Leitfaden Kinshasa : Jeux, loisirs et sports
L'équipe nationale de football des Léopards, après des fortunes diverses, est actuellement au faîte de sa gloire. Elle a remporté en 2016 le Championnat d'Afrique des Nations (CHAN) au Rwanda et est en tête du groupe B pour la prochaine Coupe d'Afrique des Nations (CAN) au Gabon en 2017. Tous les espoirs congolais sont permis... Elle compte au sein de sa sélection de nombreux joueurs de l'AS Vita Club (V Club) et du TP Mazembe, ainsi que des joueurs évoluant dans des prestigieuses équipes européennes.
Le coach national, porté aux nues, est Florent Ibenge, un ancien joueur international congolais et entraîneur de l'AS Vita Club justement... Les Léopards ont connu des succès divers au fil de leur histoire, le point d'orgue étant tout de même leur participation, en tant que première nation d'Afrique noire, à une phase finale de Coupe du monde lors du Mondial allemand de 1974. Un exploit qu'espèrent reproduire les actuels Léopards aux prochaines compétitions internationales, en tentant tout d'abord de s'y qualifier...
Ici comme ailleurs, le sport roi c'est le football. Son instigateur est le père missionnaire belge Raphaël de la Kethulle (dit "Tata Raphaël"), fondateur de l'Union Sportive de Léopoldville et qui a contribué à l'édification des premiers stades dans la capitale. La pratique du football s'inscrit donc dans une relative longue tradition au Congo et à Kin, où il déchaîne littéralement les passions.
Ici, on choisit son équipe à supporter comme on entre en religion, frôlant même parfois (souvent) le mysticisme et la vénération. Le club local le plus emblématique, qui s'illustre régulièrement à l'échelle du continent, est sans doute l'AS Vita Club (V Club) de Kinshasa. Adversaire de longue date du tout-puissant Mazembe de Lubumbashi, ces deux clubs s'affrontent régulièrement lors du championnat congolais pour le plus grand bonheur de leur cohorte de supporters frénétiques.
La RDC ambitionne par ailleurs toujours d'accueillir prochainement sur son sol un championnat africain d'envergure, tel que la CAN ou le CHAN. A Kin, trois stades, rénovés récemment, accueillent les grands événements sportifs et footballistiques : le stade des Martyrs, le stade Tata Raphaël, et le stade Cardinal Malula. Ça vaut globalement la peine d'assister à un match, local ou national, pour sentir cette ferveur et cette liesse populaires communicatives, et qui dépassent largement le cadre sportif.
Tous les troquets (ngandas) de la capitale, ou même en brousse, diffusent régulièrement des matchs, les Congolais suivant avec intérêt les grands championnats internationaux et européens, où évoluent de nombreux joueurs congolais. Le tout arrosé comme il se doit de bière locale, dans une ambiance sympathique et bon enfant.
Les sports de combat sont très populaires chez les Congolais : boxe, catch, arts martiaux...
La boxe a une histoire particulière dans le pays, suite au "combat du siècle" opposant Mohamed Ali à George Foreman, initié par Mobutu en octobre 1974 à Kinshasa (stade Tata Raphaël). Cela reste la manifestation sportive la plus mythique jamais organisée sur le sol congolais. Les clubs de boxe en ville sont fréquentés par de nombreux adeptes qui s'affrontent lors de combats et championnats locaux et nationaux (Shark Club en ville). Cette discipline valorise la force et la puissance, attributs si typiquement et symboliquement congolais... d'où aussi son grand succès. La boxe congolaise a brillé à l'international pendant dix ans avec Mukandi Manda, double champion du monde en poids moyens (version TWBA et UBC).
Le catch connaît une variante congolaise très particulière, et ultra populaire, à la croisée de plusieurs domaines : symbolique, sportif, culturel, traditionnel... Mélangeant fétiches et techniques de combat, il ne ressemble à aucune autre discipline. Apparu dans les années 1960-70, il a fait son entrée grâce à la télévision. Les catcheurs, à l'identité bien affirmée avec tout un attirail d'attributs (amulettes...), revêtent pour l'occasion leurs costumes traditionnels, dans des spectacles où l'apparence compte davantage que la performance sportive. Résolument unique ! Les légendes du catch congolais : Edingwe, Dragon, City Train, Mabokotomo, et le fameux catcheur albinos Mwimba Texas.
Les arts martiaux ont aussi la faveur de nombreux Kinois, singulièrement le karaté (fans de J.-C. Van Damme obligent !), le taekwando et le judo. Mais le manque de moyens et d'encadrement sérieux empêche toute pratique professionnelle à un niveau international, alors que les athlètes congolais sont souvent reconnus pour leur ferveur et leur rigueur à l'entraînement... Le MMA a également fait son apparition au sein du Shark Club et suscite des vocations.
Bien que le cyclisme et le vélo en général ne soient pas des plus visibles à Kin et au Congo (davantage à l'est), ça s'amorce quand même... Preuve en est ce Tour cycliste, qui compte déjà quelques éditions au compteur. Plus d'une centaine de coureurs d'Europe et d'Afrique s'affrontent tout au long des 1 000 km sillonnant Kisangani, Kindu, Goma, Lubumbashi, avec transfert à l'ouest, via Kimpese, Nsele pour une arrivée à Kinshasa. Mention pour le coureur congolais Jimmy Muhindo, qui s'est illustré au Tour cycliste de Goma et dans d'autres courses africaines.
Le Congo compte un de ses ressortissants, qui vit aujourd'hui au Brésil, dans la première équipe de réfugiés qui ont participé aux Jeux olympiques de Rio. Voilà qui n'est pas banal... Popole Misenga est passé d'un camp de réfugiés à l'est du pays aux favelas de Rio. Ce judoka de 24 ans, habitué des combats ordinaires et à "se battre pour sa vie", faisait auparavant partie de la sélection nationale de judo de la RDC, où les conditions pour exercer sa passion étaient ardues...
En 2013, alors qu'il disputait les Mondiaux de judo à Rio dans la catégorie des moins de 90 kilos, il s'enfuit en compagnie d'une autre judokate congolaise Yolande Mabeka. Il trouvera finalement refuge auprès d'immigrés africains dans le bidonville Bras de Pina, où il vit toujours, avec sa compagne brésilienne et ses quatre enfants. Ayant obtenu le statut de réfugié au Brésil, Popole est sélectionné parmi 43 athlètes pour intégrer la première équipe de réfugiés de l'histoire des Jeux olympiques, dont fait aussi partie sa compatriote Yolande Mabeka. Un exemple parmi d'autres de détermination à la congolaise.
A Kin, quelques centres sportifs encouragent la pratique de différentes activités et disciplines sportives. Il y en a pour tous les goûts. Du plus classique (natation, football, tennis, squash, fitness, arts martiaux, athlétisme...) au plus pointu (Pilates, capoeira, danse classique, équitation, boxe, golf, roller...). Le schéma habituel à Kin - et qui s'explique par des raisons historiques - consiste en l'existence de "cercles", tout à la fois sportifs et de loisirs, voire sociaux. Ceux-ci regroupaient à l'origine les membres d'une même communauté (cercles belge, français, portugais, hellénique...). On en retrouve la trace aujourd'hui dans le paysage des infrastructures sportives en ville.
Sport et détente vont donc souvent de pair à Kin. A peu près tous les établissements de ce type disposent de restaurants ainsi que de bars et paillotes où prendre un verre au bord de la piscine, le cas échéant. Le rôle social et communautaire de ces cercles et centres de loisirs, et par extension du sport en général, est donc toujours bien présent aujourd'hui à Kinshasa.
Les sports moteurs sont assez bien pratiqués, le plus souvent par la communauté étrangère, les pistes en périphérie de Maluku et du Kongo Central offrant un terrain de jeu idéal pour les amateurs du genre... La RDC s'aligne régulièrement au Paris-Dakar dans la catégorie moto, représentée par le champion congolais d'origine belge Frank Verhoestrate.
La pêche sportive est aussi pratiquée, davantage à titre de loisirs, par des amateurs confirmés vu l'hydrographie exceptionnelle du pays et de la région (lacs, rivières, fleuve...) dont la plus illustre catégorie s'incarne dans l'exigeante pêche au tiger fish (poisson tigre goliath), qui compte quelques aficionados. L'agence locale Danico (www.danicotours.com) met la pêche sportive à son programme.
Jeux de société : il n'est pas rare de voir des Kinois concentrés, attablés en terrasse ou à même la rue, se livrant à des parties de dames ou d'échecs endiablées, souvent avec les moyens du bord (capsules de bière sur un plateau improbable, ou pièces faites maison en bois, métal...). Ces "sports cérébraux" sont fort appréciés ici. Un club d'échecs a même vu le jour : le Chest Club Gombe dont les réunions ont lieu tous les mercredis soir au resto Quick Poulet.
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