Leitfaden Moldawien : Arts et culture
Le patrimoine culturel de Moldavie est riche en traditions et coutumes. Représentées dans l'architecture, les arts et le folklore, ces richesses sont le résultat d'une mixité et d'un croisement depuis l'Antiquité avec la culture roumaine, byzantine et slave. A partir du XIXe siècle, une forte influence de l'Europe occidentale, et de la France en particulier, détermine l'évolution des arts sur le territoire. Loin d'avoir abandonné ses origines malgré toute les influences successives, la Moldavie s'est au contraire enrichie de ces échanges culturels désirés ou imposés. Dans tout le pays, de nombreux petits musées existent, traitant surtout d'ethnographie, mais aussi de littérature ou de peinture. Ne soyez pas étonné si notre guide ne mentionne pas forcément les tarifs d'entrée de ces établissements, c'est qu'ils sont souvent gratuits, ou "à discrétion". De toute façon, la culture en Moldavie est abordable, le tarif d'entrée des musées est dérisoire (entre 1 et 35 lei en majorité), ainsi que l'accès aux salles de concerts, d'opéra ou de théâtre (entre 20 et 400 lei au maximum).
Comme l'architecture d'un pays ne naît pas spontanément et indépendamment de celle des pays voisins, en Moldavie, elle est le résultat d'un long processus auquel prennent part des éléments très variés. On ne peut évoquer l'architecture moldave sans parler de l'ancienne Valachie (territoire roumain), ni de l'univers byzantin, l'Orient d'une part et l'Occident de l'autre. Ainsi, l'architecture en Moldavie est représentative en bien des points de l'histoire du territoire, des mouvements de population et de l'influence des peuples qui l'on traversée. On distingue quatre phases importantes de l'évolution de la typologie architecturale dans le pays. La plus ancienne se caractérise par l'existence des monastères rupestres dans le nord. Puis une longue seconde période s'étire entre le XVe et le XVIIIe siècle, avec une architecture essentiellement religieuse, caractérisée par les églises en bois, faisant suite à la construction de nombreux monastères et leurs églises de pierre. Le XIXe siècle sera marqué par une architecture éclectique, d'influence byzantine, italienne et baroque, aussi bien dans le domaine civil que religieux. Enfin, le XXe siècle viendra contraster et bouleverser le paysage architectural avec l'imposant style soviétique.
Les ermitages et les monastères rupestres presque assimilés à des monuments naturels constituent les prémices architecturaux. Ils apparaissent à l'époque médiévale entre le XIe et le XIIIe siècle. Près d'une quarantaine d'ensembles monastiques sont répertoriés vers le bassin du Dniestr au nord du pays. Espacés de 15 à 20 km les uns des autres, ils avaient fonction de haltes réservées aux pèlerins en route pour la mer Noire. Abandonnés ou recomposés au fil des siècles, ils sont le témoignage, pour certains, des couches successives de l'histoire, c'est ce qui crée leur intérêt et leur richesse. Servant de lieux de culte, ils constituaient des refuges pendant les temps difficiles où le territoire était constamment convoité et envahi par les Tatars, les Mongols et les Turcs. Les ensembles les plus remarquables, bien conservés et mystérieux, sont ceux de Butuceni et Orhei Vechi, de Ţipova, Saharna et Japca. Orhei Vechi est situé sur un promontoire naturel et donne au paysage l'image d'un véritable château fort. Peuplé depuis les temps les plus reculés, le site révèle par ses trouvailles archéologiques la succession des cultures, due aux invasions des peuples migrateurs. Les Thraces, les Géto-Daces, les Sarmates, les Goths, les Huns, les Avares ou encore les Slaves y laissèrent leurs empreintes.
Le XVe siècle, et particulièrement le règne de Stefan cel Mare, introduira une évolution décisive dans l'architecture médiévale. C'est une époque de prospérité, de lumières et de travail fécond pour les érudits et les bons artisans. Les monuments bâtis en cette période ont été nombreux, mais peu ont perduré jusqu'à nos jours. Au début de son règne, ce prince incomparable fut constamment sur le terrain des batailles pour défendre vaillamment son territoire et sa religion, mais plus tard il consacrera son attention à une activité constructive, avec un zèle et une constance qui allaient lui permettre d'élever le plus grand nombre d'églises et de monastères qu'un souverain n'ait jamais érigé dans les provinces roumaines. On ne peut appréhender la culture roumaine médiévale indépendamment de son environnement slavo-byzantin. Même si des liens politiques et économiques importants ont également existé avec l'Occident chrétien - surtout avec les royaumes voisins de Hongrie (puis avec la principauté de Transylvanie) et de Pologne -, la culture roumaine prise au sens large (littérature religieuse, politique et historique, l'architecture, l'iconographie, etc.) révèle une synthèse avec des caractéristiques originales, nourries d'apports slavo-byzantins. Ainsi à cette époque, les plans des églises présentent en majorité les trois parties essentielles de toute église byzantine, le pronaos (narthex), le naos (nef) et l'autel. Le plus grand édifice qui nous soit parvenu de cette époque est l'église du monastère de Neamt. Mais à côté de l'art byzantin, c'est l'art gothique qui a le plus marqué l'architecture moldave. Les relations constantes de la principauté avec la Transylvanie, et avec la Pologne surtout, expliquent ce fait. C'est à l'art gothique que les architectes moldaves ont emprunté l'élancement vertical des constructions, en opposition avec les proportions et les caractères de concentration et de recueillement de l'église byzantine, la présence des contreforts extérieurs, les traitements de la taille et la sculpture de la pierre.
L'architecture militaire de La principauté de Moldavie se dote de forteresses le long du Dniestr, créant ainsi une véritable ceinture de défense à l'est. Cette frontière comptait la forteresse de Soroca (commencée au XVe siècle), de Hotin, de Tighina (1405) et de Cetatea Albă.
Aujourd'hui, seules persistent la forteresse de Soroca au nord (très bien conservée) et celle de Tighina en territoire transnistrien. A l'origine en bois, elles sont reconstruites, et leur architecture s'inspire des avancées technologiques défensives au fil des siècles. Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour voir apparaître la suprématie des églises de pierre et l'émergence spectaculaire en nombre de monastères dans le nord du pays principalement. Fin XVIIIe, la Moldavie est si riche en complexes et édifices religieux qu'elle est nommée la " Thébaïde du Sud " (Thébaïde = région méridionale de l'Egypte antique entourée à l'est et à l'ouest de déserts dans lesquels se retirèrent les premiers ermites et anachorètes chrétiens, capitale Thèbes). Parmi les incontournables, le monastère de Capriana et de Varzareşti (les plus anciens), mentionnés au début du XVe siècle par Alexandre le Bon, prince régnant, le monastère Rudi et son église de la sainte Trinité, Hîrbovat et le magnifique Curchi. Ces ensembles racontent tout autant sur les périodes de l'histoire et les évolutions architecturales qui en découlent. Souvent agressés, détruits, reconstruits maintes fois, ils s'enrichissent malgré tout pour se montrer jusqu'à nos jours somptueux. Chaque lieu révèle pour la plupart des influences rurales, russes, et ancestralement byzantines.
Sans transition, le XIXe siècle sera marqué par la personnalité et le travail de l'architecte Bernardazzi, qui jouera un rôle décisif dans l'évolution de l'architecture et de l'urbanisme. Avec plus d'une trentaine d'édifices construits, couvrant tout aussi bien le domaine religieux que civil, il change le visage de la capitale, jusqu'alors rurale. Ses bâtiments sont caractérisés par des éléments spécifiques de l'architecture italienne, byzantine, russe et baroque. Au XIXe siècle, les bâtiments résidentiels connaissent en parallèle une évolution évidente. Alors que la plupart des constructions ne dépassent pas deux niveaux (rez-de-chaussée et premier étage), les bâtiments se surélèvent et, par le biais de l'influence russe, une influence de style européen se répand associée à un nouveau système planimétrique des agencements urbains. Chişinău en est l'exemple. Conçus d'après des modèles envoyés de Russie, les bâtiments portent la marque des styles classiques et néobyzantins. Edifices maintenant à deux étages, ils sont décorés dans un style mixte et éclectique avec des éléments gothiques et Renaissance. Les constructions acquièrent une certaine monumentalité, et sont parfois surélevées de tourelles. Les encadrements des ouvertures telles que fenêtres et portes sont richement décorés d'ornements plastiques, de frises, de petits balcons et d'arcatures. Les édifices se basent sur la symétrie des volumes et une conception planimétrique. Ces tendances dominent l'architecture du XIXe siècle à Chişinău. Contre toute attente, les influences d'une architecture aux éléments orientaux s'affichent dans la construction d'une maison individuelle au 97 de la rue Bernardazzi dans la capitale et dans la conception du bâtiment du Musée ethnographique en 1906. Dans un autre genre encore, la maison Herta (aujourd'hui musée des Beaux-Arts) est caractéristique d'un style baroque viennois, au décor riche et en bas-reliefs.
Dans le reste du pays, les maisons des boyards (aristocrates) occupent un chapitre à part parmi les monuments de cette époque. Situées dans des zones pittoresques à la campagne, ces demeures semblent faire partie du paysage. La résidence de Manuc bey à Hîncesti (fin XIXe) exprime la manière stylistique tardive de Bernardazzi. Pour d'autres demeures, avec la maison des Donici, le manoir dans le parc de Taul, ou celui d' Ivancea, c'est le style classique qui domine.
Tour Romanita (Face au parc Valea Morilor) :
Construit en 1986, ce bâtiment qui ressemble à une fleur à l'envers, est un des exemples emblématique de l'architecture soviétique à Chişinău.
Aujourd'hui, dans un état déplorable, les questions de la pauvreté et de gestion du logement affectent à la fois la construction proprement dite et ses locataires. Son histoire commence en 1980, et elle est rocambolesque ! Quand l'architecte Oleg Vronsky reçoit une commande du ministère, c'est pour la construction d'une clinique... Mais rapidement la commande n'ayant jamais été rendue publique, on pense finalement à un projet de grand hôtel destiné à accueillir les personnalités de l'Union Soviétique. Le bâtiment projeté devait avoir un grand hall, une salle de fitness, une bibliothèque, un cinéma et un restaurant panoramique au dernier étage tournant sur lui-même, rendant hommage à la superbe vue arborée du quartier à cet endroit (Face au parc Valea Morilor, quartier des ambassades). Mais, alors que la construction commence, les ingénieurs constatent que les plans élaborés sont trop ambitieux et non réalisables ; ils décident alors de transformer le projet en logements d'habitation ! ! ! Les travaux de construction dureront six ans, et en 1986, cette tour devient la plus haute de la ville avec ses 22 étages pour une hauteur 73 mètres. Chaque appartement est composé de deux pièces avec une entrée et une salle de bain, les cuisines sont communes à chaque étage (Ce type de compartimentage représente la réalité de la période socialiste). Aujourd'hui, la construction nécessiterait des travaux de réfections énormes. A l'origine, alors que cette fleur à l'envers devait être une prouesse de modernité, loin de l'admiration qu'elle devait susciter, cette fleur est fanée, et sa structure abimée est insalubre et dangereuse.
Hôtel Naţional :
L'Hôtel " National ", a été conçu par les architectes A. et V. Gorbuntsov Shalaginov en 1968. Situé dans le centre, il faisait partie d'un réseau de structures touristiques destinées à promouvoir le tourisme étranger en Union Soviétique. A cette période le restaurant était l'endroit le plus fréquenté de la ville. En activité jusqu'à l'effondrement du communisme, l'hôtel fût privatisé à l'indépendance de la Moldavie en 1989, mais jamais rénové. Alors, mis à l'abandon progressivement, étage par étage au fur et à mesure des années et faute de financement il a fermé ses portes en 2009.
Dès le Moyen Age, les techniques de l'art populaire tel que le tissage de tapis, la broderie, la sculpture du bois, de la pierre et la céramique animent le travail artisanal sur le territoire. Définitivement lié aux exigences et aux besoins du quotidien, l'artisan perdure aujourd'hui avec le besoin de transmettre son savoir-faire, témoin de l'histoire de la culture moldave.
La sculpture sur bois tient ses racines dans l'art sacré, avec l'iconographie. Plus tard, surtout dès le XVIIIe siècle, le bois s'immisce dans les maisons et la vie quotidienne. A l'extérieur des demeures, on travaille des portails sculptés, des encadrements de portes et de fenêtres (on peut apprécier ce genre de travail vers Butuceni, Călăraşi, Straşeni, ou Rezina). A l'intérieur des maisons, tables, chaises, étagères, coffres, et plus petits éléments de décor tels que cuillères en bois, récipients et objets ménagers dominent aux côtés de la céramique, de la poterie....
Les origines du travail du bois et de la céramique semblent remonter à la même période, des fouilles archéologiques ont mis en évidence des paniers tressés recouverts d'argile. Plus tard, cette association disparaît pour faire naître des pots réalisés en bandes de terre glaise uniquement. La particularité de la céramique moldave est un ornement en relief sur pots, bols et cruches. Il s'agit d'un simple decorum composé de lignes, de points, et de cercles placés judicieusement composant l'unicité et l'originalité.
Le tressage de la paille et des roseaux s'inscrit finalement entre le travail du bois et celui du tissage. D'une apparente simplicité, cet exercice requiert la maîtrise d'une technique compliquée. Au départ utilisée dans la réalisation de couvertures en paille de seigle pour des toitures, cette technique se dirige vers la fabrication de petits objets du quotidien ou de décoration. Aujourd'hui, ces articles en paille de seigle, d'orge ou d'avoine sont des objets ménagers, décoratifs, des jouets, etc. (marché artisanal à Chişinău). Ce travail s'épanouit fin XIXe et début XXe surtout dans le nord du pays, alors que dans le sud c'est la vannerie avec le tissage des roseaux qui est prédominant. Le travail du roseau permet la réalisation d'éléments plus imposants et plus résistants, comme du mobilier, avec petits meubles, étagères, chaises ou tables. En tant que souvenir, il serait certainement des plus encombrants pendant le voyage du retour, mais ils valent le coup d'oeil tant ils sont bien confectionnés (village artisanal à Manta).
Le tissage occupe une grande part de l'art populaire, on distingue le tissage des tapis, celui des vêtements, du linge de maison et le travail de broderie qui en découle. L'ornementation la plus impressionnante est celle des vêtements féminins, placée de façon à mettre en évidence les proportions et l'expression du corps. L'art de broder les vêtements tient ses influences de Byzance avec les couvertures tombales qui étaient richement brodées de fils d'or et d'argent. Quelques-uns des motifs les plus fréquents sont de nature florale et zoomorphe. Chaque modèle de vêtements possède un nom d'ornement : ainsi la ia (corsage brodé), la marama (long voile), la carinţa ou fota (jupe ou tablier) et la ceinture forment ensemble le costume féminin complet. Le costume des hommes quant à lui est plus sobre et moins décoré, mais tout aussi expressif. Les motifs ornementaux tissés ou brodés sur les étoffes de lin, de chanvre ou de coton ont des noms divers comme " le ruisseau ", " l'étoile ", la " corne de mouton ", " la voie du berger ", " la voie égarée "...
Les même techniques de broderie et de tissage s'expriment dans trois domaines : les broderies du linge de maison, avec des serviettes de chanvre, de laine, dessus-de-lit en chanvre et nappes se différencient du travail des tissus cérémoniaux avec les serviettes de mariage, les serviettes funéraires, les oreillers et les tapis, enfin les tissus décoratifs qui regroupent également tapis, oreillers et rideaux. Aujourd'hui, le travail de brodeuse a quasi disparu, car il requiert beaucoup de patience et de persévérance, les nouvelles techniques utilisent l'aiguille ou le crochet, des techniques semi-mécaniques (avec des machines), ou mécaniques, c'est-à-dire de type industriel.
Les principes de l'ornementation des tapis sont similaires à ceux qui sont utilisés dans la sculpture sur bois et la poterie. Séquençages, zigzags, motifs géométriques, couleurs rouge, or, bleu sur fond noir. Les motifs géométriques et zoomorphes qu'on retrouve dans tous les domaines de l'art populaire sont symboliques en représentent l'arbre de vie, le soleil, le losange, le carré ou autres ornements cruciformes. On date les premiers tapis du XVe siècle sur le territoire, avec le monastère de Putna. Les tapis s'affichent toujours dans les maisons paysannes, mais aussi en ville, sur les murs ou au sol, dans ce cas ils ont des motifs différents.
Les éléments les plus intéressants en termes d'artisanat sont le linge de maison, les vêtements brodés, ainsi que les tapis. Des petits sacs et pochettes tissés, colorés ne sont pas dénués d'intérêt. Plus touristiques et somme toute moins moldaves, vous verrez les incontournables poupées russes ; certaines sont très joliment décorées, ou plus anectodiques les poupées russes dévoilant au fur et à mesure les présidents du monde ou les dictateurs... Pour ceux qui aiment chîner, vous ne vous lasserez pas des petits stands, qui vendent de vieux objets du quotidien (attention il faut marchander !), de très vieux billets de banque, des pièces, photos, vieux bijoux ou autres pin's et broches de l'époque soviétique. Enfin et par-dessus tout, pensez à rapporter du vin moldave, et peut-être une petite boîte de caviar.
Pour la première fois de son histoire, la Moldavie a été très fière de présenter son pavillon à l'exposition universelle de Milan en 2015.
Conçu par l'architecte Eugeniu Prodan, le pavillon se voulait à l'image du pays, illustrant la simplicité, l'humilité, mais aussi la force du peuple moldave. L'invitation au voyage prévoyait la découverte des symboles phares du pays, avec ses richesses naturelles, la démonstration de son energie vitale et créatrice ainsi que ce qui caractérise l'experience moldave, l'accueil et l'hospitalité.
L'artiste plasticien Pavel Braila avait réalisé une constellation scintillante, constituée de petits prismes colorés captant les rayons transmis par la toiture de verre pour évoquer l'énergie solaire, une ôde décalée aux vins moldaves vous l'aurez compris. L'hospitalité et la culture était représentés ici par un autre artiste, le peintre Vasile Botnaru et sa galerie de portraits. Enfin, sur un grand écran, la danse traditionnelle Hora, captée par Pavel Braila toujours, enjolivait le voyage. (www.expo2015.org)
Tout nouveau dans la capitale, un collectif d'artistes a élu domicile dans l'ancien musée Zemstvei, rue Şciusev. L'association Art Labyrinth à but non lucratif est un lieu alternatif et créatif ouvert tous les jours aux curieux de 17h à 23h. (www.art-labyrinth.org). Ateliers de peintres, cours de yoga et danse, cafés, lieux de lectures et d'échanges, concerts. L'alcool est interdit dans les espaces. C'est très interressant et novateur pour la capitale de découvrir un tel lieu, bouillonnant d'idées et d'échanges. Tous les étés un festival de 2 à 3 jours est organisé, trouvez les informations sur le site.
Malgré une industrie du cinéma présente en Moldavie depuis les années 1950, elle reste assez peu développée. La cinématographie moldave est étroitement liée, à ses débuts, à l'Union soviétique, avec la création des studios Moldova-Film le 26 avril 1952. Au départ, il s'agissait uniquement de productions de films documentaires, liés à une certaine propagande, on l'imagine. Les premiers réalisateurs étaient de Moscou ou la région d'Odessa, cette ville étant déjà bien réputée pour ses studios cinématographiques où se tournèrent entre autres Le Cuirassé Potemkine.
Ce n'est qu'en 1957 que les studios sont réorganisés pour assurer des tournages de fictions pour le cinéma et la télévision. Sous la période soviétique, l'activité sera assez conséquente avec plus de 120 films, 800 documentaires et 750 numéros de " La Moldavie soviétique ", entre autres.
Au fil des années, quelques petits studios ont vu le jour, comme Telefilm-Chişinău, fondé en 1959 (production de films et documentaires), reconnu pour avoir été un vivier de jeunes talents, le studio de films folkloriques et de comédies Buciumul créé en 1992, ainsi que le studio OWH TV en 1995, élaboré dans l'esprit européen de l'Académie de théâtre et de films de Bucarest. Conçu comme un laboratoire pour jeunes réalisateurs, les films issus de ces studios démontraient une participation active dans la vie culturelle moldave en y développant une vision moderne, surtout au niveau social.
Il faut avouer que depuis l'indépendance, les capitaux pour faire perdurer cette industrie du cinéma ont été quasiment abandonnés par le budget national, et Moldova Films a connu un déclin croissant depuis l'indépendance. Depuis quelques années, des capitaux privés entretiennent l'activité dans ce domaine et font survivre cette industrie fragile. Ce sont quelques productions roumaines et russes qui investissent encore les lieux (Moldova Films) selon leurs besoins, mais aussi des productions moldaves grâce aux tournages de fictions télé, de clips musicaux, et toujours quelques documentaires.
Deux réalisateurs de la même génération auront marqué leur temps et l'histoire du cinéma en Moldavie. Vadim Derbenyov, d'origine russe, né en 1934, est aussi scénariste et directeur de la photographie. Il a réalisé plus de vingt-deux films pour le cinéma et la télévision, une dizaine comme scénariste et chef opérateur. Aussi, Emil Loteanu, né en Bessarabie en 1936, à Clocuşna, fait ses études à Bucarest et à Moscou. Réalisateur et scénariste, il est honoré plusieurs fois entre 1969 et 1980 pour ses qualités de réalisateur et comme artiste émérite récompensé par l'URSS.
Ultima lună de toamnă (Le dernier mois d'automne) de Vadim Derbenyov, 1966.
Lassé de ne plus avoir des nouvelles de ses enfants, un père entreprend un voyage afin d'aller à leur rencontre.
Красные Красные (Les pâturages rouges) d'Emil Loteanu, 1967.
Un kolkhoze, soleil brulant d'été... Les troupeaux sont accablés par le soleil, alors pour sauver les moutons Andrey et le jeune Ilutse prennent la route, en compagnie du berger Sawa, depuis longtemps amoureux de la jeune fille.
Lăutarii (Les musiciens ou Thomas le magicien) d'Emil Loteanu, 1972.
Drame, comédie musicale et romance. Fin 19ème, en Bessarabie... Toma Alistar, grand violoniste, est le chef d'orchestre d'un groupe musiciens. Malgré une grande notoriété auprès du Tsar, et une réussite professionnelle accomplie, il est profondement malheureux en amour, et gaspille sa fortune à la recherche de son amour de jeunesse, Leanca, une gitane. Le film retrace l'érrance du groupe de musiciens suivant Thomas dans sa quète.
Женщина в белом (La femme en blanc) de Vadim Derbenyov, 1981.
Adaptation du roman policier britannique de Wilkie Collins, publié en 1860, un des premiers du genre. Quand Laura sa demi-soeur Marion, font la connaissance de leur professeur de dessin, celui-ci leur confie sa rencontre avec une femme fantomatique, vêtue de blanc. Quand les 2 soeurs réalisent que cette dame blanche a un lien étrange avec leur entourage proche, elles décident de se mettre en quête de dévoiler les secrets qui enveloppent leur famille...
Patul lui Procust (Le lit de Procust) de Viorica Mesina et Sergiu Proda, 2002. Drame.
Adaptation du roman de Camil Petrescu, Février 1933.
Amour, Orgueil, Trahisons...
Nuntă in Bessarabia (Mariage en Bessarabie) de Nap Toader, 2009. Comédie.
L'amour et les affaires de mariage pendant la période de transition, de l'indépendance de la Moldavie.
Ce lume minunată (Quel monde merveilleux) d'Anatol Durbal, 2014.
Ce film retrace les évênements politiques que connaît la Moldavie en 2009, au travers du regard du jeune Petru, parti à Boston pour ses études. De retour à Chişinău pour les vacances de Pâques, il découvre la situation dans la capitale, les manifestations, les arrestations, le tumulte...
La hora, qui tient son origine du mot grec choros, est une danse folklorique traditionnelle d'origine roumaine où les danseurs se tiennent par la main en formant un cercle et en tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, en suivant une séquence de trois pas en avant et un pas en arrière. Cette danse circulaire rend originellement homage à la déesse mère des sociétés matriarcales et au culte solaire, formant un tout qui représente le cycle de la vie.
Les auteurs de ces pas sont inconnus, mais ils se sont transmis de génération en génération.
C'est le prince Dimitrie Cantemir, dans son livre Descriptio Moldaviae en 1716, qui la mentionne et la décrit pour la première fois, puis au début du XIXe siècle, elle prend une nouvelle connotation en devenant une célébration liée aux fêtes populaires de village. La fin de la chorégraphie est bien définie, mais sa durée dépend de l'ingéniosité des danseurs. Aussi, il existe beaucoup de variantes, plus de 2 000 selon les différentes régions. Au-delà de ces valeurs folkloriques, des figurines d'argile découvertes par les archéologues et symboliquement appelés hora frumuşica sont un témoignage de l'existence millénaire de cette danse dans tout le pays.
La musique accompagnant ces pas est très rythmée, rapide et enivrante, jouée par des instruments comme le cymbalum, le violon, l'accordéon et la flûte de Pan, entre autres.
Vous l'aurez compris, la hora représente l'unité et l'union nationale, elle est très populaire lors des fêtes et regroupements familiaux, et forme l'essentiel de l'animation dans les zones rurales.
Même en ville, il est de coutume que, sous les arbres du parc Ştefan cel Mare à Chişinău, on entende au loin cette musique haut perché qui vous appelle, vous guidant vers des jeunes gens et jeunes filles en costumes traditionnels, hauts en couleur, en pleine démonstration. Malgré cet aspect ancestral et populaire, tous les âges se retrouvent encore autour de cette danse folklorique très amusante à danser. Lors des mariages, c'est l'occasion de tous se retrouver ensemble, des plus jeunes aux plus anciens.
Mioriţa est un poème d'origine inconnue, qui révèle des sentiments nobles et incite à réfléchir au sens de la vie et à l'essence humaine. Il s'agit d'un poème populaire roumain considéré comme le plus important sur le plan artistique.
Trois bergers font paître leurs moutons, l'un est moldave, le second est de Valachie et le troisième transylvanien. Mioriţa, le mouton du Moldave, lui confie qu'il doit s'enfuir, car les deux autres pasteurs vont le tuer avant la fin du jour.
Le Moldave ne partira pas mais demandera au mouton de dire à ses futurs assassins de l'enterrer avec trois flûtes au milieu du troupeau, il s'envolera alors se marier au paradis, avec la fille la plus noble du monde. À son mariage viendront le soleil et la lune, les arbres, les montagnes, les oiseaux et les étoiles, et une dernière étoile tombera du ciel pour lui.
Ce poème compte plus de 2 000 variantes selon les régions et il est présent dans la totalité du territoire. La première traduction a été réalisée en français par Jules Michelet et publiée en 1854 à Paris. Chef-d'oeuvre folklorique, la ballade Mioriţa est considérée comme une des plus importantes oeuvres du patrimoine en Moldavie. Rappelons que les deux premiers vers " Pe-un picior de plai, Pe-o gură de rai " son présents sur les billets de banques moldaves.
Les Chroniques du XVe siècle permettent d'appréhender la culture roumaine médiévale comme partie intégrante de son environnement slavo-byzantin.
La littérature au départ trouve ses origine dans la tradition orale, avec les minoriţa, ballades populaires évoquant la vie, les sentiments humains, les récits historiques. Sur le plan culturel, le règne de Ştefan cel Mare (1457-1504) inaugurera l'âge d'or de l'art moldave et voit naître les premières Chroniques, composées à la cour princière. Les écrits (en langue slavonne) se développent avec la mise en place des structures politiques et d'une organisation ecclésiastique. C'est aussi à la fin du XIVe siècle et au début du XVe que furent créés les premiers monastères, connus par l'activité de leurs scriptoria (lieux réservés à l'écriture des manuscrits). La plupart des écrits copiés dans les pays roumains appartenaient au domaine liturgique principalement, mais on compte aussi quelques textes populaires. Ils contiennent souvent une morale religieuse, soit sous la forme d'écrits apocryphes (Le Voyage de la mère de Dieu aux Enfers), soit par la transposition chrétienne d'anciens livres de sagesse orientale, tel l'ancien roman byzantin Barlaam et Josaphat.
La littérature naissante en Moldavie se compose d'une succession de Chroniques dont les sujets concernent principalement l'histoire des princes. Parallèlement, dans la littérature slavo-roumaine de cette époque, les récits les plus explicites sont ceux des luttes contre les Ottomans dans les chroniques moldaves de la fin du XVe et du début du siècle suivant. Cette littérature identifie clairement les Turcs comme principaux adversaires, désignés par un vocabulaire violent, il s'agit de récits classiques d'une guerre entre chrétiens et musulmans. Aux XVIIe et XVIIIe siècles paraissent les premières oeuvres laïques en langue roumaine de Grigore Ureche, Miron Costin, Nicolae Milescu-Spataru, Dimitrie Cantemir. Des écoles laïques sont ouvertes et des livres imprimés voient le jour. Les princes Matei Basarab (1632-1654), Vasile Lupu (1633-1653), Constantin Brâncoveanu (1688-1714) ont été les fondateurs de la littérature moldave.
Grigore Ureche (1590-1647), chroniqueur, écrivit un ouvrage sur l'histoire de la Moldavie, Letopiseţul ţării Moldovei (La Chronique du pays de Moldavie), couvrant la période de 1359 à 1594. Ureche assurait que la langue parlée par les Moldaves était la même que celle des Valaques, et que les Moldaves, Valaques et Transylvains appartenaient au même groupe ethnique. Le prince et érudit Dimitrie Cantemir développa plus tard cette idée qui sera à la source du nationalisme roumain, apparu à la fin du XVIIIe siècle. Neculai Milescu (1636-1707), érudit, traducteur, voyageur, géographe et diplomate moldave, actif tant en Moldavie qu'en Russie, connaît les langues gréco-latines, slaves et orientales. Officiant dans des disciplines variées comme la philosophie, la littérature et la théologie, Milescu devient une personne influente à la cour des souverains de Moldavie. Ses travaux savants eurent une grande répercussion sur le développement de la pensée sociopolitique et philosophique de l'époque. Au total, il écrit plus de trente oeuvres et toutes jouissent d'une grande popularité. Les écrits de Milescu sont historiques, relatifs à l'histoire de la Russie, tels que les vies des tsars et la généalogie, mais c'est aussi un conteur de voyage, où il décrit le monde. Description du voyage en Chine, divisé en trois parties, est son récit le plus connu. L'oeuvre de Nicolae Milescu se répandra dans les manuscrits au cours des XVIIIe et XIXe siècles en Russie, dans les pays roumains, au Moyen-Orient et même en Europe occidentale. Depuis la fin du XXe siècle, ses oeuvres sont imprimées d'abord en Russie, puis en Sibérie et en Chine, enfin en Moldavie. Mais beaucoup de ses manuscrits continuent à s'attarder dans de nombreuses bibliothèques et archives européennes.
Dimitrie Cantemir, prince de Moldavie (1673-1723), est une autre personnalité et non des moindres qui a eu un rôle crucial dans le développement de la littérature et de la culture en Moldavie. Mathématicien, architecte, historien, théologien, compositeur, philosophe et romancier, c'est un des personnages les plus complexes et originaux que la Moldavie ait connus. Dans son dernier ouvrage, Historique de l'ancienneté des Roumano-Moldo-Valaques, il démontre la latinité des Roumains et le rôle de sacrifice qu'ils ont joué dans la défense de la civilisation européenne. Intégré à l'Académie roumaine à Berlin en 1714, le travail de Cantemir a été influencé par l'humanisme de la Renaissance. Ses réflexions se sont traduites par des questions importantes soulevées concernant le développement social et historique de la Moldavie de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe. Il est le premier à avoir réalisé, à la main, une véritable carte de géographie de la région de Moldavie. Cantemir est un stoïcien et ses Plaintes anticipent les lamentations préromantiques. Il est l'auteur du premier roman en roumain, L'Histoire hiéroglyphique, rédigé à Constantinople en 1705, roman fabuleux, pamphlet politique, véritable Roman de Renart. Dans un premier ouvrage philosophique en roumain, il développe des discussions sur la période du Moyen Âge, des réflexions sur l'âme, la nature ou la conscience. Dimitrie Cantemir suggère la supériorité de l'homme sur les autres créatures, qui rend l'homme maître du monde, fait valoir la supériorité de la vie spirituelle sur la condition biologique et tente de mettre en place des concepts philosophiques. L'image mystérieuse de la science en 1700 intègre la physique dans un théisme, une sorte de réconciliation entre science et religion, entre le déterminisme scientifique et la métaphysique médiévale. Cantemir y manifeste un vif intérêt pour les sciences occultes et l'astrologie, tendances spécifiques de la Renaissance. L'Histoire écrite à Constantinople en roumain (1703-1705) marque le premier essai et texte politique et social. C'est une satire de la lutte pour le trône entre les parties des boyards roumains. Cette lutte se traduit par une allégorie philosophique entre deux principes. Le document contient des pensées, des proverbes et poèmes qui reflètent l'influence de la poésie populaire. Histoire de l'agrandissement et de la décadence de l'Empire ottoman est un ouvrage historique dans lequel Cantemir rapporte l'histoire de l'Empire ottoman et analyse les causes qui pourraient conduire à sa dissolution. Il insiste sur la possibilité des peuples opprimés pour reconquérir leur liberté. Ses travaux ont été traduits et publiés en anglais, français et allemand. Descriptio Moldaviae est écrit en latin en 1714, la première partie est consacrée à la description géographique de la Moldavie (montagnes, plaines et fleuves), il y présente également la flore, la faune et le folklore. La deuxième partie de l'oeuvre décrit l'organisation administrative et politique du pays. Dimitrie Cantemir est considéré grâce à son oeuvre comme le premier savant moldave.
Dans les années qui marquent la transition entre les deux siècles, on doit citer les Phanariotes. Compte tenu de la tradition ottomane ignorant en général les langues d'Europe et les cultures, les Turcs rencontraient des difficultés à gérer économiquement le territoire, ils confièrent alors aux Grecs, les Phanariotes (riches familles natives de Constantinople et originaires de vieilles familles byzantines), qui avaient une longue tradition marchande, des fonctions importantes dans l'administration ottomane des XVIIe et XVIIIe siècles. Cette communauté va développer la culture et s'ouvrir à la littérature occidentale. Ce sont des humanistes, des érudits, ils expriment leur conscience aristocratique dans l'élévation de l'esprit. La découverte des tendances artistiques et le romantisme littéraire français auront une influence manifeste sur la littérature roumaine (Dimitrie Cantemir est au coeur de cette période d'ouverture culturelle).
Les principautés valaque et moldave partagent la même culture, les mêmes pensées, la même langue et un passé historique tout à fait parallèle. La capitale de la principauté de Moldavie est Iaşi (en Roumanie aujourd'hui), c'est un pôle culturel important. La conscience de la romanité et l'héritage daco-roumain vont se répandre largement dans les deux principautés, avec la formation d'écoles, d'universités, de bibliothèques et de sociétés culturelles. Sous le règne du prince moldave Mihai Sturdza, la Moldavie connaît une période de prospérité économique grâce à la suppression du monopole turc et des barrières douanières, mais le double protectorat russo-turc s'impose toujours et les mécontentements grondent. Dès 1812, la Bessarabie (région de Moldavie orientale) passe aux mains de la Russie qui impose une séparation culturelle brutale des deux peuples, en introduisant sa culture et l'alphabet cyrillique. Mais comme deux frères jumeaux séparés l'un de l'autre, le XIXe siècle sera marqué par d'inévitables connexions entre la Roumanie et la Bessarabie, et elles lutteront main dans la main pour maintenir leur culture commune. La montée inévitable d'un éveil nationaliste mènera à la révolution de 1848, et voilà pourquoi il est impossible d'évoquer la littérature moldave de ce siècle sans la littérature roumaine. D'une manière générale, le mouvement national marque le monde littéraire d'écrivains et de poètes qui, sous l'influence tardive romantique, ne cesseront de chanter les louanges de la culture roumaine, de ses traditions, de son histoire, des caractéristiques de son peuple et de sa langue. À cause des contraintes du processus de dénationalisation de la Russie, la création littéraire n'a pu être des plus prolifiques ; privés de leur langue, les écrivains sont coupés de leur créativité. Toutefois, dans la Bessarabie du XIXe siècle, quelques intellectuels et artistes réussiront à percer la frontière par leur travail (avec Bogdan Petriceicu Hasdeu, par exemple), et inversement la parole des artistes au-delà du Prut réussira à se faire entendre. Sous la domination russe, pendant près d'un siècle, les liens avec la Roumanie s'intensifieront et cette tendance sera à l'origine de l'émergence d'écrivains bessarabiens soulignant sans cesse dans leurs oeuvres la fraternité avec les Roumains. Ce mouvement prendra naissance dans le milieu aristocrate, qui aspire à la réunion de Iaşi et de Bucarest. Pendant la révolution de 1848, un journal paraît en langue roumaine à Chişinău, mais cela reste un fait isolé ; plus tard, un autre paraîtra en 1858. Les écrivains de part et d'autre du Prut sont une génération marquée par les transformations sociales et politiques d'après 1848 (échec de la révolution). Parmi les écrivains roumains ayant une influence considérable en Bessarabie, citons Costache Negruzzi (1808-1868) et Vasile Alecsandri (1821-1890).
C. Negruzzi, né côté roumain, arrive à Chişinău en 1821, où il se lie d'amitié avec le poète russe Pouchkine, alors en exil et avec Alecu Donici (1806-1865), célèbre fabuliste, peignant avec humour et satire la société de son temps, celui-ci s'inspire des oeuvres de La Fontaine. En signe de protestation littéraire, C. Negruzzi traduit plusieurs oeuvres étrangères (Voltaire, Victor Hugo). Comme son ami Donici, il fait une observation critique et satirique de la société, notamment dans la trentaine de pièces de théâtre qu'il écrit. Quel que soit le thème abordé, le ton est facétieux, même lorsqu'il s'agit des questions douloureuses de la langue et de l'alphabet. Son travail représente un témoignage remarquable sur les moeurs de la société entre 1830 et 1840 en Bessarabie.
Vasile Alecsandri est un boyard révolutionnaire. Ce poète, dramaturge, romancier roumain fait ses études à Paris. A son retour, comme il prendra part activement au mouvement révolutionnaire de 1848, il sera exilé en France. Alecsandri observe le monde avec scepticisme, et, inspiré par les grands poèmes de son époque, l'expression de sa littérature est sereine et classique. Il est considéré comme étant un des écrivains les plus complets de sa génération, non seulement dans ses aspirations patriotiques, dans la découverte des autres continents (récits de voyages), mais aussi dans la description des moeurs sociales. Il s'adonne à quasiment tous les styles littéraires. Amoureux de la Moldavie, la découverte de la poésie populaire marquera son oeuvre et aura de grandes conséquences quant à l'évolution de la littérature classique de son siècle. Avec une poésie érotique, gracieuse, discrète, il décrit l'amour. Sensible à la nature, il exprime la beauté de la terre natale moldave. De plus, il est considéré comme le créateur du théâtre et de la littérature en Roumanie, après avoir été une personnalité marquante de la Moldavie, dont il a soutenu l'union avec la Valachie. Alecsandri compte parmi les premiers écrivains modernes moldaves, il est traduit en plusieurs langues.
Alecu Russo (1818-1859) est un ami bessarabien de Vasile Alecsandri. Ce poète, romancier et critique littéraire est un idéologue de la génération révolutionnaire de 1848. Auteur anonyme de La Chanson de Roumanie, issu d'une famille noble, il s'affirme par sa pensée libérale. Après des études en Suisse, il fait un voyage dans la région de Neamt en pays roumain et se familiarise avec la beauté du folklore et des paysages. Confiant dans l'évolution inévitable de la langue roumaine dans son pays, il décrit ses convictions dans un style littéraire empreint de sérénité et d'évidence : "Si la nation roumaine possède une langue et une littérature, les Roumains remonteront à la source, pour en découvrir leur traditions et coutumes encore dissimulées".
Reconnu, comme un "prophète de la culture", Bogdan Petriceicu Hasdeu (1838-1907) est un ressortissant du sud de la Bessarabie. Il est connu pour son activité dense en matière politique, culturelle et même scientifique. De la famille de ceux qui participent à la révolution culturelle, son oeuvre littéraire n'aura de cesse d'affirmer l'esprit créatif de la culture européenne dans l'espace roumain.
La seconde moitié de ce siècle fixe la littérature roumaine classique et renforce de plus belle les liens de part et d'autre du Prut. Mihai Eminescu et Ion Creangă seront les écrivains roumains les plus influents pour le pays.
Ion Creangă (1838-1889) et Mihai Eminescu (1850-1889) travaillent en étroite collaboration. Ion Creangă, connu pour ses contes fantastiques, marque la littérature par une oeuvre tardive, Souvenirs d'enfance, en 1873. À partir de ce moment et dans la décennie qui suit, il écrit ses plus grandes oeuvres sur les valeurs antinomiques de la vie, l'humour, la douleur et la joie, le bien et le mal, la bêtise et l'intelligence.
Les poèmes langoureux d'Eminescu s'inscrivent dans la tendance romantique qui prédomine dans la littérature de cette époque de manière générale. Considéré comme le plus grand poète roumain, fin connaisseur de la poésie populaire, son art se distingue dans le fait d'avoir établi des liens entre les thèmes classiques comme la fragilité de l'être, la nature, l'amour et la révolte contre le destin, avec les inspirations tirées de la culture paysanne roumaine. Envers la Bessarabie, il laisse paraître une immense tendresse dans ces poèmes pour ce peuple sans cesse envahi et persécuté. Son chef-d'oeuvre, Luceafărul (Hypérion), est une sorte de testament spirituel. Composé de 94 petites strophes de quatre vers courts, ce poème concorde avec le rythme des poèmes populaires et exprime ainsi au plus haut point le lyrisme roumain.
Un troisième écrivain roumain, Vasile Conta (1845-1882), grand défenseur de la Bessarabie, s'implique avec des oeuvres comme Bessarabie, La Chose au sujet de l'Orient ou Futur. Ces trois textes, qui eurent un immense écho dans tous les journaux de l'époque, restèrent vains malgré tout dans cet univers russe luttant toujours activement contre l'union des peuples frères. Athée, Conta trouve son soutien dans les milieux progressistes, jeunes et scientifiques. Pour certains, ses écrits sont un pont avec les idées marxistes. Fermement impliqué dans les questions de son temps, il s'est comporté comme un militant et un penseur patriotique tout au long de sa carrière.
En Bessarabie, la littérature est fortement marquée en cette fin de siècle par le plus grand poète moldave, Alexei Mateevici (1888-1917). Prêtre, philosophe et écrivain, sa courte vie est marqué par un poème sur la beauté de la langue roumaine qu'il écrit juste avant de mourir, Limba noastră (Notre langue). Ce beau texte est si important qu'il est aujourd'hui celui de l'hymne national de la République de Moldavie depuis 1994. Ce long poème rythmé sur la poésie populaire est une ode et un hommage sans limites à la langue, raconte sa beauté, dit comment la retrouver, comment la préserver, et ce qu'elle signifie ; elle est comparée à un trésor.
À la fin du XIXe siècle, la répression est toujours de mise et Constantin Stere, politique, universitaire et écrivain de Bessarabie, est déporté en Sibérie pour avoir participé au mouvement narodnik. À son retour, il continue d'exprimer ses convictions et opinions politiques dans des périodiques comme journaliste. En 1918, il joue un rôle prépondérant dans la réunion de la Bessarabie à la Roumanie en tant que second président et membre du Sfatul Ţării. Il reste un écrivain vigoureux.
Notre langue est un trésor
Enraciné dans les profondeurs,
Une chaîne de pierres rares
Dispersée sur notre patrie.
Notre langue est un feu qui brûle
Au milieu d'un peuple qui, sans nouvelles,
S'est réveillé d'un sommeil de la mort,
Comme le héros dans les contes.
Notre langue n'est que chanson
L'expression de nos désirs profonds,
Un essaim d'éclairs, perçant
Des nuages noirs, des horizons bleus.
Notre langue, c'est la parole du pain,
Quand l'été est mû par le vent,
Prononcée par nos ancêtres,
Ils ont béni notre terre avec leur sueur.
Notre langue est une feuille verte
Le frémissement des forêts éternelles,
L'ondulation calme du Dniestr cache
Les chandeliers des étoiles.
Vous n'allez plus vous plaindre amèrement
Que votre langue est trop pauvre,
Et vous allez voir ce qu'elle offre
La langue de notre chère patrie.
Notre langue est un vieux parchemin,
Des histoires d'un autre temps.
En les lisant, l'une après l'autre
Des frissons profonds nous viennent.
Notre langue est choisie
Pour soulever au ciel des louanges,
Pour nous dire, à l'église et à la maison,
Les vérités éternelles.
Notre langue est une langue bénie,
La langue des anciens sermons
Qui sont pleurés, qui sont chantés
Par les paysans, dans leur foyer.
Ramenez donc à la vie cette langue,
Rouillée depuis si longtemps,
Essuyez la crasse et la moisissure
De l'oubli dans lequel elle gémit.
Assemblez la pierre à étincelles
Que le soleil allume.
Et vous aurez en abondance
Une nouvelle inondation de mots.
Un trésor va surgir
Enraciné dans les profondeurs,
Une chaîne de pierre rare
Dispersée sur notre patrie.
De nouveaux courants émergent avec une nouvelle génération d'écrivains, c'est l'époque de la " Grande Roumanie ". Bucarest est un foyer culturel bouillonnant, elle est surnommée " le Petit Paris ", revues et cercles littéraires se multiplient.
L'auteur roumain de cette période qui a une grande influence dans l'ancienne région de Bessarabie est Mihail Sadoveanu (1880-1961). Prolifique, il commence son parcours par des oeuvres qui traitent de la recherche du temps perdu. Il écrit de nombreuses épopées historiques sur les princes moldaves et les épopées villageoises. Il est le poète d'un passé embelli et d'un présent sans joie. Nicolae Iorga, historien et homme politique roumain, l'invite à collaborer au Sămănătorul (Le Semeur), organe de littérature qui prêche le retour aux sources paysannes d'inspiration nationale. Il collabore également à La Vie roumaine. Entre 1910 et 1936, il reste à Chişinău comme directeur du Théâtre national. Pendant cette période, il devient directeur de deux quotidiens, Adevărul (La Vérité) et Dimineaţa (Le Matin). Lorsqu'il entre en 1923 à l'Académie roumaine, son discours est un éloge à la poésie populaire. Une des oeuvres les plus connues se nomme Hanu-Ancuţei (L'Auberge d'Ancuţa), qui est une célébration de la cuisine moldave, chère à Sadoveanu. Profondément attaché à la vie paysanne, il dénonce les méfaits des agglomérations ; cette personnalité est un pessimiste des groupes et des collectivités. Avant son retour à Bucarest en 1936, il écrit à Chişinău une trilogie, Fraţii Jderi (Les Frères Jder), glorieuse épopée sur Ştefan cel Mare. D'un point de vue littéraire, Sadoveanu est parfois évoqué comme étant à la littérature d'avant-guerre ce que Victor Hugo était pour la littérature française au XIXe siècle. Avant l'arrivée des communistes après la Seconde Guerre mondiale, les lettres roumaines s'inspirent des idées et des courants européens, français en majorité.
À l'arrivée de Staline, la RASSM (Transnistrie) est rattachée au territoire de la Moldavie orientale entre le Prut et le Dniestr. Les Transnistriens sont alors considérés comme les bâtisseurs du monde socialiste, alors que les Bessarabiens appartiennent au régime de " l'oppresseur bourgeois ". Dans les arts comme dans la littérature, on impose le style " réaliste socialiste ", la littérature roumaine est désormais considérée comme " décadente " et " nationaliste " et les artistes de culture européenne ayant étudié dans les universités ne sont pas les bienvenus. Le paysage littéraire est marqué par les mouvements au sein de l'Union des écrivains moldaves (UEM) qui divise les auteurs. Du jour au lendemain, les écrivains libres se voient contraints d'adhérer à la nouvelle idéologie, à mettre en retrait leurs convictions et leurs aspirations artistiques. S'y ajoute l'interdiction de l'alphabet latin et l'obligation d'écrire en " dialecte moldave ", alors reconnu langue officielle (roumain écrit en alphabet cyrillique). Dans les premiers mois, un grand nombre d'écrivains vont se convertir contre toute attente, de manière individuelle et collective. Les autres fuient vers la Roumanie ou sont déportés en Sibérie, accusés de comploter contre le Parti. Un ultime filtrage aura lieu lorsque certains auteurs sont envoyés au front où ils trouvent la mort. À cette époque, les écrivains moldaves ont en commun leur jeunesse, la participation au mouvement régionaliste local qui soutient leurs confrères au front dans certains périodiques ou via la radio. D'autres sont plus ou moins actifs dans une formation politique de gauche. En un mot, politique et littérature ne feront qu'un à partir de ce moment, jusque dans les années de domination communiste. Au cours de cette période de non-liberté artistique, quelques écrivains moldaves sortiront du lot, en se définissant peu à peu comme de fervents défenseurs de leur culture : Ion Druţa, Paul Goma, Adrian Păunescu et le bien-aimé Grigore Vieru.
Peut-être que oui !
Hergé dans ses trois albums, Le Sceptre d'Ottokar, "Objectif Lune et L'Affaire Tournesol, évoque un territoire nommé Syldavie. Ce nom serait une contraction entre Transylvanie et Moldavie, et si on s'amuse à comparer les cartes géographiques de la Syldavie et des cartes réelles de cette époque, on constate que le territoire syldave correspond à la Moldavie côté est et ouest du Prut, associée à la Transylvanie et une partie de la Valachie. Le Prut est nommé "Moltus", le Danube "Wladir", et la chaîne des Carpates "les Smyhlpates"..., et à y regarder de près il est vrai que les Carpates si dentelées ressemblent à un mille-pattes vue du ciel...
D'un point de vue historique, des rapprochements glaçants peuvent être repérés : dans le Sceptre d'Ottokar, Tintin déjoue les manigances de la "Garde d'acier", alors qu'en 1936 la Garde de fer, un groupement d'extrême droite, sévit en Roumanie. En face, toujours dans l'histoire d'Hergé, un parti de gauche, le "Zildar Zentral Revolutionär Komitzät de Bordurie" (Transnistrie ?) veut reprendre un morceau de territoire syldave. N'y aurait-il pas une forte évocation de Staline et de ses désirs d'annexion de la Bessarabie ? Enfin, si l'on prend le jeune roi syldave Muskar XII, la ressemblance avec le prince Ion Cuza est frappante... Pour finir, Tintin rencontre la Castafiore à "Klow", on ne peut s'empêcher de penser au festival d'Opéra Invita Maria Biesu qui a lieu chaque année à Chişinău...
Ion Druţa, est né en 1928, à Horodişte. Toute sa vie il restera profondément impliqué dans la vie en moldave, la culture, l'état du pays, son économie, l'écologie... Les débuts de sa carrière dans les années 1950 son marquées par des oeuvres telles que Casa Mare (pièce principale d'une maison traditionnelle moldave, destinée à la réception des invités, aux fêtes) ou In satul nostru (Dans notre village). Considéré comme un des géants de la littérature moldave, pendant le régime totalitaire il eut le courage de s'élever contre les principes du gouvernement. En 1987, il sera nommé président de l'UEM et s'engagera en 1989 dans le processus de renouvellement en Moldavie, avec le retour à l'alphabet latin et à la langue roumaine (Limba Nostra). En 1990, il fait partie de la liste des plus grand écrivains mondiaux et a reçu en 2008 le prix d'Etat pour sa contribution exceptionnelle au développement de la culture nationale et universelle et à la littérature.
Paul Goma né en Moldavie en 1935, s'avéra radicalement anti-communiste militant. Il ne passe pas sa vie en Moldavie, car sa famille fuit vers la Roumanie en 1940. Pendant les années Ceaucescu, c'est un miltant de l'intérieur... En 1977, il est privé de la citoyenneté roumaine par Ceausescu et sera même victime de quelques attentats contre lui et sa famille. En France, il obtiendra l'asile politique. Goma à Paris continue son combat contre le système communiste. De nombreux ouvrages sont écrits en français, parmi eux La Cellule des libérables, Profil bas.
Adrian Păunescu (1943-2010), malgré le volume de ses écrits, cet écrivains est considéré comme politiquement ambigu. C'est un des rares à ne pas nier en bloc l'idéologie socialiste après 1989. Poète, journaliste et homme politique, il passe sa vie à Bucarest, et tour à tour les relations qu'il entretient avec Ceaucescu oscillent entre adulation et critique politique directe. Selon le quotidien roumain România Liberă, il est considéré comme "poète de cour" de Ceausescu, comme "un héros pour l'homme de la rue" tandis que "les intellectuels contestent sa valeur humaine et littéraire". Mais sa poésie est reconnue comme étant sentimentale et mélancolique avec, entre autres, Rugă pentru părinţi, Pastel de toamnă, Dor de Cluj.
Enfin, voici un des plus grands poètes et écrivains moldaves contemporains, le bien nommé et tant aimé de la nation Gregore Vieru (1935-2009). Il dédie un grand nombre de ses poésies aux enfants dès 1968, puis tout au long de sa vie. Un tournant marque sa carrière avec l'écriture de Votre Nom, remarquablement accueilli par la critique littéraire, cet ouvrage est toujours étudié aux programmes universitaires. Malgré tout il subit des affronts, des menaces, et son poème Arc en ciel sera retiré et condamné, car il est accusé d'évoquer le drapeau roumain de manière dissimulée. Fervent militant du nationalisme roumain, dans les années 1980, il est à la tête du mouvement Liberal national, c'est l'un des fondateurs du Front populaire et il fait partie des membres réformateurs de l'Assemblée en 1989 pour le retour à la langue roumaine. Grigore Vieru a dédié sa vie à la poésie et aux idées éveillant la conscience nationale. Son deuil fut décrété deuil national en 2009. Son buste en bronze trône désormais aux côtés des plus grands, dans le parc Stefan cel Mare, dans l'allée des Classiques. Grigore Vieru est une personnalité profondément regretté, car il a chanté la tristesse, la douleur et la joie, c'était un combattant pour les valeurs de son peuple, et c'était plus qu'un poète, sinon un représentant de la destinée et de l'identité du peuple moldave...
Dans la musique en Moldavie, on doit distinguer trois domaines, tous aussi présents dans l'univers musical de ce pays. Les Moldaves aiment danser, chanter, ainsi la musique prend une place importante dans la vie sociale et les célébrations qui scandent l'année.
Cette catégorie a subi de multiples influences au cours des siècles liées bien sûr à l'histoire tourmentée de ce territoire. Il faut remonter au XVe siècle, lorsque les premiers chants chrétiens apparaissent dans la vie religieuse. À cette même époque existent déjà des structures modales diatoniques archaïques, qui se retrouvent toujours aujourd'hui dans la Minoriţa, ballade très populaire roumaine. Au milieu du XVIIe siècle, alors que Vasile Lupu crée une école de chant à Iaşi, la musique, suite aux nombreuses invasions et mouvements de population, subit les influences ottomanes, grecques, klezmer et tsiganes. Plus tard, ce savant mélange s'enrichit de la musique roumaine et ukrainienne, à cause du partage du territoire tantôt vers l'est, tantôt vers l'ouest. Le résultat est une musique qui possède des rythmes syncopés et des mélodies propres à la musique balkanique, tsigane et klezmer. Cette musique très rythmée est à l'image des danses folkloriques, assez physiques pour les hommes. Les plus beaux moments pour vivre la musique moldave sont les mariages, où la musique traditionnelle occupe l'espace musical de la fête tout autant que les musiques modernes. Elles réunissent les familles, les amis et toutes les générations. Un mariage authentique moldave ne peut avoir lieu sans la musique et des danses nationales. La hora est une danse exigeant un groupe relativement important de personnes qui se tiennent la main et forment un grand cercle. Il peut y avoir plusieurs cercles les uns dans les autres, tous dans des directions opposées. Le rythme de la musique populaire est généralement optimiste et joyeux. C'est un moment très apprécié des Moldaves qui s'amusent beaucoup et y prennent un grand plaisir. On comprendra aisément pourquoi il existe autant de festivals de musiques folkloriques tout au long de l'année, surtout au printemps et en été, dans la capitale tout comme dans l'ensemble du pays et dans les campagnes. Les instruments les plus populaires sont les ţambal, cimpoi, fluier, nai, cobză et tobă. Le panel musical traditionnel n'existe pas sans les doină, complaintes mélancoliques évoquant un passé perdu et des espoirs. Ici le rythme est lent, langoureux et plus triste, mais les mélodies transportent loin comme un chant tsigane ou un fado portugais. Une autre tradition musicale populaire se nomme colindă, qui peut être à la fois utilisée comme un nom et un verbe qui représente l'action de chanter une colindă. Cette catégorie nécessite un groupe de gens allant de porte en porte en habits nationaux, masques et fourrures, pour danser et chanter la colindă en échange de cadeaux symboliques sous forme de nourriture, de boisson ou d'objets artisanaux. La colindă en Moldavie est liée à la slave kolyadka et à deux origines, chrétienne et païenne.
Références de groupes traditionnels : Gheorghe Zamfir, Taraf de Haiduci
Elle apparaît tardivement quand, à la fin du XVIIIe siècle, des compositeurs européens et russes recueillent des mélodies moldaves. À la suite de cela, en 1834, A. Verstovsky et F. Ruzhitsky publient le Traité de mélodies moldaves folkloriques et, en 1854, K. Mikula publie Les Mélodies folkloriques moldaves. La musique notée fait alors son apparition avec la création d'un Conservatoire de musique en 1836. À la fin du siècle, les plus grands compositeurs russes séjourneront en Moldavie, notamment Anton Rubinstein, Scriabine et Rachmaninov. L'Orchestre symphonique d'État est fondé en 1930, afin de promouvoir les valeurs de la musique symphonique et les oeuvres des jeunes compositeurs moldaves. Alors, au XXe siècle, les compositeurs classiques tels que Vilinsky, Kosenko et Gurov composent sur la base du folklore. Avec l'arrivée de l'URSS qui désirait promouvoir la musique de la République soviétique socialiste moldave, la construction de deux salles sera décisive pour le développement du genre classique des concerts, opéras et ballets : la Salle philarmonique nationale et Opera şi Balet. La fondation de ce dernier établissement a favorisé l'intensification du mouvement musical en Moldavie. Une série d'opéras a bientôt été mise en scène, avec le premier opéra moldave présenté en juin 1956 et le premier spectacle de ballet en février 1957. À cette époque, la musique comme tous les arts et autres moyens d'expression étaient évidemment fort contrôlés par le Parti communiste, ce qui imposait aux artistes de se tourner vers des compositeurs soviétiques. C'est ce qui explique le grand nombre d'oeuvres russes, dans le répertoire classique en général. Aujourd'hui, dans la vie culturelle moldave, les représentations sont tout à fait abordables, sans comparaison avec les tarifs pratiqués dans nos pays. Un séjour à Chişinău est une excellente occasion de s'abreuver et de retrouver un répertoire classique de qualité.
Références connues : Ciprian Porumbescu, George Enescu, Dinu Lipatti, Clara Haskil, Marcel Mihalovici, Radu Lupu, Leontina Văduva...
Depuis l'indépendance de la Moldavie en 1991, les musiques occidentales pop, hip-hop ou rock ont conquis l'univers musical du pays. Des artistes sont reconnus au-delà des frontières comme Vladimir Pogrebniuc, Natalia Barbu et Nelly Ciobanu. On peut encore citer Sofia Rotaru, Alternosfera, Flacai, Natalia Barbu, Noroc, Roman Verzub, Zdob şi Zdub, Radu Sîrbu, Arsenium et Dan Balan. Dans le domaine de la musique populaire, la Moldavie a produit, entre autres, le boysband Ozone, qui a vécu un succès planétaire en 2004 avec sa chanson Dragostea din tei, aussi connue sous le nom de Numa Numa Song.
Zdob şi Zdub existe depuis 1994. Extrêmement populaire en Moldavie mais aussi très connu en Roumanie et en Russie, ce groupe est certainement le plus fameux du pays. Une énergie débordante, est le moteur de l'association réussie entre musiques traditionnelles et contemporaines. Leur originalité se loge dans le fait de jongler habilement entre les influences musicales, qu'elles soient anglaises, roumaines ou russes. Dans leur répertoire, le morceau intitulé Hardcore Moldovenesc en roumain (1996) est leur premier grand tube récupéré comme " hymne " de la jeunesse alternative ; il sera largement diffusé sur toutes les ondes radio du pays. Depuis 1997, Zdob şi Zdub a entrepris une série de tournées en Russie et en Roumanie, ainsi que dans beaucoup d'autres pays du monde en prenant place également dans une longue série de festivals internationaux. Au début, la tendance est hardcore, mais dès le second album, en 1996, les musiciens se rapprochent et utilisent des instruments de musique moldaves traditionnels, tout en conservant un traitement radical et dur. Puis, au fil des albums, une expression plus mélodieuse et lyrique se fait entendre et, si auparavant la plupart des chansons de Zdob şi Zdub étaient en russe, les nouvelles chansons sont presque toutes en roumain. Ce groupe est un vrai fédérateur des communautés russes et roumaines en Moldavie, il est apprécié de toute la jeunesse moldave et diffuse une musique festive aux tonalités de fanfare moderne. L'évolution de leur musique s'est produite naturellement, ces artistes reconnaissent qu'ils ont subi l'influence des films de Kusturica et de la musique de Bregovic, tout comme de la troupe roumaine Phoenix, mais ils ont à présent leur propre style qui combine les rythmes modernes américains avec les traditions musicales moldaves, roumaines et tziganes.
" Nous savions dès le début ce que nous voulions faire, mais nous ne savions pas comment le faire. Ceci, c'était avant de connaître Vasile, un ménétrier d'une troupe folklorique roumaine. Nous avions besoin de chanter avec les anciens, non parce que c'est en vogue, mais parce que nous avions vraiment à apprendre d'eux. La collaboration avec Vasile et sa troupe a engendré les chansons Dimineata pe racoare et Cuculetul. Maintenant, nous avons notre style à nous qui penche pour la musique populaire avec des nuances avant-gardistes, ce qui est considéré comme original en Russie, nouveau et intéressant en Moldavie, connu et apprécié en Roumanie ".
L'art pictural, et l'art en général avant la fin du XIXe siècle, est purement religieux. Les icônes les plus anciennes datent d'avant le XVe siècle, parmi celles qui sont conservées jusqu'à nos jours on cite Notre Dame Hodighitria au monastère Neamt et Sainte Anne au monastère Bistrita. Le caractère commun décoratif est proche des modèles byzantins. Au cours des siècles suivants, la gamme des couleurs devient plus riche, plus saturée avec l'introduction de dorures. Dans le traitement des icônes, le relief est introduit et le thème de la narration de la vie courante est récurrent. Dans la Bessarabie des XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreuses icônes populaires apparaissent, dont une grande partie est conservée au Musée national des Beaux-Arts à Chişinău.
Ce que l'on considère comme l'art pictural moderne en Moldavie est très récent, il date de la fin du XIXe siècle. En ce sens, la particularité de l'art dans ce pays est d'être passé sans transition de l'art médiéval à l'art moderne, sans connaître les phases classiques qui ont ponctué l'évolution des arts dans les différents pays d'Europe. Le processus de l'évolution des arts graphiques et picturaux en Moldavie est déclenché par l'architecture. Au milieu du XIXe siècle, des bâtiments en pierre remplacent les structures en bois, et tous les objets d'art sont ainsi transférés et exposés. A partir de ce moment, l'art religieux et les icônes feront place assez rapidement aux arts laïques. Dès la fin du XIXe siècle, on distingue trois grandes périodes dans l'art moderne.
La première, entre 1887 et 1918, donne naissance à l'école de dessin fondée à Chişinău par Terinte Zubcu, et avec lui se constituera la société des amateurs d'art de Bessarabie en 1903. Dans les années 1890, les expositions à Chişinău des peintres russes et ukrainiens sont décisives, un genre nouveau se fait connaître avec les Parsuna. Ce sont des portraits à réminiscence iconographiques de la peinture russe et ukrainienne des XVIe et XVIIe siècles, qui établiront le passage d'une peinture religieuse vers une peinture laïque. Apparaissent alors des peintres bessarabiens comme V. Blinov, N. Gumalic ou A. Baillayre. Ces premiers artistes professionnels pour la plupart ont fait leurs études à Saint-Pétersbourg, Munich, Amsterdam. C'est le début de l'art moderne, dite période " bessarabienne ", qui durera jusqu'en 1940. Un grand nombre d'expositions sont alors organisées dans les établissements adaptés, l'art se propage et se fait connaître. Des peintures d'un genre nouveau se définissent avec des peintures représentant la nature, des natures mortes, des portraits et des peintures de genre. C'est une réelle nouveauté dans le paysage artistique. L'influence de l'art russe domine, notamment celle des Ambulants (société de peintre russes des XIXe et XXe siècles), puis suivra celle des groupes d'art de Saint-Pétersbourg.
La seconde période s'annonce en 1918. Des grands changements s'opèrent, car la Bessarabie se rattache au royaume de Roumanie cette même année, suite à la révolution d'octobre en Russie. L'école des Beaux-Arts est fondée et, en 1921, la société des Beaux Arts de Bessarabie ; des échanges enrichissants et des expositions collectives sont établis entre Chişinău et Bucarest. Ces nouvelles perspectives permettent aux artistes de voyager et de se familiariser avec les arts en Europe. Un pas rapide est effectué vers l'impressionnisme, le post-impressionnisme, le constructivisme, l'Art nouveau...
À ce moment, les peintres Baillayre et le sculpteur Plămădeală deviennent les leaders d'un mouvement résolument moderne, alors qu'une nouvelle génération issue de l'école des Beaux-Arts commence à surgir, avec Kiriacoff, Ivanovschi et bien d'autres.
Jusqu'en 1940, l'art moderne évolue rapidement, malheureusement l'après-guerre sera néfaste pour la créativité. La Bessarabie passe sous le joug de l'URSS et devient une république du bloc soviétique. Les quinze premières années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale ont été les plus drastiques, des années de contrainte, forcées par le réalisme socialiste, principe de réalité qualifié par certains critiques comme " l'académisme socialiste " ou " l'académisme stalinien ". Les artistes s'exilent en Roumanie ou à l'étranger, d'autres sont envoyés au Goulag, accusés de " formalisme ", de " décadence " et de " petit-bourgeois ". Jusqu'en 1980, la poignée de ceux qui resteront devra se conformer et se plier aux nouvelles règles, rendant hommage aux révolutionnaires, aux pionniers, à la révolution bolchévique. Bref, tous adoptent la marque de ces clichés.
Ce n'est que vers la fin des années 1950 et la première moitié des années 1960 que la génération des artistes plasticiens comme Mihai Grecu, Valentina Rusu-Ciobanu, Glebus Sainciuc, Igor Vieru, Ada Zevin réussissent à émanciper sensiblement leur style, leurs techniques et le sujet de leurs oeuvres. Cette émancipation a coïncidé du point de vue chronologique avec la mise en place du " style austère " dans l'ex-URSS, une réaction dans les milieux de l'art à l'académisme dogmatique stalinien des années 1940 et 1950. Loin d'être de " style austère ", la métaphore plastique exprimée par Mihai Grecu dans son triptyque L'Histoire d'une vie recueille un franc succès à l'Exposition jubilaire en 1967 à Moscou, en étant déclaré par les critiques comme le meilleur tableau de cette décennie. Des procédés innovants auront lieu dans la peinture et les arts graphiques, mais aussi dans l'art décoratif jusqu'à la fin des années 1960. A cette époque, les tapisseries de l'artiste Silvia Vranceanu sont comparées à celles de l'école des Gobelins.
Plus tard, des phénomènes underground sont enregistrés dans les années 1970 et au cours des années 1980, mais sont restés de faible portée en raison des contacts très limités du pays avec l'art occidental et de la dureté du gouvernement communiste en place.
A fin des années 1980 et au début des années 1990, la Perestroïka (transparence) annonce un processus de libéralisation dans le domaine des arts visuels. La censure s'allège, notamment au niveau des interdictions administratives de créer ou d'exposer des oeuvres d'art. Les années 1990 vont imposer des orientations et des tendances postmodernes, conceptuelles et la découverte des installations contemporaines.
Dès 1989 se rassemblent des groupes d'artistes unis par les mêmes idées en établissant des centres de création, notamment l'Union des artistes plastiques de la République de Moldavie. Cette association continue d'être la plus importante des artistes plasticiens et des maîtres des arts décoratifs du pays.
Avec la chute du Mur de fer, les contacts culturels entre les artistes moldaves et roumains ont été intensifiés. L'expression permanente de ces contacts et des collaborations est représentée par le Salon d'art moldave organisé chaque année depuis plus d'une décennie.
Cependant, il faut mentionner qu'en dépit de la libéralisation des possibilités d'expression de la dernière décennie et l'apparition de galeries privées à Chişinău la situation sociale et matérielle de la grande majorité des artistes plasticiens s'est considérablement aggravée. Les commandes de l'Etat ont disparu, le budget des musées est restreint, et ainsi l'acquisition des oeuvres. Le marché pictural qui se développe n'est pas de grande qualité, avec des oeuvres plutôt kitsch, des copies et des mauvaises reproductions de tableaux classiques (vous les verrez au marché artisanal à côté de Sala cu Orga, boulevard Stefan cel Mare). Après toutes ces années de luttes créatives, l'art contemporain reste en Moldavie administrativement et économiquement très marginalisé et peine à développer une vie artistique solide. Plusieurs peintres moldaves possèdent une réputation internationale tels que Piotr Barladescu, Valery Buev et Stefan Beiu.
Les Moldaves partagent leur vie et leur territoire aux côtés d'un bon nombre de minorités nationales avec les Ukrainiens, les Bulgares, les Gagaouzes, les Russes, les Allemands, les Grecs... En Moldavie, les traditions centenaires ont traversé les siècles et le multi-ethnisme qui caractérise le pays les a enrichies de nouvelles résonances avec un mélange original de coutumes, rituels et folklore. Malgré les différences de nationalité, les populations ont en commun une grande qualité, celle de l'hospitalité. En Moldavie, les maisons s'ouvrent aux convives accueillis les bras ouverts avec un bon verre de vin local. D'ordinaire, les hôtes sont invités dans la casa mare (la grande pièce), une pièce traditionnelle dans chaque maison qui est réservée aux événements festifs et regroupements familiaux. Comme il y a beaucoup de traditions en Moldavie, cette pièce sert souvent tout au long de l'année. Les vacances d'hiver sont l'occasion d'aller de porte en porte pour jouer de courtes pièces théâtrales annonçant ainsi avec joie la venue du nouvel an. En décembre, les enfants attendent le père Noël (Cracium) en se déguisant de costumes et de masques. Cette période de vacances suit le calendrier agricole traditionnel et coïncide avec la tradition chrétienne de Noël. Un autre jour férié très important est Martisor. En mars, tout le monde en Moldavie accroche à son col deux cordes blanches et rouges en tricot ou dentelles aux jolis dessins plus ou moins complexes, qui symbolisent le renouveau de la nature. Au printemps, Pâques est la fête religieuse la plus importante, bien plus que celle de Noël. En vue de cette célébration, les familles préparent à l'avance une nourriture spéciale, des gâteaux de Pâques, les oeufs peints et leur meilleur vin. Avec le temps, les oeufs peints sont devenus une forme d'artisanat reconnue. Un grand nombre de manifestations traditionnelles en Moldavie combinent des événements appartenant aux calendriers agricoles, religieux et civils. Enfin, on ne peut pas parler de la Moldavie sans mentionner les traditions familiales : les mariages, et autres célébrations diverses, les baptêmes comme les enterrements. Ces repères culturels sont toujours suivis à la lettre, dans une succession de rituels. Enfin, dans les villages moldaves, les sezatorile sont des réunions populaires hivernales, où on partage, parle, chante et même danse en se livrant à des travaux d'artisanat ou culinaires. Cette pratique n'est pas inhabituelle, elle perdure même dans les villages de la banlieue de Chişinău. On dit couramment que toute personne invitée dans la casa mare devient un ami, voire plus, fait partie de la famille, et ces mots ne sont pas vains en Moldavie, ils sont respectés et honorés.
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