Leitfaden de Vatican : Politique et économie
En préalable à toute compréhension de l'organisation de l'Etat de la cité du Vatican, il faut avoir en tête une articulation essentielle. L'Etat de la cité du Vatican est un Etat implanté sur 44 ha de terres indépendantes, à la tête duquel règne un monarque de droit absolu élu, le souverain pontife. Pour l'aider dans le rôle de chef de son Etat, le souverain pontife délègue à un gouvernement tout un ensemble de pouvoirs.
En parallèle à cet Etat de la cité du Vatican, le souverain pontife est à la tête de l'Eglise catholique, qui est gérée à Rome par une administration centrale, la Curie, divisée en différents services articulés autour de la Secrétairerie d'Etat et, dans les pays, par les évêques.
Le Siège apostolique est l'organe de la primauté de l'Eglise de Rome et du pape. Cette notion se rapporte à la personne du pape lui-même, en tant que successeur de l'apôtre Pierre, reconnu comme dépositaire de la fondation de l'Eglise.
A ce titre, en tant que premier évêque parmi les évêques - primus inter pares - il revient au titulaire du Siège apostolique, le pape, de conduire l'Eglise catholique, que l'on pourrait qualifier, en droit canonique, de société de fidèles ou du peuple de Dieu.
Le Code de droit canonique utilise indifféremment les deux termes de Siège apostolique et de Saint-Siège. Le droit international public a retenu cette dernière appellation lors des accords du Latran, qui ont donné au Saint-Siège sa qualité de sujet souverain de droit international, sa personnalité juridique d'Etat.
Le terme d'Etat de la Cité du Vatican désigne la localisation géographique du Saint-Siège, qui, en tant qu'Etat reconnu par les accords internationaux du Latran, possède à la fois droits et devoirs inhérents à son statut. On aurait pu, dans les textes officiels internationaux, utiliser les deux termes sans distinction ; l'usage en a décidé autrement.
C'est ainsi que le Saint-Siège possède des ambassadeurs - les nonces apostoliques - de par le monde et qu'il accrédite les ambassades de 177 pays. Il possède son drapeau comme emblème de sa souveraineté, de même qu'une poste vaticane émettant des timbres.
Toutefois, la nationalité vaticane ne se possède pas à vie ; elle est octroyée temporairement dans le cadre de fonctions professionnelles et officielles à moins de 500 personnes. Le milliard de fidèles catholiques, bien que rattachés spirituellement au Saint-Siège, ne peuvent se targuer d'en dépendre en tant que citoyens.
L'Etat de la cité du Vatican est né par le traité du Latran, signé le 11 février 1929.
Plusieurs textes constitutionnels régissent l'Etat, dont le premier est la Loi fondamentale de l'Etat de la cité du Vatican, signée par le pape Jean-Paul II, le 26 novembre 2000 et promulguée le 22 février 2001 (elle remplace la Loi fondamentale du 7 juin 1929).
La Loi fondamentale est composée de 20 articles qui se déclinent selon la trame suivante :
Art. 1 à 2 : définition du pouvoir du souverain pontife.
Art. 3 à 13 : exercice délégué du pouvoir exécutif et législatif.
Art. 14 : organisation de la police.
Art. 15 à 17 : exercice délégué du pouvoir judiciaire.
Art. 18 : bureau du Travail du Siège apostolique.
Art. 19 : pouvoir de grâce du souverain pontife.
Art. 20 : drapeau, blason et sceau.
Article 1. 1. le souverain pontife, souverain de l'Etat de la cité du Vatican, possède les pleins pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire.
2. Pendant les vacances du Siège, ces mêmes pouvoirs appartiennent au Collège des cardinaux qui ne pourra cependant émettre des dispositions législatives qu'en cas d'urgence seulement et avec une efficacité restreinte à la durée de la vacance, sauf si elles sont confirmées par le souverain pontife successivement élu selon les normes de la loi canonique.
Cinq autres textes constitutionnels avaient été signés et promulgués par le pape Pie XI, le 7 juin 1929. Il s'agissait, dans l'ordre d'importance, de : la Loi sur les sources du droit, la Loi sur la citoyenneté et le séjour, la Loi sur l'ordre administratif, la Loi sur l'ordre économique, commercial et professionnel, la Loi sur la sécurité publique.
Nature de l'Etat : monarchie absolue.
Régime constitutionnel : monarchie élective à vie. Le souverain pontife peut renoncer à sa charge (Can 332 § 2 CIC 83).
Pouvoir exécutif : le souverain pontife délègue le pouvoir exécutif au président de la commission, un cardinal secondé d'un secrétaire général (article 5 de la Loi fondamentale).
Pouvoir législatif : le souverain pontife délègue le pouvoir législatif et réglementaire à la commission pontificale pour l'Etat de la cité du Vatican, présidée par le même cardinal à qui le souverain pontife délègue le pouvoir exécutif. La Commission prépare les textes, avec l'aide du conseiller général et des conseillers de l'Etat, et les soumet au souverain pontife (article 3 de la Loi fondamentale). Ils sont publiés dans les Acta Apostolicae Sedis (Actes du Siège apostolique) pour promulgation.
Pouvoir judiciaire : le souverain pontife délègue le pouvoir judiciaire aux organes prévus par la loi (article 15 de la Loi fondamentale), complétée par la loi du 21 novembre 1987, qui a déterminé les juridictions comme suivent : un juge unique, un tribunal, une cour d'appel de cassation. Les compétences respectives des juridictions sont établies par le code de procédure civile et le code de procédure pénale.
Source du droit : selon la Loi sur les sources du droit, les fondements juridiques sont le Code de droit canonique, les Constitutions apostoliques, les lois promulguées par l'Etat de la cité du Vatican et les divers règlements publiés par les différents services selon leurs compétences.
Chef de l'Etat : Sa Sainteté, le pape Benoît XVI, depuis le 19 avril 2005.
Chef du gouvernement : Son Eminence, le cardinal Giuseppe Bertello, président du gouvernorat et président de la Commission pontificale de l'Etat de la cité du Vatican depuis le 1er octobre 2011.
Mode d'élection du chef de l'Etat : la constitution apostolique Universi Dominici Gregis du 22 février 1996 a fixé les règles en vigueur pour la vacance du Siège apostolique et l'élection du pontife romain.
Hymne national : " La Marche pontificale ", de Charles Gounod, adoptée par l'Etat de la cité du Vatican le 16 octobre 1949.
Fonctionnement de l'Etat et de ses services : les textes de 1929 ont été modifiés, enrichis, ou remplacés, notamment par Jean-Paul II. La Loi sur le gouvernement de la cité du Vatican, signée par Jean-Paul II le 16 juillet 2002 et promulguée le 1er octobre 2002, est un autre texte fondamental décliné en 36 articles qui permet d'établir l'organigramme qui suit.
Il s'agit de neuf directions, sept bureaux, un organisme indépendant et de deux organismes auxiliaires qui oeuvrent, sous la supervision du président, du secrétaire général et du sous-secrétaire général, au fonctionnement de l'Etat.
Parmi les directions et les bureaux, nous en présentons quelques-uns, plus parlants que d'autres pour un visiteur ordinaire du Vatican.
La Direction des musées. C'est l'Etat de la Cité du Vatican qui gère les musées du Saint-Siège, à la fois l'ensemble du personnel qui y est employé, mais aussi la conservation et la restauration des oeuvres. Le bureau des publications et des reproductions gère une partie des ouvrages et des objets qui sont en vente au Vatican.
Le corps de la Gendarmerie. C'est l'un des deux derniers corps rescapés de ce qui était appelé, depuis 1870, les corps militaires pontificaux, qui comptaient aussi la garde noble, la garde palatine d'honneur, la Garde Suisse. Paul VI a dissous les corps militaires en 1970 et a inclus la gendarmerie dans le corps de vigilance de l'Etat de la cité du Vatican.
En 2002, Jean-Paul II a redonné son nom au corps de gendarmerie qui, avec le corps des pompiers, constitue les deux sections de la Direction des services de Sécurité et de Protection civile. Ce sont cent trente gendarmes qui assurent la protection de l'Etat, tâche qu'ils partagent avec la Garde suisse pontificale.
La Direction des villas pontificales. Cette direction a la gestion de la villa d'été du pape, située à quelques kilomètres de Rome, à Castel Gandolfo. La villa s'étend sur une superficie de terrains plus importante que l'Etat de la Cité du Vatican, soit 55 ha divisés en 30 ha de jardins dessinés à l'antique et en 25 ha d'exploitation agricole.
Le Service des fleurs. Ce service dépend de la Direction des services généraux et a la responsabilité de la décoration florale de l'ensemble des célébrations du souverain pontife au Vatican et dans Rome, mais aussi du palais apostolique et des dicastères.
Le Service des transports marchandises. Ce service, qui dépend aussi de la Direction des services généraux, est responsable de la gare ferroviaire du Vatican, inaugurée en 1933. Un portail métallique ferme l'accès de l'arche creusée dans les murailles de l'Etat.
Parfois, certains pèlerins peuvent arriver au Vatican par cet accès très surprenant. Le kilomètre de voie ferrée interne est relié au réseau ferroviaire italien ; le Saint-Siège est tout proche de la gare Saint-Pierre de Rome. Ce service ne possède aucun matériel de transport ferroviaire en propre.
Le Bureau philatélique et numismatique. C'est surtout la boutique de diffusion des timbres, des pièces et des médailles commémoratives qui est la partie visible, place Saint-Pierre, de ce bureau. Depuis 1852, le Saint-Siège émet des timbres, privilège qui a été maintenu lors des accords du Latran de 1929. Chaque année, le catalogue s'enrichit de frappes monétaires et de monnaies commémoratives, de même que de timbres-poste recherchés des collectionneurs.
Le Bureau des pèlerins et des touristes. C'est l'un des organismes destinés à aider les touristes dans leurs demandes générales, de même que l'organisation des pèlerinages. Il est toutefois regrettable, car les touristes et les pèlerins s'y perdent, qu'il n'y ait pas qu'un seul service unifié responsable de ce secteur, notamment avec le service Peregrinatio ad Petri Sedem qui dépend de la Curie.
L'observatoire astronomique du Vatican. C'est un organisme autonome. Cet Institut de recherche scientifique est situé à Castel Gandolfo. Installé au XVIe siècle dans les jardins du palais apostolique du Vatican, l'Observatoire a quitté la ville de Rome au XXe siècle à cause de l'éclairage nocturne dont s'équipait de plus en plus la cité. La lumière devenant trop importante aux abords de la villa pontificale, l'Institut scientifique de l'observatoire astronomique du Vatican réalise une partie de ses travaux dans l'Arizona, à Tucson, notamment sur le mont Graham, où l'Institut a participé à la construction du télescope Vatican à technologue avancée. La bibliothèque de l'Institut, à Castel Gandolfo, est riche de 22 000 ouvrages dont certains sont des oeuvres originales de Copernic, Galilée, Newton, etc.
Le paradoxe de la présentation de l'organisation de l'Etat de la Cité du Vatican est qu'elle ne concerne que les 800 personnes qui y travaillent chaque jour, au nombre desquelles 450 possèdent, au titre de leurs fonctions temporaires, la nationalité vaticane. La seule visibilité publique du gouvernorat de l'Etat de la Cité du Vatican est limitée aux musées du Vatican, qui accueillent plus de quatre millions de visiteurs par an. Pour parler des activités politiques, diplomatiques, pastorales, il est donc nécessaire de présenter l'organisation du Saint-Siège, connue davantage des fidèles catholiques et des touristes, en complément de celle de l'Etat de la cité du Vatican.
Le Collège des électeurs du pontife romain est exclusivement composé des cardinaux électeurs, dont le nombre maximum est de cent vingt.
La limite d'âge des cardinaux électeurs est fixée à quatre-vingts ans accomplis le jour où le Siège apostolique est devenu vacant.
Le conclave (réunion " sous clef " des cardinaux en vue de l'élection) a lieu à l'intérieur du territoire de la Cité du Vatican.
Les cardinaux et ceux qui les assistent sont installés convenablement dans des édifices et secteurs déterminés, fermés aux personnes étrangères. C'est au cardinal camerlingue et au substitut de la Secrétairerie d'Etat que revient la charge de la fermeture des locaux destinés au conclave.
Les cardinaux électeurs s'abstiennent d'entretenir des correspondances épistolaires, téléphoniques ou par d'autres moyens de communication étrangers.
Les cardinaux électeurs se réunissent entre quinze et vingt jours après la mort du souverain pontife, les funérailles du pape devant durer neuf jours.
Les cardinaux électeurs, en habit de choeur, se rendent en procession de la chapelle Pauline à la chapelle Sixtine, en invoquant l'assistance de l'Esprit saint par le chant du Veni Creator.
La majorité des actes de l'élection se déroulent dans la chapelle Sixtine.
Le cardinal doyen prononce la prestation de serment : " Nous tous et chacun de nous, cardinaux électeurs présents à cette élection du souverain pontife, promettons, faisons le voeu et jurons d'observer fidèlement et scrupuleusement toutes les prescriptions contenues dans la Constitution apostolique du souverain pontife Jean-Paul II, Universi Dominici Gregis, datée du 22 février 1996. De même, nous promettons, nous faisons le voeu et nous jurons que quiconque d'entre nous sera, par disposition divine, élu pontife romain, s'engagera à exercer fidèlement le munus Petrinum de pasteur de l'Eglise universelle et ne cessera d'affirmer et de défendre avec courage les droits spirituels et temporels, ainsi que la liberté du Saint-Siège. Nous promettons et nous jurons surtout de garder avec la plus grande fidélité et avec tous, clercs et laïcs, le secret sur tout ce qui concerne d'une manière quelconque l'élection du pontife romain et sur ce qui se fait dans le lieu de l'élection et qui concerne directement ou indirectement les scrutins ; de ne violer en aucune façon ce secret aussi bien pendant qu'après l'élection du nouveau pontife, à moins qu'une autorisation explicite en ait été accordée par le pape lui-même ; de n'aider ou de ne favoriser aucune ingérence, opposition ni aucune autre forme d'intervention par lesquelles des autorités séculières, de quelque ordre et de quelque degré que ce soit, ou n'importe quel groupe, ou des individus voudraient s'immiscer dans l'élection du pontife romain. "
Chaque cardinal électeur, par ordre de préséance, prête serment individuellement selon la formule : " Et moi, N. cardinal N., je le promets, j'en fais le voeu et je le jure, et il ajoutera en posant la main sur l'Evangile : Que Dieu m'y aide ainsi que ces saints Evangiles que je touche de ma main. "
Pour la validité de l'élection du pontife romain, les deux tiers des suffrages de la totalité des électeurs présents sont requis.
Tous les bulletins de vote sont brûlés, qu'il y ait eu élection ou non.
En cas d'impossibilité d'accord sur un nom, après trois jours de scrutin, l'élection est suspendue pour un jour afin de laisser le temps à la prière et à un libre échange entre les votants.
Les scrutins reprennent alors et, si au bout de sept jours, l'élection n'a toujours pas été possible, un jour de suspension est encore accordé et ainsi de suite.
Lorsque l'élection a lieu, le cardinal doyen demande le consentement de l'élu en ces termes : " Acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ? ". L'élu donne son consentement, et le cardinal doyen lui demande : " De quel nom voulez-vous être appelé ? "
Les cardinaux s'avancent alors vers le nouveau pape pour lui rendre hommage et lui faire acte d'obédience.
L'ensemble du cortège se dirige ensuite vers le balcon de la basilique vaticane et le premier des cardinaux diacres annonce au peuple le nom du nouveau pontife.
C'est alors que le souverain pontife donne la bénédiction apostolique Urbi et Orbi.
(D'après la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis)
" Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la mort n'aura pas de force contre. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux. " (Mt 16, 19.)
" Après le repas, Jésus dit à Simon-Pierre : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? " Il répondit : " Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime ", et Jésus lui dit alors : " Pais mes agneaux. " Une seconde fois, Jésus lui dit : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? " Il répondit : " Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. " Jésus dit : " Sois le berger de mes brebis. " Une troisième fois, il dit : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? " ; Pierre fut attristé de ce que Jésus lui avait dit une troisième fois : " M'aimes-tu ? " et il reprit : " Seigneur, toi qui connais toutes choses, tu sais bien que je t'aime. " Et Jésus lui dit : " Pais mes brebis. En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture et tu allais où tu voulais ; lorsque tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et c'est un autre qui nouera ta ceinture et qui te conduira là où tu ne voudras pas. " Jésus parla ainsi pour indiquer de quelle mort Pierre devait glorifier Dieu ; et sur cette parole, il ajouta : " Suis-moi. " (Jn 21, 15 - 19.)
Pierre, après la mort de Jésus, va parcourir le monde méditerranéen pour arriver à Rome, où, vers les années 70, il va périr, crucifié la tête en bas, et être enseveli à un endroit proche de son supplice, sur les pentes du Mons Vaticanus. 2 000 ans plus tard, les clefs de l'Eglise instituée par Jésus sont dans les mains du successeur du prince des apôtres, qui la dirige de l'endroit même où fut inhumé Pierre, au Vatican.
C'est le Code de droit canonique qui énonce, dans son livre deuxième (" Le peuple de Dieu "), partie deuxième (" La Constitution hiérarchique de l'Eglise "), section première (" L'autorité suprême de l'Eglise "), l'organisation du Saint-Siège, dans les canons suivants :
Canon 331 : l'évêque de l'Eglise de Rome, en qui demeure la charge que le Seigneur a donnée d'une manière singulière à Pierre, premier des apôtres, et qui doit être transmise à ses successeurs, est le chef du Collège des évêques, vicaire du Christ et pasteur de l'Eglise tout entière sur cette terre ; c'est pourquoi il possède dans l'Eglise, en vertu de sa charge, le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu'il peut toujours exercer librement.
Canon 360 : la Curie romaine dont le pontife suprême se sert habituellement pour traiter les affaires de l'Eglise tout entière et qui accomplit sa fonction en son nom et sous son autorité pour le bien et le service des Eglises, comprend la Secrétairerie d'Etat ou secrétariat du pape, le Conseil pour les affaires publiques de l'Eglise, les congrégations, tribunaux et autres instituts ; leur constitution et compétence sont définies par la loi particulière.
Jean-Paul II, en application du canon 360, a déterminé la constitution et la compétence de la Curie romaine par la Constitution apostolique Pastor Bonus, du 28 juin 1988.
C'est le premier des Dicastères (ou subdivisions) de la Curie. Elle est dirigée par un cardinal secrétaire d'Etat, qui n'est pas le chef du gouvernement de l'Etat de la cité du Vatican. En revanche, il est le premier des cardinaux qui assistent le souverain pontife pour l'administration de l'Eglise.
La Secrétairerie d'Etat est divisée en deux sous-sections. La première, appelée section des affaires générales, est chargée des affaires courantes, du secrétariat du pape et des relations avec les autres services de la Curie. Elle est dirigée par le substitut, qui est aidé de l'assesseur. La deuxième, appelée section des rapports avec les Etats, est la section des Affaires étrangères du Saint-Siège. Elle est dirigée par le secrétaire pour les relations avec les Etats, qui est aidé du sous-secrétaire.
Le substitut a l'une des responsabilités-clés du Saint-Siège, dont il administre directement :
La nomination des membres des dicastères ;
Les relations entre les différents Dicastères de la Curie ;
La rédaction de documents demandés par le souverain pontife ;
La publication des documents officiels dans le recueil des Acta Apostolicae Sedis ;
La rédaction de l'Annuaire pontifical ;
La collecte des données qui seront traitées par le Bureau central des statistiques de l'Eglise ;
La supervision de la salle de presse ;
La gestion de la correspondance adressée au Saint-Père et la répartition de celle-ci dans les différents dicastères chargés d'y répondre ;
La responsabilité, avec le préfet de la Maison pontificale, des rendez-vous du pape ;
L'attribution des décorations et distinctions honorifiques ;
La détention de ce que l'on appelle le sceau de plomb, c'est-à-dire le sceau du Saint-Siège, ainsi que l'Anneau du Pêcheur, qui est le sceau privé du Saint-Père (il n'est d'ailleurs plus brisé à la mort du pape, depuis Jean XXIII) ;
La nomination des légats, c'est-à-dire des représentants du pape auprès des Eglises particulières, hors des représentations diplomatiques auprès des Etats ;
Les relations protocolaires avec les ambassades étrangères accréditées auprès du Saint-Siège.
Le secrétaire pour les relations avec les Etats a plus particulièrement la responsabilité des relations diplomatiques et concordataires, tissées dans le monde entier :
La nomination des nonces ou des délégués apostoliques auprès des 178 Etats avec lesquels le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques, auxquels il faut ajouter l'Union européenne et l'ordre souverain et militaire de Malte ;
La nomination des délégués et les relations spéciales avec la Fédération de Russie et l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP) ;
La représentation du Saint-Siège auprès des organismes internationaux intergouvernementaux, comme l'AIAE (énergie atomique), la CNUCED (commerce et développement), l'OIM (migrations), l'OIT (travail), l'OMC (commerce), l'OMS (santé), l'ONU (Nations unies), l'UNESCO (culture), l'UNHCR (réfugiés), l'UPU (Union postale), la LEA (Ligue arabe), la CIJ (Cour internationale de justice), et bien d'autres ;
L'établissement des concordats avec les Etats ;
La nomination d'évêques dans certaines Eglises particulières ;
La nomination d'évêques dans les Etats ayant des relations concordataires avec le Saint-Siège.
Elles sont actuellement au nombre de neuf. Elles sont toutes dirigées par un cardinal préfet, qui est assisté de nombreux collaborateurs permanents ou occasionnels. Les avis de personnes étrangères aux congrégations, mais reconnues pour la qualité de leur expertise, peuvent être demandés. Les congrégations fonctionnent toutes à peu près selon le même système. Les réponses aux questions simples qui sont adressées au dicastère sont préparées et soumises à la signature du préfet. Les questions plus complexes sont débattues lors de la réunion hebdomadaire des principaux collaborateurs, et les questions particulièrement sérieuses sont présentées au cardinal préfet et aux autres cardinaux et évêques qui forment le conseil. Ce conseil vote une décision qui est enfin présentée au souverain pontife.
La congrégation pour la Doctrine de la Foi. Sa fonction est de promouvoir et de protéger la doctrine et les moeurs conformes à la foi dans tout le monde catholique. De ce dicastère dépendent la Commission biblique pontificale et la Commission théologique internationale. Paul VI en a changé l'intitulé (Saint-Office), après le concile Vatican II, en raison du souvenir qu'il en avait gardé, notamment du cardinal préfet de l'époque, Ottaviani, qui avait été un frein aux réformes des pères conciliaires.
La congrégation traite toujours des questions sensibles de doctrine et a déjà montré qu'elle pouvait interdire la publication de certains ouvrages ou l'enseignement de certaines théories que leur auteur, déviant de la foi catholique, voulait néanmoins inscrire sous l'étiquette de l'Eglise. Cette congrégation a été dirigée par le cardinal Joseph Ratzinger avant qu'il ne devienne pape sous le nom de Benoît XVI.
La congrégation pour les Eglises orientales. Sa fonction est de renforcer les relations avec les Eglises orientales catholiques, pour développer leur croissance, protéger leurs droits et maintenir vivants et intègres dans l'Eglise catholique, à côté du patrimoine liturgique de l'Eglise latine, celui des différentes traditions chrétiennes orientales. En effet, au sein de l'Eglise catholique ce ne sont pas moins de vingt-quatre Eglises cousines qui sont réunies. La plus importante d'entre elles, en nombre, est l'Eglise latine, mais les Eglises dites sui juris que sont les Eglises orientales ont une égalité de statut. Elles sont gérées par le Code de droit canonique des Eglises orientales, qui a pris en compte certaines de leurs particularités historiques, disciplinaires et liturgiques. Ce dicastère gère la Commission spéciale pour la liturgie, la Commission spéciale pour les études sur les chrétiens de l'Est, la Commission pour la formation du clergé et des religieux.
La congrégation du Culte divin et de la Discipline des Sacrements. Sa fonction est de vérifier la validité et la licéité de la liturgie, de rédiger les différents livres de célébration liturgique et de préparer le calendrier annuel liturgique. La liturgie ne peut être réduite à une manière de célébrer fondée sur des rites, des coutumes, des inclinaisons affectives. La liturgie de l'Eglise est l'expression, à travers ses célébrations, de sa théologie ; raison pour laquelle cette congrégation est très attentive à ce que les manières de célébrer aux quatre coins de la planète expriment bien la même foi. Petite anecdote : c'est aussi cette congrégation qui est responsable de la constatation de la non-consommation du mariage.
La congrégation pour la Cause des Saints. Sa fonction est d'instruire les causes en béatification et en canonisation et, aussi, en relation avec la congrégation pour la Doctrine de la Foi, d'instruire les demandes d'élévation d'un saint au rang de docteur de l'Eglise. La décision finale, après une longue procédure qui dure plusieurs années, revient au souverain pontife qui promulgue les décrets. Jean-Paul II a beaucoup encouragé, pendant tout son règne, la création de saints et de bienheureux (l'Annuaire de la congrégation recense 482 saints et 1 338 bienheureux, ajoutés au martyrologe qu'elle doit aussi mettre à jour). Pour le précédent pape, un saint était avant tout un modèle qui parle, par ses actions remarquables, à ses contemporains. Ceux-ci peuvent donc tenter de s'en inspirer afin de chercher à atteindre une sainteté comparable. Enfin, ce dicastère peut être saisi pour l'authentification des reliques de saints.
La congrégation pour les Evêques. Ce dicastère est chargé de la nomination des évêques dans l'Eglise latine ainsi que de la nomination des évêques aux armées. Dans le cadre de concordats existants avec des Etats, cette congrégation doit préparer les nominations en lien avec la Secrétairerie d'Etat. Un évêque est le responsable d'une circonscription locale de l'Eglise, que l'on appelle un diocèse. Il reçoit une délégation du souverain pontife pour la majorité des actes sacramentaux, pastoraux et liturgiques qui sont prévus par le Code de droit canonique, à l'exception de certaines compétences réservées au Siège apostolique. En terme canonique, on l'appelle aussi " l'ordinaire du lieu ", ce qui donne souvent occasion à des plaisanteries. Enfin, la congrégation prépare les visites ad limina que les évêques du monde entier doivent rendre au Saint-Père tous les cinq ans. Le dicastère préside la Commission pontificale pour l'Amérique latine.
La congrégation pour l'Evangélisation des Peuples. Sa fonction est d'organiser l'annonce de l'Evangile dans les pays où la foi catholique n'a pas encore été développée. Elle s'appuie sur l'oeuvre pontificale de la propagation de la foi, l'oeuvre pontificale de Saint-Pierre apôtre, l'oeuvre pontificale de l'enfance missionnaire et l'Union missionnaire du clergé, qui sont des associations parfois centenaires. Les terres en friche sont - paradoxalement, pourrait-on dire - celles où les prêtres et religieux sont les plus nombreux en proportion des fidèles catholiques qui y vivent. L'enjeu de l'évangélisation est toujours crucial : ces chiffres le montrent.
La congrégation pour le Clergé. Ce dicastère traite de toutes les affaires des diacres et prêtres, s'appuyant sur trois sections : le bureau du clergé qui s'occupe du ministère pastoral, le bureau de la catéchèse qui valide les catéchismes locaux quand ils sont présentés par les conférences nationales des évêques, le bureau administratif qui est compétent en matière des biens qui sont la propriété des Eglises locales et de la rémunération des prêtres. Cette congrégation s'est vu confier le dossier sensible de la chute des vocations sacerdotales, qui touche certains continents plus que d'autres. Le préfet de cette congrégation est aussi le président de la Commission pontificale pour la préservation du patrimoine artistique et historique.
La congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique. C'est le pendant de la précédente congrégation, en ce qui concerne la reconnaissance des ordres de vie consacrée, qu'il s'agisse de vie en monastère ou dans le siècle, du recrutement des membres, des voeux prononcés et rompus, et aussi de la gestion du patrimoine de ces instituts. C'est cette congrégation qui exerce la tutelle sur de grands ordres religieux comme les Bénédictins, les Dominicains, les Chartreux, les Carmélites et bien d'autres. Il y a tellement d'ordres et de sous-ordres que l'on dit, en plaisantant, que Dieu lui-même ne peut pas en connaître le nombre.
La congrégation des Séminaires et des Institutions d'Enseignement. Ce dicastère doit suivre à la fois l'enseignement dispensé dans les séminaires où se forment les futurs prêtres de l'Eglise, et aussi l'enseignement des universités et des écoles catholiques, qu'elles appartiennent à un ordre religieux ou qu'elles relèvent d'un diocèse. Pour mémoire, les universités catholiques ont été les premières universités d'Europe, comme à Rome, Bologne, Salamanque et Paris. L'Institut catholique de Paris, même s'il ne peut plus en porter le titre du fait de différends liés aux décennies de troubles qui ont précédé et suivi la loi de séparation entre l'Eglise et l'Etat de 1905, est l'authentique et la plus ancienne université de France. A Rome, c'est l'université jésuite grégorienne qui est la plus ancienne, comptant plus de 3 000 professeurs et étudiants.
Ils sont au nombre de trois. La majorité des cas juridiques sont traités dans les diocèses, l'évêque étant le juge de première instance à qui est confiée l'application du droit canonique. Il est aidé en cela par le vicaire judiciaire, qu'il nomme, ainsi que de juges et d'un notaire. Si une pénurie de juristes compétents est constatée, plusieurs diocèses peuvent décider de la création d'un Tribunal de première instance interdiocésain. Les seconde et troisième instances relèvent du Siège apostolique où se trouvent le Tribunal de la Rote romaine et le Tribunal suprême de la Signature apostolique. La Pénitencerie apostolique est, quant à elle, chargée d'une fonction bien spécifique.
La Pénitencerie apostolique. Pour comprendre la particularité de ce tribunal, il convient de préciser une différence que le droit canonique fait entre ce qui est appelé le for interne et le for externe. Le for interne, puisqu'il ne concerne que la conscience, relève du domaine privé (on pourrait vulgairement parler des " péchés ") ; le for externe, puisqu'il concerne un acte notoirement connu, relève du domaine public. La Pénitencerie apostolique est un tribunal très spécial qui n'a à statuer que sur les fautes relevant de ce for interne, lorsqu'elles sont du seul domaine du souverain pontife.
La Constitution apostolique Pastor Bonus demande que la Pénitencerie apostolique place en nombre suffisant dans les basiliques de Rome des prêtres ayant reçu la capacité d'accorder toute forme de cessation de peine à tout fidèle qui viendrait leur confesser une faute.
Le Tribunal de la Rote romaine. C'est la juridiction d'appel chargée de statuer, en seconde instance, des sentences dont il est fait appel, voire en troisième instance lorsqu'il est fait appel d'une décision rendue par le Tribunal de la Rote romaine (canon 1443, 1444 CIC). La distance et les circonstances historiques ont aussi incité le Siège apostolique à accorder le privilège de créer in situ des tribunaux de troisième instance à certains Etats, comme l'Espagne (1947, mais la Rote de Madrid existait déjà depuis le XVe siècle), la Hongrie (1452), les Etats-Unis et l'Amérique latine (1929) et, aussi, plus récemment, la Pologne et l'Allemagne. C'est souvent ici que sont portées en appel les demandes de déclaration de nullité de mariage lorsqu'elles sont rejetées en première instance.
Le Tribunal suprême de la Signature apostolique. C'est le tribunal de dernière instance, composé exclusivement de cardinaux. Ce tribunal est composé de trois sections. La première est chargée des recours contre les décisions de la Rote ; elle a donc un rôle de cour de cassation. La deuxième section joue le rôle d'une juridiction administrative unique et suprême ; c'est l'équivalent d'un Conseil d'Etat. La troisième section a pour mission l'administration de la justice dans l'Eglise, et notamment la création de tribunaux régionaux (canon 1445 CIC).
Ces conseils, à l'exception du Conseil pontifical pour les Laïcs et du Conseil pontifical pour l'Interprétation des Textes législatifs, n'ont pas été dotés d'un pouvoir de juridiction comparable aux congrégations. Ils bénéficient toutefois de beaucoup de prestige et de plus de visibilité du peuple de l'Eglise, concerné par les domaines qui sont ceux des conseils. Ils ont été créés juste avant et peu après le concile Vatican II, pour répondre aux aspirations pastorales qui en étaient sorties et ont été remaniés par les différents papes. Leur siège est peu éloigné du Vatican puisqu'ils sont installés, pour la plupart d'entre eux, au palais Saint-Calliste, qui est un territoire de l'Etat de la Cité du Vatican bénéficiant d'une extraterritorialité au coeur de Rome. Ils sont au nombre de douze.
Le Conseil pontifical pour les Laïcs. Ce conseil doit aider les laïcs, c'est-à-dire tous les autres membres de l'Eglise qui ne sont pas des clercs (ceux-ci sont gérés par au moins trois congrégations), à mener une vie chrétienne, comme la coopération des laïcs dans la formation catéchétique, la vie liturgique et sacramentelle, et les oeuvres de miséricorde, de charité et de promotion sociale.
Le Conseil pontifical pour l'Unité des Chrétiens. Ce dicastère a deux missions : d'une part développer parmi les fidèles catholiques une adhésion véritable à l'oecuménisme tel qu'il a été prôné par le concile Vatican II, d'autre part promouvoir auprès des autres communautés chrétiennes non catholiques un dialogue de compréhension. Il est aussi chargé de la diffusion de la Bible, en lien avec la Fédération biblique catholique. Par ailleurs, c'est ce conseil qui est chargé du dialogue avec les différents croyants juifs.
Le Conseil pontifical pour la Famille. Le dicastère est chargé de développer et de protéger le modèle familial tel qu'il est perçu par l'Eglise catholique. Outre l'aide à la préparation au mariage, il doit dispenser l'enseignement sur la morale sexuelle, la contraception, l'avortement, la législation pour la protection de la famille. Depuis 1994, ce conseil organise les rencontres mondiales de la famille, dont la septième édition a eu lieu à Milan en 2012.
Le Conseil pontifical " Justice et Paix ". Reprenant les enseignements du concile Vatican II, le Saint-Siège a créé ce Conseil pontifical pour développer la justice sociale dans le monde, comme garant viable de la paix entre les hommes, et pour protéger les droits inaliénables de l'homme.
Le Conseil pontifical " Cor unum ". C'est le dicastère chargé de susciter les élans de charité et d'aide au développement de par le monde. Outre des dons qu'il collecte et répartit ensuite, le dicastère veille à motiver des aides d'urgence lorsque l'actualité l'exige.
Le Conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement. Ce dicastère est tourné vers les migrants principalement en situation de détresse, comme les réfugiés, les apatrides, les exilés, mais aussi vers les métiers qui peuvent déstabiliser ceux qui les pratiquent, comme les marins, les personnels de l'aviation civile ou, encore plus généralement, les touristes et les pèlerins.
Le Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de Santé. Ce dicastère est récent ; il a été créé par Jean-Paul II en 1985 et est attentif aux personnels soignants. Il a semblé utile au Saint-Siège, dans un climat général tenté par l'euthanasie, de mettre en place ce conseil apte à apporter le message de la " culture de la vie ".
Le Conseil pontifical pour l'Interprétation des Textes législatifs. C'est ici que s'effectue le contrôle de légalité des textes rédigés par les autres dicastères ou les assemblées locales d'évêques. On pourrait le comparer à un conseil constitutionnel du Saint-Siège.
Le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux. Ce dicastère doit mettre en place, autant que cela peut être réalisé, le dialogue avec les autres religions. Le but recherché est la meilleure compréhension mutuelle, qui doit créer un respect plus profond des différences. Ce conseil dirige la Commission pour la promotion des relations avec les musulmans.
Le Conseil pontifical pour la Promotion de la nouvelle Evangélisation. Désirant comprendre la motivation de l'athéisme, le Saint-Siège a mis en place ce conseil, lié également dans certains buts à ceux de la congrégation pour l'Evangélisation des Peuples.
Le Conseil pontifical de la Culture. Ce dicastère doit promouvoir le message de l'Evangile en tant que créateur de culture, favoriser la rencontre entre la foi et la culture, inciter les Académies pontificale à participer aux actions de l'Unesco et du conseil de coopération culturelle du Conseil de l'Europe. Le président du conseil dirige aussi la Commission pontificale des biens culturels de l'Eglise et d'archéologie sacrée.
Le Conseil pontifical des Communications sociales. Ce dernier conseil doit veiller à la diffusion du message chrétien par tous les moyens de communication. La salle de presse du Vatican, depuis la Constitution apostolique Pastor Bonus, dépend directement de la première section de la Secrétairerie d'Etat. De ce conseil dépend la filmothèque vaticane, qui possède quelque 7 000 pellicules concernant les papes et le Saint-Siège, depuis la fin du XIXe siècle.
Ils sont au nombre de trois, d'importances diverses.
La Chambre apostolique. Ce service a une activité propre lors de la vacance du Siège apostolique, due au décès du pape. Le chef de la chambre apostolique, le cardinal camerlingue, organise alors la succession du pape, et demande aux préfets et présidents des différents dicastères un état financier de leurs services, qu'il présente au conclave.
L'Administration du Patrimoine du Siège apostolique. C'est le service qui doit administrer les possessions du Saint-Siège et financer les besoins de tous les dicastères (cf. " Economie et finances ").
La Préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège. C'est le ministère des Finances et du Budget du Siège apostolique, qui prépare le budget annuel et présente le bilan des exercices. Elle est aussi responsable des actions de conservation du patrimoine du Saint-Siège (cf. " Economie et finances ").
Ils sont au nombre de deux et n'ont pas le titre de dicastère.
La Préfecture de la Maison pontificale. Les attributions de ce service sont très liées à la personne même du souverain pontife pour lequel la Préfecture organise les audiences privées et générales, de même que les voyages officiels du pape.
L'Office des Célébrations liturgiques du Souverain Pontife. C'est ici que sont organisées toutes les célébrations liturgiques du pape. Sans être un dicastère à l'instar de la Préfecture de la Maison pontificale, ce service et ses activités n'en ont pas moins une grande visibilité publique.
Elles ne sont généralement pas comprises dans la Curie, mais sont considérées comme telles puisque la majorité d'entre elles ont été énoncées dans la Constitution apostolique Pastor Bonus. (NB : La présentation qui en est faite ici en six sections, a été établie en fonction des groupes de métiers que ces institutions constituent. Elle ne reflète aucun organigramme hiérarchique.)
Le Bureau central du travail. C'est la direction des ressources humaines du Saint-Siège qui s'occupe du recrutement des personnels de la Curie, à l'exception donc des employés gérés directement par le gouvernorat de l'Etat de la Cité du Vatican. Il recrute les employés de la Curie, de l'Osservatore Romano, de Radio Vatican, de la Typographie polyglotte, de la Fabrique de Saint-Pierre. Un conseil constitué de différents représentants de la Curie, du gouvernorat, des institutions annexes, et de laïcs délégués peut être conduit à statuer des conflits professionnels. Jean-Paul II en a maintenu les fonctions par le motu proprio du 30 septembre 1994.
Le Centre de traduction. Bien que la langue latine soit la langue officielle du Saint-Siège, beaucoup de langues vernaculaires y sont employées. Ce centre est chargé, chaque jour, de traduire un nombre considérable de documents.
La Typographie polyglotte vaticane. Ce service existe depuis 1587 ; il est hébergé dans des bâtiments construits en 1908. Il imprime l'Osservatore Romano, quotidiennement en italien, hebdomadairement en anglais, français, espagnol, portugais, mensuellement en polonais. Pour l'Etat de la Cité du Vatican et particulièrement pour les musées, la Typographie imprime les cartes postales et les dépliants. Pour le Saint-Siège, la Typographie imprime tous les livrets des célébrations, l'Annuaire pontifical, les Activités du Saint-Siège, les Acta Apostolicae Sede.
Le journal l'Osservatore Romano. C'est le journal du Saint-Siège. Il a été créé le 1er juillet 1861, dans le climat de l'époque de contestation du pape, qui, pour maintenir les dernières possessions des Etats pontificaux, rejetait le désir du peuple italien de se former en nation. Son premier soutien financier fut français, de même que, durant ces mêmes années troublées, la moitié du denier de Saint-Pierre provenait de la Fille aînée de l'Eglise.
Aujourd'hui, ce journal tire en langues italienne, française, anglaise, espagnole, portugaise, allemande et polonaise. C'est l'organe de presse écrite officiel du Saint-Siège, où sont publiés les articles de la Secrétairerie d'Etat, les discours pieux du pape, les nominations dans les dicastères et les diocèses, etc. Ce n'est pas le moyen de communication le plus moderne du Vatican, ce que l'on remarque d'ailleurs à son site Internet.
Radio Vatican. C'est la radio du Saint-Siège, lancée le 12 février 1931, par le pape Pie XI, qui avait confié la tâche de la construction de cette radio à Guglielmo Marconi. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le pape se sert de ce moyen pour parler aux peuples qui souffrent des conséquences quotidiennes du conflit. Ce sont aussi plus d'un million deux cent mille messages personnels qui passent par les ondes de Radio Vatican : les familles tentent d'avoir des nouvelles de leurs prisonniers et leur en donnent par la même occasion. L'émetteur de la station vaticane va changer de lieu en 1957. La radio, avec Paul VI, va apprendre un nouveau métier : informer les auditeurs des voyages du pape. Ce sont aujourd'hui 78 heures quotidiennes d'émissions qui sont émises, sur 5 canaux et en 40 langues, dont le chinois. Les émissions en français ont lieu à 5h40, 7h, 12h, 17h, 20h30. On peut, sur le site Internet de Radio Vatican, écouter les émissions en direct ou en différé.
Le Centre de télévision du Vatican. C'est le centre chargé de diffuser les images du Saint-Siège. Il a été créé en 1983, non pas en tant que canal de télévision mais pour filmer toutes les célébrations, audiences, déplacements du pape, et servir d'agence de diffusion de ces documents aux télévisions du monde entier. Sur le site Internet du Centre de télévision, on peut toutefois visionner les prises de vues qui sont retransmises en direct par des canaux partenaires ; il faut consulter le programme mensuel indiqué sur le site.
Le Bureau de presse. Le Bureau de presse dépend de la Secrétairerie d'Etat et est chargé de diffuser les informations officielles du Saint-Siège. Il est possible, via son site Internet, d'avoir un accès libre au bulletin du jour et à certaines informations plus généralistes. C'est aussi l'un des points d'entrée des journalistes accrédités auprès du Saint-Siège, qui ont accès au bulletin " sous embargo ".
Vatican Information Service. C'est l'un des services offerts par la salle de presse du Vatican. En s'inscrivant, n'importe qui peut recevoir, par courrier électronique, les informations officielles quotidiennes du Saint-Siège. Les bulletins sont envoyés avant 15h, tous les jours ouvrés.
La Librairie éditrice vaticane. C'est l'une des maisons d'édition du Saint-Siège.
Elle publie les actes et les documents des papes, les documents des dicastères, les Acta Apostolicae Sedis, des ouvrages de droit canonique, de théologie et d'histoire. Elle est gestionnaire des droits d'auteur de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Sans relation avec la maison d'édition des Musées du Vatican, elle vend ses propres ouvrages dans la boutique donnant sur la place Saint-Pierre, à l'est de celle-ci. Les ouvrages publiés par les maisons d'édition du Vatican sont vendus par correspondance sur www.paxbook.com
Les Archives secrètes du Vatican. C'est ce service qui est l'objet de l'un des fantasmes les plus tenaces concernant le Vatican. Il faut rappeler que le mot " secret ", qui a donné " secrétaire ", signifie surtout " réservé ", ou " privé ". Il n'y a donc pas, dans ces archives constituées depuis 1610 mais conservant aussi des documents remontant au XIe siècle, de documents honteux et cachés, n'en déplaise à certains auteurs de romans à gros tirage. C'est dans un souci de protection des documents que les archives secrètes ont souvent été fermées au public. En effet, Napoléon Ier en avait endommagé une partie lorsqu'il les avait transférées à Paris en 1810, par acharnement contre le pape Pie VII dont il voulait faire son vassal. Ces archives, qui comprennent aussi les documents pontificaux d'Avignon, rapportés de France en 1783, contiennent de même tous les documents qui avaient été protégés au château Saint-Ange, ancienne possession des papes. Lors de la prise de Rome par les nationalistes italiens, une tentative de confiscation des archives du Saint-Siège avait été votée par le nouveau Sénat ; elle ne fut jamais suivie d'effet.
Comme dans tous les fonds d'Etat, certaines limites temporelles sont imposées à la consultation des archives. Elles sont consultables jusqu'à la fin du pontificat de Pie XI, c'est à dire le 10 février 1939. Voulant montrer que le procès médiatique orchestré contre Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale était infondé, les archives secrètes se sont aussi ouvertes à la consultation pour la période allant de 1939 à 1947.
La consultation est offerte aux membres de la Curie et, par autorisation, aux chercheurs et aux historiens. La boutique des archives secrètes, qui se trouve sur le parcours de la visite des musées du Vatican, propose des reproductions de documents mais aussi de sceaux anciens. Leur site Internet est l'un des plus beaux mis en ligne par les institutions du Saint-Siège.
La bibliothèque apostolique vaticane. Cette bibliothèque, ouverte également aux chercheurs, contient quelques centaines de milliers d'ouvrages remarquables, dont 8 300 incunables, 75 000 manuscrits, 300 000 monnaies.
L'Académie pontificale des sciences. Le but de cette académie est la promotion des progrès dans les domaines des sciences fondamentales, des sciences et de la technologie, de la science relative aux problèmes du tiers monde, de la bioéthique, de l'épistémologie. Soixante-dix membres la composent, sans pour autant qu'ils appartiennent à la religion catholique. Elle existe sous sa forme actuelle depuis 1936. Elle a son siège dans un des bâtiments situés dans les jardins du Vatican, la Casina de Pie IV. Indépendante, elle fonctionne financièrement grâce à l'Administration du Patrimoine du Saint-Siège.
L'Académie pontificale des sciences sociales. Elle est l'héritière d'autres académies consacrées aux mêmes domaines, dont la première fut créée en 1603. Sa formation actuelle date de 1994, date à laquelle Jean-Paul II, par son motu proprio Socialum Scientarium, assigna aux quatre-vingts académiciens qui la composent, de promouvoir les progrès des sciences sociales, économiques, politiques et juridiques, avec l'éclairage de la doctrine sociale de l'Eglise. Elle dépend moralement du Conseil pontifical " Justice et Paix ", tout en ayant une indépendance véritable.
L'Académie pontificale pour la vie. Elle est aussi l'héritière d'académies plus anciennes remontant à 1603. C'est Jean-Paul II, par son motu proprio Vitae Mysterium, en 1994, qui lui a donné sa mission actuelle d'étude, d'information et d'enseignement sur les principaux problèmes rencontrés par la biomédecine et le droit, notamment en rapport avec la morale catholique sur le droit à la vie. Soixante-dix académiciens la composent, venus de tous milieux. Elle dépend moralement du Conseil pontifical pour la pastorale des services de santé, dont elle est indépendante, toutefois.
La chapelle pontificale de musique Sixtine. C'est au pape saint Grégoire le Grand que remonte cette institution destinée à l'accompagnement chanté et joué des célébrations liturgiques du souverain pontife. Sous Pie V, le maître de choeur était élu par les choristes eux-mêmes. Depuis Jean XXIII, le choeur n'a pas cessé d'exister et une école de chant lui a été adjointe. La chapelle pontificale de musique Sixtine dépend de la Préfecture de la Maison pontificale. C'est elle que l'on entend lors des célébrations présidées par le pape, mais aussi par les cardinaux, comme la messe du dimanche dans la basilique Saint-Pierre.
L'Institut pontifical de musique sacrée. C'est Pie X qui a créé cet institut en 1910. C'est une véritable école de musique sacrée, qui décerne des titres académiques en même temps qu'elle dirige des recherches en musique sacrée. L'Institut a un but universel et est ouvert à tous ceux qui veulent se former à ces disciplines. Il possède une bibliothèque spécialisée, contenant des ouvrages anciens comme des manuscrits. On peut télécharger sur son site une sélection très vaste de compositions interprétées par les enseignants et les étudiants de l'Institut.
La fondation Latinitas. Si la langue latine existe bel et bien, elle le doit beaucoup au Saint-Siège, où tous les actes du souverain pontife et des dicastères sont d'abord publiés en latin puis traduits dans les langues vernaculaires. Pour maintenir son usage, Paul VI a créé, en 1976, la fondation Latinitas qui a pour mission de favoriser l'étude de la langue latine et de développer l'usage du latin par différents moyens. Il est donc possible de suivre des cours intensifs de latin et de participer soit à un concours international de poésie et de prose en latin, le Certamen Vaticanum, soit aux Feriae Latinae qui sont le lieu de disputes oratoires en latin. Enfin, il est possible de consulter sur le site de la fondation le Lexicon recentis Latinitatis, qui contient l'ensemble des néologismes en latin du monde moderne. Un salon de thé se dit " conclave thearium ", un parachute, " umbrella descensoria ", un barman, " tabernae potoriae minister ". Les puristes disent qu'ils en perdent leur...
La Fabrique de Saint-Pierre. Cette institution très particulière a une importance pour les visiteurs du Vatican : elle veille à l'ensemble de la basilique Saint-Pierre (entretien, conservation, surveillance et accueil des visiteurs), de même qu'elle exerce sa tutelle sur le service des fouilles de la nécropole préconstantinienne, les Scavi, et le Trésor de Saint-Pierre, auquel on accède de l'intérieur de la basilique et que l'on peut visiter. La Fabrique de Saint-Pierre tire ses origines d'une congrégation créée en 1506, qui avait quelques pouvoirs judiciaires ; depuis 1967, elle est simplement chargée de la basilique et, au cours de la réforme de la Curie menée par Paul VI, elle a perdu son titre de congrégation.
Le service Peregrinatio ad Petri Sedem. C'est l'organe officiel des pèlerinages qui sont organisés ad Petri Sedem, c'est-à-dire au Siège de Pierre. Les groupes comme les individuels peuvent s'adresser à ce service, qui favorise l'accueil spirituel des pèlerins de même que l'organisation matérielle (hôtel, restaurants pour les groupes). Par ailleurs, il organise aussi les déplacements des pèlerins qui voudraient accompagner le souverain pontife dans ses déplacements spirituels, et vient en aide aux personnes aux revenus limités désireuses de participer à ces pèlerinages. C'est aussi l'agence de voyages des employés de l'Etat de la Cité du Vatican et du Siège apostolique.
L'aumônerie apostolique. Elle dépend directement du pape et exerce, au nom du souverain pontife, un service d'assistance aux plus démunis. C'est aussi à ce service qu'il faut s'adresser pour obtenir la bénédiction apostolique à l'occasion d'un baptême, d'une première communion, d'un mariage, d'une confirmation, d'un jubilé.
Le Cercle Saint-Pierre. Ce Cercle est né en 1869 d'une initiative privée de la bourgeoisie et de l'aristocratie romaines qui voulaient protester contre l'anticléricalisme de l'époque et montrer leur attachement à la personne du souverain pontife.
Depuis, les relations entre l'Etat italien et le Saint-Siège se sont normalisées et le Cercle Saint-Pierre s'est mis à la disposition bénévole du pape. Le Cercle est organisé en plusieurs commissions et, chaque année, distribue 50 000 repas gratuits aux plus nécessiteux, héberge 50 personnes par nuit dans un centre d'accueil, distribue des vêtements et des livres neufs, est chargé de la quête de l'obole de Saint-Pierre remise ensuite au Saint-Père, offre aussi une assistance humaine aux malades en fin de vie.
C'est aussi le Cercle Saint-Pierre dont on aperçoit les membres du service d'honneur, vêtus d'un frac noir et portant à la milanaise l'insigne rond du Cercle, marqué de leur devise " Prière - Action - Sacrifice ". Ils servent le souverain pontife lors des célébrations liturgiques qu'il préside. Il ne faut pas les confondre avec les gentilshommes de Sa Sainteté, qui appartiennent à la famille pontificale.
L'association Saints-Pierre-et-Paul. Cette association a été créée en 1971, quelques mois après la dissolution de la Garde palatine d'honneur par Paul VI. Cette garde, fondée en 1850, était composée de cinq cents hommes issus de la bourgeoisie romaine, qui désiraient protéger le pape, toujours pendant la longue période de troubles qui a opposé le Saint-Siège à l'Italie naissante.
Aujourd'hui cette association s'est démocratisée et les bénévoles qui la composent offrent de leur temps à trois activités principales. La section liturgique, à l'instar des membres de la Fabrique de Saint-Pierre et du Cercle Saint-Pierre, participe à l'accueil des pèlerins et à la sécurité des lieux. La section culturelle offre des formations religieuse et morale. La section caritative vient en aide aux familles défavorisées, en lien avec d'autres associations du même genre.
On l'aura remarqué, la Garde Suisse pontificale ne dépend pas du gouvernorat de l'Etat de la cité du Vatican, qui a sa propre gendarmerie. La Garde suisse pontificale, qui jure fidélité au souverain pontife et au Collège cardinalice pendant la vacance du Siège apostolique, dépend de la Secrétairerie d'Etat.
C'est le pape Jules II, le 22 janvier 1506, qui fit appel à ces mercenaires payés pour défendre la personne du souverain pontife. Le moment fondateur de la Garde Suisse a lieu le 6 mai 1527, lorsque cent quarante-sept d'entre eux vont mourir pour défendre Clément VII contre des mercenaires espagnols et lansquenets. Le pape est emmené au château Saint-Ange, qui est relié à Saint-Pierre par le " passetto ", une voie secrète construite sur la muraille qui relie les deux édifices. Quelques jours plus tard, le pape doit quitter son refuge et payer de lourds tributs aux vainqueurs protestants. Depuis, c'est toujours le 6 mai, lors de la cérémonie du jurement, que les nouvelles recrues de la Garde Suisse pontificale prêtent serment au pape. Elles crient avec force :
" Je jure de servir fidèlement, loyalement, et de bonne foi le souverain pontife régnant (...) et ses légitimes successeurs ; de me dévouer pour eux de toutes mes forces sacrifiant, si nécessaire, ma vie pour leur défense. J'assume les mêmes devoirs vis-à-vis du Sacré Collège des cardinaux durant la vacance du Siège apostolique.
Je promets, en outre, au commandant et aux autres supérieurs, respect, fidélité et obéissance. Je jure d'observer tout ce que l'honneur exige de mon état. "
Pour être accepté parmi la garnison, les candidats doivent répondre à certains critères : être citoyen suisse, être catholique romain, avoir une réputation irréprochable, avoir fait l'école de recrues en Suisse, être âgé de 19 à 30 ans, mesurer au moins 1,74 m, être célibataire, avoir validé un apprentissage ou une école secondaire du deuxième degré.
Contrairement à une jolie légende, l'uniforme de la Garde suisse pontificale n'est pas né de l'imagination de Michel-Ange mais est une création d'un commandant de la garde, Jules Repond, qui a officié auprès du souverain pontife de 1910 à 1921. Le soldat, après avoir observé des représentations des gardes peints par Raphaël, fit subir quelques modifications au dessin du peintre de la Renaissance : collet blanc, béret basque. Il a repris les couleurs des armes des Médicis, c'est-à-dire l'or, l'azur et les gueules, qui, en langage moderne, donnent le jaune, le bleu et le rouge. La tenue d'apparat est celle qui, rayée de jaune et de bleu, donne un style si particulier aux gardes. Ils revêtent alors une armure légère de même qu'un casque à plumet rouge. En temps normal, ils ne portent qu'un petit uniforme bleu. Lorsque le Saint-Père sort sur la place Saint-Pierre, ce sont eux aussi qui assurent sa sécurité ; on les remarque moins en costume noir autour de l'automobile du pape, sinon à leur carrure.
L'Académie pontificale ecclésiastique, située au coeur de Rome, pas très loin du Panthéon, se voit confier la formation des futurs diplomates du Saint-Siège. Créée en 1701, cette vénérable institution accueille chaque année quelque vingt jeunes élus, tous prêtres, polyglottes et ayant déjà reçu une solide formation en droit canonique ou en théologie.
Une constance est à remarquer dans le discours papal qui leur est adressé, tant par Paul VI que par Jean-Paul II, ou bien encore par Benoît XVI : se souvenir qu'ils sont d'abord des prêtres, avant que d'appartenir à la Carrière, comme on le dit encore dans certaines chancelleries diplomatiques. " La pêche n'avait pas été bonne. Pierre et ses compagnons l'avaient accomplie en ne comptant que sur leurs forces et leurs connaissances d'hommes experts des " choses de la mer ". Mais cette même pêche fut exceptionnellement abondante lorsqu'elle fut pratiquée selon la parole du Christ. Ce ne furent pas, alors, leurs connaissances " techniques " qui emplirent le filet de poissons. Cette pêche exceptionnelle eut lieu grâce à la parole du Maître, vainqueur de la mort et, donc, vainqueur également de la souffrance, de la faim, de la marginalisation, de l'ignorance. " (Discours de Jean-Paul II à l'Académie pontificale ecclésiastique, 26 avril 2001.)
C'est, à vrai dire, la direction que les papes successifs ont donnée à leur diplomatie, dans l'esprit du concile Vatican II : la justice, le développement et, grâce aux deux, la paix. Les nonces - c'est-à-dire les ambassadeurs du Siège apostolique - et l'ensemble des diplomates du Vatican ont, eux aussi, une vocation pastorale et d'évangélisation à accomplir.
1/ La première distinction qui est faite est celle des peines ferendae sententiae et celle des peines latae sententiae. Les premières sont prononcées par un tribunal qui a été chargé de statuer sur le cas qui lui a été présenté. Les deuxièmes sont encourues automatiquement par le fait même du délit constitué.
Par exemple, la vente d'un bien de l'Eglise au profit personnel du vendeur, sera punie par un jugement prononcé assorti d'une peine ferendae sententiae. Par ailleurs, la consécration d'un évêque sans mandat du souverain pontife est sanctionnée d'une peine latae sententiae à l'instant même où l'acte est commis.
2/ Il y a plusieurs natures et degrés de gravité des peines :
Les pénitences sont les moins graves et les plus répandues. Elles relèvent surtout du for interne.
Les censures sont les plus utilisées parmi les peines graves.
La première est l'interdit, qui prive l'auteur de l'acte illégal de l'accès et de la célébration des sacrements.
La deuxième est la suspense, qui ne concerne que les clercs, à qui certaines délégations sont retirées.
La troisième et également la plus connue est l'excommunication, qui sépare de l'Eglise l'auteur de l'acte illégal ; sans perdre le bénéfice indélébile du sacrement du baptême, il n'a plus le droit de célébrer et de recevoir les sacrements, de remplir les charges et ministères qui lui ont été confiés.
Les peines expiatoires ont des conséquences sur la vie sociale de l'auteur du délit, puisqu'il peut s'agir de la privation d'exercer un pouvoir délégué, d'une mutation, voire du renvoi de l'état clérical.
3/ La rémission des peines, si celles-ci relèvent du for interne, est de l'ordre de l'absolution donnée par un prêtre ou par un pénitencier ; si celles-ci relèvent du for externe, est de l'ordre de l'évêque dans son diocèse ou du Siège apostolique pour les cas réservés par le droit.
4/ Le Code de droit canonique a énoncé quinze délits passibles d'une excommunication latae sententiae : l'apostasie, l'hérésie, le schisme, la profanation des espèces eucharistiques, la violence contre la personne du pape, l'absolution du complice dans le péché d'impureté, la consécration épiscopale sans mandat pontifical, la violation directe du secret de la confession, l'avortement.
Par ailleurs, sont sanctionnés par un interdit latae sententiae les délits de : violence contre la personne d'un évêque, célébration de l'Eucharistie et du sacrement de pénitence par quelqu'un qui n'en a pas le pouvoir, fausse dénonciation d'un confesseur, mariage attenté par un religieux non clerc.
Enfin, sont sanctionnés par une censure latae sententiae les délits de : mariage attenté par un clerc, réception des ordres sans lettres dimissoriales.
Il ne s'agit pas de la famille personnelle du souverain pontife, mais d'un ensemble de clercs et de laïcs qui entourent le pape. Par le motu proprio Pontificalus Domus du 28 mars 1968, Paul VI en a établi les membres :
le substitut de la Secrétairerie d'Etat ;
le secrétaire pour les rapports avec les Etats ;
l'aumônier de Sa Sainteté ;
le président de l'Académie pontificale ecclésiastique ;
le théologien de la Maison pontificale ;
le Collège des protonotaires apostoliques participants et surnuméraires ;
Les cérémoniaires pontificaux ;
les prélats d'honneur de Sa Sainteté ;
les chapelains de Sa Sainteté ;
le prédicateur de la Maison pontificale ;
les princes laïcs assistants au trône ;
le délégué laïc spécial de la Commission pontificale pour l'Etat de la Cité du Vatican ;
le conseiller laïc général de l'Etat de la Cité du Vatican ;
le commandant de la Garde Suisse pontificale et les cinq officiers ;
les consulteurs laïcs de l'Etat de la Cité du Vatican ;
le président de l'Académie pontificale des sciences ;
les gentilshommes de Sa Sainteté ;
les procureurs des palais apostoliques ;
les attachés d'antichambre ;
les familiers du pape.
Les finances de l'Eglise dépendent essentiellement des dons des fidèles catholiques. Chaque dimanche, lors de la quête qui circule pendant la messe, les fidèles participent aux finances de leur diocèse qui, par reversement et redistribution, paie les indemnités des prêtres, les frais de fonctionnement des bâtiments. Un don spécial, appelé " denier du culte ", est aussi organisé chaque année, en complément de la quête hebdomadaire. Le Code de droit canonique le rappelle : " L'Eglise a le droit inné d'exiger des fidèles ce qui est nécessaire à ses fins propres. " (Can 1260 CIC 83) Ou bien encore : " Les fidèles aideront l'Eglise en s'acquittant des contributions demandées selon les règles établies par la conférence des évêques. " (Can 1262 CIC 83)
Par ailleurs, les diocèses doivent organiser plusieurs quêtes spécifiques, chaque année, pour les besoins particuliers du Siège apostolique. Il s'agit principalement du " denier de Saint-Pierre ", qui est destiné aux frais de fonctionnement de la Curie romaine et à l'entretien des immeubles du Saint-Siège. D'autres dons peuvent être sollicités pour des actions menées par les Conseils pontificaux, comme les oeuvres pontificales missionnaires, par exemple.
C'est encore sur le Code de droit canonique de 1983, qui se réfère à la tradition de l'Eglise et à la Constitution dogmatique sur l'Eglise Lumen Gentium du concile Vatican II, que se fonde cette obligation qu'ont les fidèles catholiques et les diocèses dont ils dépendent, d'entretenir le fonctionnement du Siège apostolique. " L'Eglise catholique peut, en vertu d'un droit inné, acquérir, conserver, administrer et aliéner des biens temporels (...), pour la poursuite des fins qui lui sont propres. Ces fins propres sont principalement : organiser le culte public, procurer l'honnête subsistance du clergé et des autres ministres, accomplir les oeuvres de l'apostolat sacré et de charité, surtout envers les pauvres. " (Can 1254 CIC 83) " En raison du lien de l'unité et de la charité, les évêques procureront au Siège apostolique, d'après les ressources de leurs diocèses, les moyens dont il a besoin, selon les conditions du temps, pour bien remplir son service envers l'Eglise tout entière. " (Can 1271 CIC 83)
Le rôle de ministère des Finances est rempli par la Préfecture des affaires économiques du Saint-Siège, dirigée par une commission de cardinaux que préside un cardinal préfet. C'est lui qui, chaque année, au mois de juillet, présente le bilan définitif consolidé du Saint-Siège de l'année passée. C'est toujours la même préfecture qui rédige le budget prévisionnel, afin de le faire valider par le souverain pontife.
Une deuxième administration financière mais non la moindre est l'Administration du Patrimoine du Saint-Siège (APSA), subdivisée en deux sections, l'une ordinaire pour la gestion des besoins de la Curie romaine, l'autre extraordinaire pour la gestion du patrimoine du Saint-Siège. Celui-ci est constitué principalement de biens immobiliers et de placements financiers.
En 1929, avec les accords du Latran, l'Italie a versé au Saint-Siège une indemnité valorisée de compensation pour les biens confisqués aux Etats pontificaux depuis 1870. Elle est évaluée aujourd'hui à 1,75 milliard d'euros. Par ailleurs, l'Italie a concédé au Saint-Siège un certain nombre d'immeubles pour compléter cette indemnité monétaire.
L'Administration du Patrimoine du Saint-Siège gère les immeubles qui lui appartiennent, de même que les investissements financiers dont 80 % sont des titres d'Etat et obligations, et 20 % des actions ou des dépôts dans des instituts de crédit. La politique d'investissement du Saint-Siège obéit à la fois à la prudence, raison pour laquelle les titres possédés sont plus des titres d'Etat que des actions, et à l'éthique, en fonction de laquelle les actions achetées sont très sérieusement sélectionnées.
Le budget du Saint-Siège concerne le fonctionnement des organes centraux de l'Eglise : la Secrétairerie d'Etat, les congrégations, les Tribunaux, les Conseils pontificaux, la Chambre apostolique, l'Administration du Patrimoine du Saint-Siège, la Préfecture de la Maison pontificale, le Bureau des célébrations liturgiques, la salle de presse, le service d'information du Vatican, le Bureau central des statistiques de l'Eglise, les Commissions pontificales et comités, les institutions rattachées, le synode des évêques, les Académies pontificales, les représentations diplomatiques. L'Etat de la Cité du Vatican a un budget indépendant, de même que la Fabrique de Saint-Pierre. Toutefois, leurs bénéfices peuvent servir à renflouer le budget du Saint-Siège si celui-ci est déficitaire. Ceci évite de puiser dans le patrimoine placé.
Par ailleurs, mais sans être à proprement dit une administration du Saint-Siège, l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR) joue un rôle de banque. C'est lui que l'on appelle trivialement " la banque du Vatican ". Quelque quarante mille comptes y sont ouverts par des clercs, des instituts religieux, des organisations caritatives.
Depuis 2011, l'IOR, à la demande expresse du Souverain pontife, vérifie, comme tous les Etats, sa stratégie contre le blanchiment d'argent et la lutte contre le terrorisme, avec Moneyval, qui émane du Conseil européen. Cette procédure devrait s'achever en 2012. C'est depuis qu'une mise sous séquestre d'un compte de l'IOR a été réalisée en 2010, que le pape, alerté, a voulu se doter de cet outil de transparence.
Les résultats financiers du Saint-Siège
Le bilan définitif consolidé 2010 du Saint-Siège est positif pour la première fois après trois années négatives consécutives. Il dégage un résultat de 9,8 millions d'euros. Il avait été déficitaire en 2009 avec un résultat de - 4,9 millions d'euros. Le résultat financier 2010, présenté par le cardinal président de la Préfecture des affaires économiques du Saint-Siège début juillet de l'année suivante, est équilibré avec un solde positif de 9,8 millions d'euros. Les recettes se sont élevées à 245,195 millions d'euros, tandis que les dépenses ont atteint 235,347 millions d'euros.
En ce qui concerne les recettes, la crise financière mondiale de 2008 a aussi induit des résultats négatifs au Vatican. Les dons des fidèles pour le denier de Saint-Pierre a toutefois contribué aux recettes à hauteur de 46,6 millions d'euros, soit 10,1 millions de moins qu'en 2009 (ceci ne représente que 50% de ce qu'il rapportait 5 ans plus tôt), soit 19 % des recettes du Saint-Siège. L'IOR a versé 55 millions d'euros au Saint-Siège (contre 50 millions en 2009). Les dépenses ont mieux été maîtrisées et reduites de 19 millions sur l'exercice. 2806 personnes sont employées par le Saint-Siège et leurs emplois figurent au budget.
Les résultats financiers de l'Etat de la cité du Vatican.
Le résultat financier 2010, présenté par le cardinal président de la Préfecture des affaires économiques du Saint-Siège début juillet 2011, a présenté un solde positif de 21,043 millions d'euros. Les recettes se sont élevées à 255,890 millions d'euros, tandis que les dépenses ont elles atteint 234,847 millions d'euros.
Les bénéfices des musées du Vatican augmentent d'année en année ; ce sont d'ailleurs très exactement 5 078 004 visiteurs qui les ont fréquentés en 2011. Les biens immobiliers ont aussi représenté plusieurs dizaines de millions d'euros de recettes.
Les dépenses principales sont motivées par les salaires des 1 876 personnes employées par l'Etat. Les salaires les plus importants ne dépassent pas 2 500 € par mois. Ce sont les médias qui coûtent très cher au Vatican, entre Radio Vatican, l'Osservatore Romano, le centre de télévision et la librairie éditrice vaticane. En 2004, les gros équipements de Radio Vatican ont été déplacés en raison des normes italiennes en matière d'ondes électromagnétiques. L'Etat italien a compensé les dépenses de ce déplacement. Pourtant, il est nécessaire au Siège de l'Eglise catholique de faire entendre sa voix et ses points de vue, quand, à bien des sujets, la communication d'autres idéologies déferle, souvent avec violence, contre le Saint-Siège.
C'est loin d'être un budget gigantesque, on le comprendra, qui est consacré au Saint-Siège et à l'Etat de la cité du Vatican (500,9 millions d'euros au total en 2010). S'il fallait faire des comparaisons, on pourrait citer, pour 2010, le budget du musée du Louvre (233 millions d'euros de recettes, 231 millions de dépenses, 8 413 000 visiteurs), ou le budget de la ville de Nantes pour 2010 (450 millions d'euros).
Le Vatican bénéficie de deux tourismes, l'un spirituel, l'autre culturel ; il n'est pas rare que les visiteurs possèdent d'ailleurs les deux motivations. Le Saint-Siège prend ce sujet très sérieusement et a adhéré dès sa création en 1980 à la Journée mondiale du tourisme, mise en place par l'Organisation mondiale du tourisme.
En 2011, plus de 2,5 millions de personnes ont participé aux manifestations présidées par Benoît XVI : 400 000 aux audiences générales ; 101 800 aux audiences particulières ; 846 000 aux messes pontificales ; 1 206 000 aux Angelus des mercredis et dimanches. Ce sont 250 000 personnes qui sont venues s'incliner devant le tombeau de Jean-Paul II durant les quelques jours qui ont précédé sa béatification.
Les musées du Vatican ont attiré 5 078 004 visiteurs durant l'ensemble de l'année 2011 (4,6 millions en 2010). On reste impressionné par les 18 millions de personnes qui sont rentrées dans la basilique Saint-Pierre en 2010 (4,1 millions sont d'ailleurs aussi montées sur le dôme et la terrasse).
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