vie culturelle des citadins afghans. A la fin des années 1970, Kaboul comptait 31 cinémas, mais les nombreux bombardements ne les ont pas épargnés, et le régime taliban, entre 1996 et 2001, a ordonné la fermeture de toutes les salles. Seulement 10 cinémas ont survécu dans tout le pays, dont 7 à Kaboul. A présent, même si la guerre est terminée, l'insécurité perdure et les Afghans n'ont pas repris leurs habitudes culturelles d'autrefois. La vie nocturne est inexistante et la télévision reste le seul loisir. " Du fait des conflits civils, la population a complètement changé. La culture est loin d'être une priorité ", déplore Siddiq Barmak, réalisateur et producteur afghan le plus reconnu. Aujourd'hui les cinémas ne sont pas très bien fréquentés et les femmes ne s'y rendent jamais. Les films projetés sont essentiellement indiens ou iraniens.
" En allant au cinéma, les Afghans veulent rire, écouter de jolies musiques indiennes. Avant tout découvrir un autre visage de la vie et passer au-delà de leur réalité ", poursuit Siddiq Barmak. Depuis la chute du régime taliban, des efforts ont pourtant été entrepris pour promouvoir les réalisations cinématographiques afghanes. Mais le problème majeur reste celui des financements et la culture n'est pas une priorité dans les programmes de reconstruction. Pour le moment, seuls quelques réalisateurs ont réussi à sortir du lot. Les autres signent des courts-métrages. " Les bons réalisateurs vivent en dehors de l'Afghanistan. C'est une tragédie, car l'Afghanistan n'a pas assez d'argent pour les aider ", déplore Monsieur Latif, directeur d'Afghan Film, la société de cinématographie nationale. Rares sont ceux qui, comme Barmak Akram ou Siddiq Barmak, ont pu produire un long-métrage. Car, pour en arriver là, il a fallu contourner bon nombre d'obstacles. Et tout d'abord trouver des financements. " C'est très difficile de financer un film afghan. Tout le monde a peur de mettre de l'argent en Afghanistan, c'est une prise de risque énorme ", explique Philippe Gautier, le producteur français de Kabouli Kid. Vient ensuite le problème de la main-d'oeuvre locale. Trouver des gens qualifiés et composer avec ce que le pays peut offrir. " Les gens qui travaillent ici dans le cinéma ne sont pas de formation académique, ils ont simplement un peu d'expérience. Du coup, la qualité n'est pas terrible ", explique Monsieur Latif. A l'université de Kaboul, un département cinéma et théâtre accueille chaque année une petite centaine d'étudiants. Cette formation toute récente n'a pas encore porté ses fruits. Car, ici, il n'y a pas vraiment de structure établie pour faciliter l'industrie du cinéma. Chacun fait comme il peut. Siddiq Barmak, tout comme Barmak Akram, a ainsi fait appel à des équipes internationales pour ses films, mais préfère quand il le peut, travailler avec des Afghans.
Siddiq Barmak, qui a déjà réalisé Oussama, en 2003 (sacré meilleur film étranger de l'année aux Golden Globes), a terminé en 2008 son second long-métrage, Opium War, qui raconte les péripéties de deux soldats russes égarés en Afghanistan et qui découvrent un tank habité par une famille afghane. Depuis il a produit deux films, Apple from Paradise (2008) et Neighbor (2009). Selon ce réalisateur, on ne peut pas parler d'un cinéma afghan : " Il y a si peu de productions. Dans toute l'histoire de notre cinéma, on en compte une quarantaine. " Avis partagé par son homologue Barmak Akram : " On ne peut pas dire qu'il y ait un cinéma afghan. On sort de la guerre et la culture n'a pas encore une place très importante, même si c'est ce dont auraient besoin les Afghans : avoir une identité culturelle, se projeter dans des fictions, exprimer leurs douleurs dans des fictions, leur mal-être, etc. "
L'envie et la volonté d'une nouvelle génération redonneront sans aucun doute de la vitalité au cinéma afghan. Pour beaucoup de réalisateurs, il est inévitable que le thème de la guerre continue encore longtemps à marquer les productions nationales. Un peu à la manière du cinéma européen d'après-guerre, les 25 années de conflit en Afghanistan vont probablement nourrir bon nombre de scenarii.
La littérature afghane a été fortement influencée par la littérature persane, une influence favorisée par les rois Mahmud de Ghazni puis Babur le Moghol. Les poètes anciens sont souvent plus persans qu'afghans. Les Afghans lisent très peu. Il faut rappeler qu'environ 70 % de la population sont illettrés. Il y a donc très peu d'écrivains et la poésie continue à se transmettre principalement grâce à la tradition orale.
La poésie est au coeur de la culture afghane. Elle fleurit du IXe au XVIIe siècle, surtout à la cour du sultan Mahmud de Ghazni (XIe siècle), qui accueillait de nombreux poètes dont le célèbre Firdoussi (1020), auteur du Livre des Rois. Beaucoup de grands poètes de langue persane sont d'origine afghane. Djami (1414-1492) ou encore Roumi (1207-1273) étaient de grands noms de la poésie persane appartenant au soufisme. La première femme écrivain afghane, Rabia Quzdari, est née à Balkh, où se trouve son sanctuaire. Au XXe siècle, Khalilullah Khalili (mort en 1988) est considéré comme le plus grand poète de langue persane de son époque.
Le poème persan est narratif et ses vers sont groupés deux à deux. Sa forme est très travaillée. La poésie pachtoune est très ancienne. Elle était surtout orale, donc assez éphémère. Ce n'est qu'au XVIe siècle qu'apparaissent les premiers poèmes écrits, dont les auteurs sont Khushal Khan Khattak (1613-1690) et Rahman Baba.
Les deux sont des poètes-guerriers, le caractère idéal pour un Afghan. Au XVIIIe siècle, Ahmad Shah Durrani, le père de l'Afghanistan, compose un recueil de poèmes, Diwan, de caractère souvent guerrier. La poésie pachtoune ne ressemble pas à la poésie persane : ce sont surtout des poèmes courts, sans règles précises pour les rimes. Ils sont appelés landay.
Les thèmes récurrents dans la poésie pachtoune sont l'amour malheureux, la mort, le courage et l'honneur. Les femmes y jouent souvent un rôle. Hérât accueillait de nombreux poètes soufis, comme Abdullah Ansari ou Roumi, qui composaient des poèmes sur les thèmes du mysticisme et de la religion.
La plupart des écrivains contemporains vivent à l'étranger. Ils ont fui l'Afghanistan pendant la guerre ou sous les talibans afin de pouvoir s'exprimer librement. Ils produisent une littérature nostalgique et triste, souvent marquée par les années de guerre, le désespoir et la violence.
Attiq Rahimi passe la moitié de son temps en France. Il est l'auteur de Terre et Cendres et de Beaux petits moments.
Khaled Hosseini vit aux Etats-Unis. Il a écrit le best-seller Les Cerfs-volants de Kaboul et Mille soleils splendides.
Latif Pedram, écrivain et poète afghan, était aussi professeur de littérature. Il a quitté son pays à l'époque des talibans et, depuis 2000, il est réfugié politique en France. Spojmaï Zariab est née à Kaboul en 1949. Elle enseignait le français en Afghanistan. En 1991, elle s'est installée à Montpellier. Elle a écrit La Plaine de Caïn, Ces murs qui nous écoutent.
Asad Asmaïe, essayiste, a dirigé le conseil culturel de l'université de Kaboul jusqu'à l'arrivée des talibans. Il s'est alors exilé à Peshawar.
Azam Rahmawarb Zariab est né en 1944 à Kaboul. Après des études de journalisme à l'université, il est parti en Grande-Bretagne pour terminer son diplôme. Revenu en Afghanistan, il a publié de nombreux ouvrages. Il a lutté contre le régime communiste et, finalement, a quitté le pays en 1994 pour rejoindre sa femme en France.
Joseph Kessel, surnommé Jef par ses amis, était un écrivain et grand reporter français. Aventurier, il a beaucoup voyagé, écrivant des romans à chacun de ses retours. Né en Argentine de parents juifs, il s'est installé en France avec sa famille. Il a été élu à l'Académie française en 1962. Il est mort en juillet 1979 d'une rupture d'anévrisme. Assoiffé d'aventures, grand buveur, joueur, Kessel aimait la vie. C'est dans les années 1956 que Kessel se rend en Afghanistan pour réaliser un documentaire avec Pierre Schoendoerffer et dont Georges de Beauregard sera le producteur. Arrivé à Kaboul, il est accueilli par le roi Zaher Shah, qui lui conseille de s'intéresser de près au bouzkachi. Il part dans le Nord, à Maïmana. Il pense déjà à son prochain roman... Il assiste au grand bouzkachi du roi, à Kaboul. Mais, quand Israël, soutenu par la France et la Grande-Bretagne, attaque les pays arabes, en 1956, l'Afghanistan met fin à sa collaboration avec l'équipe du film. La Passe au diable sortira finalement sur les grands écrans, mais ne connaîtra pas un franc succès. Kessel mettra près de six ans pour écrire Les Cavaliers, roman qui se déroule en Afghanistan et qui raconte le parcours d'un tchopendoz. Quand l'ouvrage est achevé, en 1966, Kessel a 68 ans, et il déclare : " A travers Les Cavaliers, j'ai écrit mon testament. " Avant sa parution, il retourne en Afghanistan, où il parcourt tout le pays. Ce sera son dernier voyage...
L'Afghanistan a longtemps attiré les écrivains voyageurs, comme il a toujours fasciné les aventuriers. Ce qui les y amenait, les uns et les autres, c'est d'abord une certaine soif de l'inconnu et l'envie de découvrir de nouveaux horizons aux confins de l'Asie ou, encore, la quête de l'absolu... Difficile d'accès, l'Afghanistan était et reste un endroit reculé du monde. Ecrivains ou aventuriers, tous évoquent, chacun à sa manière, la géographie impressionnante du pays et la fascination qu'ils ont éprouvée pour son peuple. Le premier de ces aventuriers (et écrivains) est sans doute Marco Polo, qui, au XIIIe siècle, apporte dans son Livre des Merveilles de nombreuses informations sur cette terre inconnue. Au XIXe siècle, le " Grand Jeu " a inspiré un roman à Rudyard Kipling. Au début du XXe siècle, sa passion pour l'art islamique conduit l'Anglais Robert Byron à parcourir la route de la soie. En 1930, André Malraux décrit le choc qu'il éprouve lorsque, pour la première fois, il se rend en Afghanistan, à la recherche d'oeuvres d'art gréco-bouddhiques. Ella Maillart, après deux mois de voyage en voiture, atteint l'Afghanistan à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Grand voyageur, Nicolas Bouvier entreprend son premier périple en Asie, en 1953. Dix ans plus tard, il le raconte dans L'Usage du monde, un ouvrage qui va marquer toute la littérature de voyage. Au début des années 1960, Bruce Chatwin part sur la route d'Oxiane, sur les traces de son idole Robert Byron. Après son voyage en Afghanistan, Joseph Kessel signe l'un des plus beaux romans d'aventure, Les Cavaliers, qu'il consacre au thème du bouzkachi, le jeu national afghan, et qui sera ensuite adapté au cinéma. Enfin, Christophe de Ponfilly se passionne pour ce peuple de guerriers, lorsqu'il arrive en Afghanistan en pleine guerre contre les Soviétiques. Au début des années 1980, il sera l'un des premiers journalistes à passer clandestinement la frontière afghane pour témoigner de la résistance à l'occupant soviétique.
Très contrôlés sous les talibans, les médias afghans (en dari, en pashto et plus rarement en anglais) se sont rapidement développés depuis 2001 avec le relâchement des pressions sur la presse. Selon Reporters sans Frontières, le pays comptait en 2011 au moins 200 publications de presse écrite, 44 chaînes de télévision, 141 radios et plus de 8 agences de presse. Certains médias, comme TOLO TV, la première chaîne d'information afghane à émettre 24h/24, sont extrêmement modernes.
Pourtant le pays est encore loin de bénéficier de la liberté d'expression et les violences contre les journalistes se multiplient, particulièrement dans les provinces de Kaboul, d'Hérât et de Helmand. Plusieurs journalistes ont été aspergés d'acide. Certains territoires, comme ceux du Sud et de l'Est du pays, ont été qualifiés de " trous noirs de l'information ".
Reporters sans Frontières, qui classe le pays 150e sur 179 dans son classement de la liberté de la presse 2011/2012, explique que " la presse libre en Afghanistan se trouve cernée entre, d'une part, des médias financés et guidés par les chefs de guerre et certains régimes étrangers, comme le Pakistan et l'Iran, qui ont ainsi la possibilité d'interférer dans les affaires internes du pays ; d'autre part, par les taliban et des autorités gouvernementales corrompues, qui la poussent au silence ".
Montage haché, musique de film policier : c'est le générique de Niqab (Le masque). " Dans cette émission, c'est Soraya que vous allez écouter ", annonce la présentatrice. Soraya, assise en face d'elle, cache son visage derrière un masque. " A 15 ans, j'ai été mariée, c'était un mariage arrangé, mon père m'a vendue, explique-t-elle. Mon mari avait 58 ans, moi j'en avais 15. J'avais des rêves, mais quand j'ai vu à qui on m'avait mariée, c'était comme si le ciel m'était tombé dessus ". Viols, mariages forcés : de tels secrets de famille sont dévoilés chaque samedi soir à une heure de grande écoute sur la chaîne afghane TV1.
Briser la loi du silence n'a pas été facile. Les producteurs ont mis un an pour réussir à mettre en confiance leur premier témoin. Pour les trouver, la réalisatrice a dû se rendre dans les foyers pour femmes en détresse. Elle reçoit régulièrement des menaces de mort. Tout comme Soraya depuis qu'elle a accepté de témoigner. " Ce sont des spectateurs de l'émission, des gens qui me connaissent ; même mon frère m'a menacée. Les autorités ne font rien pour ma sécurité. J'ai décidé de témoigner, parce que je ne veux pas que d'autres familles subissent ce genre de choses, que d'autres filles soient vendues ".
Derrière le concept de Niqab se trouve un jeune producteur afghan de 28 ans. C'est lui qui a eu l'idée de ce masque à deux face plutôt intimidant que porte les témoins de l'émission. Et c'est justement l'effet recherché. " D'un côté, on a la burqa, le bleu, c'est la couleur traditionnelle des burqa en Afghanistan, explique Sami Mahdi. Le blanc, c'est la couleur de l'innocence chez nous. De mon point de vue, la burqa, cette burqa traditionnelle, symbolise les problèmes auxquels les femmes font face en Afghanistan ".
Ce concept inédit en Afghanistan a pourtant eu du mal à s'imposer. Les annonceurs boudent l'émission et les deux premières animatrices ont rendu leur tablier sous la pression de leur famille. Ces violences pourtant, chacun les connaît, mais personne n'en parle. " Cette mentalité vient des traditions, des règles, depuis des centaines d'années, regrette Sami Mahdi. Mais, bien sûr, les 30 années de guerre n'ont rien arrangé. Quand on parle de la violence, d'histoires très difficiles comme celles-ci à la télévision, ça choque les consciences ".
Et ça marche : l'émission entame sa troisième saison, bat des records d'audience et les victimes se pressent désormais pour témoigner. L'espoir des producteurs, c'est qu'un jour, elles n'aient plus besoin de se cacher derrière le masque.
La musique traditionnelle est surtout instrumentale. L'orchestre populaire est composé de deux tambours, de deux luths et d'un harmonium. On joue également du tabla, sorte de tambour de type indien, un vase de cuivre tendu d'une peau de chèvre. Le rebab, luth à caisse échancrée, se joue en solo ou avec un chanteur. Le tanbur, luth à long manche, est décoré d'os. Les traditions musicales anciennes font chanter des hommes seuls, sans accompagnement.
Elles se perpétuent notamment dans les régions pachtounes. Ces chants racontent la vie quotidienne ou parlent d'amour. Les femmes ont leur propre instrument de musique : la guimbarde, ou tchang. Les Afghans écoutent beaucoup de variétés indiennes ou iraniennes. De nombreux chanteurs afghans se sont exilés pendant la guerre et sous les talibans. Ces derniers avaient en effet interdit toute manifestation musicale, concerts, variétés, etc.
Les chansons afghanes traitent de l'exil, de la guerre, de la nation et de l'amour. Elles rappellent la tristesse du passé et leurs paroles sont souvent des poèmes. Le chanteur le plus populaire d'Afghanistan est Ahmed Zaher. Ses chansons sont écoutées par les jeunes et les vieux. Sa mort, en juillet 1979, reste un mystère, mais beaucoup pensent qu'il a été assassiné par les communistes. Il avait 33 ans. Aujourd'hui, de nombreuses femmes continuent à venir se recueillir sur sa tombe.
Ils ont fondé le tout premier groupe de rock afghan après la chute des talibans. Sulyman Qardash, Siddique Ahmed et Mujtaba Habibi, trois jeunes nés à Kaboul, mais dont les familles s'étaient réfugiées au Pakistan, en Iran et en Ouzbékistan, ont ramené de leur exil un rock sucré, inventif, qui s'inspire aussi bien des Beatles que de Radiohead. Leur groupe, Kabul Dreams, a conquis un bon noyau dur de fans dans la communauté d'expatriés, mais est aussi de plus en plus populaire auprès des jeunes de Kaboul, de Mazar-e-Charif et d'autres grandes villes du pays. " Nous avons beaucoup lutté pouvoir créer une scène rock ici, explique le bassiste, Siddique Ahmed. Il a fallu importer des instruments du Pakistan, trouver des lieux sécurisés pour répéter, et échapper ainsi aux fondamentalistes ". Plusieurs fois, ils ont été menacés. Alors, pour des raisons de sécurité, pour le groupe comme pour son public, Kabul Dreams ne se produit pas dans des salles ouvertes au tout venant, mais dans une demi-douzaine de bars de la capitale, derrière de hauts murs à barbelés. Des concerts qui se font de plus en plus rares, compte tenu des conditions de sécurité à Kaboul.
Envie d'écouter ? kabuldreams.com
Peinture et sculpture étaient interdites sous les talibans. Toute représentation était prohibée. Il n'y a donc aucune production graphique propre au pays, ou alors très succincte.
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