Leitfaden Äolische Inseln : La Sicile en 50 mots-clés
Ces engins étranges sont des camionnettes à trois roues équipées d'un moteur de mobylette, qui servent essentiellement aux camelots pour faire le marché, mais aussi à certains artisans qui trouvent dans ce véhicule maniable et léger l'outil idéal pour transporter toutes sortes de marchandises dans les ruelles étroites des vieilles villes. On en croise beaucoup à Palerme, où ils côtoient les calèches et les grosses cylindrées. Souvent en piteux état (n'étant plus fabriquées, il est compliqué de remplacer les pièces défectueuses), ils constituent le témoin d'une époque (presque) révolue. Aujourd'hui, on leur préfère les petites camionnettes japonaises ou les nouvelles Piaggio à quatre roues, plus robustes mais tout aussi capables de fureter dans les petites ruelles.
Ah ! Mesdames ! Vous ne connaîtrez jamais l'extase de se faire faire la barbe par un authentique barbiere du vieux quartier d'une petite ville. Les instruments, l'ambiance, la méticulosité de l'artiste au travail, du barbouillage au blaireau jusqu'au rinçage rafraîchissant, avec le léger et délicieusement angoissant crissement de la lame sur la peau, tout cela est tellement plus jouissif que le " zinzin " d'un rasoir électrique ou que le banal rasage devant la glace.
Le baroque, esthétique qui caractérise l'architecture européenne dès le début du XVIIème siècle, est largement représenté en Sicile. Contrastant nettement avec l'austérité médiévale, il est remarquable à son désir d'extravagance et d'opulence. La façade du Duomo à Ortygie ou encore l'église de la Collegiata à Catane en sont des exemples flamboyants. Noto, Syracuse et Raguse sont les grands bastions de ce style qui n'a de cesse de ravir les visiteurs.
C'est la petite soeur qui ne veut pas faire tout à fait comme les grands frères ou le Padre Capo suprême le voudraient bien : " rien avant le mariage " et puis pas avec n'importe qui, mais surtout à la maison et pas ailleurs pour " honorer " sa condition et ses devoirs de femme... On pouvait lire dernièrement dans un canard de Palerme, entre deux chiens écrasés, qu'un parrain de la ville avait fait assassiner sa propre fille parce qu'elle avait... trompé son mari ! Rassurons-nous, ce qui était d'actualité il y a encore trente ans l'est de moins en moins aujourd'hui. Les jeunes Siciliennes sont de plus en plus libérées et s'émancipent aisément sans l'assentiment du chef de famille.
La Cassata est le dessert favori des Siciliens et parmi les plus demandés en Italie. Sa douceur proche de celle des gâteaux moyen-orientaux nous rappelle combien la Sicile partage ses origines géographiques et culturelles avec ce monde. Elle est composée de ricotta entourée de pâte d'amande sur une pâte génoise. Pour agrémenter visuellement et gustativement cette petite merveille de douceur, des fruits confits sont déposés à son sommet. Impossible d'aller en Sicile sans y goûter. Alors gardez de la place pour le dessert !
Les cercles de rencontres, de discussions, de culture, de jeux divers et variés, d'anciens pêcheurs ou des amis de X et Y, du souvenir de Z ou W... fleurissent sur toute l'île. Ce sont des endroits fort pittoresques à ne rater sous aucun prétexte ! Alors que la passeggiata bat son plein, que les ragazzi lancent des regards langoureux aux passages des ragazze qui font semblant de faire les vitrines, ces lieux surtout fréquentés par les plus anciens ont souvent un charme fou. Ils répondent évidemment à ce besoin insatiable des insulaires de se retrouver en communauté, en clan pour parler de la pluie et du beau temps. A voir : le Circolo della Conversazione de Ragusa Ibla devant le Dôme, où Giuseppe Tornatore, auteur du célèbre Cinema Paradiso, tourna un de ses films.
Il y a, avant tout, les liens du sang, mais pas seulement. Il y a aussi les clans d'amis ou de simples habitués, et l'on se retrouve toujours à la même heure, sans forcément un but précis, mais simplement pour être ensemble. Les clans sont évidemment très compartimentés, avec à la tête un chef bien déterminé et quelques règles : les anciens jouent aux cartes ou élaborent leurs dernières visions géopolitiques du monde dans les cafés, les anciennes vont à la messe, les garçons traînent dans les rues et les filles aussi, mais on ne se mélange pas toujours. Et enfin les plus petits, avant de faire la loi comme les plus grands, se contentent de faire des attaques de pétards en bandes de trottinettes organisées, et ce ne sont pas les moins dangereux !
Si vous commencez à ressembler à John Lennon, et surtout si ça n'est pas intentionnel, une bonne coupe chez un coiffeur ne coûte rien. Et c'est tellement agréable ! Cependant, prenez soin de le faire en arrivant, car les marques de bronzage ne pardonnent pas. En matière de style, si le catogan reste un standard apprécié pour les garçons (cheveux très tirés vers l'arrière, de préférence ondulés noirs, avec lunettes de soleil impératives), la mode est en train de passer du crâne totalement rasé à la Marco Pantani, permettant de radicaliser une calvitie naissante, à la coupe " Beckham ", avec une crête gominée au-dessus de la tête. Les filles s'y sont mises également, pour un aspect esthétique que chacun appréciera. Les coupes mixtes (rasé jusqu'au sommet du crâne pour laisser un petit disque de gazon sur le dessus) semblent en perte de vitesse.
Souvent en Sicile, les échoppes, hôtels, restaurants et autres établissements sont dirigés par les membres d'une même famille depuis une ou plusieurs générations. Le père était patron et employait ses enfants ; lorsqu'il sera plus vieux, les enfants reprendront l'affaire familiale, et ceux-ci la légueront sans doute à leur propre progéniture. C'est ainsi que des années durant, la plupart des établissements touristiques ou autres sont tenus par les mêmes propriétaires : le nom ne change pas, les prix évoluent peu, mais les nouvelles générations cherchent quand même à imposer leurs goûts modernes aux anciens qui finissent par se laisser entraîner.
Epileptiques s'abstenir ! La conduite en Sicile est un vrai défi sportif. En ville et tout particulièrement à Palerme, ça klaxonne, ça vocifère dans tous les sens, y compris lorsque le feu est rouge... Et pour cause : très souvent les feux ne sont pas respectés, y compris par la police. Pour votre sécurité, attachez bien votre ceinture et arrêtez-vous aux feux comme on vous a appris ! Sur les routes prioritaires, restez vigilants à l'approche d'un stop, panneau que les Siciliens ne semblent pas pouvoir voir (à moins que ce ne soit l'anglais, qu'ils parlent peu). Idem pour les lignes blanches et les interdictions de dépasser dans les virages ou dans les tunnels à double sens...
C'est le grand plaisir des Siciliens, et des Siciliennes en particulier ! On parle pour le simple bonheur de parler (et quand on parle une langue aussi belle et musicale, il n'y a pas de raison de s'en priver), d'être entre amis ou en famille. C'est pourquoi il est très simple pour l'étranger de se fondre dans un groupe, mais parfois plus difficile de conclure... La passeggiata est évidemment le lieu privilégié pour les discussions pleines de vie. Les sujets sont souvent légers, décousus et sans importance. Les voix s'entrecroisent, se chevauchent jusqu'aux conflits les plus dramatiques, parfois très comiques. Mais les chamailleries sont sans conséquences et tout finit dans un joyeux éclat de rire.
En Sicile, chaque ville qui se respecte possède son Corso ou sa Via Vittorio Emanuele, sorte d'axe autour duquel gravitent les principales activités de la cité. Vittorio Emanuele II a été l'un des pères de la patrie. C'est avec Garibaldi, Cavour et Mazzini qu'ils ont unifié la nation, et c'est ainsi qu'il est devenu le premier roi d'Italie (1861-1868).
Râleurs, les Italiens ? Oui, mais... Quand on sait que les coups de Klaxon sont plus culturels qu'agressifs, qu'ils se mettent en " semi-colère " facilement (le lait monte, mais redescend aussi vite si l'on coupe le feu), il n'y aura plus qu'à insister sur la patience dont ils peuvent faire preuve dans les circonstances où s'énerver ne sert à rien. En un mot, dotés d'un certain contrôle, d'une prévenance et d'une spontanéité à rendre service, leur caractère facilite aussi grandement les petites choses de la vie.
Voilà une habitude qui heurte le visiteur français de prime abord : placarder dans toute la ville les avis de décès. Mais dans tout le pays, c'est une tradition de communication : les avis de décès (mais aussi tous les anniversaires et commémorations) sont affichés avec l'horaire d'inhumation. Mais rien de lugubre dans cette intention, il s'agit plutôt, tout le monde se connaissant plus ou moins, d'informer toutes les personnes ayant pu connaître le défunt pour qu'elles puissent lui rendre un dernier hommage. Après la cérémonie, des messages de remerciements à l'égard des présents remplacent les avis de décès sur les murs.
Tout mari qui a un tant soit peu d'honneur se doit de tuer l'amant de sa femme en accomplissant le gesto esemplare. C'est d'ailleurs fortement conseillé si l'on veut pouvoir encore sortir la tête haute dans le village. Autrefois tout était prévu, car les lois étaient bien faites, et les peines totalement ridicules (entre deux et cinq ans) ! Mais aujourd'hui, toutes les valeurs se perdent...
De Palerme au plus petit des villages, chaque localité sicilienne a sa " fistinu ", ou la fête de son saint patron. Ces fêtes s'apparentent aux anciens rites païens. Mélange d'ivresse et nourriture, de foule et de mise en scène, de musique et de feux d'artifice, de ferveur religieuse et de fête civile, la " fistinu " est depuis des siècles la représentation la plus complète du peuple sicilien. Vous en trouverez tout au long de l'année, mais les plus connues et spectaculaires sont sans doute la fête de Sant'Agata à Catane (du 3 au 6 février) et celle de Santa Rosalia à Palerme (du 10 au 15 juillet).
C'est pour éviter aux filles d'être traitées de " buttana par les frères ". On comprendra facilement que lorsque deux jeunes gens s'aiment d'un amour dévorant, mais que la famille n'est pas tout à fait d'accord (cf. Roméo et Juliette), la fuitina, ou " fuite des amants ", reste la seule solution... pour ceux qui tiennent à la vie. On va dès lors trouver refuge dans les maquis impénétrables, ou si possible à l'étranger, en priant très fort et en attendant qu'un miracle arrive : que le Saint-Esprit daigne envoyer sa lumière sur ces esprits obtus et obscurantistes. Aujourd'hui, les moeurs évoluent et les jeunes couples n'ont plus à se retirer systématiquement sur les hauteurs ou sur des îles perdues pour échapper aux regards inquisiteurs de leur famille.
Tout est question d'honneur ! S'il y a bien quelque chose à ne pas remettre en cause c'est bien lui : c'est la règle de base de tout Sicilien qui se respecte. Eh oui ! Il y a l'honneur de la famille et tous les " honneurs " divers et variés qui en découlent. Et étant donné que le machisme n'a pas encore été totalement éradiqué de la planète, il y a surtout l'honneur de ma mère, de ma soeur... Dans le temps, même les mafieux étaient considérés hommes d'honneur. C'est ainsi qu'on jouait à n'en plus finir au ping-pong entre honneur et vengeance. L'honneur justifie tout quand on n'a pas forcément grand-chose d'autre à revendiquer et à défendre ! Heureusement pour tout le monde, cette tradition commence à se perdre.
La Sicile se trouve à l'écart de l'Italie et tient avec fierté à cette image : eux, ce sont les Siciliens, les autres - ceux du continent -, ce sont les Italiens. Son statut à part de région autonome autorise son gouverneur à siéger au conseil des ministres et en fait une actrice importante de la vie politique italienne. Marginale et originale, elle est le croisement des cultures byzantines, arabes, espagnoles ou encore normandes, et reste ouverte à l'Afrique et à l'Orient. Pour le célèbre écrivain Luigi Pirandello, originaire d'Agrigente, être Sicilien, c'est être inséré dans un système d'île : l'île Sicile, l'île village, l'île famille, et l'homme seul.
On parle beaucoup avec ses mains en Sicile. C'est pratiquement un langage parallèle, sans doute en rapport avec la loi du silence de la mafia. Tout le monde a à l'esprit cette manière qu'ont les Italiens de joindre leurs doigts autour du pouce lorsqu'ils sont dans une discussion animée. Par exemple, le fait de faire tourner un doigt contre sa joue signifie : buono (bon). Et même lorsque l'on téléphone, on joint le geste à la parole. Mais c'est le corps tout entier qui est engagé lorsque les Siciliens prennent la parole : haussements d'épaules et mouvements du buste en avant, tête haute, viennent agrémenter toutes les discussions, même les plus quotidiennes.
" Mains propres " : il s'agit du nom donné à une opération policière lancée en 1992 afin de lutter contre la corruption dans le monde politique italien. A la mise en place de cette opération de grande envergure, l'Italie assiste à la disparition de certains partis politiques comme le Parti démocrate-chrétien ainsi que le Parti socialiste italien. A partir de 1994, le gouvernement de Berlusconi a présenté de nouvelles lois qui permettent de protéger les personnes accusées de corruption. Tout au long de la présidence du " Cavaliere " Berlusconi s'est opérée une stratégie de prescription. Le bref passage de Romano Prodi n'y a rien changé. Et le retour de Silvio Berlusconi lui a permis de consolider sa politique.
En été, il est impossible de ne pas assister à un mariage ! Tous les jours, en fin d'après-midi, les cloches se mettent à sonner pour célébrer l'union des deux heureux mariés. Et ça vaut le coup d'oeil : un vrai spectacle dans lequel les Siciliens peuvent dépenser des fortunes. La mariée est reconnaissable à plusieurs kilomètres par sa tenue bien sûr, mais aussi puisqu'elle est tout le temps suivie d'un cameraman qui filme l'événement. Parmi les invités, les femmes rivalisent d'extravagances : robes à strass et paillettes, toutes les longueurs de tissus étant représentées, de la combinaison à la micro-jupe. Des chaussures à la coiffure, tout est savamment étudié pour être la plus remarquée. Les hommes, quant à eux, se ressemblent tous : costume noir, chemise blanche avec boutons de manchettes. Après la cérémonie, direction la salle louée pour l'occasion, de préférence dans un hôtel plutôt luxueux. A Marsala, les salines sont assaillies de groupes de mariés venus poser devant les moulins à l'heure où le soleil se couche.
Les marchés siciliens sont les lieux populaires les plus authentiques d'Italie. Vous pourrez y découvrir la véritable Sicile et son artisanat. Leurs couleurs et leurs odeurs enivrantes rappellent les souks d'Afrique du Nord : aux aurores, à l'arrivée des pêcheurs, ou lorsque l'on sacrifie la volaille et les animaux en pleine rue. C'est par excellence le lieu de rencontre de toutes les générations, lieu de vie pour être au plus près des gens. C'est aussi un endroit idéal pour un petit encas et pour découvrir les mets typiquement locaux, les petites spécialités familiales.
A voir absolument : les marchés de Palerme (le Capo derrière la cathédrale ou celui de la Vucciria), lieux de fête situés au coeur de la ville au milieu de Palazzi en ruine, ou encore celui de Catane.
Le dimanche matin, le village se répartit dans les nombreuses églises pour assister à la messe. Cette tradition est encore assez présente en Sicile. En semaine, les églises sont prises d'assaut par les vieilles dames qui viennent chercher de la fraîcheur sous le regard bienveillant de Jésus et de la Vierge Marie qu'elles viennent prier. Elles y récitent des rosaires avec ferveur ou bien viennent simplement papoter entre copines : l'église est une cellule sociale fondamentale en Sicile.
La Sicile a nourri à travers les siècles l'imaginaire commun. Les premiers navigateurs ramenèrent de l'île de nombreux récits sur cette terre cracheuse de feu secouée par les séismes. La légende la plus connue est celle du géant Encélade. Lors de la Gigantomachie (épisode de la mythologie grecque, combat de géants), le géant Encélade tentait de s'enfuir lorsque la déesse Athéna projeta sur lui l'île de la Sicile sous laquelle il resta prisonnier. Depuis, la légende explique que son haleine de feu surgit par l'Etna et qu'à chaque fois que le géant se retourne, il provoque des séismes sur l'île. Localement, ici ou là, beaucoup de mythes faisant appels à des divinités antiques expliquent tel ou tel phénomène inexpliqué. A Syracuse, la fontaine d'Aréthuse rappelle l'histoire de la nymphe qui pour échapper aux avances d'Alphée se jeta dans la mer et ressortit de l'eau sur les côtes d'Ortygie.
Contrairement à la France où cela peut prendre des proportions curieuses et étranges, le sentiment d'appartenance à une nation est inexistant en Sicile, comme d'ailleurs dans le reste de l'Italie. Les Siciliens considèrent les Milanais comme des étrangers, et réciproquement. L'existence de dialectes à côté de l'Italien officiel rend cette étrangeté encore plus prégnante. Il s'agit sans doute aussi de restes de cette époque pas si lointaine où l'Italie était divisée en états. Et la situation insulaire n'arrange pas les choses. Ce qui compte plus que la nation, c'est la famille, les amis, les gens que l'on connaît personnellement et que l'on aime !
Eh oui : " Aujourd'hui, c'est fermé. " Dans le meilleur des cas, un panneau accroché sur la devanture d'un magasin ou d'un musée annonce la fermeture exceptionnelle. Dans le pire des cas, rien n'est indiqué. Et c'est monnaie courante en Sicile. Le commerçant a sans doute mieux à faire aujourd'hui qu'ouvrir, on n'en saura pas plus. Ce qui peut paraître un tantinet agaçant à celui qui est habitué aux horaires fixes devient assez rapidement une évidence : les commerçants ouvrent et ferment leurs échoppes quand bon leur semble, et il serait incongru de leur demander des comptes.
La " loi du silence " en sicilien. C'est LA règle dans la mafia, mais aussi pour les autres, car - vite fait - tout le monde sait tout ! Le Sicilien, contrairement au Napolitain, est parfois peu disert, mais au contraire renfermé et presque méfiant. Il sait qu'il vaut mieux ne pas être trop curieux, laisser traîner ses regards, s'exposer et dire une parole de trop... Et la majorité des proverbes siciliens vous donnera les mêmes conseils : " Il en sait beaucoup celui qui peut se taire ", " La meilleure parole est celle qu'on ne dit pas " ; et, enfin, pour ceux qui n'auraient pas compris : " Si tu veux vivre, ne te mêle pas de trop de choses. "
Encore un cliché sur les Siciliens ! Avant sa visite sur l'île, on avait prévenu le roi Vittorio Emanuele avec des pincettes : on lui avait dit que la noblesse locale était " fainéante, molle et efféminée ". Quel choc imaginez-vous ! Certes, aujourd'hui encore, les commerces, les musées et autres offices du tourisme ouvrent parfois selon l'humeur de la journée et ça peut se comprendre. Car, " paresse " par rapport à quoi ? Un proverbe napolitain (qui pourrait être international) dit : " lavorare stanca " (" travailler fatigue ")... n'est-il pas ?
En Sicile, on se méfie comme de la peste des institutions, des fonctionnaires et des règles abstraites et absconses. Ce qui importe, c'est le rapport direct entre hommes, et c'est cela qu'on appelle le " personnalisme ". Tout passe par la parole et le regard qui valent mieux que toutes sortes de paperasses. L'honneur est (normalement) le garant de la parole donnée. Et ainsi tout se règle entre amis, entre hommes (plutôt qu'entre femmes d'ailleurs), de manière personnelle et même très personnelle !
Au sens littéral : " petits ", mais depuis toujours utilisé pour désigner les " petits " de la mafia (les jeunes, les moins puissants, la masse). C'est désormais un terme commun pour s'adresser aux copains ou à une bande d'enfants.
Partout en Sicile, et particulièrement en été, l'heure de la sieste est sacrée, et si les commerces peuvent couramment rester ouverts jusqu'à 13h ou 13h30, il n'est pas question d'ouvrir l'oeil et la porte avant 16h30. C'est l'occasion de parcourir la ville en profitant de cet instant de calme magique pour certains, et angoissant pour d'autres... Maiscette tradition a une raison d'être : c'est le moment de la journée où la chaleur est la plus insupportable. Alors rien ne sert de s'exposer à la plage pour passer le temps : insolation et rouge écrevisse garantis ! Laissez-vous plutôt tenter par la somnolence ambiante et profiter d'une petite sieste de répit, bien méritée après le repas du midi qui peut assommer. Au-delà de cette heure fatidique, tout s'anime, des villes entières sortent pour meubler les bancs, les places, les terrasses.
Les Siciliens adorent la plage, bronzer, jouer au ballon et faire trempette. Ils apprécient particulièrement les longues plages où l'on a pied jusqu'à des dizaines de mètres de la côte. C'est que les Siciliens ne sont pas de grands nageurs : près d'un habitant sur trois ne sait pas nager... Qu'importe, on ne va pas à la plage pour ça mais plutôt pour faire dorer sa peau et exhiber les muscles qu'on a sculptés patiemment toute l'année en salle de sport !
" Respecte ton environnement " : ce conseil aux usagers est loin d'être superflu. Le constat est parfois alarmant : le long de sites remarquables, face à une mer superbe et à des falaises de marne blanche, des tas d'ordures viennent polluer le paysage. En particulier sur les lieux touristiques, où les vacanciers ont tendance à se lâcher un peu. Mais la faute est très probablement partagée, les locaux n'étant parfois pas très conscients de leur patrimoine culturel et naturel.
C'est-à-dire la flâne. En Sicile, la rue est un véritable lieu de vie sociale. On s'y promène et on s'y arrête, car la rue n'est pas un simple lieu de passage, mais aussi un lieu de rencontres, sitôt franchi l'isciu, le pas de la porte. Dans les vieux centres, il n'est pas rare de voir des rues ou des ruelles entièrement occupées par des personnes âgées ou enfants, avec tables, chaises, radio ou télévision. La via est tout simplement une extension de l'habitat sicilien. A la nuit tombée, les habitants et principalement les personnes âgées sortent leurs chaises sur le trottoir pour profiter de la fraîcheur qui vient. Une sortie nocturne qui fait que les rues sont rarement désertes et que la vie quotidienne des Siciliens est facilement observable pour le voyageur.
Chaque ville, chaque petit village de Sicile possède son saint patron : San Gerlando à Agrigente, Santa Lucia à Syracuse, etc. Les célébrations en l'honneur du saint patron de la ville sont l'occasion de manifestations aussi ferventes que festives, héritées en cela des vieux cultes païens. Mais en plus de ce fait commun à toutes les villes du monde chrétien, chaque personne se voue ou se met sous la protection d'un ou plusieurs saints. Les ruelles sont parsemées de petites niches toujours fleuries avec une bougie qui brûle jour et nuit devant une représentation du Christ ou d'un saint. Lorsque les Siciliens en croisent sur leur chemin, ils ne manquent pas de faire un signe de croix en signe de respect et de dévotion.
Ils opèrent parfois en scooter, à l'arraché, en agrippant un sac ou un collier. On dit même parfois qu'ils montent sur les trottoirs pour faucher les sacs posés juste à côté de vous sur une chaise. Bref, tous les touristes sont avertis de ces pratiques de violents chapardages. On ne peut évidemment pas dire que cela n'existe pas, et chacun prendra les précautions utiles. Il serait pourtant dommage à chaque fois que vous voyez deux jeunes Italiens, lunettes noires sur les yeux, juchés sur un scooter, de penser qu'il s'agit de dangereux scippatori en quête de forfaits crapuleux. Pensez que tous les jeunes ont un scooter, souvent pour deux, et qu'ils aiment aussi être en vacances comme vous et se balader dans leur ville, cheveux au vent. Méfiez-vous à Taormina ou à Palerme, comme à Paris ou à Saint-Jean-du-Var, dans les coins à touristes qui peuvent susciter des convoitises. Néanmoins, le taux de délinquance en Sicile est assez peu élevé et l'on se sent le plus souvent en sécurité, même de nuit.
" Eteindre le moteur lorsque la barrière est fermée. " En Sicile, lorsque se ferment les barrières ferroviaires, on ne sait jamais exactement quand le train va passer. Alors on coupe le contact, on s'arme de patience, on se dégourdit les jambes, on discute avec les occupants des autres véhicules et on attend. Après avoir patienté 10 minutes que le train passe, il faut parfois attendre la même durée avant que la barrière ne se relève. Les Siciliens, lassés de ce manège, font généralement demi-tour et essaient de trouver une autre route.
La France a la carotte, à l'histoire singulière, comme enseigne des débits de tabac. L'Italie possède également une curiosité en ce domaine : vous noterez que l'enseigne officielle comporte toujours la mention " sale e tabacchi " puisque, à l'origine, on vendait toujours dans les mêmes établissements le sel et le tabac, produits soumis à des taxes spéciales. En Sicile, les cigarettes coûtent environ 1€ moins cher qu'en France, mais sont tout aussi mauvaises pour la santé !
Ou " regarder, mater " en sicilien. Le regard, en Sicile, est codifié. Il est avant tout une arme de séduction. Surtout en dehors des grandes villes, une fille fuira les regards directs, alors que les garçons feront tout leur possible pour en obtenir un. Les hommes se fixent aussi beaucoup entre eux, en signe de connaissance ou de curiosité. Si vous êtes un homme, donc, ne vous offusquez pas de regards insistants : les Siciliens, très soucieux de leur apparence, prennent plaisir à détailler la tenue des autres hommes.
Les Grecs et les Romains avaient élu la Sicile comme terre de prédilection, et ce sont eux qui inventèrent l'art de la scène et construisirent les théâtres, dont il reste sur l'île les plus beaux vestiges. Entre ciel et terre, face au volcan, le théâtre de Taormina défie le feu de l'Etna. C'est dans ce cadre spectaculaire et puissant que l'on pourra comprendre la spécificité du théâtre, son enracinement viscéral aux forces de la nature. Ce lien indestructible entre la voix, la parole, le geste et le sol, caractérise le Sicilien. Comme c'est le pays du chant, l'Italie est aussi le pays du théâtre : il est présent partout chez le Sicilien, dans la rue, les marchés, les rites religieux, l'architecture baroque qui fait des villes des décors de théâtre, les Pupi bien sûr, et jusque dans l'humeur quotidienne qui n'a pas peur des excès, du rire aux larmes !
Construction qui peut remonter jusqu'à l'époque des Normands, la tonnara est un petit château fort au bord de la mer destiné à la phase finale de la pêche au thon. Les poissons y étaient traînés en des cages de filets agencés selon une méthode arabe datant du IXe siècle. Cette tradition était jusqu'à des temps très récents le seul revenu de nombreux Siciliens. Comme le montre le père du néoréalisme italien Roberto Rossellini dans Stromboli, ce moment impressionnant et spectaculaire est un rituel comparable à celui de la corrida. Les termes employés pour piéger le poisson ne trompent pas : la camera della morte (chambre de la mort) ou la mattanza (le massacre) qui clôt la saison en juin. Prières et chants d'origine arabe, telles des invocations funèbres, scandent ce spectacle inoubliable perpétré encore de nos jours à Favignana (Egadi). Désormais, les tonnare sont réutilisées comme hôtel de charme, chambres d'hôtes luxueuses (à la Tonnara di Scopello), resto, plages, salles de concerts et bar...
Le drapeau de la Sicile, représentant une tête avec trois jambes (la Trinacrie - du grec treis àkra, " trois pointes "), est tiré du mythe du pêcheur Nicola. A cause de son habileté à plonger, on l'appelait Nicolapesce (Nicolas-poisson) ou tout simplement Colapesce. Lorsqu'il plongea pour démontrer ses capacités au roi Federico II, il ne remonta plus à la surface, car il avait découvert que l'une des trois colonnes qui soutenaient la Sicile avait été dévorée par le feu de l'Etna. Il décida alors de rester sous l'eau pour soutenir l'île. Si ça vous tente d'aller le relayer...
Ulysse, dit le rusé ou l'habile, est le plus célèbre navigant des mers de Sicile. C'est aux rivages de la côte ouest, aux alentours des îles Egades et vers les Eoliennes que l'on croit reconnaître en partie l'itinéraire du héros de l'Odyssée d'Homère. Une bonne raison de redécouvrir ce livre fondamental de la culture occidentale.
L'incontournable " guêpe ". Piaggio a eu un coup de génie dans les années 1940 (et Fiat en rachetant le groupe à la fin du siècle dernier). Vous ne pouvez pas en faire abstraction : le bruit, les odeurs... et puis il faut tout de même dire que c'est fait pour ça : attirer le regard du commun des mortels, et surtout des demoiselles impressionnées !
Cela veut dire " interdit de fumer " et, si par hasard vous aviez des préjugés sur les interdictions non respectées en Italie, il vous faudra les réviser, car celles qui concernent la fumée sont très suivies. Depuis l'entrée en vigueur de la loi le 10 janvier 2005, fumer est interdit dans absolument tous les lieux publics, restaurants, bars, etc. Les hôtels n'ont plus nécessairement de chambres pour les fumeurs, et ces derniers sont priés d'aller en griller une à l'extérieur. Pour comprendre pourquoi cette loi si stricte est si bien appliquée, il faut aller chercher une raison dissuasive, donc pécuniaire. Si un consommateur est surpris par la police en train de fumer dans un établissement, le client ainsi que le propriétaire écopent chacun d'une très lourde amende, d'un montant de plusieurs centaines d'euros. Vous voilà prévenus...
Après la famille, c'est là que se cimentent les racines les plus profondes du Sicilien. Tout le monde observe tout le monde, sait tout sur tout le monde (qui va à la messe ou non, combien de fois...). On fait tous partie de la même famille finalement, et tout se règle comme dans celle-ci. Les jeunes assoiffés d'anonymat et de liberté fuient de plus en plus le village pour la grande ville. Et puis, c'est dans un petit village de Corleone qu'est née en partie une certaine légende...
C'est sans doute avant tout pour l'Etna que l'on connaît la Sicile. Mais deux autres monstres de feu menacent l'île de nouvelles éruptions : sur les îles éoliennes, Vulcano et l'explosif Stromboli continuent à faire trembler les populations. Ce sont les lieux incontournables de cette " terre de feu " et il faut à tout prix entreprendre de faire l'ascension d'au moins un des trois. A pied, en funiculaire ou en quad, c'est une véritable expédition avec en prime des paysages surréalistes et des coulées de lave refroidies qui laissent imaginer la puissance des éruptions.
Faire
La population se considère comme étant sicilienne avant d'être italienne, avec tout ce que cela implique. Il faut donc éviter les raccourcis comme : " Vous, en Italie, etc. ", mais plutôt insister sur la spécificité insulaire.
Respecter l'heure de la sieste et ne pas s'insurger si tout ou presque est fermé en début d'après-midi...
Les Siciliens sont très pointilleux sur l'apparence et le look, et sortent souvent très apprêtés. Portez au moins une chemise pour faire couleur locale et si vous voulez fréquenter la jeunesse citadine (style touriste à bannir !).
Et surtout : apprenez quelques mots d'italien (voir le lexique du guide), la population vous en sera plus que reconnaissante, et cela vous ouvrira de multiples portes !
Ne pas faire
En Sicile, le sacré tient une place fondamentale et délimite clairement le respect dans lequel il faut se tenir. Comme dans tous les lieux saints d'Italie, il est convenable d'être discret durant les services religieux. Vous pourrez y entrer en short mais pas en tenue de plage non plus : s'il s'agit pour vous d'un centre d'intérêt comme un autre, c'est avant tout un lieu de culte pour les Siciliens.
Même discrétion lorsque vous vous promenez dans certains quartiers où l'on sait fort bien que la mafia rôde (la Kalsa ou la Vucciria à Palerme, par exemple) : n'attardez pas trop vos regards, ne faites pas le curieux ou le malin, et surtout ne tentez pas de prendre des photos. Les réactions peuvent être inattendues. Mais dans les lieux moins " tendus ", les photographes sont les bienvenus, et les Siciliens se sentent, pour la plupart, plutôt honorés de servir de modèle !
Entdeckung des Landes
Praktische Infos
Geschichte & Kultur
Andere
- Bienvenue aux Iles Éoliennes !
- Fiche technique
- Comment partir ?
- Histoire
- Mode de vie
- Monnaie
- Taux de change
- Coût de la vie
- Budget
- Banques et change
- Moyens de paiement
- Pourboires, marchandage et taxes
- Duty Free
- Réglementation
- Matériel de voyage
- Obtention du passeport
- Formalités et visa
- Douanes
- Développer – Partager
- Climat
- Haute et basse saisons touristiques
- Manifestations spéciales
- Conseils
- Centres de vaccination
- En cas de maladie
- Assistance rapatriement – Assistance médicale
- Trousse à pharmacie
- Hôpitaux – Cliniques – Pharmacies
- Femme seule en voyage
- Voyager avec des enfants
- Voyageur handicapé
- Voyageur gay ou lesbien
Galerie Fotos