Leitfaden Venezuela : Jeux, loisirs et sports

Caribean Baseball.

Laurent BOSCHERO

Importé au début du XX^e siècle par les employés des compagnies pétrolières nord-américaines. A part dans les Andes et dans la forêt amazonienne, le base-ball est de loin le sport le plus populaire du pays. Chaque village ou presque est équipé de sa cancha de béisbol où s'escriment les plus jeunes, rêvant aux exploits des Leones de Caracas ou de leurs grands rivaux, les Navegantes del Magallanes (Valencia). La ligue professionnelle se déroule d'octobre à janvier (soit juste pendant l'intersaison américaine), ce qui permet la venue des pro-yankees. Outre les deux clubs phares évoqués ci-dessus, six autres équipes se disputent le titre. L'une des raisons qui expliquent l'engouement pour ce sport ultra médiatisé est sans aucun doute le rêve de chacun de toucher le salaire d'une star locale expatriée aux Etats-Unis... en moyenne 15 millions de dollars par saison !

Les Vénézuéliens sont surtout réputés dans le domaine amateur. Souvent éliminé dans les poules finales, le pays a gagné 10 médailles au Championnat du monde avec l'argent et le bronze. Dans le circuit professionnel, parmi les noms récents, figure Jorge Linares qui gagne en 2007 le titre poids plume WBC. Le pays connaît aussi son lot d'histoire tragiques si fidèles à la boxe, dont celle d'Edwin Valero, champion du monde des super plumes WBA en 2006. En 2009 il remporte le titre WBC qu'il conservera jusqu'en 2010. Cette année-là, il déclare le 18 avril avoir assassiné son épouse. Il est arrêté et se suicide dans sa cellule le lendemain.

Lorsque le Vénézuélien mâle ne parie pas sur des coqs de combat, il joue son argent dans les courses de chevaux. Le week-end, il donne quelques " bolos " à son épouse pour la nourriture, alors que lui mise le quadruple dans des cafés, suivant en direct les courses de chevaux à la télévision, mais aussi l'oreille collée au transistor qui retransmet les hostilités. L'ambiance frise l'hystérie quelques secondes avant que les bêtes ne franchissent la ligne d'arrivée : les hommes se lèvent d'un trait pour encourager leurs favoris, puis tout se calme autour de bières... jusqu'à la prochaine course.

Le sport le plus pratiqué dans le pays. A l'ombre, accompagné de Polarcitas, ce jeu passionne surtout les aînés qui, comme des bons joueurs de cartes, comptent les pièces qui ont déjà été jouées. En fin de journée, la " fatigue " aidant, on ne pose plus tranquillement les pièces les unes à la suite des autres, mais on les abat de toutes ses forces sur la table. Les parties se jouent soit par équipe de deux (plus intéressant), soit en individuel. Tactique : jouez d'abord les pièces contenant un seul chiffre, puis celles valant beaucoup de points !

Au Venezuela, place au base-ball ! Pourtant, le pays a une équipe nationale emblématique appelée les Vino Tinto (vins rouges !), et tout de même deux exceptions : les Andes, peut-être par l'influence de la proche Colombie, où rivalisent les clubs de foot de Mérida et de San Crístobal. Cette dernière équipe a les supporters les plus fidèles et voit son stade de 35 000 personnes rempli à chacun de ses matches à domicile. Les autres grands amateurs de football sont les Indiens pémons. Nombreuses sont les communautés perdues au milieu de la jungle qui disposent de terrains en excellent état, au gazon anglais tondu à la machette sur lequel s'escriment de bons joueurs, voire des " professionnels ", étant donné le nombre d'heures hebdomadaires passées sur le terrain. Les Pémons organisent ainsi régulièrement des tournois, les communautés n'hésitant pas à s'offrir 3 jours de pirogue pour jouer 2 ou 3 parties, avant de repartir dans le sens inverse. En 2007, le Venezuela a organisé la Copa América, l'événement majeur dans le monde du ballon rond du continent. Les infrastructures sont donc désormais dignes des grandes nations du football. Et pour la prochaine Coupe du monde au Brésil, le pays est en bonne voie pour se qualifier pour la première fois de son histoire... affaire à suivre.

Qui l'eût cru ? Les Vénézuéliens sont de grands amateurs de pétanque, qui s'appelle ici las bolas criollas. On joue comme chez nous par équipe de deux, chacun ayant deux boules plus lourdes et plus grosses que dans la pétanque française. Généralement, la première équipe atteignant 7 points a gagné. Les parties sont toujours accompagnées d'un liquide provenant des brasseries de Polar, moins fort que le pastis ! Et lorsque toutes les caisses sont vides, les joueurs rentrent chez eux !

Le mot vient du grec et signifie " sans respirer ". Notons que les indigènes qui peuplèrent la zone de Cubagua furent exploités par les Espagnols pour leur habileté à collecter les fameuses perles au fond de l'eau. La préparation est exigeante mais les barrières de coraux comme sur l'archipel des Roques vous permettent de voir une faune à quelques petits mètres de profondeur. La clarté des fonds marins du parc Mochima est propice aux divers concours et événements. La baie de Chichiriviche baptisée la " Bahia de los Buzos " est souvent recommandée ; les écoles de la capitale y viennent souvent pour pratiquer. A Caracas, le centre d'activité subaquatique de l'université centrale (CASA-UCV) organise des cours d'apnée.

Un autre sport extrême qui trouve sa place au Venezuela au même titre que le rafting. Pour les amateurs d'aventures excitantes et les drogués à l'adrénaline : on aime ce pays pour ça. Par exemple, départ de Mérida en compagnie d'un guide expérimenté conseillé par une agence. Partez pour un mini-trek avant de descendre le fleuve pendant 3 à 5 heures à la nage, sur les fesses ou en rappel dans les cascades.

Ce qui est valable pour le rafting l'est aussi pour le kayak. Vous pouvez prendre des cours auprès des agences citées dans le guide. Elles se feront un plaisir de vous envoyer affronter les rapides du río Bum Bum (classes 2-3) et la partie basse du Canagua (classes 2-2,5) à bord de l'un de leurs cinq kayaks individuels (dont trois playboats).

La mecque de la planche à voile et du kitesurf est incontestablement la plage d'El Yaque, sur l'Isla Margarita et l'archipel de Los Roques. Margarita a des statistiques de vent en " acier trempé " : plus de 300 jours par an avec un double effet thermique et Venturi qui vient renforcer l'alizé en cours de journée. Les amateurs de planche à voile privilégieront la période de décembre à juin pour ses meilleures statistiques de vent. Ceux qui recherchent des vents plus légers viendront en automne ou en été pour s'initier.

Depuis une montagne qui reçoit des vents de face, avec un espace suffisant pour décoller et un autre pour atterrir, le parapente est possible. Au Venezuela on peut voler toute l'année, cependant durant la saison sèche de décembre à mars les hautes pressions, la hauteur des nuages permettent de monter d'avantage. La journée, des turbulences assez fortes peuvent apparaître ; les débutants iront se lancer tôt le matin ou en fin de journée.

La paix absolue : s'unir à l'immensité de l'eau et la contempler autrement. Les eaux du pays regorgent d'endroits insolites, de fonds surprenants. Une vingtaine de centres homologués sont présents ; tous ne sont pas professionnels et la sécurité laisse parfois à désirer. La côte caraïbe est la plus propice à cette activité : Mochima, Los Roques et Margarita. De mai à septembre, l'eau est calme, plus chaude et la visibilité meilleure. De décembre à février c'est la période de reproduction, vous verrez davantage de faune.

Le Venezuela est l'un des endroits les plus beaux au monde pour pratiquer cette activité riche en émotions et sportive. Le rafting se pratique durant la saison des pluies (juin et septembre sont les meilleurs mois) et se destine aussi aux amateurs. Le fait que l'eau des rivières ne soit pas gelée est vraiment agréable. Les meilleures rivières commercialement exploitées se situent à l'est des Andes et se précipitent dans les Llanos. Parmi celles-ci, la palme revient au río Siniguis (classes 4,5-5 ; 3 heures de descente), suivi de près par le Alto Canagua (classe 4,5 ; 4 heures de descente). Plus tranquille, la partie basse du Siniguis appelée río Acequias (classes 2,5-3 ; environ 1 heure), l'autoproclamé río Bum Bum (classes 2-3) et la partie basse du Canagua (classes 2-2,5). Il est aussi possible de descendre le río Santo Domingo, quoique cette rivière soit plus polluée que celles qui sortent du parc national. On y trouve classes 2,5-3 dans la partie río Barragan à la Barinesa et classes 4,5-5 au-dessus, mais cette partie n'est pas encore exploitée en rafting - seuls quelques intrépides kayakistes s'y sont risqués. La première difficulté qu'il vous faudra affronter, avant même d'avoir donné le premier coup de pagaie, est de trouver une bonne agence qui organisera votre tour. Les deux arguments principaux qu'il vous faudra garder en tête sont la sécurité et l'environnement.

Les lieux où se pratique ce sport sont souvent reculés et difficiles d'accès. Si un accident devait survenir, les secours pourront-ils être appelés et venir ? La réponse que l'on vous donnera restera souvent évasive. Dans tous les cas, vérifiez que vous avez une bonne assurance personnelle qui couvre le rafting car, le nombre d'adeptes augmentant, le nombre d'accidents croît lui aussi et les agences ne sont pas toujours aptes à répondre de façon correcte à une urgence.

La côte Est de l'île de Margarita reçoit également des houles sympathiques pour le surf. Vous pourrez également pratiquer sur le littoral nord du pays, dans l'Etat d'Aragua sur la côte du parc Henry Pittier, sur la péninsule de Paria, à Margarita ou, bien plus proche de Caracas, dans l'Etat de Vargas entre la Guaira et La Sabana, une région où nous conseillons d'aller avec des surfeurs locaux, sans aucun effet personnel de valeur, car des agressions sont possibles. La majorité des gens n'imaginent pas la pratique du surf en Amazonie, et pourtant des vagues statiques découvertes par les kayakistes sont surfables sur l'Orénoque. De mai à septembre, pendant la saison des pluies, les rapides reçoivent plus de volume d'eau, ce qui permet d'obtenir de belles vagues statiques.

Les Andes vénézuéliennes offrent une infinité de possibilités concernant la marche en montagne : de la promenade d'un jour à un ambitieux trek de plusieurs jours ou semaines, tout est possible, y compris l'ascension du Pico Bolívar (5 007 m) ou du Pico Humboldt (4 944 m) avec l'équipement du parfait montagnard. D'autres endroits se prêtent à des marches, comme par exemple la sierra de San Louis (au sud de Coro), la péninsule de Paria ou El Avila. Ceci sans parler de toutes les marches possibles dans la jungle de la Guyane. Dans ce chapitre toutefois, nous aborderons principalement Mérida, qui est la Mecque incontestée du trek au Venezuela. Le choix dépendra de vos buts, de votre expérience et de la période de l'année où vous planifiez votre séjour. L'organisation de ces activités s'est perfectionnée au fil des ans et vous trouverez toujours un guide compétent ou une agence qui pourront vous aider.

Quelques recommandations. Les bonnes agences de Caracas et Mérida vous donneront de nombreux renseignements concernant la difficulté des treks, leurs intérêts, le besoin d'un guide ou non et les conditions météo. Ils disposent évidemment d'un grand nombre de guides et de porteurs. La question primordiale à leur poser est l'expérience du guide qui va vous accompagner : de nombreuses personnes se sont improvisées guide de haute montage ou de sports extrêmes mais ces personnes ne sont pas préparées à gérer des situations d'urgence alors que d'autres sont ultra-compétents dans leur domaine.

La meilleure saison pour faire de la montagne s'étend de décembre à avril ; les autres mois, redoublez de précautions ! Les chutes de pluie rendent le terrain très glissant, celles de neige peuvent provoquer des avalanches et un équipement spécifique est alors nécessaire. Attention : les Andes vénézuéliennes ne jouissent pas durant la saison sèche d'un climat aussi stable qu'au Pérou ou en Bolivie, alors consultez les prévisions météorologiques avant de partir !

L'équipement de base pour un trek est le suivant : tente de camping, sac de couchage, natte isolante, matériel de cuisine, chaussures de randonnée (pour le Pico Humboldt et certaines faces du Pico Bolívar, vous rencontrerez de la neige et de la glace, il faudra alors prévoir des chaussures spéciales sur lesquelles se montent des crampons), une bonne protection contre la pluie (les K-way, n'étant pas étanches, ne sont pas conseillés), des habits chauds (la température chute la nuit), une casquette (les coups de soleil et les insolations s'attrapent rapidement en montagne, attention à la nuque), des lunettes de soleil (une brûlure de la rétine peut se produire en moins de 20 minutes et est irréversible, des lunettes de glacier de qualité sont donc nécessaires) et de la crème solaire (indice important, au moins 20). Pour la nourriture, que vous porterez si vous partez indépendamment, privilégiez soupes déshydratées, pâtes ou purée de pommes de terre en sachet, chocolat... et partez léger ! Si vous escaladez les pics Humboldt ou Bolívar, ajoutez une corde, un harnais, un piolet, des guêtres et des crampons à votre équipement.

L'acclimatation (entre 3 et 7 jours, selon les gens et l'altitude que vous prétendez atteindre dans de bonnes conditions) est très importante car le mal d'altitude commence par des mots de tête mais peut se finir par un oedème. Les signes du pré-oedème sont : gonflement, maux de dos et difficultés respiratoires. Il faut alors tout de suite redescendre, ne jamais monter, même pour passer un col, et boire beaucoup d'eau.

N'attendez pas l'aide d'un hélicoptère, on n'est pas en Europe ! Une petite pharmacie est importante ; n'oubliez pas d'emporter, en plus du matériel normal, un antibiotique à large spectre et du matériel pour parer aux entorses, fréquentes pendant les marches en montagne.