Leitfaden Setouchi : Mode de vie
Le Japon compte parmi les pays enregistrant l'un des plus faibles taux de natalité au monde. Le taux actuel est de 7,87 pour 1 000 habitants contre, 12,83 en France, 14,18 aux Etats-Unis, 22,22 en Inde. Les femmes japonaises ont en moyenne 1,22 enfant, contre 1,98 en France, 2,1 aux Etats-Unis, 2,8 en Inde. Ce taux ne permet donc pas le renouvellement des générations. Sans une immigration importante ces prochaines années, la population japonaise ne va cesser de décroître. Depuis plusieurs années, l'Etat encourage les couples à faire des enfants, en offrant aux parents une prime.
Prénoms typiques. Au Japon, les prénoms se composent, d'où une très grande variété dans le genre. Ceci dit, il existe bien plus de prénoms féminins que masculins. Pour les filles, beaucoup d'entre eux intègrent " ko " (" enfant "), Yuriko, enfant de lys, Utako, enfant de la mélodie mais aussi le " mi " (" beau " en chinois) Michiko, bel enfant sage, Miharu, beau printemps ou encore " ri " (" règle " en chinois) comme Fuminori, règle de la littérature, de l'écrit.
En famille. Mitsugo no tamashi, hyaku made, ou " L'âme des trois premières années dure jusqu'à 100 ans "... Ce dicton est dans la conscience de tous les Japonais. Ces derniers pensent que les jeux sont faits entre la naissance et la troisième année. Pendant cette période, et d'ailleurs presque jusqu'à l'école primaire, les enfants ne sont soumis à aucun interdit ou règle sévère. Ils sont soignés plus qu'éduqués.
Ils doivent prendre plaisir à vivre. On essaie de faire en sorte, comme disent les Japonais, qu'il n'y ait pas de " trou " dans le coeur de l'enfant, que le lien affectif et physique comme son éloignement (émancipation des enfants) suive un processus bien rempli. Les petits enfants boivent tous au sein maternel, le biberon est traditionnellement peu répandu, mais se développe. Les Japonais dorment avec leurs petits dans le même futon.
A la maison, on apprend surtout aux enfants comment se tenir en société pour faire plaisir aux autres ou pour ne pas les gêner, et le relais est pris par l'école, ce qui donne une société paisible et agréable (mais en réalité de moins en moins selon les critères japonais).
La naissance. Désormais, surtout dans les villes, les choses relatives à l'accouchement se passent comme en Europe, mais de plus en plus de femmes refusent d'accoucher dans un hôpital. Ces Japonaises optent pour d'autres formes plus naturelles, gardant l'hôpital comme bouée de secours en cas de force majeure.
L'âge. Traditionnellement, un enfant qui vient de naître a un an. Il a passé dix mois dans le ventre de sa maman puisque la grossesse est estimée à 40 semaines à compter de l'apparition des dernières règles.
Si l'enfant est né en décembre 2012 par exemple, il aura 1 an ce jour-là, et on n'attendra pas décembre 2013 pour dire qu'il a deux ans, il aura deux ans dès le 1er janvier qui suit sa naissance ! Donc autrefois, tous les Japonais prenaient un an de plus chaque 1er janvier (système appelé kazoedoshi). Par conséquent un enfant né le 31 décembre, avait déjà deux ans le 1er janvier ! Aujourd'hui, la plupart des Japonais ont adopté le système occidental et fêtent les anniversaires.
L'adoption. Il est à noter qu'au Japon, l'adoption est encore une coutume très répandue. Un homme n'ayant pas d'enfant adoptera son élève ou le fils d'un de ses amis, ou le fils d'un de ses employés. L'adoption la plus courante est celle du gendre par le beau-père qui n'a pas eu de fils.
Le bébé est porté traditionnellement sur le dos avec un harnais ou attaché par une bande de tissu. Un certain nombre de fêtes égaiera les premières années de l'enfant jusqu'au célèbre Jūsan-mairi, fête qu'on observe plus particulièrement à Kyōto. Les parents et l'enfant se rendent pour ses 13 ans, le 13 mars ou le 13 avril, au sanctuaire.
L'orientation du MEXT (Ministry of Education, Culture, Sports, Science and Technology) répond au souci national de la globalisation. A l'ère de la mondialisation, on craint que le côté " co-harmonisateur " propre au tempérament des Japonais ne leur permette pas de bien communiquer sur la scène internationale.
A l'école primaire, les cours s'arrêtent à 14h ou 15h. L'Education nationale y prodigue un enseignement de base sur des manuels peu étoffés. Pour faire réussir leurs enfants aux examens, la plupart des Japonais sont attirés par les juku (petites écoles d'appoint) qui occupent les enfants l'après-midi ou dans la soirée.
Les universités d'Etat sont quasiment gratuites ou très bon marché alors qu'une université privée revient à un million de yens par an au minimum.
L'enfance. L'enfant japonais entre rapidement à l'école. Il lui faudra d'abord apprendre à vivre en communauté. Entre 2 et 6 ans, il va soit au jardin d'enfant yōchi-en ou au jardin éducatif hoiku-en. Le premier appartient au MEXT et le second au MHLW (Ministry of Health, Labour and Welfare).
Avec des instituteurs, il apprend à chanter et danser, puis à découper et plier. On l'initie à l'origami (technique de pliage), puis à développer des activités de groupe, ce qui n'est pas foncièrement différent d'une maternelle française.
Les crèches d'Etat sont moins chères, mais peu nombreuses. Des critères de sélection filtrent les candidats. Pour une Japonaise qui travaille, la crèche d'Etat est une dépense acceptable en fonction du revenu qu'elle pourra tirer de son travail, ce qui n'est plus le cas des crèches privées (entre 15 000 ¥ et 20 000 ¥ par mois pour les crèches d'Etat contre 60 000 ¥ environ pour les privées).
Après l'école maternelle, l'enfant entre à l'école primaire (shōgakkō) où il passera six ans. Il devra apprendre progressivement les 1 945 caractères et les 152 signes des syllabaires hiragana et katakana, ce qui n'est pas une torture contrairement à ce qu'on pourrait croire. Le japonais est une langue très intuitive. La calligraphie et l'utilisation du soroban (boulier, pour calculer) lui sont également enseignées. Un enseignement pour lui expliquer le fonctionnement d'Internet lui est également dispensé. Des cours sont également donnés pour apprendre à écrire le rōmaji (les caractères romains).
Il faut toujours se déchausser pour entrer dans une classe et on enfile des espadrilles simples de couleur blanche (les uwabaki). Au début de chaque semaine, un thème est choisi et travaillé, creusé et mis en valeur. Le nettoyage est assuré par les élèves.
Les cours durent 50 minutes et 10 minutes sont consacrées à la pause. La semaine se déroule du lundi au vendredi. Les élèves déjeunent sur place, dans leurs classes ou dans des réfectoires.
L'année scolaire commence en avril et s'interrompt vers le 20 juillet. Les vacances durent jusqu'à la fin du mois d'août. Petite coutume japonaise, pendant cette " longue " période de plus de quarante jours, les écoliers qui ont le courage de se lever tôt vont participer à la gymnastique du matin à la radio, avec les gens du quartier ou du village (rajio taisō vers 6h30 !). Ils se font mettre un cachet chaque jour sur le livret et à la fin, ils peuvent recevoir une récompense. De septembre à la fin décembre, l'école reprend sans interruption. Les vacances d'hiver durent une quinzaine de jours. L'école reprend alors vers le 6 ou 7 janvier pour s'achever fin mars.
L'adolescence. A la fin de l'école primaire, l'enfant entre au lycée pour trois ans, ce qui le mène à 15 ans, âge jusqu'auquel l'école est obligatoire. A ce niveau, les études supérieures dureront encore trois ans avant l'université. Il faudra, pour y être admis, passer un concours d'entrée et travailler quatre ans de plus pour passer le premier diplôme.
A l'âge de 12 ans, l'apprentissage de l'anglais commence, mais la plupart des professeurs sont japonais. Chaque lycée (chūgakkō) encourage la formation de clubs dirigés par les élèves et encadrés par les professeurs : langues étrangères (anglais) ou musique, botanique, art martial.
Au terme des neuf ans d'études, il faut passer un concours d'entrée pour être admis au lycée de cycle secondaire (kōtōgakkō). Les lycées sont publics ou privés. Un nouveau costume est alors revêtu. Il faut désormais se préparer pour le certificat d'études secondaires.
La fin du lycée est sanctionnée par un diplôme simple, qui n'a pas la valeur de notre baccalauréat. Un examen d'entrée sélectionne les étudiants à l'université. Pendant ces trois années, le lycéen développera les matières qu'il lui faudra approfondir à l'université.
A la fin de ses études secondaires, le jeune Japonais ne sait pas parler de langue étrangère malgré les six ans d'apprentissage assidu qui auront été nécessaires, non pour parler, mais pour écrire et répondre à des QCM que l'on retrouvera tout au long du cursus universitaire.
L'étudiant. Le nouvel étudiant fait partie des 2 800 000 étudiants répartis dans les 450 universités privées ou publiques. Les universités d'Etat sont beaucoup moins onéreuses que les universités privées (de 950 à 1 600 € par mois), mais le concours d'entrée est extrêmement sélectif.
Les étudiants habitent chez leurs parents, ou dans des pensions ou autres logements bon marché payés par les parents quand l'université est éloignée de la maison familiale. Devenus subitement libres, les jeunes sont happés par l'univers de la grande ville.
Durant leurs études, ils font souvent de petits travaux (arubaito, d'Arbeit en allemand) et peuvent glisser vers des formes de revenus inconnues des parents.
La vie universitaire est également l'occasion d'adhérer à des clubs ou associations diverses, qui deviendront plus tard le foyer des rencontres professionnelles à l'instar des grandes écoles européennes ou nord-américaines. Une fois sorti diplômé d'une université d'Etat ou privée, toutes deux en relation directe avec les grandes entreprises, l'étudiant devra chercher un travail.
Education par une activité collective. Il faut souligner un autre aspect de l'éducation souvent oublié. La plupart des Japonais adultes pratiquent une activité le week-end, poursuivant un but de formation de l'individu. Pour certains, ce sera simplement le fitness club ou le jogging, pour d'autres les arts martiaux, la cérémonie du thé, la lecture des textes anciens, les cours d'anglais ou de musique ou le gate-ball (sorte de croquet) pour les personnes âgées.
La maison japonaise traditionnelle est en bois et la charpente est assemblée sans un seul clou ou pièce métallique. Reste qu'à Tōkyō, le manque d'espace ne favorise pas la prolifération de ces constructions. Détruite aux deux tiers lors de la Seconde Guerre mondiale, la capitale nippone s'est principalement reconstruite en béton. En termes de loyer, Tōkyō est l'une des villes les plus chères du monde. Régulièrement classée dans le top 3 avec Londres et Moscou, la capitale nippone connaît des prix de loyer élevés. Avec un loyer moyen supérieur à 3 000 euros par mois pour un trois-pièces (70 m²) non meublé, Tōkyō reste l'une des villes les plus chères du monde.
Sous l'ère Meiji, le service militaire est devenu obligatoire en 1873, avant d'être retiré de la constitution après la Seconde Guerre mondiale. Les Forces japonaises d'autodéfense (jieitai) constituent la défense japonaise. Il s'agit d'une armée professionnelle depuis 1954. L'article 9 de la Constitution assure que " le Japon renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la Nation ". Pas d'arme nucléaire, donc, dans l'archipel, même si officiellement le pays s'autorise une armée capable d'assurer sa défense.
Toutes les opportunités sont bonnes pour faire que l'occasion du moment soit un bon moment. Comme le dit cette phrase qui vient de la cérémonie du thé, " Chaque moment est une rencontre ". On ne sait pas toujours très bien comment faire, mais tout moment est propice pour que les choses se fassent bien.
Il y a façon de faire et les références sont là. Il n'y a donc pas de démarcation bien nette entre ce qui est ennuyeux (le travail par exemple) et ce qui commence à être ludique. Les Japonais ont le sourire.
Un cliché est à faire tomber à ce niveau-là, même si comme pour toutes les mégapoles, les habitants des grandes villes japonaises passent beaucoup de temps au travail. Mais, ils ne passent pas tout leur temps à ça. Les Japonais ne disposent en moyenne que de deux à trois semaines de congés payés par an. Mais il faut y ajouter une ou deux semaines de Golden Week, en début d'année et au printemps.
L'activité et le bonheur. On aurait tendance aussi à utiliser le terme de travail pour parler de la vie des Japonais, mais " activité " convient mieux. Pour les Japonais, le travail est une activité qui donne de l'animation. Une saine animation dans le travail, le sport, l'étude ou autre est synonyme de bonheur. Ainsi, il est un peu faux de dire que les Japonais aiment travailler. Ils aiment être animés dans le travail, comme dans le reste de leurs activités. Un travail qui manque d'animation ou une " planque " ne les intéresse pas en général.
Retraite. Le système japonais des pensions de retraite repose sur le principe simple que la population des cotisants est supérieure à celle des bénéficiaires. Le gouvernement a récemment fait passer l'âge de départ à la retraite de 60 à 65 ans.
Le Japon est l'un des pays industriels record en matière de vieillissement de la population. En plus, les ménages japonais ont une progéniture de plus en plus réduite. Il va sans dire que le principe décrit ne peut plus fonctionner à terme.
Cette absence de fonds a été accentuée par leur utilisation abusive par les agences gouvernementales à des fins douteuses. Récemment, de plus en plus de Japonais se refusent à payer leurs pensions de retraite (40 % de la population japonaise ne cotise pas). C'est dans ce contexte que l'administration étudie aujourd'hui la possibilité d'augmenter la taxe à la consommation (elle est de 5 % actuellement) pour financer les retraites. En 2014, la barre des 12 millions de Japonais ayant plus de 75 ans a été passée...
Pour presque tous les Japonais, la retraite est le moment où ils font appel à l'épargne qu'ils ont engrangée pendant leur vie active. On fêtera les 66, 77 et 88 ans, car l'espérance de vie du Japonais est l'une des plus élevées du monde (79 ans pour les hommes et 86 pour les femmes).
Les funérailles. Pour le Japonais, l'annonce d'un décès implique qu'il participe soit à la veillée (otsuya) ou aux funérailles mêmes. Il pourra avoir un congé immédiat de son employeur. Selon la tradition, juste avant la mort, on humecte les lèvres du mourant. Le corps est ensuite lavé et revêtu du Kyōkatabira. On commence par l'inscription du nom posthume du défunt par un religieux. La tablette sur laquelle il est écrit est placée devant une photographie posée sur un autel. Le corps est disposé à plat, tête au nord, pour la veillée. Tout au long de la cérémonie, on brûle des bâtonnets d'encens.
Lors de l'otsuya, le cercueil est dans la maison de la famille. Les proches viennent s'y recueillir et exprimer leurs condoléances à la famille proche. Souvent, une petite enveloppe (o-kōden) contenant une somme modique est remise à la famille. On pourra participer également aux funérailles, en général le lendemain ou dans les jours qui suivent. Après le discours d'une personne, le corps du défunt est incinéré. Ensuite, les cendres et quelques ossements sont extraits du four et les personnes présentes sont invitées à saisir des ossements avec des baguettes, à les passer à son voisin pour qu'il les mette dans l'urne où les cendres seront conservées par la famille.
Le rite. Aux côtés du défunt, quelques offrandes comme du riz, du sel, de l'eau, ont été disposés. Le prêtre récite des sūtras. La levée du corps a lieu après la veillée : il est alors placé dans un cercueil de bois de cyprès et incinéré. Les proches parents recueillent cendres et ossements dans des urnes qui seront exposées dans leurs maisons respectives à côté de la photographie du défunt le temps d'un deuil de 49 jours, au cours duquel la famille s'abstiendra de réjouissances. Passé ce délai, l'urne est placée dans un cimetière. En théorie, un service doit d'abord être célébré tous les sept jours ; puis le premier jour à l'occasion des troisième, septième, treizième, dix-septième et trente-troisième anniversaires.
Les Japonais utilisent quatre écritures pour indiquer des adresses, des panneaux de signalisations, toutes sortes d'informations nécessaires à la localisation d'un lieu dont vous êtes à la recherche : ces quatre types de signes sont les hiragana, les katakana, les kanji et parfois le rōmaji, qui correspond lui à l'alphabet romain, celui que nous utilisons. Bien souvent, dans des petites localités, à la campagne ou à la montagne, les rues, les panneaux d'indications, ne sont pas écrits en rōmaji. Doit-on pour autant soustraire de bons établissements de votre guide du seul fait que les indications ne soient qu'en japonais ? Nous ne le pensons pas ! Voilà pourquoi nous nous efforçons de gommer cette difficulté en vous indiquant l'adresse du lieu-dit par des subterfuges du style " en face de la gare " ou " à côté de la poste ".
Chaque année, ce sont environ 700 000 couples japonais qui se disent oui. Si le Japon reste un pays dont la culture et les traditions sont très présentes et encore respectées, il est surprenant d'apprendre que 70 % des mariages sont célébrés par une cérémonie catholique. Plus de deux tiers donc des couples passent devant le curé alors que seuls 13 % sont des mariages shintoïstes, 1 % bouddhistes et 15 % publics. Pour quelqu'un qui n'est jamais allé au Japon, cela peut paraître étrange. La religion catholique ne représente que 1 % bien loin derrière le shintō et le bouddhisme et 75 % des Japonais se déclarent sans religion. Et pourtant, les chiffres sont là. Explication : la cérémonie catholique made in Japan est bien différente de celle pratiquée en Europe par exemple. Très peu de Japonais le savent, mais le prêtre qui célèbre leur union n'est en rien un prêtre. La plupart du temps, il s'agit d'un étranger résidant au Japon et qui pour gagner un peu mieux sa vie travaillera quelques heures supplémentaires le week-end comme prêtre pour mariages sur recrutement d'agences.
Le jour du calendrier. Il faut savoir que les Japonais font extrêmement attention aux jours du calendrier. Outre les jours comme le calendrier occidental, le calendrier japonais est divisé en cycles répétitifs de 6 jours qui correspondent chacun à un jour plus ou moins bon. Par ordre de félicité : Taian (grande sécurité) est le meilleur jour, celui qui sera prioritaire pour fêter un grand événement, Tomobiki et Senshō sont des bons jours, Senpu, Chakko, Butsumetsu sont des mauvais jours. Par conséquent, étant donné que le mariage se célèbre le plus souvent le week-end et qu'il est préférable de choisir un bon jour (de préférence Taian), et que celui-ci n'apparaît qu'une fois tous les 6 jours, il est difficile de réserver son sanctuaire en s'y prenant tardivement.
La cérémonie shintō. Les invités des deux mariés arrivent dans une salle de réception. Ceux du marié sont dirigés dans une pièce et ceux de la mariée dans une autre salle à côté, en attendant que les amoureux se préparent. Elle, est déjà là depuis deux heures, se faisant coiffer, maquiller et habiller de son kimono blanc (shiromuku). Elle a auparavant choisi le style de chapeau (watabōshi) et de perruque qu'elle va porter.
Lui, est arrivé un peu après elle, son habillage ne prenant que 20 minutes. Un pantalon uni ou à rayures (hakama), large, plissé (sept plis, cinq devant et deux derrière), muni d'un dosseret rigide (koshi ito) qui ressemble plus à une jupe qu'à un pantalon. Il a revêtu son kimono (blanc ou noir) et va rejoindre ses invités en attendant que son élue soit prête. Pendant ce temps-là, la personne en charge de la cérémonie vient faire les dernières recommandations et expliquer quand et comment boire le saké au marié et à ses parents. C'est prêt, on vient annoncer que la mariée est arrivée et que la cérémonie va pouvoir commencer.
Les futurs mariés se dirigent vers une pièce tout en longueur où sont disposées des chaises des deux côtés. Les invités du marié prennent place à droite, ceux de la mariée à gauche. La mariée présente à l'ensemble, chacun de ses invités, puis c'est au tour du marié. Petite séance photos, et tout le monde se dirige vers le sanctuaire, les futurs mariés en tête.
Arrivés au sanctuaire, ces derniers s'assoient sur un petit banc tandis que les invités s'assoient sur des chaises, à gauche pour les invités de la mariée et à droite pour ceux du marié.
Les invités sont disposés à la perpendiculaire des mariés. Le prêtre shintō - authentique, lui - arrive, explique l'union qui sera sacrée dans quelques instants et invoque la bénédiction divine (kami-sama). Les prêtresses qui assistent le prêtre apportent alors le saké. Les mariés boivent tour à tour trois coupelles en trois gorgées, en commençant par l'homme. C'est ensuite aux parents des mariés de boire le saké (une coupelle en trois gorgées). Les futurs époux lisent alors ensemble un texte se promettant de s'aimer, puis se dirigent vers une autre partie du sanctuaire, accompagnés du prêtre et des prêtresses pour prier.
La cérémonie s'achève avec le retour vers la salle de réception ou tout le monde sera alors dirigé vers la salle de banquet pour le repas. Pendant le repas, les jeunes mariés n'auront pas de temps libre, passant des séances photos aux différents habillages, au speech ou encore à la découpe du gâteau. La mariée tronquera son kimono blanc pour un kimono rouge ou noir (en général), l'uchikake, et se transformera au milieu du repas en mariée traditionnelle occidentale dans sa longue robe blanche, tandis que son époux revêtira un costume classique.
Difficile de dire qu'au Japon, les hommes et les femmes jouissent des mêmes libertés, même si les jeunes générations actuelles conviennent qu'il n'y a " pas trop de différences " d'un sexe à l'autre. Traditionnellement considérée comme impure, la gent féminine est pourtant loin de bénéficier des mêmes droits que ceux de la gent masculine. Pas forcément étonnant quand on sait que le parlement japonais n'est composé que de 9 % de femmes, un des taux les plus faibles des pays développés.
Dans les foyers japonais, un peu moins à Tōkyō où beaucoup de femmes ont une activité professionnelle très prenante, les rôles sont encore clairement répartis. La femme japonaise est connue pour gérer l'argent du foyer, s'occuper de sa gestion, de l'alimentation de la famille et de l'éducation des enfants.
Le cliché tend à se réduire grâce aux études. La proportion de femmes accédant à des diplômes significatifs est de plus en plus grande. Malheureusement, beaucoup de familles hésitent à investir dans l'éducation universitaire de leur fille, alors qu'elles ne le feraient pas forcément pour le garçon. Les filières les plus prisées concernent l'univers social, littéraire, sanitaire et artistique (décoration). Seulement 15 % des Japonaises ont la chance de découvrir l'univers des études d'un niveau supérieur au bac +2. Les filles ont toujours choisi des formations courtes. Depuis l'enfance, une séparation est effectuée entre garçon et fille. Dans les écoles mixtes, l'appel se fait sur deux listes, une pour chaque sexe. Les garçons sont toujours appelés en premier...
Sur le marché du travail, les inégalités sont plus frappantes. Selon les associations féministes, une femme touche en moyenne 50 % de moins qu'un homme pour la même tâche, contre 37 % en France en 2008. Aussi, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à occuper un emploi précaire. Beaucoup d'associations se plaignent également du manque de coordination entre le monde du travail et le système des crèches d'Etat (les crèches privées restant chères). Le décalage entre horaires de travail et horaires d'ouverture des centres d'accueil pour les enfants, limite les femmes dans leur recherche d'emploi. Rares sont les hommes dans ce cas, la femme étant toujours l'élément clé de la garde et de l'évolution des enfants. Pourtant au Japon, la nationalité nippone est donnée par le sang du père et moins facilement par celui de la mère !
Les femmes possèdent le droit de vote au Japon depuis l'administration américaine de 1945, et le droit à l'avortement est reconnu depuis 1948. Chaque année, près de 350 000 femmes subissent une IVG, ce chiffre augmentant chaque année...
Comme pour toutes les grandes capitales des pays développés, Tōkyō possède son quartier gay, Ni-chōme à Shinjuku, où l'homosexualité ne connaît aucun problème pour s'exprimer. D'une manière générale, les gays et lesbiennes peuvent se balader dans les rues de la capitale sans rencontrer le moindre problème. Les autres grandes agglomérations japonaises présentent les mêmes caractéristiques, qui se font plus rares dans les régions plus rurales.
Dans l'Antiquité et à l'époque féodale, les personnes qui entretenaient des rapports homosexuels ne se cachaient pas nécessairement. Aujourd'hui, malgré l'affirmation sur la scène publique de l'homosexualité de certaines célébrités, elle n'est encore pas entrée dans les moeurs. Par conséquent, la communauté reste discrète. De nombreuses petites associations morcelées existent cependant pour défendre leurs droits. Preuve de la discrétion de la communauté, la gay pride de Tōkyō n'a jamais attiré plus de 5 000 personnes.
Peu sont les hommes politiques à afficher publiquement leur homosexualité. Kanako Otsuji fait exception. Elle s'est même mariée officieusement avec sa partenaire devant les caméras. Mais le mariage entre deux personnes du même sexe n'est pas reconnu au Japon. L'adoption d'un enfant par les couples homosexuels n'est, elle non plus, pas autorisée.
Le trait d'union. On aurait tort d'utiliser le terme de famille pour comprendre le mode de vie des Japonais. En fait, même si les Japonais prennent soin de leur famille, ils entretiennent aussi des relations très diverses dans la société. Il faut vraiment qu'un parent soit exécrable et agressif pour que la fille ou le fils décide de ne plus faire l'effort d'entretenir la relation. Même si la partie émotionnelle existe entre les parents et les enfants, on aime bien prendre soin de ses parents, grands-parents, ou bien sûr l'inverse. Le fait de prendre soin va de pair avec l'affection naturelle pour ses parents ou vice-versa. Le contact corporel est important. Les jeunes époux dorment avec les petits dans le même futon et les Japonaises ont les enfants attachés traditionnellement sur le dos. Cette coutume s'est estompée avec l'arrivée des poussettes pliables.
Lien avec les ancêtres. Un petit autel dans la maison rappelle les ancêtres et l'on se recueille tous les ans sur le tombeau de famille. La relation oya bun ko bun (traduisible par " les anciens pour les nouveaux ") est présente dans toute la société japonaise. Des liens de prise en charge et de redevance entre les Hommes se tissent dans le cadre du travail ou des activités post-scolaires ou sportives.
Ce type de relation n'est pas contraignant comme on aurait tendance à le penser. Les Japonais y prennent plaisir, et celui qui est l'objet d'une attention en est ravi. C'est ce qu'on appelle la relation giri ninjō. Il y a beaucoup à dire sur le relationnel au Japon.
La soustraction. Bien que devenus soudain moins authentiques dans leur comportement ces dernières années, les Japonais ne recherchent pas la satisfaction ou le bonheur seulement dans un mieux-être, dans un plus de confort, ou dans l'augmentation de la marge bénéficiaire, même si ces préoccupations restent à l'ordre du jour puisque le Japon est entré dans le manège des pays industrialisés depuis 1868.
Dans son comportement, le Japonais cherche depuis toujours à enlever le superflu, à voir le fond des choses. Beaucoup d'architectes japonais sont d'ailleurs reconnus comme étant des minimalistes. Et ce qui est beau dans la danse traditionnelle japonaise Nihonbuyō, c'est l'absence de mouvement (le fait qu'on ne puisse pas identifier le mouvement). La base des arts martiaux anciens est d'éviter de mettre la force, mais plutôt de l'enlever pour créer le mouvement (de son adversaire).
Les Japonais préfèrent souvent laisser parler quelqu'un (un non-Japonais par exemple) qui a une forte conviction et veut avoir raison. Ils préfèrent se soustraire plutôt que d'argumenter ou d'avoir raison. Depuis la jeune enfance, le Japonais a appris qu'il a du travail à faire pour gommer les imperfections. Il pratique beaucoup en ce sens, et évite de mettre en avant ses qualités. Pour résumer, la société lui apprend ce qu'on appelle la modestie.
Ces quelques explications abstraites peuvent sûrement donner des pistes au voyageur un peu surpris de ce qui ressemble à un manque de personnalité ou à une apparente timidité de ses amis japonais.
Les images traditionnelles de l'attrait physique masculin : Iki et Inase. Iki et Inase sont deux mots qui définissent des allures de jeunes, principalement des hommes.
Iki recouvre trois images : raffiné (dépouillement), une aura qui dégage de l'énergie, et un physique érotique. C'est probablement la combinaison de ces trois qualités qui font craquer les Japonaises. Ces trois qualités sont décrites dans un livre : Structure de Iki (Iki no kōzō, écrit par Shūzō Kuki).
Inase recouvre à peu près la même nuance que Iki, mais avec l'image d'un jeune sur la voie de la réussite sociale, un jeune qui a le vent en poupe. Inase est la combinaison de inase, nom d'un poisson et de " se " (le dos ou l'aileron).
Ina est la seconde phase de croissance de bora (au Japon, le même poisson a des noms différents selon l'étape de sa croissance). Bora commence à être oboko, puis ina, puis bora et enfin todo. Ina c'est donc un jeune homme dans la plénitude de sa croissance, comme on peut le voir par des " mèches de cheveux dans le vent " (se). Inase-na otoko (otoko : homme) est un jeune homme iki, qui a de l'avenir.
Coexistence de la contradiction. Voici quelques exemples de contradiction. Il y a ce qui est dit (tatemae) et ce qui est pensé au fond (honne). A Kyōto, au sein du Pavillon d'or, est parfaitement visible, la magnificence même, alors que le Pavillon d'argent, évoque le dépouillement qui achemine au coeur des choses. Le grand sanctuaire d'Ise est dédié à la cour impériale des Yamato, mais la même cour a édifié un sanctuaire pour ceux qu'elle a vaincus, celui d'Izumo. Haji veut dire la honte et la confusion, mais le fait d'avoir cette attitude permet de ne plus avoir honte !
Les Japonais ont été les alliés des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, mais ont offert l'exil provisoire à plusieurs milliers de juifs par l'intermédiaire de son consul en Lituanie. L'unité qui exprime l'espace (ma) exprime aussi le temps.
Le Japon a souvent été qualifié de pays de la contradiction. C'est vrai, mais n'est-il pas possible de dire plutôt que le Japon fait coexister les contradictions, et que cela mène au résultat... qu'il n'y a plus de contradiction ?
La mode. Ce n'est un secret pour personne, les Japonais aiment la mode et font très attention à leur manière de se vêtir ou de se coiffer, surtout dans les grandes villes. Les grandes artères de Tōkyō sont un podium de défilé permanent. A côté des professionnels vêtus d'un traditionnel costume noir sur chemise blanche, ou des écoliers et universitaires qui portent un uniforme, il est possible d'admirer des tenues de styles différents, avec le plus souvent une touche d'extravagance, surtout chez les jeunes. Le quartier d'Harajuku au coeur de la capitale est bien connu pour accueillir les " gothiques colorés ". L'univers du manga, ces bandes dessinées nippones, influence largement la manière de s'habiller des citadins. De grosses chaussures noires, surélevées sur une semelle en caoutchouc de 10 centimètres d'épaisseur, maintiennent debout de petites jambes frêles enveloppées dans un collant zébré violet ou dans de grandes chaussettes rayées. De couleur de préférence. Au-dessus, une longue robe ou une jupe large viennent donner du volume à l'ensemble. En hiver, les épaisseurs ne se comptent plus. La veste s'appose sur un gilet, un chemisier, un tee-shirt, un polo... Il ne faut surtout pas oublier non plus les mitaines aux mains, hiver comme été, un accessoire dans les cheveux et un maquillage adéquat.
Les Japonais s'amusent à dire qu'ils naissent shintō, vivent en confucéens, se marient chrétiens et meurent bouddhistes. Cette attitude montre en tout cas que les sentiments de ferveur religieuse, de foi ou de " communion avec un Moi profond " ne font pas partie du vécu religieux habituel du peuple.
Officiellement vieux de vingt-cinq siècles, le shintō ou shintoïsme, est la religion indigène des Japonais, par opposition au bouddhisme, venu de Chine et de Corée. Il consiste dans le culte de la notion de Kami (voir plus loin). La mythologie du shintō fut retranscrite dans le Kojiki (recueil des choses anciennes) en 712 sur ordre de l'empereur et ensuite dans le Nihon shoki en 720. La lecture de ces deux ouvrages révèle une mythologie riche et imagée. Mais avant d'entrer dans le manège des divinités du culte, il est important de comprendre ce que Kami signifie pour le Japonais moyen qui ne connaît pas la mythologie.
Chose curieuse, le shintō est la seule religion du monde qui n'ait pas de Coran, de Bible ou autre Talmud, qui ne possède aucun précepte écrit, et où les sanctuaires n'ont pas de statues à l'image d'une divinité. Pourtant, tout Japonais a la perception intuitive de Kami, souvent appelé amicalement et honorifiquement " Kami-sama " dans la vie de tous les jours. Soutenue par aucun écrit, ni par une quelconque représentation, quelle est cette perception de " Kami (-sama) " ?
Devant (ou derrière) les manifestations naturelles, par exemple une rivière, un arbre, la colère, le ciel, la mort, la beauté, le rayon de soleil, le plaisir, le vent ou l'amour (mélange ici volontaire des choses dites matérielles et spirituelles car la différence existe moins dans la conscience nippone), le Japonais perçoit deux choses : l'événement, c'est-à-dire le phénomène en soi, et l'état d'une force qui fait que l'événement a lieu.
C'est la sensation du rapport entre " A - ce qui fait que ça existe " et " B - la manifestation de A " devant lequel s'instaure un sentiment de respect, de gratitude, le sentiment que l'être humain est peu de chose et redevable. Pour exprimer cette perception et le sentiment qui en découle, les Japonais utilisent le mot Kami. Une certaine résonance qui fait dire " ça vient de quelque part ".
Il est donc difficile de parler de divinités, de dieu (x), d'esprits ou de chamanisme. Il vaut mieux garder en tête le mot Kami ou Kami-sama et la perception qu'il recouvre.
Et comme le shintō n'implique aucun baptême, communion, interdiction, punition, connaissance écrite ou préceptes, il n'y a que la force du lieu qui compte, le sanctuaire. On ne parle jamais de mythologie dans un sanctuaire shintō, et il n'y a pas de messe le dimanche.
Le danger pour un Occidental dans sa compréhension du shintō (comme du Japon), vient de sa faculté à ramener des choses simples à des concepts beaucoup plus élaborés qui lui sont familiers : le chamanisme, les esprits, l'âme des choses, l'inhibition, le symbolisme phallique, l'animisme... Ces images nées des capacités cérébrales de chacun, vraies ou fausses, dépassent de mille lieues la " kami-ceptivité ", soit la sensation simple et entière d'un état de manifestation naturelle.
L'année 552 est la date d'introduction officielle du bouddhisme au Japon, année au cours de laquelle le roi du Paekche, en Corée, envoie une lettre à l'empereur Kimmei, du Yamato (Japon), en lui demandant de l'aider à contenir les visées expansionnistes de son voisin, le souverain de Silla. Cette lettre lui explique aussi les mérites du bouddhisme et est accompagnée d'une magnifique sculpture de Bouddha en or et en cuivre, et de plusieurs volumes de textes bouddhiques. À cette époque, Yamato compte une colonie en Corée, le Minama. Il est probable que le bouddhisme avait déjà fait son apparition depuis plusieurs décennies, au gré des échanges commerciaux et politiques.
En 562, les Japonais sont obligés d'abandonner leurs fiefs de Corée et emmènent avec eux bon nombre d'artistes et de religieux coréens qui fuient la guerre.
Le bouddhisme, entre ainsi dans l'Empire d'une manière officielle, mais va bientôt se heurter à l'opposition des shintō. Seule la noblesse se convertit avec quelques clans qui redoublent de rivalité avec les clans shintō. Le bouddhisme est non seulement une religion, mais aussi une série de principes de pensée et de gouvernement qui permettent de trouver des solutions politiques aux problèmes soulevés dans le Yamato.
Deux clans s'opposent radicalement : le clan bouddhique mené par les Soga et le clan shintō représenté par les Nakatomi : bukkyō contre shintō. En 587, le clan Bukkyō réussit à évincer le clan shintō et gagne la confiance de la cour impériale et de la noblesse. Le régent Shōtoku Taishi parvient à imposer le bouddhisme comme religion officielle et renoue avec la Chine et la Corée.
Les Japonais penchent de plus en plus vers un syncrétisme, mélange des voies shintō et bouddhique, mais au début du VIIIe siècle, l'établissement de six sectes différentes à Nara engendre une divergence doctrinale. Six textes sont écrits : le sanron-shū, le kusha-shū, le hossō-shū, le jōjitsu-shū, le kegon-shū et enfin le ritsu-shū. Pendant ce temps, la colossale statue de bronze du Daibutsu à Nara dans le temple Tōdaiji, est érigée.
Cent cinquante ans plus tard, l'empereur, soucieux de s'affranchir des six sectes de Nara qui ont pris un poids politique important, envoie des missions en Chine afin qu'on ramène des doctrines nouvelles. En 805, le moine Saichō revient du mont Tendai et fonde son monastère sur les pentes du mont Hiei, la secte Tendai. En 806, Kūkai rapporte les enseignements de la secte Shingon et s'établit sur les pentes du Kōya-san.
Ces deux sectes ésotériques ont l'intelligence de mêler adroitement les pratiques bouddhistes et les rites shintō afin de pénétrer plus facilement les couches populaires. Des synthèses en sont faites. Elles permettent aux fidèles d'atteindre leur but par la seule adoration des divinités et des pratiques plus simples.
C'est le temps de l'amidisme (Amida est la représentation de Bouddha qui amène les âmes au paradis). Soutenu par ce qui devient le jōdō, ou vénération d'Amida " de la terre pure " dans une future vie, le bouddhisme ne s'éloigne pas de la secte Tendai, mais la seule invocation vocale du nembutsu assure au fidèle son entrée au paradis, c'est-à-dire que le but n'est plus de réaliser l'éveil du temps de son vivant, contrairement au bouddhisme originel.
Les troubles qui accompagnent la décadence de l'époque Fujiwara au XIIe siècle favorisent, à la période de Kamakura, l'installation de nouvelles sectes aristocratiques comme le Zen, venant du Chan chinois, correspondant aux guerriers de l'aristocratie : les sectes du jōdō-shin-shū ou de Nichiren.
Ce sont des moines chinois qui importent le Chan (Zen) par le biais d'Eisei, lequel fonde la secte Rinzaï en 1191. Le moine Dōgen, quant à lui, fonde la secte Sōtō une trentaine d'années plus tard. Cette doctrine connaît un grand succès chez les intellectuels et les guerriers.
Elle n'est fondée sur aucun texte et fait référence à l'essence des choses, à la méditation et l'étude des paradoxes. Le Zen a une influence considérable dans le monde des arts, que ce soit l'architecture, la sculpture, la peinture, l'art des jardins, le théâtre, l'arrangement floral ou la cérémonie du thé. Son enseignement utilise le paradoxe didactique. Ainsi, le disciple doit répondre à une énigme (kōan) qu'il ne pourra résoudre que par l'illumination, ou satori.
Quant à Nichiren, on l'associe généralement au sūtra du lotus. Nichiren professe la doctrine par tous les moyens, y compris par la force. Opposé de manière violente à la secte Jōdō, il est condamné à mort et envoyé en exil dans l'île de Sado. Il peut revenir quelques années plus tard à Kamakura, mais meurt en 1282 à Ikegami sans convaincre les Hōjō de la justesse de ses idées.
Actuellement, la secte Sōka Gakkai se réclame de sa doctrine et de son enseignement. Cette secte laïque, fondée en 1937, devient après la guerre une secte puissante à l'origine du parti Kōmeitō. La Sōka Gakkaï prétend compter 7 à 8 millions de fidèles au Japon.
Si la secte Sōka Gakkaï repose sur la doctrine de Nichiren, elle condamne les autres religions tout en accomplissant un travail de racolage à la hauteur de sa prodigieuse richesse. Cette secte finance le Kōmeitō, parti de coalition majoritaire avec le Parti libéral démocrate.
Il semblerait qu'il existe plus de 80 000 sectes au Japon, dont on a entendu parler surtout après la tragique attaque au gaz sarin perpétrée par la secte Aum dans le métro de Tōkyō en 1995.
Les activités missionnaires catholiques au Japon débutèrent en 1549, lancées par les Jésuites soutenus par le Portugal, avant que les Ordres mendiants soutenus par les Espagnols n'accèdent à leur tour au Japon. Les Jésuites tentèrent dans un premier temps d'influencer les hommes de pouvoir pour ensuite diffuser la religion au reste de la population. Certains historiens japonais estiment que la conversion des Japonais au christianisme a été forcée, même si les chrétiens prétendent que cette conversion visait uniquement à reproduire le comportement exemplaire de leurs seigneurs. Les chrétiens du Japon de cette époque sont appelés kirishitan. La grande majorité d'entre eux abandonnèrent leur foi après les persécutions, suite à l'interdiction du christianisme par le shogunat Tokugawa en 1614, et ce ne fut que dans le Japon moderne que les Chrétiens purent à nouveau pratiquer leur foi. On compte aujourd'hui un peu plus de 3 millions de Chrétiens, soit 2 % de la population.
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