Leitfaden du Berry : Patrimoine et traditions
Hervé Vilard : l'auteur et interprète de Capri, c'est fini, né à Paris en 1946 a grandi dans le Berry. Allant de famille d'accueil en famille d'accueil il s'attache beaucoup à un curé de campagne qui le recueille. A la mort de ce dernier il achète son presbytère, qu'il possède toujours aujourd'hui.
Blankass : les frères Ledoux, à l'origine du groupe de rock français Blankass, sont originaires du Berry. Nés à Chateauroux, les deux musiciens ont monté leur premier groupe Zéro de conduite alors qu'ils n'avaient pas 15 ans. Très talentueux, ils se font vite remarquer et font l'ouverture de concerts de U2 alors que la moyenne d'âge des membres de leur groupe est de 12 ans. Les deux frères forment Blankass en 1990. Le premier single, La couleur des blés, devient un tube. Le groupe est lancé.
Le Berry est une véritable terre de tradition littéraire. Plusieurs auteurs sont nés dans la région, d'autres l'ont élue patrie de coeur. George Sand, Alain-Fournier, Jean-Christophe Rufin, Maurice Rollinat, Roger Martin du Gard, Henry de Monfreid, Marguerite Audoux, Georges Bernanos, Zulma Carraud ont contribué et contribuent toujours au rayonnement littéraire et intellectuel de la région.
George Sand : l'écrivaine qui fit scandale au XIXe siècle par ses prises de position en faveur de la liberté des femmes est sans doute l'une des figures littéraires les plus associées au Berry. Aurore Dupin, née à Paris le 1er juillet 1804, passe son enfance entre Nohant, dans l'Indre, et Paris. A Nohant, chez sa grand-mère paternelle, elle découvre la campagne berrichonne, qui lui inspirera le cadre de nombreux romans. L'origine de son pseudonyme, George, vient de cet attachement au monde paysan et aux terres du Berry (l'étymologie de George signifiant " celui qui travaille la terre "). Elle adopte en 1832 ce nom de George Sand, qu'elle gardera ensuite toute sa vie durant. Le nom de Sand vient de Jules Sandeau, son premier amant. Au début des années 1830 George Sand vit à Paris. C'est là qu'elle commence à s'habiller en homme, trouvant cela plus pratique et moins cher. Après avoir quitté Jules Sandeau elle entame une liaison tumultueuse avec Alfred de Musset. Les deux écrivains s'inspirent l'un l'autre. George Sand séjourne à Bourges en 1835. Elle y vient pour rencontrer le célèbre avocat Louis Michel, dit Michel de Bourges, auquel elle demande de plaider son divorce d'avec Casimir Dudevant, qu'elle a épousé en 1822. En dépit d'une vie parisienne féconde, bohème et engagée politiquement l'écrivaine restera toujours attachée au Berry. Plusieurs de ses romans (François le Champi, La Petite Fadette, La Mare au Diable...) s'inspirent du cadre berrichon. Elle décède au château de Nohant en 1876. Sa maison se visite.
Alain-Fournier : Henri Alban Fournier, connu sous son nom de plume Alain-Fournier, est un enfant du pays. Né à La Chapelle-d'Angillon le 3 octobre 1886 il passe toute son enfance à Epineuil-le-Fleuriel. L'école de la commune et le cadre environnant l'inspireront fortement dans l'écriture du Grand Meaulnes, son roman le plus connu. Après un séjour à Paris il revient dans le Berry et c'est à Bourges qu'il passe son baccalauréat. Lieutenant de réserve, il meurt au combat à l'âge de 27 ans le 22 septembre 1914. L'école est transformée en musée dédié à l'écrivain.
Jean-Christophe Rufin : le Berruyer, né à Bourges en 1952, a retracé la vie et l'histoire de Jacques coeur dans son roman Le Grand coeur, paru en 2012. Médecin, diplômé de l'Institut d'études politiques, il choisit très vite de s'engager dans la cause humanitaire, notamment avec Médecins Sans Frontières. Il en devient vice-président de 1991 à 1993, avant d'entrer au cabinet de François Léotard. En 2007 il devient ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie. Ses nombreuses et riches expériences de vie, la découverte de plusieurs pays, cultures et conflits l'inspireront dans son oeuvre littéraire. En 2001 il reçoit le prix Goncourt pour son roman Rouge Brésil.
Georges Bernanos : l'auteur de Sous le soleil de Satan et du Journal d'un curé de campagne, écrivain hanté par la question du Bien et du Mal, est un enfant du pays par sa mère, une couturière de Pellevoisin montée à Paris pour y devenir domestique. Georges Bernanos est d'ailleurs enterré à Pellevoisin, à côté de sa mère. Albert Camus disait de lui : " cet écrivain de race mérite le respect et la gratitude de tous les hommes libres. " Né le 20 février 1888 et décédé le 9 juillet 1948 Georges Bernanos a marqué par son style le paysage littéraire français. Ce père de six enfants a dû attendre quelques années avant de se voir reconnu comme écrivain et pouvoir vivre de sa plume. Aujourd'hui, il fait partie des classiques.
Gaston Chérau : membre de l'Académie Goncourt, cet auteur (1872-1937) met en scène l'ouest de l'Indre entre Prissac et Bélâbre, d'où est originaire sa famille. On peut citer Champi-Tortu, la Prison de verre ou Le Pays qui a perdu son âme parmi ses nombreux ouvrages. Il est enterré à Prissac où une stèle rappelle son attachement à la région.
Henry de Monfreid : cet aventurier, commerçant et écrivain, a fini sa vie dans l'Indre, à Ingrandes, le 13 décembre 1974. Né dans l'Aude le 15 novembre 1879 il a beaucoup voyagé, notamment en Ethiopie, où il a fait du commerce et du négoce de peaux et de café. Le trafic de morphine et de haschisch lui vaut quelques séjours en prison. Ami de Joseph Kessel il écrit de nombreux romans d'aventure, inspirés de ses voyages et de sa vie. Son mode de vie fait jaser à Ingrandes où il s'installe à partir de 1947, en particulier son penchant pour l'opium. Sa maison est devenue musée.
Marguerite Audoux : née à Sancoins en 1863 Marguerite Audoux passe une partie de son enfance à Bourges, à l'orphelinat de l'Hôpital général, après le décès de sa mère et l'abandon de son père. A 14 ans elle est placée comme bergère et servante de ferme en Sologne, près d'Aubigny-sur-Nère. Elle monte ensuite à Paris où elle tente de vivoter en exerçant le métier de couturière. Elle intègrera un cercle d'intellectuels et d'auteurs par le biais d'un homme tombé fou amoureux de sa nièce, qu'elle élève. C'est Octave Mirbeau, enchanté par la lecture des souvenirs de la petite couturière, qui contribuera à la faire éditer. Le 2 décembre 1910 Marguerite Audoux reçoit le prix Femina pour son roman Marie-Claire qui connaît un succès fulgurant. Trois autres romans suivront. Aujourd'hui, les collégiens du Cher décernent un prix Marguerite Audoux à un ouvrage de littérature jeunesse aux thèmes proches de ceux de la romancière, décédée en 1937.
Maurice Rollinat : le père de ce poète né à Châteauroux, dans l'Indre, fut un grand ami de George Sand. C'est elle qui lui conseillera de tenter sa chance à Paris, après qu'il lui a montré ses premiers poèmes dans les années 1870. Le succès ne vient pas. Maurice Rollinat, qui a rejoint le groupe de poètes les Hydropathes, promène son physique névralgique au célèbre cabaret du Chat noir, où, seul au piano, il captive l'assistance en mettant en musique ses poèmes. Sa vie tourmentée est ponctuée de publication de ses oeuvres (Les Névroses, La Nature, les Apparitions...). Il meurt en 1903. Il est inhumé à Châteauroux.
Zulma Carraud : l'amie et égérie d'Honoré de Balzac est originaire d'Issoudun. Issue d'une lignée de riches marchands de la commune elle épouse en 1816 le commandant Carraud, l'un de ses cousins. Ce polytechnicien est directeur des études de l'Ecole militaire de Saint-Cyr. La rencontre avec Honoré de Balzac se fait par l'intermédiaire de la soeur de ce dernier, Laure Surville, que Zulma côtoie à Versailles. Zulma devient au fil du temps l'amie et la confidente de l'écrivain qui apprécie son esprit critique tant sur ses manuscrits que sur ses idées politiques. Le charme de Zulma n'est pas forcément perceptible au premier abord : elle est petite, boiteuse et d'une santé fragile. Balzac la décrit pourtant comme " pleine d'âme et de feu. " A partir de 1851, après le décès de l'écrivain, elle s'essaie à la littérature pour enfants, situant l'action de ses ouvrages dans le Berry, entre Issoudun et Vierzon. Elle meurt à Paris en 1889. Elle est inhumée à Nohant.
Roger Martin Du Gard : le prix Nobel de littérature (en 1937) a rédigé sa grande saga Des Thibault dans le Val d'Aubois, à Sancergues. Né en 1881 et décédé en 1958 il est enterré à Nice.
Christine Angot est née à Châteauroux en 1959. Elle y passe son enfance. elle revient sur cette époque de sa vie avec le roman Un amour impossible, adapté à l'écran par Catherine Corsini (tourné à Châteauroux en 2017).
Le 9 mai 1840 voit la naissance à Martizay (Indre) de Marie-Ernestine Antigny, dite Blanche d'Antigny, qui inspira à Émile Zola le personnage flamboyant et misérable de l'un de ses plus célèbres ouvrages : Nana. La vie de la Berrichonne a tout d'un roman. Élevée dans l'Indre jusqu'à l'âge de 10 ans, l'enfant qui voulait être nonne deviendra en fait courtisane, vivra en Hongrie, en Russie et en France où elle mourra de la typhoïde à l'âge de 34 ans, au retour d'un séjour en Égypte. Le père de Marie-Ernestine Antigny, menuisier, quitte sa famille et le Berry en 1847. Il emmène à son bras une jeune paysanne avec laquelle il décide de refaire sa vie à Paris. Marie-Ernestine a 7 ans. Trois ans plus tard elle monte à Paris où elle est placée au Couvent des Oiseaux pour y parfaire son éducation. C'est là que ses camarades, jeunes filles de bonnes familles dont elle prend les manières, la surnomment Blanche, en raison de la pureté de son coeur et de son envie d'entrer dans les ordres. Le surnom lui restera. A 15 ans la jeune fille rencontre l'amour. Commence alors une vie des plus romanesques. Finies les envies de couvent, elle suit son amant à Bucarest. On lui prête ensuite diverses aventures (une liaison avec un évêque arménien diffuse autour d'elle un parfum de scandale !). Elle finira par réintégrer Paris en 1956. Sans le sou, elle se rend à l'évidence : il lui faut se faire entretenir. Les protecteurs se succèdent tandis qu'elle s'essaie à une carrière d'actrice. L'un d'eux l'emmène à Saint-Pétersbourg, où la tsarine Maria-Feodorovna est vite agacée par la présence de cette belle femme aux moeurs légères. Expulsée de la cour de Russie, elle revient à Paris où son charme la place en haut de la hiérarchie des courtisanes. Hôtels particuliers, promenades au bois, toilettes raffinées et baignoires remplies de champagne deviennent son quotidien. La guerre de 1870 arrive. Après avoir cédé la moitié de son hôtel particulier pour qu'il serve d'hôpital, Blanche est obligée de fuir la ville, cédant face aux rumeurs empreintes de jalousie qui courent sur son compte. Elle s'installe en Egypte pendant 4 ans mais revient à Paris en 1874 où elle meurt de la typhoïde.
A l'âge de 20 ans, Georges Simenon a séjourné dans le Sancerrois. En 1923 et 1924 il découvre ainsi Saint-Thibaut-sur-Loire, Saint-Satur et le Piton de Sancerre. Là, il goûte et apprécie les vins locaux et se nourrit de l'atmosphère particulière de la région. Une atmosphère qu'il instillera dans son deuxième roman ayant pour héros le commissaire Maigret. Dans Monsieur Gallet décédé, paru en 1931, l'inspecteur Maigret, qui vient de Paris, arrive ainsi en gare de Tracy. A l'instar de son créateur, il ne rechigne pas à savourer les vins du coin. Simenon utilise ses connaissances du secteur dans un autre roman paru en 1938 Le Cheval blanc, donc l'action se déroule à Pouilly-sur-Loire.
Même si Maurice Leblanc n'a jamais souhaité expliquer de quelle façon il avait trouvé l'inspiration pour créer son célèbre gentleman cambrioleur Arsène Lupin, il y a fort à parier que Marius Jacob a servi de modèle. Cet homme, jugé à Amiens, en Picardie, en 1905, faisait partie du gang des " travailleurs de la nuit ", ainsi que la presse de l'époque l'avait baptisé. Les vingt-trois membres de la bande opéraient à Paris, ciblant des maisons bourgeoises dont ils repéraient les habitudes des occupants. Pour opérer de meilleure façon, Maurice Jacob a une idée : celle d'ouvrir un commerce et de s'y faire livrer toutes sortes de coffres-forts, de façon à en étudier le fonctionnement et à faciliter les opérations de cambriolage. Son arrestation en 1903 mis un coup d'arrêt aux agissements de sa bande, à laquelle les enquêteurs attribuèrent au moins cent cinquante cambriolages. Déporté en Guyane pour y purger sa condamnation aux travaux forcés à perpétuité, Marius Jacob bénéficie d'une campagne portée par Albert Londres qui lui valut d'être gracié en 1925, après une vie de bagnard qui a duré vingt-cinq ans. De retour en France Marius Jacob devient forain, vendant sur les marchés de la lingerie et de la corsetterie. Il achète une maison à Reuilly en 1939, c'est là qu'il entrepose sa marchandise. Condamné après la guerre par le tribunal correctionnel d'Issoudun à quinze jours de prison pour du tissu manquant sur une facture il n'aura de cesse de répéter qu'il n'y était pour rien. Il a fini ses jours à Reuilly, où il est décédé le 28 août 1954 après s'être injecté de la morphine. Dans l'Aiguille creuse, les enquêteurs cherchent Arsène Lupin dans la vallée de la Creuse, entre Cuzion (Indre), Fresselines et Crozant (Creuse).
De nombreux peintres et dessinateurs sont nés ou se sont établis dans le Berry. La beauté des paysages berrichons leur ont d'ailleurs souvent inspirés de magnifiques oeuvres.
L'école de Crozant : Plusieurs peintres impressionnistes et post-impressionnistes ont peint les paysages du sud de l'Indre et du nord de la Creuse entre 1830 et 1950. On peut citer Fernand Maillaud, Armand Guillaumin, Léon Detroy, Paul Sérusier, Francis Picabia, Eugène Alluaud, Anders Oesterlind. C'est là que Claude Monet a commencé ses séries. Crozant était alors aussi connu et fréquenté par les artistes qu'Étretat. On trouve leurs tableaux à Châteauroux au musée Bertrand, à Éguzon au musée de la Vallée de la Creuse, mais aussi à Guéret en Creuse ou à Limoges en Haute-Vienne.
Raoul Adam : amoureux des paysages du Boischaut le peintre Raoul Adam leur a rendu hommage au travers de ses peintures. Né en 1891 et décédé en 1948 Raoul Adam, originaire de la Châtre, n'a pas connu le succès que son talent lui faisait mériter. Cela serait dû, parait-il, à un caractère quelque peu difficile.
Marcel Bascoulard : une place de la ville de Bourges porte le nom de ce dessinateur au mode de vie marginal. Marcel Bascoulard est né dans le Cher, à Vallenay, le 10 février 1913. Marqué par le meurtre de son père par sa mère il refusera toujours d'intégrer la société et restera en marge, logeant dans des abris très précaires. A Bourges il habitera ainsi au milieu de gravats dans le quartier Avaricum. Dans les années 1950 et 1960, il passera ses journées à dessiner les rues de Bourges et la cathédrale Saint-Étienne. Son habitude de s'habiller en femme lui vaudra quelques passages au poste de police, où il revendiquera toujours sa liberté de se vêtir comme bon lui semble. Il passera les dernières années de sa vie à Asnières-les-Bourges dans la cabine d'un camion offert par le propriétaire d'une casse. Il y sera assassiné le 12 janvier 1978 par un marginal de 28 ans.
Auguste Borget : ce peintre voyageur est né à Issoudun le 25 août 1808 et décédé à Bourges le 25 octobre 1877. Amérique du Nord, Amérique du Sud, Extrême-Orient, Indes, il réalise un véritable tour du monde, glanant l'inspiration au gré de ses escales. Salué par ses contemporains, de Balzac à Baudelaire, il acquiert rapidement une vraie réputation. Il publie de véritables carnets de voyages, mélanges de textes et de planches iconographiques. Vers 1850, il se retire quelque peu du monde et devient disciple de Saint Vincent de Paul. Plusieurs de ses oeuvres ont été détruites dans un incendie.
Jean Boucher : ce peintre né en 1575, inhumé en l'église Saint-Bonnet de Bourges en 1632 est berruyer de naissance. Dit Jean de Bourges Jean Boucher s'établit à Bourges en 1604. Auparavant il a passé plusieurs années en Italie, à Rome et à Florence, pour se former à la peinture. Travaillant beaucoup sur commandes il réalise ainsi un portrait d'Henri IV et des décors pour le château de Montrond (ces décors ont aujourd'hui disparus). Il sera le premier maître de Pierre Mignard.
Maurice Estève : né à Culan en 1904, Maurice Estève est l'un des peintres majeurs de la Nouvelle école de Paris. Cet excellent coloriste a vu naître sa vocation en 1913, à l'occasion d'une visite du Musée du Louvre à Paris. Il commence à peindre à Culan, où il séjourne pendant la première guerre mondiale. Il retournera s'établir à Paris à la fin de la guerre. Son travail est le fruit de plusieurs influences successives (surréalisme, expressionnisme). Il acquiert une réputation et collaborera avec le couple Delaunay pour la décoration des pavillons de l'Aviation et des Chemins de Fer à l'Exposition universelle de Paris en 1937. Il revient régulièrement passer ses étés à Culan. Il y reviendra définitivement en 1955. Maurice Estève est décédé à Culan le 29 juin 2001.
Berthe Morisot : cette peintre berruyère (née à Bourges en 1841) fut l'un des membres fondateurs du mouvement d'avant-garde : l'impressionnisme. Seule femme du groupe, elle est admirée et respectée par ses membres. Edouard Manet, Edgar Degas, Pierre-Auguste Renoir, Claude Monet reconnaissent son talent. Rebelle, elle souhaitait rompre avec les traditions. Elle est décédée à Paris en 1895.
Benjamin Rabier : le père de Gédéon et de la Vache qui Rit, originaire de la Roche-sur-Yon (1864) est décédé à Faverolles, dans l'Indre en 1939, où il vivait depuis 1900. Distingué très tôt pour ses capacités en dessin (il obtient à 15 ans le Prix du dessin de la Ville de Paris) il exercera différents métiers avant de pouvoir vivre de son art. Au début du vingtième siècle il s'impose, en étant publié dans l'Assiette au Beurre et le Chat noir. Son style simple et lisible a sans doute inspiré Hergé. Benjamin Rabier est également considéré comme l'un des plus grands dessinateurs animaliers européen. Il a illustré les Fables de La Fontaine et le Roman de Renart. En 1921, Léon Bel s'inspira d'un dessin de Benjamin Rabier comme logo de sa marque La vache qui rit. Gédéon le canard, dont les aventures ont été publiées entre 1923 et 1939, reste son personnage le plus connu.
Saviez-vous que Gérard Depardieu était d'origine berrichonne ? Que Michel Denisot, personnalité du petit écran, avait présidé un club de football de l'Indre ? Et enfin que le franciscain de Bourges mis en scène par Claude Antant-Lara avait réellement officié à la Maison d'arrêt du Bordiot ?
Gérard Depardieu : le célèbre acteur, aujourd'hui expatrié en Russie, est originaire de Châteauroux. Il y est né en 1948. Son père, René, surnommé Le Dédé, est tôlier-formeur en carrosserie, compagnon du devoir et sapeur-pompier volontaire. Gérard Depardieu grandit dans une famille ouvrière, avec ses cinq frères et soeurs. Il entre à 14 ans comme apprenti dans l'imprimerie du groupe de presse Centre France. Sur les conseils du fils d'un médecin berrichon il monte à Paris pour y devenir acteur. Le film de Bertrand Blier, Les Valseuses, le révèle en 1974. Gérard Depardieu tourne dans l'Indre en 1994 Le Colonel Chabert, puis le film Michou d'Auber sorti en 2005 (Argenton-sur-Creuse, Montchevrier).
Michel Denisot : Michel Denisot n'est pas à proprement parler une personnalité du cinéma, même s'il a animé pendant plusieurs années le Grand Journal de Canal+ à Cannes. Le célèbre journaliste est né dans l'Indre, à Buzançais, le 16 avril 1945. Son père était garagiste dans le département. Michel Denisot a débuté sa carrière de journaliste comme correspondant pour un journal local de Châteauroux. Il quitte le Berry en 1972 et s'installe à Paris. Après un passage à TF1 il intègre Canal+ en 1984. Amateur de football il a présidé deux clubs, le Paris Saint-Germain et la Berrichonne de Châteauroux.
Alfred Stanke : le franciscain de Bourges, dont l'histoire a été mise en scène sur grand écran par Claude Antant-Lara (d'après le récit de Marc Tolédano), a vraiment existé. Alfred Stanke, originaire de Dantzig, est entré dans les ordres à l'âge de 16 ans. En 1940 il arrive à Bourges, où il est affecté comme surveillant des détenus de la Maison d'arrêt locale, dite du Bordiot. Il apportera un peu d'humanité aux prisonniers, dont nombre étaient torturés sur place par les Allemands et fera tout pour soulager leurs souffrances et leur misère.
Une partie du premier long métrage du cinéaste Jacques Tati, Jour de fête, a été tournée dans le Berry, dans la commune de Sainte-Sévère, dans le département de l'Indre. De nombreux figurants ont été choisis parmi des personnes habitant le village. Ces derniers ont ainsi côtoyé les cinq comédiens professionnels dirigés par le metteur en scène. Aujourd'hui, la commune abrite un site dédié au film, tourné en 1947. La femme de Jacques Tati y tient un rôle. Achevé en 1948 le long métrage a dû attendre un an avant de sortir en salles en France, les distributeurs hexagonaux se montrant particulièrement réticents. C'est donc à partir du 4 juillet 1949 que les spectateurs ont pu le voir sur grand écran. En dépit de critiques peu enthousiastes le film rencontre un vrai succès populaire. En 1950 il reçoit le Grand prix du cinéma français. Initialement distribué en noir et blanc en raison du coût élevé d'un tirage couleur il ne sera présenté en couleurs qu'en 1995. Il devait être à l'origine le premier long-métrage français en couleurs. Un musée de Jour de Fête perpétue la mémoire de ce tournage à Sainte-Sévère-sur-Indre.
Plus de 80 films ont été tournés dans le département. La Vouivre de Georges Wilson a été tourné en 1988 entre Saint-Benoît-du-Sault, Mouhet, Neuillay-les-Bois et Vendoeuvres. Les Noces rouges de Claude Chabrol a été tourné en 1973 à Valençay. Le Colonel Chabert d'Yves Angelo en 1994, a été tourné au château de Bourges et à Valençay. Mauvais Sang de Léo Carax a été tourné en 1986 au Blanc. La Croisade des enfants de Serge Moati a été tourné à Chazelet en 1988. Le Clan des Siciliens d'Henri Verneuil en 1969 fait une incursion à Déols (la scène de l'avion sur l'autoroute est réalisée à l'aéroport). La Dame aux camélias de Jean-Claude Brialy a été tournée à Nohant-Vic en 1997. Écoute le temps, avec Émilie Dequenne et Ludmila Mickaël a été tourné à Malicornay en 2005. Les Regrets avec Yvan Attal et Valeria Bruni-Tedesci a été tourné au Blanc en 2008. Voleurs de chevaux en 2009 en Brenne. La même année, Laura Smet joue dans Pauline et François, tourné à Saint-Plantaire. En 2013, le film Maestro de Léa Fazer, avec Pio Marmaï et Mickaël Lonsdale, a été tourné à Gargilesse. En 2017, Un amour impossible de Catherine Corsini est tourné à Châteauroux.
Le Cher n'est pas en reste pour les lieux de tournage de films. En effet, Home sweet home a été tourné en 2007 à Sancoins. Il met en scène Judith Godrèche, Daniel Prévost, Patrick Chesnais et Alexandra Astier. Variété française utilise Bourges comme décor en 2002. Diamant noir est tourné aussi à Bourges et Saint-Doulchard en 2014. En 2008, c'était le film de Jean-Marie Poiré, Les Visiteurs 2, qui se situait à Bourges. En 2012, La Belle Vie de Jean Denizot est tourné à Ménétrol-sous-Sancerre, Couargues et Saint-Bouize. Les Révoltés de Simon Leclère, est tourné à Vierzon et Vouzeron en 2013. En 2010, Bertrand Tavernier réalise sa Princesse de Montpensier à Bruères-Allichamps. La série télévisée La Commanderie de Didier Le Pêcheur est tournée en 2009 à Boulleret et Savigny-en-Sancerre.
Les nombreuses et vastes forêts berrichonnes ont permis dans la région la construction de maisons à colombages, ou maisons à pans de bois. On en trouve un peu partout dans le Berry. Les plus connues sont peut-être celles de Bourges, et d'Aubigny-sur-Nère mais de nombreuses communes recèlent de véritables trésors, chefs-d'oeuvre tout à fait pittoresques (Levroux, la Châtre, Clémont...). Utilisée à partir du Moyen Age, la technique de fabrication des maisons à pans de bois consistait à remplir une ossature de bois par un hourdage fait de briques (souvent crues), de moellons, de plâtre ou de torchis. Ce hourdage servait également de raidisseur et permettait à l'édifice de se maintenir. La technique a perduré plusieurs siècles même si à partir du XVIIe siècle et jusqu'au XIXe siècle la tendance était au camouflage des pans de bois avec du plâtre. Un aspect uniforme était en effet considéré comme plus moderne et plus chic. A Bourges, de nombreuses maisons à colombages donnent un charme tout à fait moyenâgeux à la ville. La place Gordaine, notamment, véritable écrin entouré de maisons à pans de bois, est remarquable. Le centre-ville d'Aubigny-sur-Nère, cité des Stuarts, a également préservé ces façades pittoresques. Le Berry est parsemé de maisons à pans de bois. Certaines façades sont de véritables oeuvres d'art, dénotant à la fois d'une maîtrise architecturale mais aussi d'un véritable tempérament artistique. Ces édifices, dont certains sont très anciens, confèrent un style et une ambiance tout à fait particulière et charmante aux rues qu'ils bordent.
Le terme de " colombage " vient du mot " colombe ". Mais il ne s'agit pas là de l'oiseau symbolisant la paix. En réalité, ce terme désigne un jambage de porte au XIVe siècle. Il peut également désigner à l'époque une poutre dans le mur ou encore une poutre dans une solive de charpente. C'est donc tout naturellement que l'expression " maison à colombages " s'est popularisée pour désigner la maison à pan de bois comme on en trouve beaucoup dans le Berry.
Les villages et hameaux du Berry sont riches en granges anciennes. Ce territoire d'élevage avait besoin d'espace pour stocker le fourrage. On peut citer la célèbre grange pyramidale de Vailly-sur-Sauldre qui rend compte de la construction de ces granges typiques du Pays Fort, mais chaque commune ou presque en compte. Certaines de ces granges à poteaux ont gardé leur porche à la toiture surélevée pour laisser passer la charrette de foin. Quelques granges sont rénovées pour accueillir des manifestations ou servir aux activités touristiques. Au château de Nohant, la boutique et l'exposition de marionnettes se tient dans une grange bien aménagée. La Grange aux pianos à Chassignolles accueille des concerts. Celle du prieuré du Magny reçoit des expositions et des animations de poésie.
Le Berry compte également de nombreux séchoirs à tuiles, imposants bâtiments de bois et de tuiles très aérés pour permettre le séchage des briques et des tuiles. On en trouve près de La Châtre ou dans la Brenne, autour de La Borne... Certains tombent en ruine mais d'autres sont bien entretenus comme à Bélâbre, où ce bâtiment communal héberge une partie du marché de Noël.
On connaît bien sûr les châteaux de la Loire, qui attirent chaque année des milliers de touristes. Mais à quelques kilomètres de Chenonceau ou de Blois, le Berry regorge d'édifices qui racontent, chacun à sa manière, l'Histoire inscrite dans ses pierres. Haut lieu de la royauté, la région compte en effet de très nombreux châteaux, aux styles très différents. De l'édifice Renaissance à la forteresse médiévale en passant par le gothique flamboyant, le Berry est réputé pour la beauté de ces anciennes demeures de seigneurs, voire de souverains.
Gien. Détruit par les bombardements de 1940 le château de Gien, qui date du XVIe siècle, a été restauré. Anne de Beaujeu, fille de Louis XI, Régente de France y séjourna, tout comme Henri II, Charles IX et Henri III. Ses façades sont tout à fait remarquables, constituées de briques dessinant des motifs géométriques enchevêtrés.
Argent-sur-Sauldre. Ce château a été construit et remanié au fil des siècles. Le début de son édification se situe au XIIIe siècle, à l'initiative des seigneurs de Sully. Il a ensuite été remanié au XVe siècle. Au XVIIIe siècle Nicolas Dupré de Saint Maur, intendant du Berry, fait procéder à l'agrandissement de ce château. Aujourd'hui, la mairie s'y est établie.
Aubigny-sur-Nère. Il serait dommage de venir dans le Berry sans aller admirer ce qu'il reste du château des Stuarts à Aubigny-sur-Nère. Témoin du passage de la dynastie écossaise, il est constitué d'un ensemble massif avec deux tourelles en son centre. Il date du XVIe siècle.
Boucard. L'extérieur médiéval du château de Boucard dissimule une cour et une demeure Renaissance qui datent du XVIe siècle. Construit au XIVe siècle, cet édifice massif est entouré de douves et situé en bordure de la Sauldre.
Menetou-Salon. L'élégance du château de Menetou-Salon apparaît dès la grille du parc. Il fut la propriété de Jacques Coeur, Grand Argentier du roi Charles VII. Aujourd'hui, le château appartient à la famille d'Arenberg, qui y séjourne régulièrement. Plusieurs pièces sont toutefois ouvertes à la visite.
Saint-Florent-sur-Cher. Le château de Saint-Florent sur Cher servait de centre de contrôle du travail des mariniers et des flotteurs de la Marine Royale pour lesquels deux ports furent construits de chaque côté du pont. Depuis 1936 il est inscrit au titre des Monuments historiques. Reconstruit à la fin du Moyen Age il a été rénové à la fin du XVIe siècle après le passage des Huguenots.
Sagonne. Résidence préférée de Louis de Sancerre, cet édifice a été construit au XIVe siècle. Il a pris place sur le site d'un ancien oppidum situé sur la voie romaine qui reliait Bourges à Lyon. Jules-Hardouin Mansart a acquis le domaine en 1699 et y a fait procéder à de nombreux travaux. Anne d'Harpagon, héritière des Mansart, était la gouvernante de la reine Marie-Antoinette. Elle sera elle aussi guillotinée pendant la Révolution française.
Meillant. Le château de Maillant est un magnifique témoin du passage du style gothique flamboyant au style Renaissance. Edifié au XVe et XVIe siècles il offre au visiteur la merveilleuse exubérance de la décoration de sa tour et de ses fenêtres hautes. Son intérieur est tout autant remarquable.
Ainay-le-Vieil. Le château fort d'Ainay-le-Vieil est surnommé à bon escient le Carcassonne du Berry. Construit au XIVe siècle sur les vestiges d'une forteresse du XIIe siècle, il est remarquable à la fois par la force qui se dégage de ses robustes remparts mais aussi par le fait qu'il comporte deux parties : une partie médiévale et une partie Renaissance.
Culan. Construit à la fin du XIIe sur les vestiges d'un château en bois, le château de Culan est un édifice qui permet de remonter huit siècles en arrière. Sa construction s'est étalée jusqu'au XVe siècle. Remarquablement rénové au milieu du XXe siècle, il est l'une des rares forteresses françaises à avoir conservé ses hourds en bois, partie située entre la toiture et la maçonnerie des tours, qui permettait de jeter des projectiles sur d'éventuels assaillants. A l'intérieur, de magnifiques cheminées monumentales datant du XVe siècle sont tout aussi remarquables.
Buranlure. Le château de Buranlure a été le théâtre en 1420 de la fuite de huit moines de Saint-Satur qui tentaient d'échapper aux Anglais et à l'incendie de leur abbaye. Le seigneur de Buranlure les a recueilli en son château.
Apremont-sur-Allier. Situé sur un promontoire, le château d'Apremont-sur-Allier est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1989. Aujourd'hui il ne reste plus grand chose de la forteresse médiévale édifiée au XVe siècle. Immense, elle ne comptait pas moins d'une douzaine de tours. De nos jours il reste cinq tours, des mâchicoulis et des remparts. Entouré d'un merveilleux parc floral, le château n'en garde pas moins tout son cachet.
Valençay. Construit en 1540 par Jacques d'Estampes, le château de Valençay domine la vallée du Nahon. Il est apparenté par sa construction aux châteaux de la Loire, et notamment au château de Chambord. La Maison d'Estampes engloutit sa fortune dans cette remarquable demeure. Mademoiselle de Montpensier y passe en 1653. Voilà ce qu'elle en dit dans ses Mémoires : " J'y arrivais aux flambeaux : je crus entrer dans une demeure enchantée. Il y a un corps de logis le plus beau et le plus magnifique du monde (...) Le degré (escalier) y est très beau et on y arrive par une galerie à arcades qui a du magnifique (...) L'appartement correspond bien à la beauté du degré par les embellissements et meubles ". A la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, il fut habité par le prince de Talleyrand, qui y recevait les hôtes que l'empereur Napoléon voulait honorer ou surveiller (comme la famille royale d'Espagne). Le château est inscrit au titre des monuments historiques de 1992.
Bouges-le-Château. Le style Louis XV est également présent dans le Berry : en témoigne cette demeure à la symétrie admirable, acheté par Talleyrand qui l'offrit à sa nièce la Princesse de Dino.
Azay-le-Ferron. Edifié du XVe au XVIIIe siècle le château d'Azay-le-Ferron est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1950. Propriété de la ville de Tours il abrite de remarquables collections de mobilier Renaissance, Régence, Louis XVI et Empire. De magnifiques jardins l'entourent : roseraie, jardin à la française, jardin paysagé, jardin de topiaires et de buis taillés, aux formes de pièces de jeu d'échec. Ils bénéficient du label Jardin remarquable.
Argy. Ce petit château commence son histoire au XIIe siècle mais il a été fortement remanié. Possède une très belle galerie Renaissance.
Le Berry est riche d'une architecture religieuse conséquente et exceptionnelle, dans laquelle de nombreuses influences diverses se font sentir. Région centrale, propice à l'apport de techniques diverses, tant du nord et du sud que de l'est et de l'ouest, la terre berrichonne offre de nombreux édifices, témoins du passé, qui font revivre à leurs visiteurs les grandes heures de la chrétienté.
La plus remarquable de ces constructions est sans nul doute la cathédrale Saint-Étienne de Bourges. Merveilleux édifice au style dominant gothique elle est inscrite depuis 1992 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Si le style gothique de la cathédrale berruyère est remarquable le style roman est particulièrement présent dans le Berry. Particularité de la région : on y trouve les deux âges romans, le premier, qui s'étend de l'an 1000 à l'an 1100 et a pris fin avec la première croisade, et le second, qui a duré un siècle, de 1100 à 1200 environ, jusqu'à l'avènement du gothique. L'art roman berrichon a son caractère particulier, reconnaissable notamment par le portail unique des façades de ses édifices et par les fresques et les sculptures qui agrémentent ses constructions. A Brinay et Vic il est d'ailleurs possible d'admirer des ensembles conservés de décors peints. Du fait de l'importance religieuse du Berry jusqu'au XIIIe siècle (les archevêques de Bourges, primats des Aquitaines et patriarches de l'Eglise catholique romaine avaient autorité sur les évêques jusqu'aux Pyrénées) de nombreux édifices religieux y ont ainsi été édifiés. Plusieurs abbayes et prieurés ont été construits, lieu de vie des moines, notamment de l'ordre cistercien. Au XIVe siècle on dénombrait dans la partie berrichonne de l'archidiocèse de Bourges pas moins de 76 établissements religieux (abbayes, prieurés, chapitres). Edifices conséquents et incontournables, comme l'abbaye de Noirlac ou celle de Fontmorigny, ou petites églises de village à découvrir au détour d'une rue, le patrimoine architectural religieux, en majorité roman, de la région berrichonne est admirable et surprenant.
Cathédrale Saint-Étienne de Bourges. Sans aucun doute l'édifice religieux le plus connu et le plus remarquable en Berry. Siège du diocèse de Bourges, un siècle a été nécessaire à sa construction, de la fin du XIIe à la fin du XIIIe. La découvrir en arrivant du centre-ville (à partir de la rue Moyenne ou de la rue Bourbonnoux) ou l'admirer par les jardins de l'Archevêché qui la jouxtent par l'arrière est une expérience inoubliable. Classée sur la liste des monuments historiques dès 1862, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 1992, la cathédrale Saint-Étienne de Bourges séduit par la grande harmonie qui se dégage de sa construction. Premier édifice gothique construit au sud de la Loire elle faisait rayonner le prestige du roi de France et celui de l'archevêque. Il semble qu'au début de sa construction son plan ait été fortement inspiré de celui de Notre-Dame de Paris. La forme est celle d'une basilique, avec des chapelles entourant la nef. Le chantier n'a pas été de tout repos : en 1313 des fissures apparaissent dans la tour sud. Un étayage massif est alors réalisé grâce à l'implantation d'un gros pilier butant. Mais cette fragilité a toujours empêché l'installation de cloches dans cette tour, qui a pris le nom par conséquent de " tour sourde ". Une vingtaine d'années après sa construction (en 1480) c'est la tour nord qui commence à montrer des signes de fragilité. Elle s'écroule le 31 décembre 1506. Reconstruite entre 1508 et 1542 elle comporte des éléments Renaissance. Elle est surnommé la " tour de beurre " car sa reconstruction aurait été financée grâce à l'impôt prélevé sur le beurre. La cathédrale Saint-Étienne comporte cinq portails richement sculptés, dont le portail Saint-Étienne, premier martyr chrétien, auquel la construction est dédiée. Ses volumes intérieurs témoignent des recherches des maîtres gothiques de l'époque en matière de luminosité : le but était de laisser passer la lumière de manière diffuse et continue. Les vitraux remarquables datent du début du XIIIe siècle. Véritables livres de lumière il livrent aux visiteurs des scènes de l'Ancien et du Nouveau testament, le Jugement dernier, l'Apocalypse, la vie de saint Étienne et des saints.
Abbaye de Noirlac. A Bruères-Allichamps, l'abbaye de Noirlac est de site cistercien, majeur en Europe. Les débuts de l'ordre cistercien ont été fixés à 1098, avec l'édification de l'abbaye de Cîteaux en Bourgogne. L'ordre cistercien est d'ailleurs également connu sous le nom de l'ordre de Cîteaux. Il joue un rôle de premier plan dans l'histoire religieuse du XIIe siècle. L'abbaye de Noirlac est remarquable par la pureté de ses lignes, qui s'offrent au détour du bocage berrichon. Son architecture dépouillée reflète ainsi la pureté de l'ordre monacal. Elle date de 1150. Véritable forteresse spirituelle de pierre blonde, elle offre en son sein une belle luminosité. Les vitraux de l'abbatiale et du réfectoire, dont la réalisation a été confiée en 1975 à l'artiste Jean-Pierre Raynaud sont en parfaite harmonie avec l'ascèse calme des lieux.
Abbaye de Fontmorigny. Classée monument historique, l'abbaye cistercienne de Fontmorigny témoigne de huit siècles d'Histoire. A l'origine, cet édifice abritait des moines de l'ordre bénédictin. Mais, en 1149, ces derniers se sont affiliés à l'ordre cistercien, sur les instances de Saint Bernard. De l'abbaye du XIIe siècle, il subsiste aujourd'hui l'église, le réfectoire des convers et la cave voûtée sur croisées d'ogives du logis d'entrée, sans doute la porterie, et le cloître. D'autres constructions, plus tardives, se sont ajoutées à l'ensemble sans jamais en briser la belle harmonie.
Église de Saint-Amand Montrond. La haute flèche de l'édifice lui confère une certaine légèreté et tranche avec les chapelles trapues. Classée monument historique en 1840 elle a été construite à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe à l'emplacement d'un ancien prieuré. L'ensemble est le témoin de plusieurs siècles de construction : au XIIIe siècle le portail occidental et la première travée de la nef sont érigés, le XIVe siècle voit l'édification de la sacristie, le XVe siècle celle des chapelles latérales, le pavage de la nef latéral est effectué au XVIIe siècle. Au XIXe siècle la sacristie est reconstruite et une flèche est ajoutée au clocher. Au milieu du XXe siècle des travaux de réfection ont été réalisés.
Église Saint-Germain. Cet édifice roman des Aix Angillon était à l'origine la chapelle du château des sires de Sully. Au XIIe siècle elle abrite une communauté de chanoines augustins et devient paroissiale en 1678. Exemplaire de l'architecture romane en Berry, l'édifice est construit en pierres ocres et couvert de tuiles brunes. Des " passages berrichons " étroits font communiquer la nef et la croisée. Celle-ci est couverte d'une coupole sur trompes formant l'assise du clocher. La construction de la tour a nécessité de renforcer les piles par des massifs de maçonnerie qui élèvent leur puissante silhouette du côté de la nef. Ils accentuent encore l'ampleur de la large nef, simplement couverte d'un berceau de charpente lambrissé. Les ornements qui émaillent cette élégante construction témoignent du savoir-faire des maîtres sculpteurs de l'époque. La façade et le pignon percé de trois fenêtres ont été ajoutés au XIXe siècle.
Église Saint-Germain. Il ne faut pas s'arrêter à l'aspect extérieur plutôt lourd de cet édifice roman situé à Allouis et qui dépendait de la collégiale de Mehun. Une visite de l'église Saint-Germain prend tout son sens à l'intérieur de cette construction. On peut en effet y admirer une cuve baptismale du XIe siècle, mais ce sont surtout les fresques du mur diaphragme, exécutées vers 1160 et restaurées en 1974 qui valent le déplacement. Comparable à celui d'Avord, l'ensemble d'Allouis comporte quatre compartiments principaux. Au registre inférieur, l'un montre une Vierge en Majesté à droite de l'arc, et à gauche la Crucifixion. Au registre supérieur, séparées par des anges peints au-dessus de l'arc, se voient de part et d'autre la Mise au tombeau et les Saintes femmes au Sépulcre. Comme à Brinay, un calendrier des mois est peint sur l'arc curieusement surhaussé qui sépare la nef du choeur. Les pigments rouges et ocre sont rehaussés par des touches de bleu de malachite, et du bleu profond qui trahit l'emploi du très précieux pigment de lapis-lazuli. Des fresques du XIIIe siècle (scène de la vie d'un saint) sont aussi visibles sur le mur sud de la nef. Un ensemble magique, aux traits très fins, qui a traversé les siècles pour s'offrir aux visiteurs d'aujourd'hui.
Eglise Saint-Martin. A Ardentes, sur les bords de l'Indre, l'église romane Saint-Martin dépendait autrefois de l'abbaye de Déols. Son portail nord, à triple voussure, est la pièce maîtresse de cette construction qui a été parfaitement restaurée récemment. L'iconographie complexe de ce portail représente la victoire du Christ sur le Mal et la mort. A l'intérieur de l'église on peut également admirer des vestiges de fresques.
Eglise Saint-Hugues. A Avord, l'église Saint-Hugues est un bâtiment très pur, aux lignes claires, à l'intérieur duquel on peut admirer des fresques datant du XIIe siècle, découvertes vers 1950 dans le choeur à chevet plat. Merveilleux témoins picturaux du Moyen Âge elles représentent les saints Pierre et Paul et les apôtres.
Église Saint-Nazaire. A Azay-le-Ferron, ce bâtiment à nef unique rappelle la cathédrale d'Angers par ses chapiteaux et ses consoles. Mêlant le style gothique, par son choeur et le style roman par son portail situé sur le flanc sud de la nef cette église est une petite curiosité. Les statues qui l'ornent sont à admirer, notamment une très belle Saint Barbe.
Église Saint-Nicolas. Cet édifice situé à Beaulieu dans l'lndre a perdu son transept, dont subsistent encore les arrachements et dont la chapelle nord perpétue le souvenir. L'église Saint-Nicolas abrite un magnifique retable en bois doré qui date du XVIIIe siècle. Il s'agit là d'un véritable chef-d'oeuvre de sculpture. On trouve également dans la nef et à l'extérieur des pierres tombales en granite, matériau caractéristique du Limousin.
Église Saint-Denis. A Reuilly, le prieuré témoigne de la pénétration en Berry de l'influence capétienne. Sa crypte a d'abord été prise pour une construction mérovingienne mais il semble en réalité que sa construction ne date pas d'avant le XIe siècle. L'église se compose d'une nef unique, donnant sur un transept pourvu de deux absidioles semi-circulaires. La croisée est coiffée d'une coupole à huit pans. Le choeur prolongé d'une absidiole reprend le plan de la crypte. Un beau portail plein cintre à deux rangs de claveaux étroits orne la façade.
Église du Prieuré. Cet édifice situé à Ruffec est injustement méconnu. Cela est dû au fait que cette propriété privée est difficilement accessible. Il s'agit pourtant d'un des plus grands édifices romans du Berry, à la fois par son originalité mais aussi par la grande qualité de sa construction. Tout à fait monumental, il mérite le coup d'oeil.
Église Saint-Benoît. A Saint-Benoît-du-Sault cet édifice mérite d'être visité. Il s'agit là d'un témoin du premier art roman, daté du XIe siècle. Même s'il a été modifié par des transformations ultérieures il conserve une majesté unique. Les vitraux de Jean Mauret qui l'agrémentent méritent également d'être admirés.
Église Saint-Gaultier. Ce bâtiment, situé sur le territoire de la commune du même nom, présente plusieurs curiosités. Un très beau clocher, un remarquable portail nord, la qualité des décors géométriques de la façade font de cet imposant édifice un beau témoin du Moyen Âge.
Ancienne abbatiale Sainte-Marie. Malgré la destruction de sa nef au XVIIe siècle, l'église de Saint-Genou reste l'un des plus purs monuments de l'architecture romane en Berry. Son transept, partiellement conservé, est élevé sur le modèle de celui de Saint-Martin de Tours. Elle abrite le tombeau de saint Genou, dont la dalle funéraire a été conservée avec son inscription dédicatoire. La qualité de sa sculpture, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur du bâtiment, véritable sculpture de pierre, confèrent à l'abbatiale son charme et sa qualité. On peut ainsi admirer une déclinaison intéressante du thème de l'acanthe mais également un fort beau bestiaire, constitué notamment d'oiseaux et de lions.
Église Saint-Georges. A Saint-Jeanvrin, cet édifice consacré à saint Georges l'était auparavant à saint Janvier (jusqu'au XIVe siècle). L'édifice date du milieu du XIIe. Il appartenait alors à l'abbaye de Déols. Il a été érigé en bordure de l'étang, et est couverte de tuiles, à l'exception du lanternon de la croisée. Le berceau brisé de la nef unique est une curiosité car peu usité en Berry. Les jolies sculptures qui ornent les chapiteaux (lions, singes...) sont à admirer. L'église abrite également un remarquable mobilier : Vierge de pitié du XVe siècle, tombeau et vitrail d'un sire de Blanchefort vers 1540, fresque et triptyque du XVIe siècle... Près de l'entrée, une cuve baptismale romane chargée d'un masque d'homme barbu est tout à fait particulière.
Église de Sainte-Lizaigne. Cette petite église romane a longtemps été laissée à l'abandon. Las, elle est aujourd'hui restaurée, et c'est tant mieux. Son charme réside dans sa très grande simplicité et son dépouillement. Elle est très simplement constituée de deux rectangles, l'un pour la nef, l'autre pour le choeur. Sa pierre blanche ajoute à la grande pureté de l'édifice.
Église Saint-Marcel. Cet ensemble trapu, église d'un ancien prieuré bénédictin, offre en son sein de splendides reliquaires en émaux limousins renfermant les reliques de saint Marcel et de son compagnon de route Anastase. La nef unique de l'édifice mène à un choeur à abside centrale très décorée. Une crypte se trouve sous le transept sud. Une inscription rappelle la Passion du Christ, présenté en croix au-dessus de la porte du jubé. Le clocher est couvert de bardeaux et le portail occidental possède des claveaux rayonnants au bestiaire inspiré d'étoffes orientales.
Église Saint-Austrégésile. Les chanoines du chapitre de Saint-Outrille s'établirent à Saint-Outrille-de-Gracay vers l'an mil. L'église est le témoin de cette installation. Son chevet date de la fin du XIe siècle. Il reprend le plan bénédictin dominant dans le Berry. La nef d'origine s'étant écroulée elle a dû être reconstruite au XVe siècle, tout comme la façade. Le clocher s'élance et donne un volume en hauteur à cette belle construction. Couvert de bardeaux, il est tout à fait original.
Église Saint-Père-la-None. Au Moyen Âge on comptait de nombreuses églises romanes à Sancerre. Aujourd'hui, Saint-Père-la-None est le témoin de ces hautes heures de la chrétienté. Même s'il n'en reste plus que quelques vestiges, ils méritent quand même le déplacement. Le portail de cet édifice du XIIe siècle a été classé sur la liste des Monuments historiques en 1929, le reste de l'édifice l'a été en 1959. Saint-Père-la-None dépendait de Saint-Benoît-sur-Loire. Des chapiteaux sculptés ont résisté au temps, on peut y voir notamment une double rangée de feuillés tout à fait caractéristique de la région berrichonne.
Église Notre-Dame. Extrêmement simple et de lignes pures, l'église de Tilly date du XIIe siècle. Ouverte sur demande elle offre en son sein des fresques datant des XVe et XVIe siècles représentant saint Christophe portant l'enfant Jésus, la légende de saint Nicolas et des trois enfants dans le saloir, les vestiges d'un Jugement dernier avec saint Michel et la pesée des âmes.
Église Saint-Martin. A Véréaux le portail ouest de l'église Saint-Martin a été classé sur la liste des monuments historiques en 1912. L'édifice, qui date du XIIe siècle, est fort simple. C'est pourquoi le portail à statues colonnes étonne. Qui sont ces personnages remarquablement sculptés dans la pierre ? Il s'agit peut-être de reines de l'Ancien Testament. L'édifice n'a pas encore livré tous ses secrets.
Église Saint-Cyr. A Vesdun, l'église Saint-Cyr est une simple construction romane de grès rose, dont on trouve la trace en 1150 dans une bulle pontificale, aux côté d'autres possessions de l'abbaye de Déols. Des fresques représentant l'enfance du Christ ont été découvertes au XIXe siècle dans le choeur. Elles datent du début du XIIIe siècle.
Église Saint-Germain. A Vornay, l'église Saint-Germain est un bâtiment du XIIe siècle qui a connu de nombreuses modifications. Mais la façade est intacte. L'édifice a été classé sur la liste des monuments historiques en 1911.
Église Saint-Saturnin. A Vouillon, l'église Saint-Saturnin, classée monument historique en 1926, appartenait à l'abbaye de Déols, à l'instar de nombreuses églises de l'Indre. Certains éléments sculptés évoquent le XIe siècle tandis que la façade à deux niveaux présente un style caractéristique de celui employé au XIIe siècle. L'église a sans doute été restaurée aux XVe et XVIe siècles.
Église Saint-Cyr. A Issoudun, l'église Saint-Cyr date du XVe siècle. Elle est classée monument historique depuis 1931. Sa pierre blanche en fait un édifice tout à fait lumineux.
Abbaye Notre-Dame de Déols. Cet édifice clunisien a beaucoup perdu de sa superbe pendant les guerres de religion mais il reste tout de même très imposant avec sa haute tour qui domine l'agglomération.
Église du Menoux. Cette petite église néogothique du XIXe siècle n'attire pas l'oeil mais elle abrite un trésor unique : les peintures réalisées dans les années 1970 par le peintre bolivien Jorge Carrasco. Un décor psychédélique orne les voûtes de l'église et en font un lieu à part.
Église Saint-Sulpice de Roussines. Les voûtes sont ornées de peintures du XVe siècle qui représentent les péchés capitaux, le Christ en majesté avec les quatre évangélistes, ainsi que saint Nicolas.
Église de Nohant-Vic. Cet édifice présente de magnifiques fresques du XIIe siècle. Elles ont été sauvées par George Sand et Prosper Mérimée. On y retrouve des scènes de l'Ancien Testament (Adam et Ève chassés du Paradis, ainsi que de la vie de Jésus (Visitation, Adoration des Mages, saint Pierre crucifié...).
A l'église Saint-Cyr d'Issoudun vingt-trois vitraux du chevet datant du XVe siècle racontent l'histoire de saint Cyr et de sainte Juliette. Quelle ne fut pas la surprise après la restauration récente de cet ouvrage de découvrir sur l'un des vitraux un animal ressemblant étonnamment à une girafe ! Et il semble bien que l'animal au long cou tacheté présent sur le vitrail soit une girafe. Chose étonnante quand on sait que les premières représentations en France de cet animal exotique datent du XVIe siècle. Il semble qu'Issoudun soit lié de façon particulière à cet animal. En effet, une mâchoire de girafe datant du XVe siècle a été trouvée au XIXe siècle lors de fouilles sous la Tour Blanche.
Cet ouvrage a été construit afin de relier Montluçon au Canal latéral de la Loire et au Cher canalisé. Sa longueur totale est de 261 kilomètres. Il court sur trois départements, l'Allier, le Cher et le Loir-et-Cher mais est présent principalement dans le Cher. Réalisé entre 1808 et 1840, il a été utilisé jusqu'en 1945 puis a été déclassé et aliéné en 1955.
Il a la particularité d'être trois canaux en un seul, puisqu'il est constitué de trois branches distinctes qui se rejoignent à Fontblisse, commune de Bannegon (dans le département du Cher).
Il relie les villes de Montluçon, Vallon-en-Sully, Saint-Amand-Montrond, Charenton-du-Cher, Sancoins, Marseilles-lès-Aubigny, Dun-sur-Auron, Bourges, Mehun-sur-Yèvre, Vierzon et Noyers-sur-Cher.
Le souhait d'aménagement du Cher en vue de sa navigation est très ancien : on en trouve déjà l'évocation en 1484 à l'occasion des Etats-Généraux de Tours. Sully en parle en 1595, et en 1606 Colbert se penche sur la question, avant de renoncer au lancement d'une telle construction. Le sujet sera remis au goût du jour un siècle plus tard, tout d'abord par le duc Paul-François de Béthune-Charost, qui l'évoquera en 1765, puis par le baron de Marivetz en 1772. Tous deux appelaient vivement à la mise en place d'une liaison directe entre Tours et le Bec d'Allier. Pas moins de six projets furent présentés entre 1768 et 1784 mais aucun ne put aboutir, faute de financements. En 1786 une dotation de 100 000 francs fut proposée pour initier les premiers travaux mais la Convention annula le projet en 1792.
Il faudra donc attendre 1808 pour que le projet soir réellement initié. L'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Joseph-Michel Dutens est désigné pour mener à bien le projet. Des prisonniers espagnols seront utilisés comme ouvriers entre 1808 et 1840. En 1810 le Conseil général du Cher propose une rallonge de 500 000 francs pour que le canal passe par Bourges. En 1811 une prolongation entre Vierzon et Nevers est étudiée. Pour répondre aux besoins d'économies occasionnés par la chute de l'Empire, Joseph-Michel Dutens propose de s'inspirer des canaux anglais, qu'il a pu observer lors d'un voyage en 1818. Il s'agit de réduire la taille des écluses, les faisant passer de 5,20 mètres de large à 2,60 mètres. Finalement le projet a adopté des écluses avec des sas de 2,70 mètres.
Le canal du Berry (initialement appelé canal du Cher puis canal du duc de Berry) possède trois branches principales et trois petits embranchements. Trois de ses pont-canaux sont inscrits sur la liste des monuments historiques : le pont-canal de la Tranchasse à Ainay-le-Vieil, le pont-canal de La Croix et le pont-canal franchissant la Sauldre. L'écluse de la Tranchasse à Colombiers est également classée monument historique. Tout le parcours du canal du Berry est par ailleurs parsemé d'éléments remarquables : les ponts-canaux de Chantemerle et de La Queugne, avec son écluse double, seule du canal, le pont-levis de Vallon-en-Sully et la grue de transbordement du bassin de Laugère sur la branche nord, la tranchée d'Augy, les réservoirs de Goule, Pirot et de la Marmande, les ponts-canaux du Rhimbé sur sa branche nord-est, les sites de Bourges, de Mehun-sur-Yèvre et de Vierzon mais aussi la gare d'eau de Noyers-sur-Cher sur sa branche nord-ouest.
La réalisation des voies de chemins de fer au XIXe siècle a obligé les compagnies ferroviaires à construire de grands ouvrages d'art pour enjamber les vallées. Les viaducs, souvent désaffectés aujourd'hui, continuent à marquer le paysage par les arches impressionnantes. Dans l'Indre, celui de Cluis est utilisé pour le saut à l'élastique (www.oxygene40.com). C'est le cas aussi à Culan dans le Cher (www.adrenactive.com/saut-elastique-culan-centre-18-3150.htm). Celui du Blanc est une sur une voie verte. On peut donc se promener à son sommet pour admirer la vue.
Le Berry est fortement marqué par la culture paysanne. Les vêtements d'antan étaient pratiques, destinés à être portés au champs et à ne pas entraver les mouvements.
Chemise de chanvre (la biaude), ceinture de flanelle, culotte et veste courte et chapeau : tel était l'uniforme des paysans berrichons. Une partie importante de cette vêture consistait en le port de guêtres, appelées dans le Berry " arsoulettes ". Une chanson populaire les évoque : " Faut faire des arsoulettes en toile de métier pour empêcher la terre d'entrer dans nos souliers. " Les arsoulettes, ou " gamaches " étaient les guêtres que portaient les paysans français au XVIe siècle. Dans l'Indre un " tailleux " en a fabriqué jusqu'en 1936 pour fournir les vignerons de Saint-Marcel. Ces derniers travaillaient en effet avec au bas des jambes des guêtres de grosse toile bleue ou blanche.
Dans le Berry, les tenues des paysans correspondent à la tâche à effectuer. A la tenue " de base " s'ajoutent des éléments en fonction du métier. Ainsi, les bergers portaient un sur-vêtement composé de pièces de laine épaisses par-dessus le costume, un manteau chaud (la limousine) et un bonnet de coton à pompon. Les dimanches et les jours de fête, la tenue était bien entendu plus soignée. La chemise est plus travaillée, un gilet se glisse sous une petite veste, par-dessus laquelle on enfile une veste plus grande. Enfin, un mouchoir noué autour du cou vient parfaire cette tenue plus élaborée. Le traditionnel chapeau est posé sur la tête. En Berry on trouvait le chapeau " clabaud ", le plus porté par les hommes de la région. Ce couvre-chef à larges bords, qui servait à la fois de parapluie et de parasol, était formé d'une calotte ronde agrémentée d'une grosse cordelière de laine rouge, à noeud plat derrière, appelée bourdaloue. A l'arrière du chapeau les deux pans de la bourdaloue sont relativement courts et terminés par un noeud formant un petit pompon.
Les femmes de Berry ont toujours apporté grand soin à leur toilette. Leurs vêtements sont taillés dans des tissus plus variés que ceux des hommes. La toile de chanvre reste la plus répandue mais on trouve aussi des habits en droguet, en drap, en serge, en coton et en poulangis. Les Berrichonnes enfilaient d'abord une longue chemise, souvent en toile de chanvre. Par dessus, un bourrelet, fixé à la taille, était destiné à bien faire ressortir les fronces du jupon (les plus minces portaient également un faux-cul). Le jupon, en droguet rayé, venait ensuite. En hiver, plusieurs jupons étaient superposés. Un "juste", petit corsage très ajusté, venait structurer l'ensemble. L'indispensable tablier protégeait la jupe. Un fichu en indienne ou en coton imprimé et une coiffe venaient compléter cette tenue simple.
Le Berry est une terre de légendes dont aujourd'hui encore on se transmet les histoires.
Ainsi, savez-vous que certains reliefs berrichons ont été causés par Gargantua ? Le héros de Rabelais est le fruit d'une légende bien antérieure à l'ouvrage qui l'a popularisé. Ainsi, on raconte que c'est en secouant son sabot pour y enlever la terre qui s'y trouvait qu'il créa le petit promontoire isolé qui se trouve dans la plaine de Montlevie. Ce petit promontoire n'étant autre, vous l'aurez compris, que l'amas de boue ôtée de la chaussure. Le Pied-de-Bourges, autre monticule situé près de Clion, serait également l'oeuvre du géant, survenue à l'occasion d'une de ses grandes enjambées. Les Dépâtures-de-Gargantua, à Châtillon-sur-Indre comme dans la Brenne, font suite au Pied-de-Bourges. On raconte qu'il avala tout rond un bateau chargé de moines sur les bords de la Creuse. Vorace, il absorba par mégarde sa brave nourrice près d'Issoudun en la tétant. La pauvre femme fut retrouvée le lendemain dans les langes du gourmand nourrisson. Il semble que Rabelais ait construit son roman en empruntant de-ci de-là des mythes du Bas-Berry mais aussi du Poitou et de la Saintonge.
Gargantua n'est pas le seul être mythique dont le souvenir hante les terres berrichonnes. Plusieurs superstitions sont attachées à cette contrée dont les paysages brumeux, marécageux ou de landes sont propices à l'émergence.
Aux côtés des loups-garous, des feux follets et autres fées, bonnes ou mauvaises, la Birette est ainsi une créature surnaturelle propre au département du Cher. Cette espèce de fantôme couvert d'un suaire blanc court les champs la nuit. Il ne fait pas bon la rencontrer, cela présage généralement d'événements plus que désagréables. Et il est impossible d'atteindre la Birette avec des balles de fusil, elles n'ont aucun effet sur elle. A moins d'avoir pris la précaution de les avoir fait bénir au préalable par le curé du village. La Marte, autour de Saint-Benoît-du-Sault est une méchante vieille qui agresse les hommes de passage pour les forcer à l'honorer.
La Chasse à Ribaud fait également partie des légendes berrichonnes. Particulièrement effrayant, il s'agit d'un bruit continu qui survient la nuit, n'importe quand, de préférence dans les bas-fonds, les prairies et les lieux solitaires. Entendre la Chasse à Ribaud c'est comme être littéralement survolé d'un nombre incroyable de chiens de races et de tailles différentes, qui grognent et hurlent à la nuit. Ceux qui l'ont déjà entendu ont cru distinguer au-dessus de la mêlée le timbre grave d'un énorme dogue se mêler de temps en temps à l'effrayant concert. On raconte qu'à la fin du XIXe siècle un jeune homme de Graçay qui rentrait chez lui en suivant la route de Nohant entendit soudain au-dessus de lui la Chasse à Ribaud. Le bruit était si près de lui, frôlant sa tête, qu'il la baissa, craignant que la Chasse ne lui ôta son chapeau. Effrayé il garda la tête baissa mais assura par la suite que la Chasse à Ribaud s'était dirigée au-dessus du marais avant de se perdre dans le Pré Tambour, à proximité du cimetière de Graçay.
Ce soir-là ce jeune Berrichon aurait pu croiser la Grand' Bête, énorme chienne de la taille d'une génisse qui a pour habitude de suivre, sans toutefois les attaquer, les passants attardés. Un laboureur de Reuilly a décrit en son temps la Grand' Bête. Il s'agit, a-t-il raconté, d'un animal gros comme une vache de deux ans, avec de grandes cornes, des poils roux hérissés et deux grands yeux brillants. Elle l'aurait suivi un soir, avançant quand il avançait, s'arrêtant quand il s'arrêtait, allant même parfois jusqu'à poser son énorme tête sur son épaule, faisant aller son souffle chaud et rauque contre son oreille. Terrifié, le brave homme se réfugia alors dans une ferme voisine. Après quelques instants passés au coin du feu il se décida à en sortir pour reprendre sa route. Mais qu'a-t-il aperçu près des bergeries, guettant son retour ? La terrible silhouette de la Grand' Bête. Rentrant précipitamment dans la ferme il y passa la nuit et n'en ressortit que le lendemain matin à la lumière du jour.
Abotté : être repu, n'en plus pouvoir.
Acni : recroquevillé.
Affutter : se mettre à l'affut.
Affutiaux : vêtements.
Baufuter : calomnier.
Beurdasser : secouer.
Biaude : blouse berrichonne.
Bouinotte : petite fenêtre carrée.
Bouchure : haie.
Bourée : averse.
Bourriner : bricoler.
Bouzou : bébé.
Ch'ti : méchant, malicieux
Couare : corbeau.
Dar : faux.
Dévirer : retourner, renverser.
Forturab : costaud.
Fumelle : femme.
Gueurluchon : sexe masculin.
Luma : escargot.
Maquereau : chat.
Ortruge : ortie.
Patin : chausson.
Plomb : prairie ancienne.
Rio : petite rivière.
Seu : sureau.
Tchuper : cracher.
Vieusté : vieillesse.
Le Berry, terre de sorcellerie ? Dans l'imaginaire populaire le Berry est invariablement associé à la sorcellerie. Il semble pourtant qu'il n'y ait pas eu plus de procès de sorciers ici qu'ailleurs au Moyen Âge ou à la Renaissance. La spécificité de la région tient peut-être au fait que ce sont souvent des hommes qui ont été désignés et condamnés comme sorciers alors qu'ailleurs c'était plutôt les femmes qui faisaient les frais de ce genre d'accusations. Ainsi, en 1619, un mendiant arrêté à Menetou-Salon avoua avoir eu commerce avec le Diable. Une femme était morte peu après avoir partagé un morceau de pain avec lui. Une autre assura avoir été littéralement transpercée par son regard. Condamné à mort, il fut brûlé. Popularisée par les romans de George Sand (La Petite Fadette, La Mare au Diable) cette tradition de sorcellerie a perduré jusqu'à aujourd'hui. Le musée de la Sorcellerie à La Jonchère et celui de Blancafort l'illustrent bien. La plage de Bonnu dans l'Indre a toujours sa fête de la sorcellerie. George Sand avait coutume d'appeler Nohant, où elle a grandi, et ses environs la Vallée Noire, noire de légendes et de présence d'esprits parfois peu amènes. A quoi cela est-ce dû ? A la campagne bruissant de bruits étranges, aux étangs faisant parfois flotter au-dessus d'eux à la tombée de la nuit une brume inquiétante ? Il semble qu'au temps des Gaulois, déjà, les druides avaient désigné le Berry comme centre sacré du pays, en raison de la densité vibratoire du sol, qui serait plus importante qu'ailleurs. Reste que, si le Berry a compté au fil des temps nombre de rebouteux et de soigneurs, c'est peut-être en raison de son isolement. L'historien et écrivain Gérard Coulon situe au XIXe siècle la véritable naissance de la culture sorcière berrichonne, au moment où nombre d'habitants quittèrent les villages pour gagner les villes. Isolés, les villageois auraient ainsi appris à se débrouiller par eux-mêmes et notamment à se soigner avec les moyens à leur portée : les plantes.
Derrière cette affaire criminelle du XIVe siècle se sache sans doute une sordide histoire de succession, agitant la haute société chevaleresque de l'époque. En 1317, Marguerite, dame de Bommiers, dans l'Indre, tombe brusquement très gravement malade. Elle a beau faire appel aux meilleurs spécialistes de son entourage son mal ne guérit pas. Elle entreprend alors un voyage jusqu'à Montpellier, où les médecins sont très réputés. Leur verdict tombe : Marguerite de Bommiers a été empoisonnée. Les soupçons se portent sur deux hommes, Jean du Solier et Mabille du Bois, et une femme, dénommée La Moiche, de Sainte-Sévère. Ces trois personnes, sans doute des domestiques, prennent la fuite. L'histoire ne dit pas s'ils ont été arrêtés un jour. Il semble qu'ils aient été engagés par les deux petites nièces de Marguerite de Bommiers, Mahaut et Marguerite, qu'une querelle successorale opposait à leur tante.
Pour éviter de s'enfoncer dans la terre fraîchement bêchée les jardiniers berrichons avaient une astuce : ils fixaient leurs sabots sur des planchettes, ce qui leur permettait à la fois de ne pas s'enfoncer dans la terre mais également de la tasser après certains semis.
Les vignerons forment une population à part dans le monde paysan et cela se ressent jusque dans leur costume. Au lieu du chapeau clabaud, très répandu, ils travaillent avec en guise de couvre-chef un tricorne. Leur vêture se compose d'une culotte courte leur tombant jusqu'aux genoux, d'un gilet et d'une veste courte en drap de couleur verte. Leurs souliers sont parfois ferrés et toujours recouverts de guêtres bleues ou blanches.
En 1582 six Sancerrois, cinq hommes et une femme, accusés de sorcellerie, ont été pendus et brûlés. Dénoncés par un garçonnet de 12 ans qui souffrait de crises (sans doute d'épilepsie) les six accusés, au terme d'une enquête au cours de laquelle près de cent cinquante témoins sont entendus, avouent avoir commerce avec le Diable et participer à des sabbats. Enfermés au château de Beaujau Neuf, ils sont condamnés à être brûlés et pendus. La femme sera retrouvée morte dans sa cellule, étranglée par le Malin dira-t-on à l'époque. Qu'à cela ne tienne, son cadavre est conduit sur le bûcher pour que sa dépouille subisse le même sort que celui de ses cinq camarades. Les pièces de ce procès sont parvenues jusqu'à nous.
Le berrichon, dont il existe plusieurs variante, est la langue d'oïl (par opposition à la langue d'oc, parlée au Sud de la France) parlée dans le Berry. Il en existe trois variantes dans la région : le bourbonnais, dans le Cher Sud, le haut-berrichon, dans le Cher Nord et le Cher Est, et le bas-berrichon, dans l'Indre et le Cher. Ces patois ont progressivement disparu, ne persistant que dans les campagnes, au fur et à mesure que le français est devenu la langue employée par l'aristocratie et la bourgeoisie (à partir du XVIe siècle). Certains termes ont toutefois traversé les siècles, comme " pochon " pour désigner un sac ou " patin " pour dire pantoufle. Aujourd'hui, certaines associations, comme les Thiaulins de Lignières, contribuent à perpétuer la tradition linguistique du patois berrichon pour éviter qu'il ne s'éteigne. Des conteurs, comme L'Pé Gaston ou Pascal Pauvrehomme, parcourent la région et ses environs pour captiver le public d'histoires racontées en langue berrichonne.
Il est un dicton en Berry qui dit " 99 moutons et un Berrichon ça fait 100 bêtes. " Cette phrase, en apparence peu flatteuse pour les gens du coin montre en fait le caractère rusé et plein d'humour des paysans du cru. Car en réalité ces mots auraient été prononcés au XVIIe siècle, par un éleveur de moutons, au moment de payer un péage. A l'époque, le passage des ponts était payant. Et le prix était fonction du nombre de bêtes qui l'empruntaient. Or un tarif dégressif avait cours. Si un berger passait le pont avec moins de 100 moutons il payait un denier par animal, soit 99 deniers pour 99 animaux, ce qui représente 8 sols et 3 deniers. Mais pour cent animaux, le tarif descend à 2 sols et 6 deniers. Le calcul est vite fait ! Un jour, un berger qui devait passer avec 99 bêtes lança alors cette phrase qui a traversé les siècles. Le but n'était pas de moquer les autochtones mais bien de tenter de payer moins cher le péage !
On ne peut évoquer l'artisanat berrichon sans évoquer la poterie et le hameau de La Borne, haut lieu de cette tradition séculaire. La Borne se trouve sur le territoire des communes d'Henrichemont et de Morogues, dans le département du Cher. Aujourd'hui encore plusieurs artisans y exercent. L'endroit est un lieu de création de céramique depuis le Moyen Age puisque des traces évoquant cette activité remontent au XIIIe siècle. L'endroit s'est taillé une bonne renommée grâce à sa production de poterie de grès. Héritiers de siècles de tradition quatre-vingts potiers et céramistes contemporains y travaillent. La part belle est donnée à la modernité, à la recherche de formes nouvelles, de décorations inédites mais également à un profond respect du côté traditionnel. A La Borne, l'héritage potier est précieux. L'activité potière s'est établie sur ce territoire en raison à la fois de sa situation géographique privilégiée, au coeur de la forêt, mais aussi de la présence d'un très important filon de grès.
La production traditionnelle se compose de pièces utilitaires en grès qui répondent aux besoins de la vie et des productions rurales. Vient s'y ajouter une création d'imagerie populaire recherchée par les collectionneurs.
De véritables artistes. Certains noms associés à La Borne sont devenus célèbres, comme Marie Talbot, Bedu, Bernon ou Foucher. Le secteur s'est vraiment bâti autour de la production potière : à la fin du XIXe siècle, le hameau comptait environ 700 habitants pour 80 potiers. Cette période est véritablement considérée comme l'âge d'or à La Borne. Les céramistes prestigieux contribuent à asseoir la renommée du site et à en faire un secteur absolument incontournable. A cette période très faste succède un creux. Ainsi, la fin des années 1920 marque le début du déclin de l'activité de La Borne. La poterie peine à garder sa place avec la concurrence de l'aluminium et du verre. Alors qu'en 1914, 14 fours étaient en activité et il n'en restait que quatre en 1950. Dans les années 1960, la part belle est faite à l'aspect artistique de la poterie, ce qui permet de relancer et de dynamiser la production.
Un artisanat international. La Borne recommence à attirer des céramistes de grès dans la deuxième partie du XXe siècle. Ces derniers renouvellent la production. Jean et Jacqueline Lerat, Paul Beyer, André Rozay, puis Vassil Ivanoff, Pierre Mestre, Elisabeth Joulia, Yves et Monique Mohy, Jean Linard et Claudine Monchaussé contribuent à ce renouveau du territoire. Un paradoxe se fait jour : la poterie traditionnelle périclite et pourtant La Borne attire des céramistes de plus en plus nombreux, français mais également étrangers comme la Danoise Anne Kjaersgaard, l'Australienne Gwyn Hansen, les Anglaises Janet Stedman et Christine Pedley. Au cours des années 1960, Pierre Digan et Janet Stedman créent une entreprise de poteries où travaillent des tourneurs qui s'établiront lors de sa fermeture, tel Éric Astoul.
La Borne a une renommée qui ne se dément pas et attire également des élèves de l'atelier de céramique de l'école des Beaux-Arts de Bourges. Certains s'y établissent comme Rémi Bonhert, Hildegund Schlichenmaier, Dominique Legros, François Maréchal, Claude et Jean Guillaume. Leur création est vivante se nourrit d'influences étrangères et de voyages au Japon. L''introduction des fours à bois orientaux couchés à une ou plusieurs chambres leur permettra de dynamiser leur production.
La Borne devient le théâtre de colloques, dans les années 1970, au cours desquels des passionnés de cuisson au bois se retrouvent autour des grands fours. Les années 1990 voient l'avènement de cuissons collectives et festives qui seront reprises en 2007.
Art et céramique. Le hameau de La Borne comporte deux lieux de visite liés à la céramique moderne. Un musée consacré à Vassil Ivanoff a été installé dans l'ancien atelier de l'artiste. Le Centre de céramique contemporaine est un autre lieu de visite important. Il est composé d'une exposition permanente qui présente un panorama des créations des ateliers des cinquante-cinq membres de l'association des céramistes (Association céramique La Borne) mais aussi d'expositions temporaires. Il accueille également des expositions internationales de céramique contemporaine.
Le musée de la poterie est consacré à la poterie traditionnelle de La Borne. Il présente une exposition permanente de pièces anciennes, utilitaires et imagières, et des expositions thématiques.
Le 18 novembre 1996, cinq fours à bois traditionnels ou d'intérêt historique ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques : le four couché de Joseph puis Jean Talbot, le four couché de la famille Talbot-Senée, de Jean, Henri Talbot et Armand Bédu, dit aussi le grand four, le four couché de Lucien Talbot, le four cubique de type Sèvres de Vassil Ivanoff, le four à globe d'Eugène Bédu.
Outre La Borne, le village potier des Archers au Chatelet regroupe plusieurs artisans et dispose d'un musée, installé dans l'atelier d'un ancien potier. Un marché de la poterie y est régulièrement organisé. Au village potier des Archers l'accent est mis sur la tradition mais aussi sur le côté artistique du travail de la poterie.
D'autres lieux de poterie : On trouve de nombreux artisans potiers en Brenne (Fontgombault, Lignac, Néons-sur-Creuse), à Argenton-sur-Creuse, à Verneuil-sur-Igneraie, à Gargilesse ou La Châtre... Un marché de potiers a lieu tous les ans en juin à Argenton-sur-Creuse et on trouve de nombreux créateurs sur les marchés artisanaux.
" En France tout finit par des chansons ", dit l'adage. En Berry, la chanson a toujours été très présente dans le patrimoine. La musique berrichonne est douce, calme et tranquille, à l'instar des terres sur lesquelles elle a éclos. On a toujours beaucoup chanté dans le Berry, du laboureur se donnant du courage pour accomplir son travail au sabotier ponctuant sa fabrique. Rondes, chansons d'amour, chansons de bergers... L'éventail des textes berrichons est large. Leurs thèmes trouvent leur origine dans la vie quotidienne rurale, l'amour, les fêtes, la guerre... La plupart des chansons populaires du Berry se chantent aussi ailleurs, dans d'autres régions, dans le dialecte local. Y sont-elles parties ? En sont-elles venues ? Le Berry, par sa situation centrale en France se trouve sans doute au coeur des influences chansonnières.
La vielle et la cornemuse sont les instruments de musique traditionnels qui composent les ensembles musicaux. La vielle, instrument à cordes frottée populaire dès le Moyen Age peut être fabriquée avec le bois qu'on trouve en quantité dans la région berrichonne. La cornemuse du Centre, également appelée musette du Centre, est la cornemuse employée dans le Berry. Il s'agit d'une cornemuse à deux bourdons, le premier accordé à une octave et le second à deux octaves en dessous du hautbois. On la trouve aussi dans le Morvan, le Bourbonnais ou le Nivernais. A l'origine la cornemuse est un instrument pastoral. Ses anches (partie de l'instrument servant à produire le son) peuvent être fabriquées en roseau.
Les danses collectives du Berry sont par ordre d'apparition les branles, puis les bourrées, déclinées sous les formes carrées, droites, croisées ou en rond. Le branle est une danse dont l'origine remonte au Moyen Age. Elle se danse en rond, comme son ancêtre la ronde oui en ligne. La bourrée se danse par couples. C'est une danse assez festive dont les déclinaisons peuvent être complexes.
Dans le Berry, on en connaît de nombreuses déclinaisons, de même que plusieurs branles, issus des collectages principalement de Pierre Panis, mais aussi de Roger Péarron, Jean-Michel Guilcher, Madeleine Surnom, Daniel Bernard, Solange Panis, Françoise Etay et Amaury Babault : danses à deux partenaires vis-à-vis, danses en quadrette (bourrée carrée, bourrée croisée, montagnardes et auvergnates), danses à six (les branles), en ronde, bourrées droites (région d'Issoudun, région des Grandes Poteries et du Pays Fort), bourrées tournantes (surtout en Haut-Berry), bourrées valsées, bourrées en lignes (à 3 de Plaimpied, La Chapelotte, Les Grandes Poteries, Massay, Graçay..., à 5 comme le sciton à Saint-Germain-du-Puy, à 7 à Chaudoux, voire à 8 à Poisieux) et La moutonne (qui utilise une ancienne figure de contredanse nommée chaîne des lacs d'amour). On rencontre, en Berry, à la fois des bourrées dansées sur des musiques à 2 temps (localisées dans le sud du Bas-Berry) et des bourrées sur des musiques à 3 temps.
Ces danses conviviales permettaient d'égayer les fêtes campagnardes.
Plusieurs groupes de danse folkloriques ou traditionnelles pratiquent toujours ces danses et animent les bals trads. On, peut citer Les Thiaulins de Lignières, Les Gâs du Berry, les Tréteaux du Pont-vieux, la Guérouée de Gâtines...
Sarah Caryth, née à Guéret en 1897, est une rebelle. Issue d'une famille de notables de Châteauroux (son père est magistrat, son grand-père avoué), la jeune fille avait devant elle une vie toute tracée : un beau mariage, des enfants et la perpétuation de la tradition familiale. Elle choisit autre chose : montreuse de lions, de serpents et de pythons dans un cirque. Scandale ! Celle qui a perdu son père et une de ses soeurs très tôt a beaucoup souffert de l'éducation sévère et distante de sa mère. C'est donc tout naturellement qu'elle préfèrera par la suite reporter sur ses animaux l'affection dont elle a manqué dans son enfance. Souvent sur les routes avec le cirque, elle revient de temps à autres à Châteauroux où son mode de vie libéré fait scandale et jette l'opprobre sur sa famille. Mariée deux fois elle arrêtera sa carrière de montreuse d'animaux pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle reviendra alors dans le Berry pour y tenir des estaminets, une activité qui lui permettra d'occuper un petit rôle dans la Résistance. Décédée sans le sou, elle est inhumée dans le caveau familial au cimetière Saint-Denis de Châteauroux. Sa maison de Saint-Lactencin, le Manoir des Fauves, est un musée ouvert lors des journées du patrimoine.
Amis buvons
Amis buvons, mes chers amis buvons
Mais n'y perdons jamais la raison
A force d'y boire, on perd la mémoire
On va titubant le soir à tâtons
Et on courre les rues à saute-mouton
J'en ai tant bu, de ce bon vin nouveau
Qu'il m'a troublé l'esprit du cerveau
Avant que j'y meure, versez moi sur l'heure
De ce bon vin clair
qui brille dans nos verres
et qui fait chanter tous les amants sur terre
Ah, si jamais, je vais dedans les cieux,
Je m'y battrai avec le bon dieu
A grands coups de lances
Pour tuer les anges
Je leurs ferai voir que c'est mon devoir
De boire du vin, du matin au soir
A si jamais, je vais dedans l'Enfer
Je m'y battrai avec Lucifer
A grands coups de sabre, pour tuer le diable
Je lui ferai voir que c'est mon devoir
De boire du vin, du matin au soir.
Le chant des livrées, chanson de noces traditionnelle du Berry
Ouvrez, ouvrez la porte, Nanette ma jolie,
J'ai un beau foulard à vous présenter,
Ouvrez-moi la porte et laissez-moi rentrer.
Mon père est en chagrin,
Ma mère en grande tristesse
Et moi je suis fille de trop grand merci
Pour ouvrir ma porte à cette heure-ici.
Ouvrez, ouvrez la porte, Nanette ma jolie,
J'ai un beau mouchoir à vous présenter,
Ouvrez-moi la porte et laissez-moi rentrer.
Ouvrez, ouvrez la porte, Nanette ma jolie,
J'ai une belle croix à vous présenter
Ouvrez-moi la porte et laissez-moi rentrer.
Ouvrez, ouvrez la porte, Nanette ma jolie,
J'ai un beau mari à vous présenter
Ouvrez-moi la porte et laissez-moi rentrer.
Mon père est en chagrin
Ma mère en grande tristesse
Et moi je suis fille de bien grand merci
Mais j'ouvrirais ma porte pour ce beau mari.
Les trois maçons jolis
C'est 3 maçons jolis de leur pays s'en vont (bis)
De leur pays s'en vont tous 3 plein d'assurance
Avec le coeur joyeux de faire leur tour de France
Le plus jeune des 3 savait bien travailler (bis)
savait bien travailler fidèle à son ouvrage
Il a bien su gagner le coeur d'une Picarde
La Picarde lui dit " C'est toi maçon joli (bis)
C'est toi maçon joli qui taille bien la pierre
Soulève mon jupon tu verras ma carrière "
Le gars y a pas manqué son jupon a levé (bis)
Son jupon a levé aussi sa chemise fine
Il s'est mis à tailler dans la pierre la plus fine
Au bout de 6 semaines, grand mal de coeur lui prend (bis)
Grand mal de coeur lui prend, aussi grande souffrance
Fallu le médecin pour calmer la patiente
" C'est un maçon joli qu'a couché dans mon lit (bis)
Qu'a couché dans mon lit et pâlit ma couleur
Et moi pauvre fillette je reste dans les peines "
Derrière chez nous
Derrière chez nous, y a un étang
Dedans mon coeur, y a un amant
Trois beaux canards y vont nageant
Y'a pas d'amour sans peine
Dedans mon coeur y a un amant
Je ne sais s'il m'aime
Trois beaux canards y vont nageant
Dedans mon coeur, y a un amant
Le fils du roi y va chassant
Avec son beau fusil d'argent
Visa le noir, tua le blanc
Par-dessous l'aile, il perd son sang
Et par le bec : l'or et l'argent
Toutes ses belles plumes s'envolent au vent
Trois dames s'en vont les ramassant
Ca s'ra pour faire un beau lit blanc
Le fils du roi couchera dedans.
Berry en jeu
En 2012, l'historien local Gérard Coulon et le fabricant de jouets Bernard Lanchais ont réalisé un jeu de 400 questions sur le Berry (moitié Indre, moitié Cher). Les questions touchent à tous les domaines : histoire, nature, loisirs, géographie, personnages célèbres, traditions, gastronomie... Une agréable façon de découvrir le territoire.
Les éditions Geste ont réalisé un jeu très ressemblant en 2015, Le Cube Berry. Les questions ont été établies par Marie Lamande et Philippe Morin.
Le jeu Synaps est la création d'un retraité d'Euguzon, une petite commune du sud de l'Indre. Le jeu, sorti fin 2013, permet d'apprendre et de pratiquer l'anglais de façon ludique, à partir d'un jeu de cartes. Le Berrichon Henri Benzelmat, son créateur, retraité du BTP, a beaucoup voyagé dans toute l'Europe, où il a rencontré de nombreux francophones et francophiles. Il est parti d'une idée simple : les méthodes classiques et traditionnelles d'apprentissage de la langue anglaise l'ennuyaient profondément. Il a donc imaginé ce sympathique jeu. Cette méthode tout à fait ludique et originale se présente sous la forme d'un jeu de 50 cartes. Chaque carte de vocabulaire contient cinq questions. Et des cartes surprises permettent à des joueurs n'ayant pas une aussi bonne connaissance de la langue que leurs adversaires de leur damner le pion et de remporter la partie. Synaps (de " synapse ", point de communication entre deux cellules nerveuses) est dédié à tous, quels que soient le niveau. Le jeu consiste à demander aux joueurs la traduction des mots d'une carte, dans une langue ou dans l'autre. Il y a plusieurs niveaux. L'idée de ce jeu sympathique a germé dans l'esprit d'Henri Benzelmat dès 1985. Recalé par les grands éditeurs de jeux auxquels il l'a proposée, le retraité berrichon ne s'est pas laissé démonter et s'est lancé seul dans l'aventure, en empruntant 12 000 euros. Le lancement de Synaps a été un succès. Aujourd'hui on peut trouver ce jeu de cartes 100 % berrichon dans des magasins de jouet ou sur des plateformes de vente sur Internet.
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