Leitfaden Oran : Mode de vie
Si on considère que 30 % des Algériens ont aujourd'hui moins de 15 ans, on comprend très vite que l'éducation demeure l'un des grands enjeux du pays. Mais vu les derniers chiffres de la scolarisation en Algérie qui sont plutôt bons, les jeunes générations seront certainement plus alphabétisées que les précédentes. En effet, d'après les données de la Banque Mondiale, près de 100 % des enfants algériens âgés de 6 à 13 ans sont scolarisés, soit près de 6 millions d'élèves à l'école élémentaire et primaire et au collège. Pas loin d'un million d'entre eux poursuivent leurs études.
Sur les 10 universités que compte le pays, l'université d'Oran Es-Sénia est une des plus importantes et des plus grandes universités d'Algérie avec des milliers d'étudiants qui en ressortent diplômés chaque année.
Autre université importante à Oran, l'Université des sciences et de la technologie d'Oran-Mohamed Boudiaf (USTO-MB) est une université à la pointe au niveau sciences et technologies, elle se trouve dans la commune de Bir el Djir à la sortie est d'Oran et compte quatre facultés (sciences, mathématiques, génie électrique, architecture et génie civil).
Alors que la majorité des Algériens sont propriétaires de leur logement (plus de 70 %), le taux d'occupation est très élevé : 7 personnes par logement ce qui signifie aussi que certains appartements de deux pièces peuvent accueillir près de 15 personnes. 90 % des logements sont surpeuplés, plus de 50 % sont délabrés. Depuis une dizaine d'années, 160 000 logements sont mis en chantier annuellement en Algérie mais la tâche est énorme...
Oran est aussi confronté à une crise du logement depuis plusieurs années déjà. Pour trouver une solution pour les habitants d'Oran en situation de mal logement, des milliers de bâtiments ont ainsi été construits dans les communes voisines de Gdyel et de Tlelat. Parallèlement à la construction de ces nouveaux logements en périphérie d'Oran, une opération de réhabilitation du tissu dit " colonial ", déjà entamée depuis 2010, se poursuit. Elle consiste à réhabiliter 600 immeubles du centre-ville (haussmanniens, Art nouveau, Art déco...).
Les régimes socialistes ont instauré un système de santé accessible à tous en Algérie. En 1974, l'accès aux soins est même devenu gratuit pour tous mais il est actuellement devenu difficile de bien se soigner car les hôpitaux sont régulièrement bondés, certains médicaments sont introuvables et la plupart d'entre eux sont assez chers pour l'Algérien moyen. Cependant, les pharmacies sont généralement bien fournies dans les grandes villes, notamment à Oran où certaines restent même ouvertes assez tard.
Les problèmes endémiques de santé en Algérie sont le diabète, l'hypertension et la malnutrition.
N'oubliez pas que vous êtes dans un pays musulman dont certains codes vestimentaires diffèrent des nôtres mais à Oran, une ville plus libérale que la moyenne, vous ne verrez pas vraiment la différence. Evitez cependant de porter des tenues jugées provocantes, trop décolletées ou trop courtes (minijupes et shorts).Dans le même ordre d'idées, les hommes éviteront de porter des shorts en dehors des zones balnéaires.
A la plage, burkinis et bikinis se côtoient sur les plages d'Algérie, y compris dans la région oranaise mais les femmes en bikini seront plus à l'aise si une majorité de femmes est en bikini...
En effet, pendant l'été 2017, les pro bikinis et les pro burkinis se sont affrontés verbalement en Algérie et sur les réseaux sociaux. Des opérations de débarquement éclair de centaines de femmes en bikini pour protester contre le burkini, de plus en plus répandu en Algérie, se sont ainsi déroulées à plusieurs reprises sur les plages algériennes, y compris dans la région oranaise. Le sujet est donc assez sensible et encore un peu polémique...
Pour se baigner en bikini sans craindre les regards indiscrets ou insistants, on recommande plutôt les piscines d'hôtels comme celles du Four Points ou du Sheraton Oran.
Ce sont surtout les habitants des campagnes qui restent fidèles aux tenues traditionnelles variant selon les régions, comportant les vêtements suivants :
Burnous. Manteau de laine marron à capuchon et sans manches cousues. Efficace contre le froid.
Kachabia. Un peu la même chose que le burnous mais non ouvert sur le devant.
Caftan. Vêtement féminin d'origine orientale, c'est une sorte de manteau ample et long, souvent porté à l'intérieur des habitations.
Djellaba. Robe longue et droite, généralement pourvue d'un capuchon et que l'on enfile par la tête.
C'est une tenue traditionnelle notamment très répandue à Tlemcen.
Haïk. Voile de coton ou de laine enveloppant le corps et rabattu sur le visage des femmes mais qui est aujourd'hui désuet ; les femmes portant généralement le hidjab. Cependant, il a été remis à la mode par certains designers et des femmes assez jeunes aiment à le porter comme une sorte d'accessoire vintage de mémoire (le haïk a notamment joué un rôle important pendant la Guerre d'Algérie car les militant(e) s du FLN l'utilisaient pour cacher des documents secrets ou des bombes).
Sourire d'une jeune algérienne.
Si les mariages arrangés ont moins cours, les parents expriment encore leur avis quand le jeune couple se rencontre sans entremise et le cas échéant opposent leur refus aux tourtereaux. Cependant, quand un jeune homme demande la main d'une jeune fille, elle est totalement en droit de refuser même après que les présentations ont été faites entre les familles respectives... La femme algérienne a donc beaucoup plus de libertés que par le passé.
Ce qui pose souvent problème dans le cadre d'une future union, c'est la situation matérielle. D'un côté, on a le manque de logement et de travail pour les jeunes hommes et, de l'autre, des jeunes filles instruites qui considèrent que leur avenir professionnel compte au moins autant sinon plus qu'un mariage et qui cherchent de meilleurs partis. Résultat : on se marie moins et plus tard en Algérie. Le jour de la fête pour laquelle on risque de s'endetter lourdement, les hommes ont en moyenne 33 ans et les femmes 30 ans (en ville) alors qu'elles se mariaient à 18 ans dans les années 1960.
Pour la majorité des jeunes gens, le poids des traditions, le regard de la société ou la séparation très marquée entre adolescents filles et garçons rendent difficiles les rencontres. Alors, pour se donner le frisson romantique, Internet vient compléter les petites annonces ou les rencontres arrangées peu affriolantes. Les cybercafés qui ont ouvert jusque dans la moindre bourgade ont une clientèle acquise d'internautes qui cherchent à trouver l'élu de leur coeur.
Pour se rencontrer, tout se complique. On s'isole dans les parcs et il est difficile d'aller à l'hôtel, cher, où le réceptionniste peut demander le livret de famille pour partager une chambre. Il semble pourtant que les hôtels, en recherche de clientèle, soient devenus moins exigeants... Cependant, il existe des couples qui vivent en concubinage parmi les jeunes générations mais c'est souvent caché à la famille et très rarement au grand jour... Par conséquent, le mariage reste la possibilité officielle d'exprimer son envie de vivre ensemble. C'est pourquoi des associations caritatives musulmanes, conscientes des difficultés des jeunes couples et des frustrations qu'elles entraînent, organisent même des mariages collectifs, moins onéreux et en quelque sorte parrainés.
C'est d'ailleurs peut-être pour toutes ces raisons que les mariages en Algérie sont en baisse depuis 2013, et cette baisse s'est poursuivie de façon encore plus soutenue en 2015 avec une baisse de 4,5 % des mariages par rapport à 2014.
Cependant, si jamais vous avez l'occasion d'assister à un mariage en Algérie, c'est toujours un grand moment. L'union est célébrée en famille, les réjouissances du mariage durent une petite semaine. Si dans la rue vous croisez plusieurs taxis collectifs ou minibus bondés et " sonores ", c'est un mariage. Une façon comme une autre d'annoncer les épousailles ! Chaque soir on s'amuse, on chante, on danse, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. On y boit du thé et des sodas, officiellement pas d'alcool... Et très souvent, c'est la dernière tendance, les invités font éclater des feux d'artifices en plein jour. Oui, c'est surprenant, mais c'est très répandu aujourd'hui et c'est même sur le point de devenir une véritable coutume.
D'après les poètes libertins occidentaux, ce vieux fantasme nous vient de l'Orient. Quoi qu'il en soit, il faut savoir que la polygamie répond à une tradition codifiée par le Coran parce qu'elle existait bien avant la naissance du Prophète qui a juste ramené le nombre d'épouses autorisé de 10 à 4. Introduite en Algérie par les Ottomans, elle n'est autorisée par la religion qu'à condition que les épouses de l'heureux homme soient bien traitées dans tous les domaines (" Epousez comme il vous plaira deux, trois ou quatre femmes. Mais si vous craignez de n'être pas équitable, prenez une seule femme ", dit le Coran, IV, 3) et que les premières épousées donnent leur accord.
En Algérie, il est donc totalement légal, d'après le Code de la famille, d'avoir plusieurs femmes à condition que la première femme épousée donne son accord avec signature à l'appui et un juge doit donner son avis. Dans les faits, la plupart des femmes refusent, ce qui contraint souvent le mari à ne garder finalement qu'une seule épouse et à avoir une maîtresse dans la clandestinité. Un peu comme partout ailleurs dans le monde finalement. Par ailleurs, la polygamie revenant cher, les hommes qui prennent plusieurs femmes ne traitent que très rarement équitablement toutes leurs épouses et c'est souvent la dernière épousée qui est favorisée à tous les niveaux...
La répudiation est une sorte de divorce unilatéral qui peut être décidé par le mari n'importe quand. Il se traduit par un " préavis " de trois mois, pendant lesquels la femme est autorisée à rester au domicile conjugal, et où le mari continue de pourvoir à ses besoins. Passé ce délai, le mari peut revenir sur sa décision, auquel cas les époux se réconcilient, ou bien la femme doit quitter la maison. Le Coran traite longuement de cette forme de divorce, et la justifie ainsi, auprès des femmes : " S'il vous répudie, son Seigneur lui donnera peut-être en échange des épouses meilleures que vous, soumises à Dieu, croyantes, pieuses, adorantes, pratiquant le jeûne (LXVI, 5). " Cette forme de divorce n'est accompagnée d'aucun dédommagement légal, même si le Coran précise : " Les femmes répudiées ont droit à une pension convenable (II, 241). "
Le divorce judiciaire est le moyen dont dispose la femme pour demander le divorce. Mais elle doit, pour cela, justifier d'une faute de son époux, sévices corporels, manque d'entretien ou absences répétées, et ses accusations doivent être relayées par des témoins. Le divorce n'est alors prononcé que si toute réconciliation est impossible.
Le divorce par compensation est le plus proche du divorce occidental : il permet à la femme de demander la répudiation par son mari, si elle n'a pas les moyens de demander un divorce judiciaire. Mais, dans ce cas, elle devra verser à son mari une compensation financière pour l'épouse qu'il perd alors qu'il n'a pas fauté, et ce dernier a toujours la possibilité de refuser. Le Coran prévoit cette éventualité, puisqu'il précise que " nulle faute ne sera imputée à l'un ou à l'autre des époux si l'épouse offre une compensation (II, 229) ".
Avec la guerre de libération à laquelle les femmes ont pris part, l'Indépendance et la construction nationale du socialisme, la place de la femme avait sensiblement évolué passant d'une conception plutôt archaïque à une reconnaissance plus moderne. L'évolution de la place de la femme dans la société demeurait cependant difficile face au poids des traditions et des préjugés.
Tout a régressé au début des années 1980 quand le gouvernement de Chadli Bendjedid a réagi à la montée de l'intégrisme islamique en promulguant, en 1984, un Code de la famille qui faisait des femmes d'éternelles mineures au regard de la société. Malgré une constitution qui reconnaît le principe de l'égalité des sexes et condamne toute discrimination envers les femmes du seul fait qu'elles sont femmes, ce code basé sur la loi coranique officialise leur infériorité par rapport à l'homme et leur dénie la possibilité de jouir de droits civiques et économiques élémentaires. Il légalise entre autres la polygamie, le devoir d'obéissance au mari et la répudiation par ce dernier ainsi que l'inégalité face à l'héritage. En dehors de l'abandon manifeste ou de maltraitance grave, il reste difficile pour une femme d'obtenir le divorce.
Nombre de mouvements sociaux actuels ont pour enjeu la visibilité des femmes dans la société. Des groupes et des associations de femmes s'employant à faire revoir sinon abroger ce Code de la famille. Le " nouveau " Code de la famille présenté par Bouteflika en mars 2005 s'inscrit pourtant dans la lignée du précédent : le tutorat d'une femme par son père ou un autre homme ainsi que la polygamie sont maintenus, même si dans ce dernier cas l'avis d'un juge est devenu nécessaire. Si les femmes peuvent dorénavant demander et obtenir la garde de leurs enfants, et donc du domicile conjugal en cas de séparation, elles ne peuvent demander le divorce que dans certains cas particuliers. Autre changement, les femmes transmettent désormais leur nationalité à leurs enfants. Beaucoup de travail reste donc à faire...
Les cafés, traditionnellement fréquentés par les hommes, ouvrent timidement leurs portes aux femmes et de plus en plus de restaurants et de cybercafés affichent ayli, " familial ", permettant aux femmes ou aux couples de se réunir en confiance dans des établissements qui vont jusqu'à repousser les jeunes hommes seuls.
Pour une femme voyageant accompagnée d'un homme, il ne faut pas s'étonner qu'on s'adresse prioritairement à l'homme, la laissant aux limites floues de la vision périphérique. Il faut plutôt considérer cela comme une attitude respectueuse et non comme un signe de rabaissement. Il est dans tous les cas conseillé de conserver la même prudence que lors de tout voyage. Comme partout, il existe des personnes malintentionnées et il reste difficile voire impossible de faire certaines choses comme de s'asseoir seule à une terrasse de café, même dans les grandes villes comme Oran où ce sont essentiellement dans les bars d'hôtels que les femmes se sentiront à l'aise pour prendre un verre.
Le Coran et les femmes de Juliette Minces, Hachette Pluriel, 1996.
Le Voile et la bannière de Slimane Zeghidour, Hachette, 1990.
Une autre voix pour l'Algérie de Louisa Hanoune, La Découverte, 1996. Louisa Hanoune est l'une des figures du combat pour la paix et la démocratie en Algérie.
Une Algérienne debout, entretiens avec Khalida Messaoudi (députée du Rassemblement pour la culture et la démocratie, RCD), J'ai lu, 1996.
Femmes rebelles d'Algérie de Françoise Germaine-Robin, Editions de l'Atelier, 1996.
Chronique d'une femme dans la tourmente de Fatiah, Editions de l'Aube, 1996.
Cette fille-là de Maïssa Bey, Editions de l'Aube, 2001.
La Femme sans sépulture d'Assia Djebar, Albin Michel, 2002. Et Loin de Médine : filles d'Ismaël, Albin Michel, 1991. Destins de femmes qui ont marqué l'histoire.
Trois romans algériens de Leïla Hamoutene, Marsa, 2002.
L'Interdite de Malika Mokkedem, Grasset, 1994.
La Saison des narcisses de Djura (chanteuse de l'ex-groupe Djurdjura), Le livre de poche, 1995.
La jeune fille et la mère de Leïla Marouane, Seuil, Paris, 2005. Pourquoi une mère refuse-t-elle de donner à sa fille la liberté, la dignité et l'instruction dont elle a elle-même été privée alors qu'elle s'est battue, comme un homme, dans le maquis, pour un monde meilleur et pour libérer les hommes de l'oppression ?
A voir : Elles et Algériennes, trente ans après : deux très beaux documentaires d'Ahmed Lallem sur la condition féminine en Algérie, le combat des femmes, leurs espoirs et leurs déceptions...
Selon la constitution de 1996, l'islam est la religion officielle de l'Algérie. Mais les liens entre le pays et l'islam ont connu une histoire mouvementée et conservent une nature complexe. Après l'indépendance, les autorités socialistes ont combattu si vigoureusement la pratique religieuse que barbes et moustaches ont failli disparaître des canons de la mode masculine, le visage glabre étant le meilleur moyen de se fondre dans l'athéisme ambiant.
Au tout début des années 1980, les échos de la révolution iranienne atteignent les oreilles de quelques imams et d'habiles orateurs encouragés par les idées politico-religieuses des Frères musulmans et par le déclin manifeste des systèmes socialistes dans le monde. La population, en attente de jours meilleurs, ne tarde pas à se passionner pour les prêches enflammés des imams qui appellent un monde meilleur régi par la charia (littéralement " rue " ou " voie ") où le Coran, plutôt son interprétation, serait le seul code civil et social, ce qui a donné l'arrivée des islamistes au pouvoir et la décennie noire des années 1990... Mais loin des déviations islamistes, l'islam mérite qu'on s'y intéresse.
Les origines. C'est un caravanier de La Mecque (péninsule arabique), Mahomet (Mohamed), qui répand cette nouvelle doctrine à partir de 610. Cet homme, alors âgé de 40 ans, appartient à la puissante tribu des Quraysh, au sein de laquelle il a peu de pouvoir. Il jouit seulement d'une certaine renommée, en raison de son comportement juste, honnête et généreux.
Après avoir reçu la visite de l'ange Gabriel (Djibrail), Mahomet entreprend de révéler une nouvelle religion qui se veut l'accomplissement des deux autres doctrines monothéistes du Moyen-Orient : le judaïsme et le christianisme. C'est pourquoi Abraham (Ibrahim), Moïse (Moussa) et Jésus (Issa) sont cités dans le Coran comme des prophètes. Mahomet s'inscrit dans cette lignée. Au nom de Dieu, il diffuse des préceptes religieux, pas très éloignés de ceux des juifs et des chrétiens, mais qui semblent épurés, résumés à quelques prescriptions essentielles. Le monothéisme est réaffirmé avec encore plus de force que dans les deux autres religions. Pour le reste, l'islam apparaît comme une morale audacieuse qui rompt avec le système clanique et traditionnel régissant jusque-là la vie des tribus arabes. Très vite, une poignée de Mecquois parmi lesquels Abou Bakr suivent les enseignements prodigués par ce caravanier mystique. On les appelle " musulmans ", terme qui signifie qu'ils se soumettent à Dieu.
De leur côté, les dignitaires qurayshites apprécient de moins en moins cette contestation de l'ordre établi. Les premiers musulmans subissent toutes sortes de brimades, mais leur foi demeure inaltérable.
La réputation de Mahomet dépasse les frontières de La Mecque, et des fidèles viennent de très loin pour se convertir à la nouvelle religion. Beaucoup viennent de Médine (Yathrib), une autre cité d'Arabie où cohabitent des tribus juives et chrétiennes.
Le 15 juillet 622, victime de nouvelles persécutions de la part des dignitaires de La Mecque, Mahomet quitte sa ville natale pour Médine. Le voyage dure deux jours. C'est l'épisode de l'Hégire qui marque le début de l'ère musulmane.
A Médine, Mahomet prend la tête de la communauté des musulmans, mais son rayonnement personnel lui donne une certaine autorité sur les communautés juives et chrétiennes de la ville. Les fidèles de ces deux religions sont appelés " gens du Livre " par le Prophète, qui leur accorde sa protection.
En revanche, les païens sont sommés de se convertir sous peine d'être combattus. C'est pourquoi la rivalité entre musulmans et Mecquois continue, même après l'Hégire. De nombreuses batailles opposent les deux clans, jusqu'à la victoire des musulmans en 630. Les dignitaires qurayshites se soumettent à leur tour et Mahomet fait une entrée triomphale à La Mecque. Le Prophète meurt deux ans plus tard. Ses fidèles contrôlent déjà toute la péninsule arabique et se lancent à la conquête du monde pour faire connaître le message de Dieu. Ils arriveront à Memphis en 639.
" [... ] Telles furent la vie, la mission et la mort de Mahomet. Jamais homme ne se proposa volontairement ou involontairement un but plus sublime, puisque ce but était surhumain : saper les superstitions interposées entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l'homme et l'homme à Dieu, restaurer l'idée rationnelle et sainte de la Divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l'idolâtrie.
Jamais homme n'entreprit, avec de si faibles moyens, une oeuvre si démesurée, puisqu'il n'a eu, dans la conception et dans l'exécution d'un si grand dessein, d'autre instrument que lui-même et d'autres auxiliaires qu'une poignée de barbares dans un coin du désert. Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet ? ", s'enthousiasmait Lamartine au XIXe siècle dans Histoire de la Turquie.
La pratique religieuse. En terre islamique, croyances, superstitions, crainte et foi sont encore indissociables ; elles ordonnent la vie.
On appelle les " cinq piliers de l'islam " les règles fondamentales qui s'imposent à tout musulman :
- La chahada est la profession de foi monothéiste dont la seule répétition sincère (en arabe) suffit pour s'affirmer musulman : " Il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et Mahomet est son prophète. "
- La zakat, l'aumône légale, est un devoir pour chacun de donner aux pauvres et aux combattants pour la cause de l'islam. Quand ce ne sont pas des espèces sonnantes et trébuchantes, cela peut être un couscous qu'on dépose à la mosquée pour les nécessiteux.
- Le hadj, le pèlerinage à La Mecque, est considéré comme l'apothéose d'une vie pieuse. Tout musulman devrait l'accomplir une fois dans sa vie. Cependant, tous ne le peuvent pas et l'islam prévoit des dispenses. La période préconisée correspond au dernier mois de l'année (de l'Hégire), une époque où des musulmans venus du monde entier se retrouvent à La Mecque ou dans ses environs. Sept pèlerinages vers la ville sainte de Kairouan, la première ville fondée par les Arabes en Tunisie, remplacent le hadj.
- La sala, ou salat, la prière rituelle qui doit s'effectuer cinq fois par jour après ablutions. Si la prière commune à la mosquée, appelée par la voix du muezzin, est la plus importante, on peut toutefois prier n'importe où et même dans le désert où, à défaut d'eau, on fera ses ablutions avec du sable ; il suffit de se tourner vers La Mecque. Le jour plus particulièrement consacré à Allah est le vendredi. Ce jour-là, les fidèles se rendent traditionnellement à la mosquée.
- Le sawn, le jeûne du ramadan, commémore la révélation du Coran à Mahomet. Durant le neuvième mois du calendrier islamique, chaque musulman adulte et en bonne santé doit observer un certain nombre de règles entre le lever et le coucher du soleil. Il lui est interdit de fumer, de boire, de manger et d'avoir des relations sexuelles. Il règne durant ce mois-là une ambiance particulière en Algérie. L'activité habituelle est désorganisée. Banques, administrations et commerces travaillent au ralenti. Les musulmans s'économisent le jour ; le soir, ils font la fête. C'est une période de grande ferveur, intéressante à observer. Le ramadan se termine par la fête de rupture de jeûne, l'Aïd el-Fitr.
La circoncision n'est pas recommandée par le Coran, mais cette coutume, qui est antérieure au Livre, a tout de même été intégrée aux pratiques musulmanes. Pour le jeune musulman, il s'agit du rite de passage dans la communauté des croyants. La circoncision est soit pratiquée dans la première semaine après la naissance, soit lors d'une cérémonie réunissant tous les jeunes du même âge, et c'est alors l'occasion d'une grande fête.
Les fêtes religieuses. Les dates des fêtes religieuses varient suivant le calendrier lunaire. De plus, le début de chaque fête est proclamé en fonction d'observations astronomiques, difficiles à prévoir. La date est très souvent décalée d'un jour ou deux par rapport à celle prévue.
Les jours fériés et les fêtes nationales font rarement l'objet de grandes manifestations, les fêtes religieuses, en revanche, outre qu'elles sont l'occasion de se retrouver en famille, donnent lieu à des processions ou des défilés folkloriques.
Aïd El-Kebir. C'est la " grande fête " (aïd = fête, kebir = grand) qui commémore le sacrifice d'Isaac par son père Abraham, obéissant à un ordre divin, lorsque Dieu, satisfait de sa soumission, lui envoya un bélier pour le remplacer. On nomme également cette fête la " fête du mouton ", puisque traditionnellement ce jour-là chaque famille sacrifie un mouton. La cérémonie se déroule cinquante jours après la fin du ramadan et dure 2 jours.
Mouloud. Cette fête commémore la naissance de Mahomet. Le peuple commence par une nuit de prières dans les mosquées du pays. A table, on déguste le plat préféré du Prophète, la assida (temmina), simple mélange de semoule, de beurre et de miel.
Premier Moharram. Jour de l'an hégirien, 20 jours après l'Aïd El-Kébir (moharram est le premier mois de l'année musulmane). Ce jour est celui où Mahomet, en 622, quitta La Mecque pour installer une nouvelle communauté à Médine. Ce fut le point de départ de l'ère de l'Hégire.
Achoura. C'est le dixième jour de l'année. Il s'agit à l'origine de l'anniversaire de la mort de Hossein, le petit-fils du prophète, assassiné à Kerbala en Irak en 680. Aujourd'hui, il s'agit d'une fête en l'honneur des défavorisés, qui est l'occasion de leur donner le zakat, l'aumône prévue par le Coran pour tout bon musulman. C'est également la fête des enfants.
Aïd El-Seghir ou Aïd El-Fitr. C'est la " petite fête " qui clôture le ramadan. Les enfants sont habillés de neuf et reçoivent des cadeaux.
Le ramadan, qui a lieu le neuvième mois de l'année selon le calendrier de l'Hégire, est le mois au cours duquel le Coran a été révélé à Mohamed. C'est pour le fidèle une période de stricte abstinence (nourriture, boisson, activité sexuelle...) entre le lever et le coucher du soleil. Partout où le jeûne du ramadan est scrupuleusement respecté, l'ambiance, particulièrement insolite, oscille entre la fête populaire pendant la nuit et l'assoupissement des villes pendant la journée.
Les nuits sont agitées puisqu'on ne dîne qu'après le coucher du soleil. En général, on casse le jeûne en famille mais les restaurants qui servent la chorba ou la h'rira (soupes traditionnelles de légumes, agrémentées de pois chiches, lentilles, ou blé) sont quand même pris d'assaut jusqu'à une heure avancée. Les journées, au contraire, s'étirent doucement dans l'attente du tardif repas familial. Si les villes sont comme engourdies et les administrations fonctionnent au ralenti, les échoppes et surtout les marchés grouillent de monde jusqu'à l'heure du f'tour. Il faut que la table du ramadan soit bien garnie : boureks, chorba, fruits et pâtisseries... Mais quelle soif lorsque le ramadan tombe pendant un mois d'été ! Par égard envers ceux qui jeûnent, évitez de fumer, boire ou manger en public ! Les activités étant sensiblement ralenties, nous vous déconseillons de prévoir votre séjour en Algérie pendant cette période : les administrations ferment plus tôt, certains hôtels et magasins sont fermés et les jeûneurs affamés, en manque de café et de tabac, un peu sur les nerfs...
L'Aïd El-Seghir marque la fin du ramadan. Pendant ces trois ou quatre jours de fête, toute activité est paralysée !
Le moussem est une célébration religieuse régionale, organisée à date (à peu près) fixe autour d'un sanctuaire. Il est l'occasion d'un pèlerinage mais aussi de nombreuses manifestations folkloriques (foires, danses...) autour desquelles se retrouvent les différentes tribus de la région.
Autrefois exclusivement liés aux commémorations de personnages saints, de nos jours les moussem ponctuent souvent la fin d'une récolte ou accompagnent un heureux événement survenu dans un village. Le nom est à rapprocher du mot " mousson " qui signifie " saison ".
Traditionnellement, le moussem débute par le sacrifice d'un animal (le plus souvent un taureau) face au sanctuaire qui abrite les ossements du marabout. Le sacrifice des animaux doit apporter la baraka, cette grâce que chacun appelle de ses voeux. Les moussems sont surtout célébrés dans l'ouest algérien et le plus important est celui de Béni-Abbès, sur la " route des oasis ".
Autres fêtes. Les jours fériés légaux sont le jour de l'An (1er janvier), la fête du travail (1er mai), la fête de la Révolution (19 juin), la fête nationale (5 juillet) et l'anniversaire de la Révolution (1er novembre).
Marabouts et saints. Le mot marabout vient de ribat, " contrat moral au sein d'un groupe religieux " et par extension " groupe " ; les mourabitines étaient donc les gens du ribat. Le plus célèbre ribat a été dirigé par Ibn Yacin, le fondateur de la dynastie des Almoravides (XIe siècle), en Mauritanie.
En 1492, les Andalous sont chassés d'Espagne par la Reconquista des Rois catholiques et gagnent les terres du Maghreb. Face aux envahisseurs portugais puis espagnols, tous chrétiens, les centres d'enseignement religieux (zaouïas) deviennent au XVe siècle et plus encore au XVIe siècle un pouvoir de substitution ; les marabouts quittent leur retraite et passent à l'action pour changer la société. En réaction à l'incurie des souverains zianides, le peuple fait de plus en plus appel au religieux et découvre les pèlerinages vers les tombeaux de saints. Le mouvement maraboutique est renforcé par l'arrivée des Ottomans. La société, jusqu'alors anarchique, se stabilise autour des marabouts et des chérifs, des chefs de noble ascendance, sans que l'autorité centrale ne reprenne le pas. D'où la citation populaire qu'on peut entendre dans l'ensemble du monde musulman : " Il n'y a pas de gouvernement, seule compte la parole des amis de Dieu. "
Les deux principaux ordres furent celui de la tariqa des Qadrya menée par el-Djilani (1078 à Bagdad-1166) et la tariqa des Chadelya de Ech Chadeli (1197-1258).
Le cercle, représentation idéalisée du corps humain, est la figure parfaite dont le centre symbolise l'unicité, le but final ou la vérité ultime (haqiqa). La circonférence du cercle représente l'apparent (ilm ed-dhabir), le monde visible régi par la charia, littéralement la route, celle qui indique les règles sociales ou religieuses communes aux pratiquants. Pour aller de l'extérieur du cercle vers le centre, chaque groupe mystique emprunte sa tariqa, sa voie, dévoilée au novice lors de son initiation. Le soufisme, par exemple, est une expérience intérieure guidée par la charia orthodoxe. Les soufis dépendent de maîtres qui doivent descendre du Prophète, le premier d'entre eux. Cette pratique est arrivée au Maghreb au XIIe siècle par l'intermédiaire de Choaïb ben Hoceïn Abou Medien El-Andalousi (né en 1127 en Espagne, mort en 1198 à Tlemcen).
La pratique de ces mystiques consiste en plus de prières, des louanges interminables de Dieu, des séances contemplatives menant à l'extase (" l'extinction en l'Un initial ") et quelques pratiques ésotériques. Mais, peu à peu, on reproche au mouvement d'être gâté par les mou'jizat, des miracles et un fatras de superstitions éloignées du principe charismatique (karamat).
Quand il est devenu officiel par la volonté de Constantin en 323 apr. J.-C., le christianisme avait déjà séduit suffisamment de Berbères pour que des dissidents se regroupent et entraînent un schisme entre les donatistes qui n'acceptent pas la domination de Rome sur l'Eglise et les chrétiens fidèles à leurs évêques dont saint Augustin qui, après sa conversion, s'emploiera à combattre toute forme d'hérésie. L'évêque d'Hippone meurt pendant le siège de sa ville par les Vandales, des envahisseurs européens qui, au cours de leur conquête dévastatrice, lancent une campagne de persécution contre les chrétiens. La foi perdure cependant dans les massifs montagneux, notamment dans les Aurès, plus difficiles d'accès. En 647 apr. J.-C., quand les Arabes arrivent en Afrique du Nord, porteurs d'une nouvelle doctrine religieuse, ils trouvent un territoire relativement affaibli par les luttes contre les Byzantins qui avaient rêvé de reconquérir l'ancienne puissance de l'Empire romain et Berbères résistants. L'islam porte alors un coup fatal aux croyances établies dont le christianisme ; il reviendra avec la colonisation.
A partir de 1830, nombre de mosquées sont transformées en églises quand on n'en construit pas de nouvelles, et les cloches atténuent l'appel à la prière du muezzin.
Quatre grands centres religieux réunissent les fidèles en pèlerinages : Santa Cruz à Oran, Notre-Dame-d'Afrique à Alger, la basilique Saint-Augustin à Annaba et l'ermitage du Père de Foucauld à l'Assekrem (Tamanrasset). Toujours dédiés au culte catholique et plutôt en bon état quoi qu'on en dise, ces lieux saints sont fréquentés par une communauté composée d'Africains immigrés, d'Européens en déplacement pour leur travail ou de touristes qui perpétuent la tradition du pèlerinage, religieux (Annaba, Tamanrasset et Tibhirine) ou plus sentimental (Oran et Alger).
Le territoire est découpé en quatre évêchés (Alger, Constantine, Oran, Laghouat). L'évêque d'Oran est actuellement Jean-Paul Vesco, il a orchestré de manière remarquable les travaux de restauration du site catholique de Santa Cruz à Oran.
Les premiers juifs sont probablement arrivés après la chute de Jérusalem en 70, consécutive aux révoltes contre la domination romaine. Mais la plupart d'entre eux ont foulé la terre d'Afrique après avoir été chassés d'Europe par les persécutions qui commencent au XIVe siècle. Plutôt bien intégrés, les juifs vivaient le plus souvent dans les villes où on leur demandait tout de même de se rassembler au sein de quartiers dédiés à partir du XVIIIe siècle.
Quand les Français s'installent en Algérie, on compte quelque 32 000 juifs. Les synagogues, qui ne sont plus fréquentées par les pratiquants, qui ont dû quitter le pays à l'indépendance, sont fermées, et pour la plupart laissées à l'abandon. Oran comptait une des plus importantes communautés juives d'Algérie, notamment dans le quartier juif, le Derb aujourd'hui relativement délabré. L'ancienne synagogue d'Oran, aujourd'hui une mosquée, est cependant encore debout et relativement bien préservée.
Dans la religion musulmane, on parle de calendrier de l'Hégire, en référence à la date à laquelle Mahomet s'enfuit de La Mecque pour se réfugier à Médine. La première année de l'Hégire commence donc le 16 juillet 622.
L'année est partagée en douze mois, mais ceux-ci sont alignés sur le mouvement de la lune et non celui du soleil. Ainsi, les mois durent 29 ou 30 jours, et une année lunaire dure 354,5 jours en moyenne, contre 365,25 jours en moyenne dans le calendrier solaire, soit une différence de 10,75 jours. Chaque jour commence non pas à minuit mais immédiatement après le coucher du soleil.
Pour déterminer l'année de l'Hégire dans laquelle nous sommes, il nous suffit donc de résoudre l'équation suivante :
Année de l'Hégire = (année grégorienne - 622) /0,97. Ainsi : (2017 - 622) /0,97 = 1438. Nous sommes donc en 1438 selon le calendrier de l'Hégire.
De même, le nouvel an musulman se situe chaque année 10,75 jours avant celui de l'année précédente dans le calendrier grégorien.
Charia. La loi canonique de l'islam, régissant la vie religieuse, politique, sociale et individuelle. Elaborée au cours des premiers siècles de l'islam, la charia a plusieurs sources : le Coran ; la sunna ou la Tradition ; les hadith qui recueillent les propos du Prophète et de ses compagnons. En outre, s'est greffée la jurisprudence, le fiqh, le droit élaboré par les docteurs de la Loi, pour ajuster les textes sacrés aux différents contextes culturels.
Coran. Livre sacré des musulmans, parole d'Allah transmise à Mahomet par l'archange Gabriel. Il est écrit en arabe et se compose de 114 chapitres, ou sourates. C'est un recueil de dogmes et de préceptes rituels moraux, fondement de la civilisation musulmane et de la loi de l'islam.
Djinn. Selon la conception musulmane, esprits malfaisants formés d'une flamme et d'une vapeur, imperceptibles à nos sens et doués d'intelligence.
Hadith. Commentaires, paroles ou actes du prophète Mahomet. D'abord rapportés de façon orale, les recueils les plus importants furent constitués au IXe siècle. Les hadith font autorité, après le Coran, en matière de foi islamique.
Haram. A l'origine, " haram ", qui signifie " interdit ", désigne un lieu, un espace privé, un périmètre dont l'accès est interdit comme les appartements des femmes dans les pays musulmans.
Hidjab. Tenue islamique correcte, littéralement " celui qui empêche de voir ". A l'origine, toute chose (tissu, enceinte, paravent) qui cache, qui empêche de voir, qui fait barrière en rendant impossible le contact entre deux choses. La nudité s'étend à tout le corps, exception faite du visage, des mains et des pieds partant du dessous du tendon d'Achille. Pour l'homme, la nudité englobe toute la partie du corps s'étendant du nombril jusqu'au-dessous des genoux, une région qu'il ne convient de montrer à personne, homme ou femme.
Imam. Littéralement " celui qui se tient devant ", pour conduire la prière et donner l'exemple aux fidèles.
Islam. Littéralement " abandon ".
Muezzin. " Celui qui lance l'appel à la prière ". Fonctionnaire d'une mosquée chargé d'appeler, du haut du minaret, aux prières quotidiennes de l'islam. Le premier muezzin était Bilal.
Ouléma. Docteur de la charia chez les sunnites.
Polygamie. Au temps du Prophète s'opposaient deux tendances contradictoires : l'une favorable à la polygamie, l'autre à la monogamie. Tandis que la polygamie était défendue par des hommes attachés à la tradition de leurs ancêtres, la monogamie était revendiquée par des femmes éminentes. Célèbre est le cas de Khadidja, la première épouse du Prophète qui obligea son époux à vivre en monogame jusqu'à ce qu'elle meure. Elle fut suivie par sa belle-fille, la propre fille de Mahomet, Fatima, qui imposa elle aussi la monogamie à son époux Ali, cousin, gendre, ami et compagnon du Prophète. Aussi, Ali est-il le monogame le plus célèbre de l'islam, le mari le plus fidèle et le seul calife sans harem.
Soufisme. Courant ascétique de l'islam qui privilégie le rapport mystique et affectif avec Dieu. Le terme dérive de l'arabe suf (" laine ") dont étaient faits les vêtements portés par les soufis.
Sunnites. Les successeurs de Mahomet sont élus alors que le shiisme les reconnaît par hérédité.
Verset. Chacune des divisions numérotées d'une sourate (chapitre) du Coran.
Hidjab : littéralement " celui qui empêche ". Le Coran opère sur plusieurs registres où se mêlent sacré, masculin et féminin, voile et corps. Le hidjab est écran de protection, c'est pourquoi la faute est " hidjab " entre le croyant et Allah, tout comme la dévotion est " hidjab " entre le croyant et l'enfer. Aux premiers temps de l'islam, la claustration par le hidjab n'existait pas. Lorsque le Prophète se réfugia à Médine, les moeurs étaient plus relâchées que ce qu'elles étaient à La Mecque. Mahomet fut alors pressé par les membres de son entourage afin que le hidjab soit institué pour les femmes. " O, Prophète, dis à tes femmes, à tes filles, aux femmes des croyants d'abaisser sur leur front leur hidjab, on les distinguera par là, et elles ne seront pas exposées à des insultes. "
Il fallut attendre trois siècles après Mahomet pour qu'un imam impose à toutes les femmes le port du voile, comme l'avait fait le Prophète pour ses seules épouses. En effet, le port du voile, antérieur à l'islam, était initialement l'apanage des femmes de haut rang. D'ailleurs, dans la plupart des civilisations du pourtour méditerranéen, les femmes d'un certain rang se démarquaient des esclaves en se couvrant la tête. L'Ancien comme le Nouveau Testament évoquent des femmes voilées. L'injonction chrétienne faite aux femmes, encore aujourd'hui, d'avoir la tête couverte, au moins lorsqu'elles sont à l'église, s'est imposée en Italie comme en Espagne, mais aussi en Corse, en province et même en Bretagne où les coiffes remplaçaient le foulard. La femme voilée est un objet de vénération. Elle est dans un état de grâce divine, inaccessible. Les religieuses " prennent " définitivement le voile en prononçant leurs voeux. La mariée porte un voile le jour du sacrement du mariage. Et, jusqu'à récemment, les voiles du deuil annonçaient que celle qui les portait était mise à part, comme pour un temps hors du monde...
Dans le monde islamique, à l'époque des califes abbassides très rigoristes, le patriarcat et la stricte séparation des hommes et des femmes font que le voile contribue largement au maintien de la femme dans une sorte de réclusion. Quoique sacralisé par le Coran, ce vêtement n'est pas une invention de l'islam, mais l'héritage d'une longue tradition proche-orientale.
En 1923, la présidente du mouvement féministe égyptien rejetait officiellement le voile au profit du foulard. Deux ans plus tard, Mustafa Kemal en Turquie partait en guerre contre le hidjab. En 1928, le shah d'Afghanistan suivit son exemple, tout comme son homologue d'Iran. Mais, chaque fois, la rue manifesta son opposition à l'abandon du voile. Plus tard, la montée en puissance des fondamentalistes joua de ce symbole qu'est le voile pour affaiblir des régimes coupables de s'être " vendus à l'Occident ".
L'islam
Mahomet de Maxime Rodinson, Seuil poche, 1994. L'indispensable première lecture pour approcher l'islam.
Qu'est-ce que l'islam de Rochdy Alili, La Découverte, 1996.
L'Islam d'Anne-Marie Delcambre, La Découverte, 2001.
Islam, les questions qui fâchent de Bruno Etienne, Bayard, 2003.
Le Choc de l'islam : XVIIIe-XIXe siècles de Marc Ferro, Odile Jacob, 2002. Modernisme et islam.
Manifeste pour un islam des Lumières, 27 propositions pour réformer l'islam de Malek Chebel (Hachette Littérature, 2004), L'islam, passion française : une anthologie de Malek Chebel (Bartillat), Dictionnaire amoureux de l'islam, Plon, 2004, etc.
Le Coran d'Azzedine Guellouz, Flammarion Dominos, 2001. Une réflexion sur la " légitimité de l'origine " du Coran.
Ramadan : au coeur d'un rite d'Angela Grünert, La Martinière, 2001.
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