Leitfaden Jemen : Arts et culture
L'architecture traditionnelle, en dehors de Sanaa, est différente selon la région. La maison de pierre est le style le plus répandu dans les régions montagneuses, où les villages s'organisent selon deux grands modèles : soit un rangement très serré de l'habitat, avec des fortifications, soit une disposition ouverte et très dispersée. On trouve dans la région de Haraz, près de Menaachaes, des maisons perchées au sommet de roches juste assez larges pour soutenir leurs fondations, ce qui est un spectacle très impressionnant. Les pierres sont de provenance volcanique (noire) ou du tuf (blanc ou brun), qui est une roche à la porosité élevée et de faible densité. Souvent les deux sortes sont utilisées ensemble, la noire pour l'encadrement des fenêtres, des portes et la séparation des étages, et le tuf pour les murs proprement dits. Dans la région de Saada, les maisons sont en général construites avec de la glaise comprimée. Les anciennes maisons du Sud-Yémen ont aussi été bâties avec des parpaings de glaise. Les exemples les plus frappants sont les maisons de Shibam, dans le ouadi Hadramaout. En entrant dans un village on est saisi par la profonde unité architecturale, que jamais aucune maison discordante ne vient briser. Fait remarquable : les différences de classe entre les villageois ne sont pas perceptibles à l'aspect extérieur des maisons. Comme dans de nombreux autres pays, le contraste est très marqué entre l'art flamboyant du passé et les réalisations du présent.
L'habitat traditionnel du Yémen est une haute maison de quatre à six étages avec un toit plat. Les maisons de un ou deux étages sont de construction récente. Les étages du bas ont toujours des fenêtres plus petites afin que personne ne puisse pénétrer dans la maison. Plus larges, les fenêtres supérieures sont aussi beaucoup plus richement décorées. Une maison traditionnelle yéménite est divisée comme suit.
Pas de soubassement (pas de cave), à l'exception de quelques maisons à Sanaa.
Au rez-de-chaussée se trouvent l'entrée et les étables du bétail. Il ne comporte que très rarement des fenêtres et se voit donc souvent plongé dans le noir. Un escalier intérieur dessert les étages. Si la région est électrifiée, l'ascension ne pose aucun problème, mais dans le cas contraire, préférez une visite de jour, car vous risquez fort de vous retrouver sur les genoux : les marches sont toutes de hauteurs différentes.
Au premier étage se trouvent les pièces de réserves et les débarras.
Aux étages 2, 3 et 4 se trouvent les salles à coucher et d'habitation. La cuisine est placée à l'avant-dernier étage.
Au dernier étage, la plus belle pièce de la maison, le " mafraj ", est réservée au chef de la maison. C'est dans cette pièce qu'il reçoit les invités, qu'il règle ses affaires et c'est aussi le lieu où il organise des séances de qat. Les fenêtres, qui sont placées très basses, permettent aux gens qui sont assis sur le sol de voir ce qui se passe à l'extérieur. Comme ces fenêtres, ainsi placées, sont dangereuses pour les enfants, elles sont souvent grillagées. On voit souvent dans les " mafraj " une télévision, une pipe à eau et un crachoir, pour les séances de qat, et des niches dans les murs afin d'entreposer les livres, les papiers et les habits. Selon la position sociale, le " mafraj " est plus moins richement orné.
Dans toutes les maisons traditionnelles, il y avait des toilettes à chaque étage. Les toilettes et le bain se trouvent aujourd'hui dans la même pièce. Le Nord demeure fermé au monde jusqu'en 1962, puis à nouveau en 1970 à cause de la guerre civile, c'est pourquoi le grand apport britannique que sont les baignoires y estt assez rare. En revanche, au Sud, les baignoires sont venues s'ajouter aux piscines et aux bassins traditionnels, du moins chez les plus fortunés. C'est à l'aide de seaux d'eau qu'on y obtient l'effet de la douche, les pieds se trouvant alors surélevés sur de petits blocs de pierre de 20 cm pour que l'eau puisse être rejetée à l'extérieur par un système de rigoles.
La cuisine se trouve à l'avant-dernier étage afin que le chemin à parcourir vers les " mafraj " ou les chambres soit le moins long possible. L'invité passe souvent devant la cuisine et il peut remarquer que l'équipement y est très sommaire. Jusque très récemment, les repas étaient cuits sur de petits fours à bois, remplacés depuis par des cuisinières à gaz. Les restes du repas ne sont pas jetés et sont donnés au bétail.
Dans les maisons des villages aux alentours de Sanaa, le rez-de-chaussée était destiné à héberger le bétail, qui donnait un chauffage naturel aux étages supérieurs. Le premier servait d'entrepôt pour les réserves de nourriture, le bois.
Dans les maisons de l'Hadramaout, le rez-de-chaussée hébergeait aussi le bétail, ainsi que la réserve de dattes séchées, le " tamr ". Les étages se décomposaient en halls d'accueil, en chambres à coucher, mais c'est souvent sur la terrasse au sommet des immeubles que toute la famille s'installe pour dormir, à la fraîche.
A Zabid, les maisons sont plus basses, pour se protéger de la chaleur, et sont toutes agrémentées d'une cour intérieure plantée. La pièce la plus importante est la " mourabba ", qui signifie " pièce à angles droits " ; On y dort lors des nuits fraîches et l'on y fait généralement la sieste ; c'est aussi la pièce de réception et de stockage des biens de la famille. Si les habitations des autres régions du pays ne possèdent pas de vrai mobilier, celles de Zabid agrémentent leur intérieur de banquettes hautes tressées de serge qui servent de literie, la nuit, lorsqu'on y pose des matelas. Par ailleurs, on trouve la " saffa ", pièce ouverte sur la cour, qui est plus réservée à l'intimité familiale.
Le Yémen demeure un pays producteur d'artisanat local, qui est d'abord destiné à l'usage de ses habitants, que les visiteurs étrangers trouvent aussi à leur goût.
Les maîtres de cet art de modeler l'argent et de le ciseler est inconditionnellement accordé aux vieilles familles juives qui en avaient fait leur spécialité. Leur départ durant la première moitié du XXe siècle a laissé un vide. Certains apprentis yéménites sont aujourd'hui devenus des maîtres. La gamme des objets n'est pas très étendue néanmoins, boîtes cylindriques destinées à protéger les rouleaux de Coran, fermetures de ceinturons traditionnels. Mais attention, tout ce qui brille n'est pas argent, au contraire, et certains métaux argentés un peu vieillis peuvent tromper les clients. Il faut aussi voir si le travail est fait à la main et regardant l'envers du travail : une empreinte négative trop marquée et d'égale profondeur est le signe d'une impression mécanique à plaque à froid, par exemple.
Une des déclinaisons du travail de l'argent est la confection de bijoux, notamment des colliers, en argent. Leur style est soit yéménite, soit bédouin, surtout les grosses pièces très lourdes d'aspect. Les perles d'argent sont alternées avec du corail ancien de couleur rouge ou orange, du lapis-lazuli et aussi des améthystes. Il faut se méfier des fausses pièces de cornaline et d'ambre, qui sont pourtant l'une des spécialités du pays, mais trop de perles en verre rouge ou en plastique jaune sont présentées pour ce qu'elles ne sont pas. Certains créateurs reprennent des éléments d'anciens colliers pour en faire de ravissants objets. L'or neuf que l'on trouve sur le marché est de 18 carats, et est importé d'Arabie saoudite ou de Bahrein.
Ces jolies boîtes souvent colorées en rouge, jaune, rose ou brun, ne viennent pas de la région de l'Hadramaout, mais encore d'Inde. Cela n'empêche pas de les trouver jolies, mais elles n'ont rien d'authentiquement yéménites.
C'est un des beaux cadeaux symboliques que l'on peut rapporter du Yémen. Toutes n'ont pas la même forme : les formes allongées étaient réservées aux juges ainsi qu'aux descendants du Prophète ; les formes recourbées sont plus modernes et peuvent être portées par tout un chacun, certaines ayant sans doute des influences asiatiques, voire indiennes. Le prix de cet objet est aussi très variable, allant de 15 à 1 000 €, sinon plus, selon le matériau utilisé : métal ou argent, qualité de la lame, manche en corne ou en plastique, fourreau en cuir, incrustations de pierreries, etc. On peut y ajouter la ceinture, " Al Gefle ", brodée de fil d'or ou en matière meilleur marché, fermée par de simples agrafes ou un système plus sophistiqué qui est également une pièce d'orfèvrerie.
Il est aussi possible de se faire confectionner un habit de juge pour les hommes, soit en damas doré comme pour la cérémonie de mariage, soit en laine noire ou en poils de chameau à porter lors des froides soirées d'hiver. Les dames qui aimeraient le noir, peuvent trouver des " Abbaya " qui sont des chasubles sans bouton, ou des " Balto " qui se déboutonnent. C'est ainsi que les femmes se couvrent lorsqu'elle sortent en ville, afin de ne pas se faire importuner par les hommes, excités par le moindre froufroutement de tissu.
Le miel est l'une des denrées comestibles les plus chères du pays, bien plus que la viande ou le poisson. On lui attribue ici des vertus aphrodisiaques, et les marchands de miel abusent de leur situation dominante. Le plus cher d'entre eux est celui du jujubier, à l'odeur de caramel frais, vendu 1 000 $ le kilo. Tout le miel vendu dans le pays n'est pas produit au Yémen : il n'y a pas assez de plantes ou d'arbres pour nourrir les ruches du pays, et le Pakistan et l'Inde sont des pays exportateurs importants. Là encore, cela ne veut pas dire que le miel acheté " au Yémen " n'est pas bon, mais ce n'est pas toujours du miel " du Yémen ". Les épices s'achètent au souk, dans la division qui leur est accordée.
On en trouve dans toutes les boutiques du souk de Sanaa. Certaines formes peuvent servir de dessous-de-plat, d'autres de corbeilles à fruits. Il y a deux objets en vannerie plus particulièrement typiques : de grosses boîtes multicolores, de différentes tailles qui servaient de garde-manger ; de grandes nattes en paille blanche qui protègent les plateaux en cuivre des effets de la chaleur des plats.
Le seul vrai travail local de tissage est destiné aux hommes, qui les vêtent à la manière de longues jupes, que l'on appelle les " Maqtab " et qui sont des pièces carrées à motifs géométriques. Mais attention, certaines ne sont pas faites à la main et seul votre oeil aguerri vous permettra de faire la différence. Il ne faut pas les confondre avec les " Foutah ", dont les extrémités sont cousues, dont l'origine est indienne, et qui ont des couleurs plus vives. Par ailleurs, des châles ornés de motifs du cachemire sont très prisés. Le reste des foulards destinés aux dames, comme les tissus que portent les villageoises sur le dos, sont des productions indiennes, indonésiennes ou chinoises.
Comme la musique, la danse fut contestée par les théologiens, mais elle n'a jamais cessé de se développer au long des siècles et le régionalisme y est aujourd'hui plus prononcé encore que dans les autres arts. Les danses se font séparément selon le sexe : les femmes ne dansent que dans le secret des maisons, tandis que les hommes s'y livrent en public, lors de chaque célébration. De petits groupes d'hommes se réunissent aussi pour danser avec leur " djambeya " au poing. La plus renommée de ces danses de " djambeya " se nomme la " Bara ". Les tambours amorcent le rythme et, au début de la danse, les enfants et les débutants peuvent s'exercer, puis ils s'écartent pour laisser la place aux adultes. Le rythme alors s'accélère et seulement les plus expérimentés sont à même de suivre. Si vous observez ces danses, vous vous rendrez rapidement compte qu'il s'agit surtout de placer correctement les pieds et que, si les pas sont rapides, ils sont finalement assez simples. Pour être en rythme, le danseur regarde toujours les jambes des autres participants. La danse " bara ", qui est plus ancienne que l'islam, était réservées aux seuls notables jusque dans les années 1960.
La danse du ventre (" raks schargi ") était avant l'islam une danse de séduction. On la retrouve dans tous les pays du Moyen-Orient, en Afrique du Nord et, bien sûr, en Egypte (qui est d'ailleurs le seul pays où les femmes dansent le ventre nu). Cette danse, aussi appelée la danse égyptienne (" raks musri "), a été introduite au Yémen pendant la guerre civile. Les Egyptiens avaient installé des cinémas gratuits en plein air, qui donnaient à voir cette danse ensorceleuse. Plus tard, la télévision prit le relais. Au Yémen elle est dansée dans les réunions de femmes ou en familles, mais jamais devant d'autres hommes que le père, le mari et les frères de la danseuse. Vous verrez sans doute des spectacles de danse du ventre dans certains restaurants d'Aden, mais ce sont généralement des spectacles sans âme, qui n'ont plus rien de l'ancienne danse symbolique. Les danses du ventre traditionnelles ont encore lieu pendant les mariages, mais seules les femmes sont admises à y prendre part.
Il n'y a guère de production cinématographique au Yémen, et les deux seuls réalisateurs vivent actuellement à l'étranger. Il s'agit de Bader Ben Al Harsi, né en Grande-Bretagne, qui a produit Un nouveau jour dans la vieille ville de Sanaa, qui est le seul film à son actif.
On connaît aussi Khadija Al Salami, qui a étudié au Mount Vernon College de Washington et travaillé à la télévision du Yémen. Elle est aujourd'hui directrice du Centre d'information yéménite à Paris. Elle a douze documentaires à son actif depuis le premier réalisé en 1990, Femmes du Yémen. L'avant-dernier, intitulé Les Femmes et la démocratie au Yémen et réalisé en 2003, explore les actuelles tentatives pour les femmes d'accéder au pouvoir et les difficultés qu'elles rencontrent. Sa dernière création est Amina, et présente l'histoire vraie d'une femme accusée du meurtre de son mari, dont la belle-famille demande la mort au titre de la coutume tribale, et qui ne doit sa survie qu'à la protection présidentielle.
Il existait à Sanaa, une salle de cinéma nommée " Bilqis ", dans le centre-ville, et une salle plus récente avait été ouverte dans le quartier de Hadda, mais elles sont fermées depuis très longtemps, sans doute pour des raisons religieuses ou de moeurs, les salles de cinéma étant réputées, au Moyen-Orient, et même en Egypte qui demeure très active en matière de production cinématographique, des lieux de rencontres ou d'effleurements des spectateurs...
Les grandes fêtes célébrées au Yémen sont essentiellement religieuses, avec l'Aïd Al Adha, l'Aïd Am Fith, le Mouled Al Nabi, et elles se passent en famille. Elles sont l'occasion, comme toujours, de réunions dans les " diwan " pour y mâcher du qat.
La fête nationale, le 22 mai, donne lieu à une rencontre du président avec les représentants de l'Etat et les ambassadeurs étrangers, ainsi qu'à un défilé militaire, dans une ville du pays chaque année différente, mais pas à de réjouissances populaires nationales.
Vivre dans la vieille ville de Sanaa ou fréquenter ses hammams traditionnels a progressivement disparu des habitudes de vie des Yéménites fortunés qui se sont tournés vers de nouvelles villas, dans lesquelles des salles de bains modernes ont été aménagées.
Pendant encore un temps, les couches populaires de la population ont continué à fréquenter les bains publics, mais le désir d'avoir chez soi les commodités de l'hygiène moderne a finalement eu raison de la tradition des derniers hammams de la ville. Il n'en existe plus qu'une dizaine à Sanaa et on en trouve quelques autres près des mosquées comme au ouadi Dar.
Pour ceux et celles qui voudraient néanmoins s'aventurer dans les hammams traditionnels, voici quelques conseils :
N'emportez pas d'objets de valeur ou d'argent superflu car vous laisserez vos biens dans votre sac au gérant du hammam.
Emportez vos sandales en plastique, vos serviettes de bain, votre gant de matière râpeuse, vos savons et autres shampoings.
A l'intérieur, vous ne trouverez pas de bain, l'eau étant réduite, mais des douches. Vous irez de la salle de vapeur aux douches en vous arrêtant par le masseur qui vous proposera d'enlever les peaux mortes à l'aide du gant que vous aurez apporté.
Le prix d'entrée coûte entre 300 et 500 rials, et le service à payer au masseur est de 200 rials.
On y retrouve la disposition classique des hammams du Moyen-Orient. Par une petite porte discrète donnant sur un escalier de quelques degrés, on accède au hall principal : un guichet où siège le propriétaire des lieux vous accueille à gauche ; deux loggias surélevées sont recouvertes de nattes où certains clients passent la nuit ; deux alcôves vitrées servent de vestiaire, on s'y dévêt et on remet aux employés son sac. C'est ceint de sa serviette que l'on peut alors se diriger vers les chambres chaudes du hammam.
La pièce est octogonale, et couverte d'une coupole trouée de jours fermés par des vitres de couleur. Au milieu de cette pièce trône une grande table de pierre noire avec en son centre une fontaine dont jaillit un filet d'eau chaude. C'est sur cette table que les massages et nettoyages du corps se font, ou parfois à même le sol. Mais il faut d'abord rendre sa peau tendre en se rendant dans la pièce d'eau chaude, où l'on accède par un escalier pratiqué dans l'un des côtés de l'octogone. Autour d'un bassin de deux mètres de côté et d'un mètre cinquante de profondeur, on s'assied ou s'allonge, bénéficiant de la chaleur humide dégagée par l'eau chaude de la pièce. Pour couper l'effet de la chaleur, des douches d'eau froide sont pratiquées dans deux autres alcôves donnant sur la pièce octogonale. C'est un lieu convivial, où l'on va pour s'attarder et se détendre.
Les adresses de certains hammams à Sanaa sont :
Hammam Ahbar, près de Bab Al Yemen (attention de ne pas vous tromper, des journées sont réservées aux hommes et d'autres aux femmes !).
Hammam Al Shoukr, dans la vieille ville (on en voit une photographie dans le livre Hammam, de Pascal Meunier, aux éditions Dakota, p. 86).
" Târiq, un jeune homme de bonne famille, va se marier avec Bilqîs, qui a été choisie pour lui par sa soeur, mais dont, selon la tradition, il n'a jamais vu le visage. Un peu avant les noces, Târiq tombe victime d'un quiproquo : une nuit, il aperçoit dans la rue, une jeune femme portant la robe qu'il a offerte à sa fiancée ; il est alors pris entre le sentiment amoureux que lui inspire cette femme et le sentiment de honte que lui inspire le fait que sa future épouse puisse déambuler ainsi toute seule dans la nuit en contravention totale avec les normes sociales très conservatrices, dominantes à Sanaa. Le quiproquo se poursuit sur fond de bavardages féminins et de palabres publiques des hommes, y compris avec un photographe italien quelque peu perdu dans ce labyrinthe sanaani de ruelles tortueuses, et d'intrigues qui le sont tout autant. Jusqu'à ce que le fiancé comprenne qu'en fait, la femme qu'il a entrevue et dont il est tombé amoureux, n'est pas sa fiancée, mais Inès, la propre coiffeuse de celle-ci, qui appartient donc à une caste sociale inférieure, naqqâsha, " décoratrice ", où il est inimaginable qu'il puisse prendre femme. De plus, la rumeur publique accuse Inès d'avoir volé la robe (méfait caractéristique, qui confirmerait les mauvaises moeurs des membres de cette classe sociale méprisée). Puis, après un nouveau rebondissement narratif, Târiq comprend que, contrairement à ce qu'il croyait, la robe n'avait pas été volée, mais tout simplement jetée par la fenêtre par sa fiancée qui ne l'avait pas trouvée à son goût, et simplement retrouvée par Inès qui n'en connaissait pas l'origine. Dès lors, le jeune homme rompt avec sa fiancée indélicate et se lie avec la jeune coiffeuse contre l'avis de sa famille. La question de la mésalliance est bien sûr au centre de l'intrigue et au centre du film. Finalement, les deux amoureux décident de partir, de quitter le pays pour pouvoir vivre heureux ailleurs. Mais au rendez-vous, symboliquement donné la nuit sur la rive du fleuve Sâ'ila qui coupe la ville de Sanaa en deux, la jeune femme de basse extraction est seule, et le fils de bonne famille ne viendra pas : il n'aura pas osé transgressé le tabou social et se consolera dans la prière. "
(Badr Al Hirsi - Cahiers du CEFAS.)
Le mode d'expression littéraire du Yémen est avant tout la poésie, issue de la grande tradition arabe, qui a séduit le poète français Lorand Gaspar.
L'art poétique du Yémen était déjà célèbre avant l'islam. Comme dans toutes les littératures arabes, on remarque la grande influence de la culture perse. L'adad, un mode de transmission oral, était à la base de la connaissance, indispensable à quiconque voulait comprendre les us et coutumes, la musique, l'art, la politique, la religion, l'administration et la stratégie militaire. La poésie est sans nul doute le plus ancien des arts littéraires. Aux temps préislamiques se tenait déjà à La Mecque un pèlerinage annuel qui était l'occasion d'un grand marché et d'un très célèbre concours de poésie. La géographie et l'histoire sont également des domaines très prisés de la littérature, et nombre de poèmes épiques racontent l'histoire des grands hommes, de leurs actions et de leurs origines. Bien entendu, les grands sujets religieux, à commencer par la vie de Mohammed, ont une large place dans la littérature.
Yéhia Sharaf Al-Din (1532-1601). Ce poète marque la rupture et la transition entre la poésie classique et la poésie moderne telles que l'on peut encore les écouter dans les mafradges aujourd'hui. Cet homme rompt avec la tradition du chant sannani il y a de cela quatre cents ans et y introduit un style nouveau, le " Humayni ". Venu du sud, il plonge ses racines dans le reste du Yémen. Yéhia Sharaf al-Din est le premier à chanter des " humayni " à Sanaa où l'on a depuis toujours l'habitude de chansons d'amour. Ce style prend une certaine liberté vis-à-vis des canons littéraires arabes, notamment en étant fondé sur le lieu commun cher au peuple. De plus, le fait qu'il ne parle pas seulement d'amour mais qu'il soit aussi satirique et religieux est une révolution à l'époque. Il eut une influence majeure sur tous ceux qui suivirent son exemple et, après lui, c'est surtout dans la région de Sanaa qu'on verra fleurir cette poésie.
La littérature contemporaine est bien représentée par deux poètes du Yémen du Sud, Mohammed Saïd Gerada (né en 1923) et Mohammed Salih Haydara (né en 1952). Le plus célèbre poète du Nord du pays était Mohammed Mahmoud Al-Zubayri (1909-1964). Il fut le fondateur du mouvement " Yéménites libres ", en 1944, qui revendiquait le gouvernement du Nord-Yémen.
Notons deux femmes écrivaines contemporaines : Abtsam Al-Mutawkul, originaire de Sanaa et Hada Al-Atass, originaire d'Aden.
Il faut noter que la cinéaste Khadija Al Salami est aussi l'auteur d'un roman biographique, Pleure, ô reine de Saba !, qu'elle a d'abord écrit et publié en anglais, et qui a ensuite été traduit en français. On ne le trouve pas en langue arabe, mais le combat de femme aspirant à la liberté qu'elle y décrit, ainsi que le système tribal qu'elle a combattu, sont des sujets encore trop sensibles pour être débattus dans cette langue.
" Il est intéressant de noter que, dans les deux genres les plus pratiqués, la nouvelle et la poésie, les formes classiques côtoient de nos jours les formes modernes. Certes, le renouvellement des styles et des thèmes traditionnels semble l'emporter. Le fait même que cette sélection ne contienne qu'un seul texte classique versifié témoigne bien du développement du vers libre et de la prose qui dominent la production littéraire aujourd'hui. L'opposition entre les " anciens " et les " modernes " s'estompe ici, laissant la place à deux nouveaux rivaux, le vers libre et la prose. Le poème en prose, encore peu apprécié du public yéménite, semble toutefois être la forme préférée de la nouvelle génération poétique.
Si la poésie reste le genre le plus populaire, le " rajeunissement " littéraire est surtout visible dans la nouvelle, si l'on considère le développement que connaît actuellement cette dernière forme littéraire. Les figures mythiques et la tradition populaire sont alors souvent mises au service d'une inspiration renouvelée. En revanche, le théâtre, représenté ici par Muhammad al-Sharafî, l'un des pionniers du genre, souffre de la rareté des auteurs et de l'étroitesse du public. La culture du théâtre est encore balbutiante au Yémen.
En simplifiant quelque peu la réalité, on pourrait dire que trois générations sont présentes dans cet ensemble de textes traduits : la plus ancienne, celle, notamment de 'Abd al-'Azîz al-Maqâlih, s'est fait connaître dès les années 1960 et 1970, suivie par celle de Fâtima al-'Ashabî ou de Muhammad al-Shaybânî, apparue dans les années 1980 ; quant au jeune poète Nabîl Subay', il appartient à la dernière génération, celle de la fin des années 1990. La séparation entre écrivains " classiques " et " modernes " ne correspond pas à celle des générations. Le changement est déjà perceptible dans la génération la plus ancienne alors que certains jeunes auteurs demeurent attachés au mètre classique.
Fait notable, la dernière décennie a vu l'affirmation d'une littérature " féminine ". Alors que celle-ci se limitait, dans les années 1970 et 1980, à quelques noms (Ramzya al-Iryânî, Nabîla al-Zubayr), elle s'est considérablement développée, tant en quantité qu'en qualité dans les années 1990. La forte présence féminine dans cet échantillon ne relève pas d'un choix ou d'un parti pris du regard étranger : il faut y voir au contraire un signe de la force et de la centralité de cette production. Il devient donc difficile aujourd'hui d'ignorer cette littérature ou de l'enfermer dans le registre de la condescendance : elle existe pleinement. "
(Cahiers du CEFAS.)
Yémen au pays de la reine de Saba, de l'Institut du monde arabe, Flammarion. C'est le catalogue de l'exposition éponyme qui a été présentée à l'IMA en 1997 et 1998, qui fait partie des immanquables si l'on s'intéresse aux civilisations sud-arabiques.
Yémen au pays de la reine de Saba, de l'Institut du monde arabe, éditions des Expositions de l'oeil. Magazine tiré hors série au moment de la même exposition.
Catalogue des pièces archéologiques et épigraphiques du Jawf au musée national de Sanaa, de Mounir Arbach et Jérémie Schiettecatte, édité par l'Unesco, le Fonds social de développement et le CEFAS. C'est le seul catalogue de présentation d'une partie des pièces exposées au musée de Sanaa.
De l'or du sultan à la lumière d'Allah, sous la direction de Solange Ory, imprimé à Damas par l'IFEAD et le CEFAS. Ouvrage très érudit décrivant la restauration de la mosquée Al Abbas à Asnaf. Les illustrations donnent une bonne image des choix artistiques de l'art islamique de cette région de la péninsule arabique à cette époque.
L'ABCdaire du Yémen, de l'Institut du monde arabe, Flammarion. Cette célèbre collection a profité de l'exposition à l'IMA pour sortir un livre très complet sur la civilisation sud-arabique.
Arabie heureuse, Arabie déserte. Les antiquités arabiques du musée du Louvre, de Calvet et Robin, coll. " Notes et documents des Musées de France ", RMN.
Bronze and Iron - Ancient Near Eastern Artifacts in the Metropolitan Museum of Art, par Oscar White Muscarella, aux éditions du MET. Pour les amateurs d'art sud-arabique, un bel ouvrage qui permet de comparer le travail du bronze au Yémen avec les royaumes voisins, et leurs influences réciproques dans la technique et le style.
Un panthéon de l'Arabie du Sud en images, le temple 1 d'As Sawda et Nouvelles découvertes archéologiques dans le Jawf, de Rémy Audouin et Mounir Arbach, édités par le Fonds social de développement. Ces ouvrages d'urgence sont à lire absolument pour que le public soit sensibilisé à la destruction des sites archéologiques par les tribus du Nord du Yémen, qui tirent profit de la vente des objets déterrés. Ce sont aussi parmi les rares écrits de Rémy Audouin, premier grand archéologue français au Yémen, do on aimerait qu'il écrive davantage...
Lucky Luke - Des rails sur la prairie, de Morris, Dupuis. Pour comprendre les enjeux du développement de certaines régions du Yémen, et les rapports avec les sociétés étrangères qui s'y implantent.
Astérix le Gaulois, d'Uderzo et Goscinny, Hachette Astérix. Parce que dans chaque tradition, il y a quelque chose d'irréductible.
Yémen, Cités d'écriture, d'Hugues Fontaine et Mounir Arbach, éditions du Bec en l'air. Très bel ouvrage de présentation des sites archéologiques du Yémen et approche pédagogique de la civilisation sud-arabique. Le malheur est que 60 % des sites présentés sont interdits à la visite, pour des raisons de sécurité.
Zabid au Yémen, de Paul Bonnenfant, Edisud. Ouvrage de présentation historique, architecturale et sociologique de la ville de Zabid, premier site yéménite que l'Unesco a classé au Patrimoine mondial.
Yémen, de Pascal et Maria Maréchaux, Phébus. Sans doute le plus intéressant livre d'images que le couple de photographes a réalisé sur le pays. Les textes de Dominique Champault aident à la compréhension du mode de vie local.
Tableau du Yémen, de Pascal et Maria Maréchaux, Arthaud. Ce livre se concentre sur les façades, peintures murales traditionnelles et visages des habitants. Un point de vue impressionniste.
Yémen - Arabia Félix, d'Hervé Champollion avec les textes de Jean Lambert, Hermé. Conçu en quatre thématiques géographiques et magnifiquement illustré, cet ouvrage invite au voyage au Yémen, surtout avec la connaissance qu'en a Jean Lambert, directeur du Centre français d'archéologie et de sciences sociales (CEFAS), basé à Sanaa.
L'Art du bois à Sanaa, de Guillemette et Paul Bonnenfant, Edisud. Ce livre technique est toutefois accessible à un public généraliste et fait le catalogue de l'art des menuisiers et ébénistes de la ville de Sanaa, qui est devenu, par effet inverse, dans son édition arabe, la référence de la nouvelle génération des artisans du bois.
Yemen, édité par Werner Daum, Penguin. Pour ceux qui aiment la langue anglaise, les célèbres éditions d'érudition britanniques apportent ici des précisions historiques, artistiques de grande importance, que les ouvrages français n'ont pas encore apporté.
Socotra - A Natural History of the Islands and their people, de Catharine Cheung et Lyndon De Vantier, éditions Odyssey Books & Guides à Hong Kong. Toujours en langue anglaise, c'est aujourd'hui le seul grand livre sur l'île de Socotra, parfaitement exhaustif et très bien illustré.
Socotra, une île du temps, de Jean-Louis Guebourg, Presses universitaires de Bordeaux.
Sanaa mode d'emploi, de Maguelone Loup, Anthracite. Ce guide " pour s'installer à Sanaa " a été conçu par une Française expatriée pendant trois ans au Yémen, et rédigé avec beaucoup d'humour. Maguelone Loup est maintenant partie, mais le Yémen ne l'a pas quittée, n'est-ce pas ?
Arabie heureuse, de Lorand Gaspar, Verdier. Le très grand poète, touché par le Yémen, lui a consacré un ouvrage très émouvant et contemporain.
Aden, Arabie, de Paul Nizan, La Découverte poche. Préfacé par Jean-Paul Sartre.
Le Voyage de Bilqis, d'Aliette Armel, Autrement Littératures. Une envolée lyrique vers la fabuleuse reine de Saba.
Mer Rouge, d'Henri de Monfreid, Grasset. L'auteur, de plus en plus contesté, notamment avec la publication de sa dernière biographie, laisse toutefois rêver du Yémen.
Fortune carrée, de Joseph Kessel, Le Livre de Poche.
Pleure, ô reine de Saba, de Khadija Al Salami, Actes Sud. Biographie romancée de la cinéaste yéménite, décapante sur sa société pour laquelle elle livre, malgré tout, un sentiment de forte passion.
Correspondance d'Arthur Rimbaud, Gallimard. A Aden, le génial poète n'a rien écrit, sinon quelques lettres, mais s'est consacré à ses activités de commerce et de trafics divers. Dommage pour cette ville qui n'a rien laissé à sa poésie.
Rimbaud à Aden, de Jean-Hugues Berrou, Jean-Jacques Lefrère et Pierre Leroy, Fayard. Livre de photographies voulant faire référence à Rimbaud à Aden, dont on ne possède qu'un portrait hypothétique. Le résultat déçoit.
Chroniques yéménites, du CEFAS, que l'on trouve aussi en ligne (www.cefas.com.ye). Chaque année, le Centre français d'archéologie et de sciences sociales publie la chronologie politique et sociale yéménite de l'année passée, ainsi que des articles de ses chercheurs du CNRS et du ministère des Affaires étrangères et européennes.
Les Jardins de la vieille ville de Sanaa, Yémen, sous la direction de Miquel Barcelo, éditions du CEFAS. Une façon inédite de préparer l'une de ses balades dans la vieille ville de Sanaa, au gré des quarante-trois jardins qu'elle renferme.
L'Arabie du Sud, histoire et civilisation de Joseph Chelhod, Maisonneuve et Larose. C'est l'ouvrage de référence en matière politique, historique et sociologique, mais certains articles datent désormais puisque les trois volumes ont été publiés en 1985, avant la réunification du pays.
La musique en tant qu'enrichissement de la vie quotidienne ou des jours de fête fut peu à peu contestée dans l'islam. Bien que le Coran ne fasse pas de mention spécifique à la musique, de nombreux érudits se sont affrontés à travers les siècles afin de déterminer si la musique conduisait les croyants à Dieu ou les en éloignait. Insoucieuse de ces querelles " d'experts ", la vie musicale se développa avec grand faste et bien des rites sont nés autour de la musique. Avec la possibilité d'enregistrer et d'écouter la musique au moyen de phonographes, de nombreux documents sonores furent édités, jusqu'à ce que l'imam Yéhia, dans les années 1940, interdise que l'on joue ou que l'on écoute de la musique : les instruments furent bannis des rues, et les chants, les radios, les tourne-disques, la danse et le théâtre furent interdits. Ne pouvant exercer leurs talents, les musiciens s'exilèrent à Aden ou Djibouti.
Certains d'entre eux, comme Abou Bakr ou Salem Balfaqi, sont connus dans tout le monde arabe. La scène musicale continua à vivre dans le secret jusqu'à ce que, après la mort de l'imam Yéhia, son fils Ahmed, lui-même musicien en privé, lève l'interdiction officielle de la musique en 1955. Après la révolution de 1962, le gouvernement républicain créa à l'intérieur de son ministère de la Culture une section entièrement consacrée à la musique.
Autre tradition, celle des Doshan, payés pour chanter le panégyrique de la tribu ou la critique d'une tribu ennemie.
Ils sont aussi les musiciens attitrés des mariages ou de la guerre, avec leurs tambours et leurs flûtes. Les Doshan, au temps de l'imamat, faisaient aussi office de circonciseurs tandis que leurs femmes étaient des marieuses professionnelles. Aujourd'hui, si les Doshan sont peu respectés, les chanteurs et les joueurs de aoud (luth traditionnel) sont l'objet d'une réelle admiration, à l'exemple de Fouad Al Kipsi, Ayoub Taresh et de beaucoup d'autres encore. Mais ces musiciens d'exception préfèrent aujourd'hui donner des concerts dans les pays riches du Golfe (Emirats arabes unis), d'autant qu'il n'existe pas de propriété artistique au Yémen et que les copies piratées y circulent librement. Fouad Al Kipsi, originaire de Sanaa, descend de la famille du Prophète, ce qui lui vaut beaucoup de critiques de Yéménites traditionnels qui considèrent qu'il déshonore son sang. Ayoub Taresh est originaire d'Aden et chante selon les airs de sa région.
La jeunesse n'a plus le désir d'apprendre la musique traditionnelle, qui se joue principalement avec une flûte, un tambourin ou par le chant. Les sujets des chansons yéménites sont l'histoire nationale, la révolution, la vie à la campagne et la vie quotidienne, mais l'amour y reste de loin le thème le plus prisé.
Le fort régionalisme qui s'est récemment manifesté dans la culture a rapidement gagné la musique et les diverses communautés travaillent à faire briller les talents qui leur sont propres. A l'oreille d'un occidental, la musique arabe, et spécialement celle du Yémen, n'est pas toujours immédiatement déchiffrable. Le système des tons y est très complexe : il comporte plus de vingt-quatre niveaux pour une octave. La musique arabe devrait, malgré tout, vous séduire.
Comme le reste des arts, la peinture n'a pas d'existence véritable au Yémen, et ceux qui ont choisi d'exprimer ainsi leur talent créatif ont beaucoup de mérite. Les murs intérieurs des habitations yéménites, peints à la chaux blanche, sont toujours vides de décoration ; il est bien difficile, dans ces conditions, pour un plasticien, d'être reconnu dans son pays, et ce sont souvent les centres culturels étrangers qui les aident à leurs débuts. La seule faculté des beaux-arts du pays est hébergée par l'université de Damhar, loin de la capitale, ce qui démontre le peu d'engouement des hommes de la montagne pour toute forme d'art.
On connaît quelques galeries yéménites à Sanaa, l'une dans les murailles de Bab Al Yémen, l'autre à l'ouest de la même place, appelée L'Atelier, et la troisième près de la grande mosquée de la vieille ville, appelée Gallerie One.
Fouad Al Foutaih. Célèbre peintre, propriétaire de la Gallery n° 1 à Sanaa et directeur du National Art Centre, il est né en 1948 à At-Turba dans le Yémen du Sud. Il a étudié la littérature anglaise au Caire puis s'est rendu à Bagdad pour des études en sciences politiques et économiques. Son périple académique s'est terminé en Allemagne où il a suivi une formation en histoire de l'art à l'université de Cologne. En 1980, à la fin de ses études, il est retourné au Yémen et a travaillé jusqu'en 1987 au ministère de l'Information et de la Culture. En 1986, il a inauguré la Gallery n° 1 à Sanaa et, depuis 1992, il est le directeur du National Art Centre. De nombreuses expositions lui ont été consacrées, tant au Yémen qu'à l'étranger. Fin 1996, une rétrospective de son oeuvre a été présentée à Marbourg en Allemagne.
Talal Al Najar. Né à Taizz en 1964, il a eu l'idée, avec ses amis peintres comme Reema Kasem, Amina Al Nosseiri, Mazher Nizar, de créer en 2001 le groupe des arts contemporains. En 2003, ils ouvrent ensemble L'Atelier, situé dans la maison Beit Al Harabi. Il a été en 1995 le commissaire de l'exposition " Art contemporain du Yémen ", à l'Unesco à Paris, et est membre de l'Académie des arts de Moscou. Le graphisme qu'il a choisi utilise pour beaucoup le fusain ou le crayon et donne de très belles illustrations de scènes du Yémen.
Amina Al Nosseiri. Née en Rada'a, elle est membre de L'Atelier. Son travail de recherche touche à la fois à la forme et à la couleur. Elle aussi est liée à la Russie où elle a obtenu un doctorat en 2001. Elle enseigne par ailleurs à la faculté de philosophie de l'université de Sanaa.
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