Leitfaden Burundi : Politique et économie

Politique
Structure étatique
La Cour d'appel à Gitega.
La Cour d'appel à Gitega.

Le Burundi est une " République unitaire, indépendante et souveraine, laïque et démocratique ". Sa dernière Constitution date du 28 février 2005. Elle prévoit un Président de la République (élu pour 5 ans), deux vice-présidents d'ethnies différentes, et s'appuie sur un système bicaméral (assemblée et sénat, élus pour 5 ans). Elle garantit la représentation des Hutu et des Tutsi dans le gouvernement, les chambres et les organes de défense et de sécurité, par des systèmes de cooptation et de nomination, ainsi que la représentation des Twa et des femmes. En 2004-2005, l'armée et les services de sécurité ont été réformés pour aboutir à une mixité ethnique (Force de défense nationale, FDN, et Police nationale, PNB).
Le pouvoir judiciaire est exercé par les cours et les tribunaux qui sont censées être indépendants des pouvoirs législatif et exécutif. L'organisation et la compétence judiciaires sont fixées par une loi organique. Il existe un Conseil supérieur de la magistrature, une Cour suprême, une Cour constitutionnelle et une Haute Cour de justice.
Le Burundi administratif comprend 17 provinces, 116 communes rurales et 13 communes urbaines dans Bujumbura-Mairie (en cours de réorganisation en 2014), 375 zones et 2 923 collines.

Les provinces sont dirigées par un gouverneur qui coordonne les services de l'administration publique. Seule la province de Bujumbura-Mairie, qui correspond à la capitale, est dirigée par un maire. Par ordre alphabétique, on trouve : Bubanza, Bujumbura-Mairie, Bujumbura-Rural, Bururi, Cankuzo, Cibitoke, Gitega, Karuzi, Kayanza, Kirundo, Makamba, Muramvya, Muyinga, Mwaro, Ngozi, Rutana et Ruyigi.

Les communes sont administrées par un conseil de 15 membres élus au suffrage universel (5 ans), qui choisit en son sein l'administrateur communal.

Les zones sont des subdivisions de la commune gérées par un chef de zone nommé sur avis du gouverneur.

Les collines sont des entités de base administrées par un conseil collinaire dont les membres sont élus au suffrage universel (5 ans).

Au niveau le plus bas de l'encadrement administratif se trouvent les chefs des nyumbakumi (chefs de " dix maisons ") en milieu rural, et les chefs de cellule, en milieu urbain.

Partis

Une quarantaine de partis sont agréés dans le pays en 2014, mais à peine une demi-douzaine jouent un rôle politique effectif. Les principaux sont mentionnés ci-dessous, mais il faut savoir que seuls les deux premiers ont une représentation à l'Assemblée nationale (hégémonique pour le CNDD-FDD depuis 2010). Les suivants, opposés aux résultats des élections de 2010, se sont réunis au sein de l'Alliance ADC-Ikibiri et beaucoup de leurs leaders sont en exil à l'étranger. La plupart de ces partis d'opposition ont connu ces dernières années des scissions aboutissant à la reconnaissance par le ministère de l'Intérieur d'organes dits " nyakuri " (proches du pouvoir), auxquels s'opposent des organes plus historiques travaillant désormais sans filet juridique.

CNDD-FDD, Conseil national de défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie. C'est le parti au pouvoir depuis 2005, issu de la plus puissante rébellion pendant la guerre. Il est dirigé par Pascal Nyabenda depuis 2012, et son leader présidentiel est Pierre Nkurunziza ; tous deux sont des Hutu.

UPRONA, Union pour le progrès national. L'un des tous premiers partis au Burundi, créé en 1958, puis unique de 1966 à 1992. Il est réputé dominé par les Tutsi et se réclame de l'héritage du prince Rwagasore. Il a connu en 2014 une scission " nyakuri " qui a abouti à la création d'une branche du parti reconnue officiellement, présidée par Concilie Nibigira, tandis qu'une autre branche non reconnue par le ministère de l'Intérieur est dirigée par Charles Nditije.

FRODEBU, Front pour la démocratie au Burundi (Sahwanya). Fondé officiellement en 1992, ce parti à prédominance hutu est celui du président Ndadaye, assassiné en 1993. Il est dirigé par Jean Minani pour ce qui concerne sa branche récente (Frodebu Nyakuri) et par Léonce Ngendakumana pour ce qui concerne ses organes historiques (Sahwanya Frodebu).

FNL, Forces nationales de libération. C'est le dernier mouvement armé entré en politique. Agréé en avril 2009, ce parti proclamé hutu a dû sectionner son nom de rébellion (Palipehutu-FNL) pour lui ôter toute consonnance ethnique. Il est dirigé par Agathon Rwas, rentré au Burundi après plusieurs mois d'exil et de clandestinité en 2010-2012. Sa branche dite " nyakuri " est dirigée par Jacques Kenese.

MSD, Mouvement pour la solidarité et la démocratie. Créé fin 2007, il est présidé par Alexis Sinduhije, un ancien journaliste fameux pour avoir lancé la Radio publique africaine (RPA). Exilé après les élections de 2010, ce dernier est rentré quelques mois au Burundi avant de le quitter à nouveau en mars 2014 après des affrontements entre la police et ses militants à Bujumbura.

UPD, Union pour la paix et la démocratie (Zigamibanga). Agréé en 2002, ce parti regroupe un certain nombre de partisans d'un ancien homme fort du CNDD-FDD, Hussein Radjabu, emprisonné depuis 2007. Considéré comme un parti de musulmans, il est représenté par Chauvineau Mugwengezo (UPD Zigamibanga). Sa branche " nyakuri " est présidée par Zedi Feruzi.

CNDD, Conseil national pour la défense de la démocratie. C'est le parti de Léonard Nyangoma, agréé sous ce nom après une compétition avec le CNDD-FDD au pouvoir. Nyangoma est en effet le fondateur de la rébellion du CNDD-FDD, mais il en a été écarté à la fin des années 1990. Il s'est également exilé depuis le milieu 2010.

Enjeux actuels

La vie politique au Burundi est foisonnante et sa démocratie bouillonnante, pour le meilleur et pour le pire. Aujourd'hui, en 2014, on peut dire que la consolidation d'une société civile et le renforcement de ses capacités, ainsi que les médias, facilitent l'expression d'opinions divergentes, au-delà de ce qui se fait dans bien d'autres Etats africains. La situation est cependant loin d'être idyllique, et des défis d'envergure attendent encore d'être relevés pour que le système démocratique se stabilise au profit du plus grand nombre.

La pluralité démocratique est un enjeu de taille pour les années à venir. Au lendemain des scrutins de 2010, le champ politique est polarisé entre le parti CNDD-FDD, qui a raflé la plupart des sièges dans tous les organes électifs, et une opposition à visages multiples qui conteste cette victoire en s'inquiétant de l'avenir de l'espace démocratique et du retour au monopartisme (ADC-Ikibiri). De fait, peu de partis à ce point dominants échappent aux tentations hégémoniques, et des signes d'un glissement sont déjà multiples (arrestations ciblées, intimidations, exécutions extra-judiciaires...). A l'heure où ces lignes s'écrivent, la confrontation entre les différentes forces politiques semble loin d'être dépassée, et les conditions d'un dialogue pour assurer le pluralisme démocratique non réunies. Les élections de 2015 s'annoncent, dans un contexte bien peu favorable pour les partis d'opposition.

Un autre enjeu est celui de la justice pour les victimes que les crises et la guerre civile ont fait dans le pays depuis des décennies. L'accord d'Arusha en 2000 prévoyait la mise en place d'une Commission Vérité et Réconciliation. Quatorze ans plus tard, on l'annonce enfin très prochaine, mais les conditions dans lesquelles elle sera lancée (pendant ou après les élections de 2015 ?) sont contestées. L'absence de clarté sur son volet judiciaire ou sur les procédures de recrutement et de choix de ses membres sont parmi les points qui laissent sceptiques certains acteurs politiques et militants de la société civile.

Enfin, l'enjeu sécuritaire n'est pas des moindres. Difficile en effet de bénéficier de la plus-value de la paix et de la démocratie lorsque des armes circulent encore dans le pays, que des règlements de compte et des violences sont rapportées quotidiennement, que des grenades sont lancées quand une crise politique surgit, et qu'enfin on voit se mettre en place des formes miliciennes de participation politique... C'est avec une certaine culture de la violence qu'il faudrait rompre, mais dans un pays qui a baigné des années dans cette atmosphère, le chemin n'est pas tracé d'avance. Par ailleurs, la menace terroriste, qui pèse sur le Burundi depuis que des milliers de ses soldats participent à la mission des Nations unies en Somalie (Amisom), est venue s'ajouter en 2010 aux défis sécuritaires internes.

Économie

Le Burundi est l'un des pays les plus pauvres du monde (les deux tiers des habitants vivent avec moins de 1 US$ par jour). Malgré une nette progression ces dernières années, il n'était en 2013 qu'au 178e rang (sur 187 pays) dans le classement mondial du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) basé sur les valeurs de l'IDH. Cet " indicateur de développement humain " tient compte du poids économique (PIB et PNB) et de données qualitatives comme l'espérance de vie, l'instruction et le taux d'alphabétisation. Ses valeurs sont comprises entre 0 et 1. L'indice du Burundi était de 0,355 en 2013, à peine plus élevé que le dernier du classement, son voisin la RDC, et loin derrière les pays développés comme la France (0,893, 20e rang mondial) ou l'ex-puissance coloniale, la Belgique (0,897, 17e position).

Il est évident que la guerre des années 1990-2000 a eu des conséquences durables sur l'économie, comme sur les autres secteurs sociaux (santé, éducation). En 1992, le revenu national brut était de 180 $ par habitant, mais il avait diminué de moitié en 2003 (90 $), et reste bas en 2013 (280 US$).

Principales ressources
Fabrication de briques sous les bananiers.
Fabrication de briques sous les bananiers.

Avec une population rurale à 90 % environ, l'économie burundaise repose principalement sur le secteur de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche. Cette vocation agricole se traduit par la part importante de ce secteur dans le produit intérieur brut (PIB), estimée à plus du tiers en 2013, et dans les occupations des actifs (80 %). Il existe bien sûr des différences régionales entre des provinces où la majorité vit de l'activité agricole (à l'est et au nord du pays), et d'autres où un plus grand nombre de personnes travaillent hors de l'agriculture (Bujumbura bien sûr, mais aussi Gitega, ou Ngozi).

Activités agricoles. L'agriculture pratiquée par les Burundais reste surtout une agriculture extensive et de subsistance, autoconsommée. Les cultures vivrières sont des tubercules, des légumineuses, des céréales et des fruits. Le sorgho et l'éleusine, vieilles céréales africaines, assurent l'alimentation de base, associées à la courge ou l'aubergine. Le manioc, la patate douce, le maïs et le haricot surtout (véritable " pain quotidien " des Burundais des plateaux), occupent aussi des surfaces importantes dans les exploitations familiales. Enfin, le petit pois, la colocase, le riz (dans l'Imbo), et très massivement le bananier achèvent le panorama varié des cultures alimentaires du pays.

Mais cette diversité ne doit pas leurrer : les besoins de la population sont loin d'être toujours satisfaits et les périodes de " soudure " (vers avril) sont parfois difficiles à passer. Les greniers se vident trop vite et les disettes existent encore (Kirundo, Muyinga). Ces dernières années, des maladies ont en plus touché des plantes de base, entraînant de fortes baisses de production (par exemple la " mosaïque du manioc ").
Les cultures commerciales sont la plus grosse source de devises du pays. Pendant longtemps, l'État les a contrôlées par le biais d'entreprises publiques ou parapubliques. Mais les organismes financiers internationaux (Banque mondiale, FMI) et d'autres partenaires extérieurs (Union européenne) ont imposé le désengagement des pouvoirs publics dans les filières agricoles d'exportation. Aussi, depuis le milieu des années 2000, plusieurs entreprises publiques ont été privatisées ou sont en voie de l'être, pour le meilleur ou pour le pire.
Le café est la principale culture de rente. Il fait vivre environ un million d'agriculteurs et représente 60 % des recettes d'exportation. La libéralisation de la filière a commencé en 2005 et s'est achevée en 2009 avec le remplacement de l'Ocibu (Office des cultures industrielles du Burundi), chargé depuis la période coloniale de la collecte du café, de son usinage et de sa commercialisation, par une Autorité de régulation de la filière café (ARFIC).
Le thé est la seconde culture commerciale du pays (10 à 15 % des recettes d'exportation). Près de 60 000 agriculteurs en vivent. C'est jusqu'à présent l'OTB (Office du thé du Burundi), qui assure directement 20 % de la production, qui dispose du monopole de la transformation des feuilles de thé et de la commercialisation, mais la privatisation est en cours.
Le coton était autrefois important, mais il n'est plus aujourd'hui une culture d'export cruciale. La production a chuté ces dernières années et la Cogerco (Compagnie de gérance du coton), qui ne s'est pas remise de la fermeture du Cotebu (Complexe textile de Bujumbura devenu Afritextile) en 2007, a connu de graves difficultés en 2010. Le secteur essaye aujourd'hui de survivre tant bien que mal en vendant sa production à bas prix, au Rwanda notamment.
Le sucre, réputé d'excellente qualité, contribue au commerce extérieur, d'autant qu'après le passage à vide de la Sosumo (Société Sucrière du Moso), la production est repartie de plus belle ces deux dernières années.
Enfin, le tabac, la quinquina, les fleurs et les produits maraîchers participent aussi aux échanges extérieurs. Ces secteurs sont aux mains d'entrepreneurs privés (notamment la Burundi Tobacco Company pour le tabac).
L'élevage va de pair avec l'agriculture, très peu de ruraux étant exclusivement éleveurs. C'est une vieille activité, et la possession d'un cheptel bovin, plus que sa productivité, est ce qui confère au propriétaire du prestige social. Les belles vaches ankole, avec leurs longues cornes en harpe, ne sont pas sacrées comme en Inde mais adorées par les éleveurs, qui continuent à les préférer aux races améliorées à l'époque coloniale ou dans les fermes expérimentales (Mahwa, Mparambo).
La guerre a touché de plein fouet l'élevage, et vaches et chèvres ont tardé à réapparaître sur les collines. C'est le cas maintenant, mais on sent bien que les difficultés de l'activité restent entières (surcharge pastorale, pâturages grignotés par la pression démographique).
L'élevage contribue à un cinquième de la production agricole du pays. Les productions de viande et de lait sont destinées à la consommation intérieure. La filière viande est contrainte par le recours aux abattoirs publics, dont celui de Bujumbura vers lequel part l'essentiel des bovins. La filière lait est entre les mains d'exploitants privés, presque tous basés dans la capitale.

La pêche et la sylviculture. Ces deux secteurs participent pour une part infime aux revenus agricoles.

La pêche compte pour moins de 3 % dans la production agricole totale. Les prises alimentent un marché intérieur en expansion, mais elles sont en général en baisse. Les pêches coutumière et artisanale couvrent les besoins de la population riveraine des lacs avant d'alimenter les marchés de la capitale ou des villes de l'intérieur. La pêche industrielle, qui n'existe que sur le Tanganyika, est historiquement le fait presque exclusif des Grecs.
Les activités forestières participent à hauteur équivalente au PIB. Le bois est peu exporté, si l'on en juge par les recettes fiscales officielles. Mais il existe des filières illicites pour le trafic d'essences rares (dégradation de la forêt de la Kibira).

L'industrie et l'artisanat. Les activités industrielles, comme l'artisanat, n'ont jamais été des domaines économiques brillants. Les colonisateurs belges ont délaissé ces secteurs, et la guerre a affaibli de nombreuses entreprises. Aujourd'hui la part des activités industrielles dans le PIB remonte, mais elle reste de l'ordre de 20 %. Elles emploient moins de 5 % de la population active et sont concentrées à Bujumbura.

L'exploitation du fer est ancienne au Burundi, mais c'est seulement à l'époque coloniale qu'a débuté une timide prospection minière. A l'indépendance, le pays a hérité d'un secteur minier faible qui ne représentait presque rien dans le PIB. C'est dans les années 2000 que l'exploitation du coltan (colombo-tantalite), associée à celle de l'or, a augmenté la part du secteur. Les autres produits miniers sont le wolfram, la cassitérite, le cobalt, le cuivre, le vanadium et les phosphates.
La plupart des exploitations minières sont artisanales, mais il existe aussi une grosse société d'extraction, le Comptoir minier des exploitations du Burundi (Comebu), qui se charge de plusieurs gisements dans le pays. Le nickel pourrait par ailleurs bientôt devenir la nouvelle manne du Burundi. On sait depuis les années 1970 que le pays dispose d'énormes réserves de ce métal très recherché par l'industrie. Les ressources nationales sont évaluées à 250 millions de tonnes de minerai, dont 180 Mt dans le principal gisement situé à Musongati, dans la province de Rutana. Une société sud-africaine a été chargée des travaux d'exploration. La ligne de train Rwanda-Burundi-Tanzanie, dont le projet est aujourd'hui à l'étude, devrait passer par là pour exporter plus facilement ce minerai.
Dans le secteur énergétique, l'essentiel de l'énergie consommée au Burundi provient du bois (ou du charbon de bois) et de la tourbe, en moindre proportion. Pour le reste, les hydrocarbures et l'électricité forment environ 5 % de l'énergie consommée à l'échelle nationale.
Pour ce qui concerne les hydrocarbures, le pays est dépendant à 100 % de l'extérieur, ce qui explique que l'économie burundaise soit tributaire des évolutions du prix du baril de pétrole. Toutefois, grâce au développement de l'hydroélectricité, les centrales thermiques ont régressé, et les importations d'hydrocarbures ont été contenues.
Les centrales hydroélectriques qui fonctionnent dans le pays datent presque toutes des années 1980. Les plus importantes sont à Rwegura et Mugere, et sont gérées par la Regideso (Régie de distribution d'eau et d'électricité), une entreprise publique. Sur la Rusizi, des stations appartenant conjointement au Burundi, au Rwanda et à la RDC fournissent aussi une part de la consommation électrique nationale. Aujourd'hui la production d'électricité n'est pas suffisante et entraîne de gros problèmes de délestage à l'intérieur du pays mais aussi dans de nombreux quartiers de la capitale. Deux nouveaux projets de barrages hydroélectriques sont en cours (à Rumonge et Rusizi 3) ; ils devraient être fonctionnels respectivement en 2018 et 2021 et améliorer le secteur.
L'industrie manufacturière est surtout consacrée au traitement et la transformation des produits agricoles (café, thé, huileries, boissons, cigarettes, sucre, farines...), les autres activités concernant surtout la fabrication de biens de consommation courants.
Les plus grandes sociétés industrielles sont en général publiques (OTB, Sosumo...), mais la plus importante, sans conteste, est la Brarudi (Brasseries et limonaderies du Burundi), d'économie mixte. Son capital majoritaire est détenu par la société hollandaise Heineken, mais l'État continue de fixer le prix des boissons. L'entreprise fabrique à Bujumbura et à Gitega (Bragita) des bières brassées (Amstel, Primus) et des boissons gazeuses, et elle dispose d'un dépôt dans chaque centre urbain de l'intérieur. Elle n'a jamais cessé d'être rentable, y compris pendant la guerre, et a développé ses exportations depuis le début des années 2000.
L'industrie textile, qui avait joué dans les années 1980-1990 un rôle économique important, n'existe plus depuis la fermeture en 2007 du Complexe textile de Bujumbura (Cotebu).
Enfin, le pays dispose de petites industries pour la fabrication de lessive et de savon (Savonor), de matériaux de construction (Metalusa et Metalubia), ou d'engins mécaniques, ainsi qu'un secteur industriel chimique varié, qui va de la fabrication de peinture (Rudipaints) à celle de médicaments (Onapha), en passant par les cosmétiques (Colgate), les plastiques ou les gaz (Chanic).
L'artisanat traditionnel concernait une variété de produits à usage domestique et alimentaire (poterie, vannerie, fer, bois, corderie) et, lorsqu'il n'était pas une activité complémentaire pour les agriculteurs, il était le monopole de corps spécialisés, comme les Batwa pour la poterie ou la forge. A partir de la colonisation, cet artisanat s'est trouvé concurrencé par des produits industriels.
Aujourd'hui, le secteur artisanal reste mineur dans l'économie nationale, même s'il tient parfois une place primordiale dans les revenus de certains groupes et à certaines époques de l'année, quand les agriculteurs ne cultivent pas les champs. Il se cantonne à la production d'objets destinés aux touristes ou aux citadins, de mobilier (menuiserie), de tuiles et de briques.

Les services. Le secteur des services se développe et concurrence maintenant l'agriculture dans le PIB burundais. C'est à Bujumbura et à Gitega, villes politiques et administratives, qu'il fait un bond, avec l'administration publique, le commerce (y compris informel), le transport et les communications.

Les télécommunications ont connu un prodigieux essor depuis une vingtaine d'années. Autrefois, seul l'Onatel (Office national des télécommunications) ouvrait des lignes fixes, mais désormais les opérateurs privés de téléphonie mobile, en plus de la filiale Onamob du prestataire public, sont nombreux (Leo, Tempo, Econet, Smart Mobile...).
Les services financiers sont aussi en progression. Longtemps dominés par la Banque de crédit de Bujumbura (BCB) et la Banque commerciale du Burundi (Bancobu), les services bancaires se sont libéralisés dans les années 1990, ce qui explique la multiplication des enseignes. La libéralisation des changes a aussi engendré l'ouverture de Forex bureaux. Enfin, plusieurs compagnies d'assurances ont pignon sur rue (Socabu, Bicor...).
Les services domestiques sont souvent mal pris en compte dans les indicateurs économiques. Pourtant, le nombre de personnes employées pour des tâches ménagères ou de gardiennage (boys, plantons, " zamu ") est important, et pas seulement chez les expatriés à Buja...
Au niveau des transports, le Burundi, qui est éloigné de toute côte maritime, est obligé d'emprunter les voies ouvertes par ses voisins vers les océans pour exporter ou importer des produits. Les longues distances augmentent les prix de ces derniers. C'est l'une des grandes difficultés du pays, coincé entre des géants qui n'ont pas toujours les moyens d'améliorer leurs propres infrastructures routières, ferroviaires ou portuaires.

Plusieurs " corridors " sont utilisés pour les transports. Le corridor Nord rejoint l'océan Indien à Mombasa (Kenya) par la route, via Kigali et Kampala. Le couloir central, en ligne droite de Kobero (poste frontière) à Dodoma puis Dar-es-Salaam en Tanzanie, est également un axe terrestre (camions). Les corridors Est et Sud empruntent le lac Tanganyika puis des tronçons routiers ou ferroviaires en passant par Kigoma, Tabora puis Dar-es-Salaam pour le premier, Mpulungu en Zambie puis le Mozambique pour le deuxième. Enfin, vers l'Ouest, les marchandises peuvent - difficilement - atteindre l'Océan Atlantique par le fleuve Congo et Matadi.
A l'intérieur même du pays, les conditions de transport ne sont pas optimales mais elles se sont améliorées grâce à un vaste programme de réparation et de goudronnage des routes. Un vieux projet de chemin de fer est aussi ressorti des cartons, qui relierait le Burundi à une grande ligne de l'Est africain. Un accord a été signé en 2009 à ce sujet, la ligne pourrait s'ouvrir dans la décennie à venir.

Place du tourisme
Le Burundi s'ouvre aux touristes.
Le Burundi s'ouvre aux touristes.

Plus que toute autre activité, le tourisme est sensible aux crises politiques et aux conditions de sécurité. Aussi, à partir de 1993, la guerre civile a mis fin à une industrie qui promettait d'être florissante. Mais aujourd'hui, avec la paix à peu près revenue et des années de vaches maigres, le secteur reprend des couleurs. Ainsi, en 1994, on comptait à peine 8 000 voyageurs par an entrant dans le pays pour des motifs " touristiques " (hors affaires et motifs professionnels), mais en 2006 leur nombre était passé à 66 000, et il n'a cessé d'augmenter depuis (avec une rechute néanmoins en 2010-2011, liée à la période post-électorale tendue).

Ce retour des touristes et des faveurs accordées aux investisseurs ont fortement dynamisé le secteur hôtelier. Partout, de nouveaux établissements, parfois luxueux, se sont ouverts ou modernisés pour le logement ou la restauration, et l'offre ne s'est pas envolée seulement dans la capitale, mais aussi à l'intérieur du pays. Certes, la qualité des services reste souvent en deçà des exigences professionnelles, mais les progrès sont réels, et de plus en plus de formations dans le secteur voient le jour.

La Stratégie nationale de développement durable du tourisme, mise en place conjointement par le ministère en charge du tourisme et le PNUD pour la période 2010-2020, prévoit d'améliorer le secteur, d'autant que si le Burundi rejoint le visa unique en janvier 2015 (avec le Rwanda, le Kenya, l'Ouganda, et la Tanzanie), il se devra de tenir certains engagements. Plusieurs choses doivent être mises en place ou sont en train de l'être dans ce sens : classification des établissements hôteliers, règlementation du secteur, réorganisation de l'Office National du Tourisme, formation du personnel, signalisation des sites...

Le Burundi, qui participe depuis quelques années aux foires internationales du tourisme, y a d'ailleurs reçu de nombreux prix (meilleur exposant africain en 2011, 2012 et 2013 à Berlin, 2e meilleur exposant en Allemagne en 2014, place d'honneur à Lyon la même année...).

Les appuis au tourisme et les trophées 2012

En 2009 le gouvernement burundais, par le biais du ministère en charge du tourisme et du très actif directeur de l'Office national du tourisme (ONT), Déo Ngendahayo, a lancé le projet d'une " stratégie nationale de développement du tourisme ". Considérant que le tourisme est un vecteur de croissance par excellence, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) a apporté son appui financier à l'initiative (près de 700 000 $), à laquelle l'Organisation mondiale du tourisme a fourni un appui technique avec plusieurs consultants internationaux (marketing, artisanat, secteur privé...).

L'objectif de ce plan validé à la fin 2010 est de doter le pays d'une stratégie de développement du secteur touristique sur les dix prochaines années, en cernant son profil touristique, en améliorant la collecte des données statistiques, en réhabilitant et en promouvant les sites et les infrastructures touristiques, et en créant les bases d'un partenariat public-privé pour asseoir la croissance du secteur. La mise en valeur du patrimoine naturel et historique (écotourisme et tourisme culturel) ainsi que celle du littoral du Tanganyika (tourisme balnéaire) sont les points forts sur lesquels s'attarde ce document de prospective.

En attendant la mise sur pieds des grands projets avancés dans ce plan, le pays a été honoré en 2011 et 2012 de plusieurs récompenses pour ses efforts dans le domaine du tourisme. En 2011, lors de sa première participation à l'Internationale du Tourisme de Berlin, le Burundi a reçu le prix du Meilleur exposant Afrique ainsi que celui du Meilleur exposant Monde, et en mars 2012, dans le même salon, il a emporté le trophée " Best of the best ". Une semaine plus tard, le stand burundais au Salon international de voyage et de tourisme de Moscou a derechef obtenu le premier prix pour son exposition.

Enjeux actuels
Petit village de pêcheurs vers Rumonge.
Petit village de pêcheurs vers Rumonge.

L'intégration régionale. Le Burundi est membre de plusieurs ensembles africains dont la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), le Common Market for Eastern and Southern Africa (Comesa) ou la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Mais, aujourd'hui, l'un des principaux enjeux auquel il doit répondre est celui de son intégration dans l'East African Community (EAC), qui réunit cinq pays d'Afrique orientale (Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda, Tanzanie). Le pays y a fait son entrée en juillet 2007, à la phase de l'union douanière.

L'objectif de l'EAC est de créer un marché unique réunissant les quelque 150 millions d'habitants des cinq pays. Officiellement, ce marché est ouvert depuis le 1er juillet 2010, et il doit assurer la libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux dans tout l'espace régional. Une union monétaire est aussi envisagée et de nombreux projets sont prévus dans divers domaines : harmonisation des systèmes éducatifs, développement du trafic ferroviaire (chemin de fer Dar-es-Saalam - Isaka - Kigali - Gitega - Musongati), routier, lacustre et aérien, introduction du visa touristique unique...

Les effets sociopolitiques de cette intégration régionale sont en tout cas déjà bien visibles, même si ses résultats économiques sont encore mal mesurables. Les Burundais n'ont plus besoin de visa pour se rendre dans les pays voisins (et réciproquement), ce qui facilite les mobilités de travail et les échanges commerciaux. On rencontre aussi de plus en plus d'entrepreneurs est-africains dans le pays, restés longtemps à l'écart des investissements régionaux. Enfin, la langue anglaise progresse, dans les écoles (son apprentissage est imposé au primaire), mais aussi dans certaines régions comme le sud du pays grâce au retour des réfugiés de Tanzanie.

Cependant, afin de saisir pleinement les opportunités qu'offre l'intégration régionale, le Burundi est confronté à des défis majeurs dont l'enclavement, la vétusté et l'insuffisance des infrastructures ainsi que la faiblesse des capacités institutionnelles en matière de mise en oeuvre et de suivi des réformes. C'est pourquoi un engagement des partenaires au développement semble nécessaire pour accompagner le pays dans son intégration régionale.

ONG, bailleurs, programmes bilatéraux... qu'en est-il de l'aide extérieure ?

Etonné, interloqué, impressionné ? Une chose est sûre, rares sont les étrangers qui, arrivant au Burundi ne remarquent pas l'omniprésence des ONG et de diverses organisations internationales, notamment en croisant leurs nombreux 4x4 à chaque coin de rue.
En effet, pays parmi les plus pauvres au monde (178 sur 187 dans le rapport du développement humain du PNUD de 2013), le Burundi a commencé à bénéficier de l'aide internationale dans les années 70. Il a ensuite bénéficié d'aides d'urgence lorsqu'il a sombré dans la guerre civile et ce jusqu'en 2005.
Aujourd'hui, plus de la moitié du budget de l'Etat est financé par des bailleurs, ce qui en fait un pays extrêmement dépendant, d'autant que le déblocage des fonds est souvent soumis à l'amélioration des libertés publiques.
Pour la période 2012-2015, le Burundi a récolté plus de 2 milliards d'euros d'engagement de la part de ses partenaires (Banque mondiale et Union européenne notamment) et en février 2012, il a rejoint la liste des pays pauvres prioritaires de la Coopération française. Cela se traduit par diverses aides (désendettement, bourses étudiants, enveloppes budgétaires sur des projets dans les domaines tels que l'agriculture, la santé, la culture...).

On note que les états qui soutiennent le Burundi sont en général ses principaux partenaires commerciaux. Ainsi l'Europe, qui reçoit la moitié des exportations burundaises (Suisse, Allemagne, Belgique, Royaume-Uni...) et participe à hauteur d'un tiers dans ses importations (Belgique, France, Allemagne), est très engagée dans cette aide. L'Union européenne, par le biais du FED (Fonds Européen de Développement), contribue en particulier à des projets de développement rural et à l'aménagement des routes ainsi qu'à la nouvelle politique de santé.
Les pays voisins, dans le cadre de l'EAC, ainsi que d'autres pays africains (Afrique du Sud) ont aussi soutenu différents secteurs, économiques et politiques. Du côté asiatique, la Chine, qui n'a certes pas au Burundi le même degré d'implication qu'au Congo, a financé la construction de plusieurs infrastructures publiques (Ecole normale de Bujumbura, palais présidentiel) et a récemment livré 6 camions anti-incendie. Le Japon quant à lui soutient traditionnellement le secteur des transports publics (Otraco). Les Etats-Unis restent en retrait, mais la construction de l'immense ambassade à Kigobe pourrait être le signe d'un plus grand intérêt à l'avenir.
Une autre forme d'aide apportée au pays a été à partir de 2005 l'annulation de ses dettes bilatérales ou multilatérales (initiative PPTE - Pays pauvres très endettés ; effacement par la France, le Japon, etc.), qui a beaucoup allégé son économie.
Bien sûr, les partenaires et les bailleurs extérieurs du Burundi n'ont aucun intérêt à suspendre subitement leur aide. Mais à terme, les Burundais savent qu'ils vont devoir s'en passer. Le défi est en réalité de passer d'une économie post-conflit à une économie normalisée dans un contexte apaisé, et c'est cet apaisement qui pose encore les plus grands défis.

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